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LES LYMPHOMES B DE LA ZONE MARGINALE
Les lymphomes B de la zone marginale (MZL) représentent 5-17% de tous les lymphomes.
Selon la classification WHO 2008, ils regroupent 3 entités anatomo-cliniques:
1 - Les lymphomes non hodgkiniens de la zone marginale splénique (SMZL) avec ou sans
lymphocytes villeux (<2% de tous les LNH ; 20% des MZL): la présentation classique est la
splénomégalie isolée +/- hypersplénisme (cytopénies combinées ou isolées : anémie, thrombopénie,
neutropénie), l’atteinte médullaire est quasi constante ainsi que la leucémisation (petits lymphocytes à
noyaux arrondi avec ou sans villosités cytoplasmiques), l’atteinte ganglionnaire est locorégionale
(péri-splénique) ; les manifestations autoimmunes associées sont fréquentes (AHAI, PTI, SAPL,
agglutinines froides, déficit acquis en inhibiteur de la C1 estérase) ; une composante monoclonale de
type IgM est fréquemment retrouvée sans syndrome d’hyperviscosité ; dans certaines séries une
corrélation avec l’infection chronique à HCV (+/-cryoglobulinémie) est décrite.
La splénectomie n’est pas indispensable pour faire le diagnostic: il suffit la cytologie du sang
périphérique associée à l’immunophénotypage lymphocytaire par cytométrie en flux et à l’examen
histologique avec immunohistochimie de la moelle osseuse.
2 - Les lymphomes non hodgkiniens de la zone marginale ganglionnaires (NMZL) (<2% de tous
les LNH ; 10% des MZL) : la présentation classique est une atteinte ganglionnaire sus et sous-
diaphragmatique. Une biopsie ganglionnaire est nécessaire pour faire le diagnostic.
3- Les lymphomes non hodgkiniens extra ganglionnaires du MALT (Mucosa Associated
Lymphoid Tissue) (7-8 % de tous les LNH ; 50-70% des MZL) : il s’agit de formes essentiellement
localisées (stade IE selon Ann-Arbor), souvent en rapport avec une stimulation antigénique chronique
de type maladie autoimmune ou infection chronique :
Thyroïdite d’Hashimoto et LNH du MALT de la thyroïde
Sialadénite myoépithéliale +/- Syndrome de Sjögren et LNH du MALT des glandes salivaires
Pneumopathie interstitielle lymphoïde et LNH du MALT du poumon
Infection à Helicobacter Pilori ou Helicobacter Heilmannii et LNH du MALT de l’estomac
Infection à Borrelia Burgdorferi et LNH du MALT cutané
Infection à Campylobacter Jejuni et IPSID ou maladie des chaines lourdes alpha
Infection à Chlamydia Psittaci et LNH du MALT conjonctival
Infection à HCV et LNH du MALT (différentes localisations décrites dans la littérature)
Le MALT est physiologiquement présent dans certains organes (BALT, SALT, GALT) et
pathologiquement présent dans d’autres (tout organe avec muqueuse peut être siège de MALT).
La particularité de ce lymphome est que l’arrêt de la stimulation antigénique chronique (traitement
antibiotique ou antiviral) se traduit par la rémission du lymphome.
Du point de vue génétique, toutes les anomalies connues se traduisent par l’activation
constitutionnelle de NF-kB (possible cible d’une future thérapie moléculaire par inhibiteurs).
L’entité la mieux connue est le LNH du MALT gastrique qui est souvent multifocal, corrélé à
l’infection chronique à HP dans la majorité des cas et dont le diagnostic est fait par FOGD avec
biopsies multiples et par écho-endoscopie.
Lorsqu’une atteinte du MALT de plusieurs organes est mise en évidence, on parle de MALT
disséminé (25% des LNH du MALT); également, lorsque une atteinte splénique s’accompagne d’une
atteinte ganglionnaire à distance, on parle de SMZL disséminé ; en cas d’atteinte de multiples sites
(rate, moelle, ganglions, MALT) sans qu’il n’y ait une atteinte prédominante d’un site spécifique, on
parle plus génériquement de LNH ZM disséminé.