Recommandations pour le traitement de l`onchocercose au

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Juin 2004
Recommandations pour le traitement de
l’onchocercose au Mectizan®
dans des régions coendémiques à
l’onchocercose et la loase
Le Comité d’Experts du Mectizan®
et
Le Comité Consultatif Technique
Le Comité d’Experts du Mectizan®/
Le Programme de Donation de Mectizan®
750 Commerce Drive, Suite 400
Decatur, Georgia 30030 États-Unis
TEL: +1-404-371-1460
FAX: +1-404-371-1138
Email: [email protected]
Le Comité d’Experts du Mectizan®/Le Comité Consultatif Technique
Recommandations pour le traitement de l’onchocercose au Mectizan® dans des régions
coendémiques à l’onchocercose et la loase
Contexte :
Le développement d’un syndrome encéphalopathique chez les personnes présentant des niveaux élevés
de Loa loa [> 30 000 microfilaires/millilitre de sang (mf/ml)] suite à un traitement au Mectizan®
constitue le risque le plus important rencontré lors de la distribution de Mectizan® dans le cadre de la
lutte contre l’onchocercose dans des régions où le L. loa est coendémique. Ce syndrome, bien que rare,
présente des symptômes tels que : confusion, léthargie, coma et incontinence urinaire.
Un tel syndrome se développe car le Mectizan®, outre le fait que ce soit un médicament efficace pour
lutter contre les microfilaires de l’Onchocerca volvulus (agent pathogène de l’onchocercose), est
également efficace pour lutter contre les microfilaires L. loa. L’élimination rapide de ces derniers a été
associée avec l’encéphalopathie. Comme toute maladie grave, cette encéphalopathie nécessite un
traitement médical et des soins infirmiers rapides afin de soigner la maladie et prévenir toutes infections
nosocomiales. Grâce à un traitement médical compétent et opportun, les patients sont en général en
mesure de guérir complètement. La pathogenèse de cette encéphalopathie demeure inconnue.
Le L. loa est endémique, ou est suspecté de l’être, dans des régions forestières humides de l’Afrique
centrale et de l’Est. La distribution précise du L. loa est en cours de définition et la cartographie est
actuellement en cours. Les méthodologies de cartographie comprennent des enquêtes parasitologiques,
une évaluation rapide du L. loa en fonction d’une définition restreinte du passage du vers dans l’œil
(RAPLOA) et une prévision de la prévalence en fonction de facteurs environnementaux favorisant la
reproduction du vecteur du L. loa, Chrysops spp.
Des enquêtes épidémiologiques récentes ont montré que dans des régions où la prévalence des
microfilaires L. loa chez les adultes est supérieure à 20 %, le pourcentage des adultes présentant une
microfilarémie au L. loa supérieure à 30,000 mf/ml s’élève à environ 1%. 1 Le seuil- limite pour un
accroissement du risque communautaire d’encéphalopathie liée au L. loa suite à un traitement au
Mectizan® a été défini comme étant un taux de prévalence de la microfilarémie de 20%, ce qui
correspond à un taux de prévalence de 40% des antécédents du passage du vers dans l’œil, comme défini
par l’évaluation RAPLOA. 2
1
Boussinesq M, Gardon J, Chippaux JP. Relationships between the prevalence and intensity of Loa loa infection in the
Central province of Cameroon. Annals of Tropical Medicine & Parasitology 2001, 95:495-507.
2
Takougang I, Meremikwu M, Wandji S,Yenshu E, Aripko B, Lamlenn S, Braide E, Enyong P, Meli J, Kale O, Remme J.
Rapid assessment method for prevalence and intensity of Loa loa infection. Bulletin of the World Health Organization 2002,
80(11):852-858.
2
Recommandations:
Les recommandations du Comité d’Experts du Mectizan®/Comité Consultatif Technique visent à
faciliter la détection et la prise en charge efficaces des effets secondaires graves (ESG) et les
complications qui s’ensuivent, si de tels cas devaient survenir suite à un traitement au Mectizan® dans
une région endémique au L. loa, ou suspectée de l’être. Le tableau suivant récapitule les points
principaux de ces recommandations.
Tableau de prise de décision :
Endémicité à
l’onchocercose
Endémicité de la loase
Stratégie de distribution de masse
recommandée
Hyper/méso endémique
Non endémique
Poursuivre avec les procédures
habituelles de traitement de masse
au Mectizan®
Hyper/méso endémique
L. loa suspecté
Évaluer l’endémicité au L. loa
avant la distribution de masse du
Mectizan® et poursuivre avec la
stratégie appropriée.
