immunologie Séverine Boullier le système immunitaire du tractus respiratoire Le tractus respiratoire est protégé des agressions extérieures par des systèmes mécaniques, chimiques et immunologiques. Or, l’appareil respiratoire supérieur, et l’appareil respiratoire profond sont deux territoires immunologiques bien distincts. L ’appareil respiratoire constitue une voie d’entrée majeure pour de nombreux agents pathogènes, qu’ils soient : - spécifiques du tractus respiratoire : par exemple, Bordetella bronchiseptica ; - ou systémiques : par exemple, un parvovirus. Il est donc indispensable que les mécanismes de protection, spécifiques ou non, soient parfaitement fonctionnels. ● L’épithélium respiratoire est exposé en permanence aux micro-organismes, aux toxines et à de nombreux débris en suspension dans l’air, tous potentiellement dangereux pour la muqueuse respiratoire. ● Cette exposition permanente nécessite un système de protection très performant, constitué de plusieurs niveaux de défense, à la fois non spécifiques et immunologiques. De plus, ces mécanismes de protection doivent préserver l’intégrité de la muqueuse respiratoire, zone vitale d’échanges gazeux. Pour cela, la réponse immunitaire est régulée de façon très fine. LA PROTECTION NON IMMUNOLOGIQUE Le 1er niveau de protection de la muqueuse respiratoire est une protection non immunologique, très efficace. Il comprend : - un système de protection mécanique ; - un système de protection chimique. ● Un système de protection mécanique ● Le système de filtration aérodynamique est parfaitement adapté pour prévenir l’entrée des particules et des micro-organismes dans l’appareil respiratoire profond. ● Les volutes des cavités nasales et les cellules ciliées présentes sur l’épithélium permettent un ralentissement de l’air inspiré et une filtration des aérosols. Les cellules épithéliales de la trachée, des bronches et des bronchioles présentent aussi des cils à leur surface. Ces cils ont un mouvement antérograde synchrone qui fait remonter les débris vers les cavités nasales. ● Ce système de nettoyage des bronches est facilité par la toux, qui permet d’expulser brutalement des débris pris dans le mucus. ● Grâce à l’ensemble de ces systèmes mécaniques de protection, seules les particules dont le diamètre est inférieur à 1 micron pénètrent dans les alvéoles pulmonaires. Service de microbiologie - Immunologie E.N.V.T. 23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex Objectif pédagogique Comprendre le fonctionnement du système immunitaire au niveau du tractus respiratoire. Un système de protection chimique En plus de ce système mécanique de protection, l’épithélium respiratoire possède un système de protection chimique. ● L’épithélium est recouvert d’un mucus qui ralentit ou qui prévient l’attachement des micro-organismes sur les cellules épithéliales. De nombreuses substances anti-microbiennes, comme le lysozyme, les défensines ou la lactoferrine, sont présentes dans le mucus. ● Au niveau des alvéoles pulmonaires, le surfactant constitue aussi une protection chimique contre l’entrée des agents pathogènes. Il est riche en facteurs chimiques capables de reconnaître les agents pathogènes et d’alerter les cellules de la réponse inflammatoire. ● LA PROTECTION IMMUNOLOGIQUE Bien que très efficaces, les mécanismes non immunologiques ne sont pas suffisamment performants pour protéger contre des infections par des pathogènes spécifiques du tractus respiratoire. L’élimination de ces pathogènes nécessite l’intervention de la réponse immunitaire spécifique. ● Au niveau du tractus respiratoire, il existe deux grands territoires lymphoïdes distincts. Chacun possède son propre système de circulation des effecteurs et présente des mécanismes de régulation différents. 1. Le N.A.L.T. Le 1er de ces territoires lymphoïdes draine l’appareil respiratoire supérieur, il est appelé N.A.L.T. (nasal associated lymphoid tissue). 2. Le B.A.L.T. Le 2nd est le système lymphoïde de l’appareil ● Essentiel ❚ Les mécanismes non spécifiques de protection au niveau du tractus respiratoire sont extrêmement efficaces. ❚ Seules les particules d’un diamètre inférieur à 1 micron atteignent l’appareil respiratoire profond. ❚ Il existe peu ou pas de circulation des effecteurs immunitaires entre les territoires des deux appareils respiratoires. Partenariat RUBRIQUE 73 LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE JUIN / JUILLET 2005 - 249