Hyper/méso endémique
• Prévalence de microfilarémie
L. loa : < 20%
OU
• Prévalence des antécédents du
passage du vers dans l’œil
(RAPLOA) : < 40%
• Prévalence de microfilarémie
L. loa : ≥ 20%
OU
• Prévalence des antécédents du
passage du vers dans l’œil
(RAPLOA): ≥ 40%
Mise en place de la stratégie 2*
Hypo endémique
Non endémique
Traitement individuel au
Mectizan®
Hypo endémique
L. loa connu ou suspecté
Mise en place de la stratégie 3*
(confirmée par une cartographie
REMO complète)
Hyper/méso endémique
*Les stratégies 1, 2 et 3 sont expliquées ci-après.
3
Mise en place de la stratégie 1*
A. RÉGIONS MÉSO ou HYPER ENDÉMIQUES À L’ONCHOCERCOSE :
STRATÉGIE 1 :
Le Comité d’Experts du Mectizan®/Comité Consultatif Technique recommande que, pour les programmes de
lutte contre l’onchocercose opérant dans des régions où une méso ou hyper endémie à l’onchocercose a été
confirmée et présentant, ou susceptibles de présenter, un taux de prévalence de microfilarémie L. loa ≥ 20%
OU un taux de prévalence des antécédents du passage du vers dans l’œil (RAPLOA) ≥ 40%, les mesures
suivantes doivent être prises avant et pendant une distribution de masse au Mectizan® :
a. Améliorer la prise de conscience et l’éducation de la communauté en ce qui concerne l’identification et la
réponse aux ESG suite à un traitement au Mectizan®, ainsi que la direction des malades vers un
établissement de santé désigné pour une prise en charge de tels cas.
b. Améliorer la prise de conscience et la formation des distributeurs communautaires et de l’ensemble du
personnel de santé impliqué dans le programme en ce qui concerne l’identification et la réponse aux ESG
suite à un traitement au Mectizan®, ainsi que la direction des malades vers un établissement de santé
désigné pour une prise en charge de tels cas.
c. Des équipes de personnel médical doivent être formées dans tous les établissements de santé désignés de
façon à que la stratégie de prise en charge clinique des cas d’ESG, telle que recommandée dans l’Annexe
A, soit comprise par tous les responsables des soins cliniques.
d. Tous les établissements de santé désignés doivent être équipés de fournitures médicales appropriées pour
la prise en charge des cas d’ESG. Veuillez vous reporter à l’Annexe B pour une liste de fournitures
médicales recommandées.
e. Mise en œuvre de la distribution de masse du Mectizan® en fonction des directives suivantes :
i.
Distribution durant une période de temps fixée à l’avance et au cours d’une saison où les voyages
ne sont pas entravés par les intempéries (pluies diluviennes, par exemples).
ii.
La période de traitement et l’emplacement géographique des communautés à traiter doivent être
organisés afin de permettre une surveillance après le traitement, comme suit :
1. Observation attentive des membres de la communauté par les distributeurs
communautaires durant les jours 2 à 8 suite au traitement, jour 1 étant défini comme le
jour du traitement ;
2. Surveillance par le personnel médical pour les jours 3 à 5 suite au traitement.
iii.
Les personnes souffrant d’ESG suite à un traitement au Mectizan®, encéphalopathie par exemple,
doivent être dirigées vers un établissement de santé désigné où elles pourront être prises en
charge conformément aux directives décrites dans l’Annexe A. Les membres de la famille doivent
être encouragés à accompagner le patient et à fournir un soutien de base.
VEUILLEZ REMARQUER :
1) Si 2 cycles ou plus de distribution du Mectizan® ont déjà eu lieu dans l’aire de traitement, chacun avec une
couverture ≥ 65% de la population totale et sans aucun cas d’encéphalopathie au L. loa suite au traitement au Mectizan®
signalé, la stratégie 2 telle qu’indiquée ci-dessous peut alors être mise en place au lieu de la stratégie 1 durant le 3 ème cycle
et les cycles suivants de traitement, à condition qu’aucun cas d’encéphalopathie ne survienne.
2) Dans les situations particulières lorsque de nombreux cycles de distribution du Mectizan® ont eu lieu dans l’aire
de traitment avec une couverture ≥ 65% de la population totale et sans aucun cas d’encéphalopathie au L. loa suite au
traitement au Mectizan® signalé, un traitement de masse habituel peut être mis en place au lieu des stratégies 1 ou 2.
4
A. RÉGIONS MÉSO ou HYPER ENDÉMIQUES À L’ONCHOCERCOSE (suite) :
STRATÉGIE 2 :
Le Comité d’Experts du Mectizan®/Comité Consultatif Technique recommande que, pour les programmes de
lutte contre l’onchocercose opérant dans des régions où une méso ou hyper endémie à l’onchocercose a été
confirmée et présentant, ou susceptibles de présenter, un taux de prévalence de microfilarémie L. loa < 20%
OU un taux de prévalence des antécédents du passage du vers dans l’œil (RAPLOA) < 40%, les mesures
suivantes doivent être prises avant et pendant une distribution de masse au Mectizan® :
a.
Améliorer la prise de conscience et l’éducation de la communauté en ce qui concerne les ESG suite à
un traitement au Mectizan®.
b.
Améliorer la prise de conscience et la formation des distributeurs communautaires et de l’ensemble
du personnel de santé impliqué dans le programme en ce qui concerne l’identificatio n et la réponse
aux ESG suite à un traitement au Mectizan®, ainsi que la direction des malades vers un établissement
de santé pour une prise en charge de tels cas.
c.
Reporter immédiatement tout cas d’ESG au coordinateur du programme pour une évaluation de la
situation.
5
A. RÉGIONS MÉSO ou HYPER ENDÉMIQUES À L’ONCHOCERCOSE : Algorithme Sommaire
La loase est-elle endémique ?
NON pas du tout
SUSPECTÉ ou NE SAIS PAS
OUI tout à fait
Quelle est la prévalence du L. loa ?
Poursuivre avec les procédures
habituelles de traitement de
masse au Mectizan®
RÉGION À FAIBLE RISQUE pour des cas
d’encéphalopathie au L. loa :
prévalence < 20% d’après enquête parasitologique
OU
prévalence des antécédents du passage du vers dans
l’œil (RAPLOA) < 40%
RÉGION À RISQUE ÉLEVÉ pour des cas
d’encéphalopathie au L. loa :
prévalence ≥ 20% d’après enquête parasitologique
OU
prévalence des antécédents du passage du vers dans
l’œil (RAPLOA) ≥ 40%
Traitement de masse préalable au Mectizan® ?
OUI
NON
2 cycles ou plus de traitement de masse au Mectizan® avec couverture
≥ 65% de la population totale dans la zone de traitement ?
OUI*
NON
Des cas d’encéphalopathie au L. loa ont-ils été
enregistrés suite au traitement au Mectizan® ?
NON
OUI
Poursuivre avec la STRATÉGIE 2
Poursui vre avec la STRATÉGIE 1
*VEUILLEZ REMARQUER : Dans les situations particulières lorsque de nombreux cycles de distribution du
Mectizan® ont eu lieu dans l’aire de traitment avec une couverture ≥ 65% de la population totale et sans aucun cas
d’encéphalopathie au L. loa suite au traitement au Mectizan® signalé, un traitement de masse habituel peut être mis en
place au lieu des stratégies 1 ou 2.
6
B. RÉGIONS HYPO ENDÉMIQUES À L’ONCHOCERCOSE :
STRATÉGIE 3 (stratégie de traitement individuel en clinique) :
Le Comité d’Experts du Mectizan®/Comité Consultatif Technique recommande que, pour les programmes de
lutte contre l’onchocercose opérant dans des régions connues comme étant hypo endémiques à l’onchocercose
ET étant, ou suspectées d’être, endémiques au L. loa , une stratégie modifiée de traitement individuel est
justifiée :
a. Confirmer l’infection avec l’O. volvulus et évaluer la possibilité d’une infection au L. loa. S’il n’y a pas
de méthode de diagnostic hématologique disponible pour le L. loa, poser des questions aux patients afin
de déterminer si la loase est probablement présente sur leur lieu d’habitation ou de travail.
b. Expliquer au patient, avant le traitement au Mectizan®, la possibilité qui existe de développer une
encéphalopathie liée au L. loa suite au traitement chez les personnes présentant une forte intensité
d’infection au L. loa.
c. Administrer la dose appropriée de Mectizan®.
d. Si le patient présente un risque d’encéphalopathie au L. loa suite à un traitement au Mectizan®, il/elle
doit être suivi(e) par le personnel médical après que le Mectizan® ait été administré comme indiqué dans
la stratégie 1, paragraphe e.
La décision finale quant à la façon de procéder lors d’un traitement de masse de
l’onchocercose au Mectizan® sur une base communautaire, dans un pays donné,
doit être prise par le Groupe de Travail Nationale de lutte contre l’Onchocercose
(GTNO) et le Ministère de la Santé publique, qui dispose de l’autorité finale et de
l’ultime responsabilité pour toutes les décisions. En outre, la décision quant à la
façon de procéder en ce qui concerne le traitement en clinique de personnes
souffrant de l’onchocercose est la responsabilité du médecin traitant.
7
Annexe A :
Le Comité d’Experts du Mectizan® /Comité Technique Consultatif
Directives pour la prise en charge clinique des cas d’encéphalopathie imputables au Loa loa suite à
un traitement de l’onchocercose au Mectizan® dans des régions endémiques à la loase
I. CONTEXTE
Des cas d’encéphalopathie suite à un traitement de l’onchocercose au Mectizan® dans des régions endémiques au
Loa loa surviennent rarement (moins d’1 cas/10 000 traitements). Cette encéphalopathie est associée à une charge
microfilairienne élevée de L. loa (supérieure à 30 000 mic rofilaire/millilitre de sang) avant le traitement. Le
patient peut au départ souffrir d’une fatigue intense, de myalgie, d’arthralgie, d’une faible fièvre, de douleurs du
bas du dos, d’une difficulté à se tenir debout ou à marcher, ceci avant le début de l’encéphalopathie. Ou bien il
peut dès le départ présenter les signes d’une encéphalopathie. Ces signes se traduisent typiquement par les
symptômes suivants : confusion, agitation, léthargie, dysarthrie, mutisme et incontinence urinaire et apparaissent
en général 2 à 3 jours après le traitement au Mectizan®. Ces symptômes sont progressifs et dans le pire des cas
peuvent conduire à un coma. Il a été suggéré que la présence d’une hémorragie sous conjonctivale des
conjonctives palpébrales était un signe d’alarme de l’encéphalopathie, mais une telle conclusion nécessite une
évaluation plus approfondie. En attendant, les patients présentant ces symptômes doivent être surveillés de près.
Il n’existe pas de traitement spécifique de cette encéphalopathie ; un traitement des symptômes est en général
suffisant afin d’assurer une guérison totale de la plupart des patients. Toutefois, du fait que certains de ces patients
sont souvent hospitalisés pour de longues périodes (plus de 10 jours), ils encourent le risque de déshydratation,
dénutrition, plaies de pression et d’infections nosocomiales, ce qui peut entraîner une prolongation de leur
hospitalisation, une aggravation de leur état clinique et parfois le décès. Par conséquent, des soins médicaux et
infirmiers attentifs sont nécessaires afin d’assurer la guérison du patient hospitalisé.
II. PRISE EN CHARGE CLINIQUE
Suite à l’identification d’une personne présentant des signes et symptômes suggérant une
encéphalopathie imputable au L. loa après un traitement au Mectizan®, les mesures suivantes sont
recommandées :
A. COMMUNAUTÉ
Évacuer le patient immédiatement vers l’établissement de santé désigné le plus proche pour une prise en charge
des effets secondaires graves (ESG) suite à un traitement au Mectizan®.
B. CENTRE DE SANTÉ
Évacuer le patient immédiatement vers l’établissement de santé désigné le plus proche pour une prise en charge
des ESG suite à un traitement au Mectizan®, sans oublier de transmettre toutes les informations cliniques et de
laboratoire pertinentes et, si possible, informer le(les) médecin(s) de service de l’établissement en question.
S’assurer que le patient est bien hydraté, soit oralement soit par solution injectable, durant la procédure de
transfert.
8
C. ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ DÉSIGNÉ POUR LA PRISE EN CHARGE DES ESG SUITE À UN
TRAITEMENT AU MECTIZAN®
1. Évaluation
(a) Clinique :
i. Un examen clinique détaillé, y compris un examen neurologique, doit être entrepris à l'admission et
doit être répété en fonction de l’état clinique du patient. Les résultats doivent être soigneusement
documentés, de préférence au moyen d'un formulaire fourni par le Ministère de la Santé publique ou
du Groupe de Travail Nationale de lutte contre l’Onchocercose (GTNO).
ii. Surveiller et documenter régulièrement et selon les besoins les signes vitaux (température, pouls,
tension artérielle et taux respiratoire), l’état neurologique (y compris le score de Glasgow) et
l’équilibre des fluides.
iii. Diagnostic différentiel du coma – Étudier et traiter les causes fréquentes du coma (paludisme,
méningite, accident vasculaire cérébral, diabète, etc., par exemple).
(b) Laboratoire :
Il est recommandé d’effectuer les tests suivants afin de déterminer la cause de l’encéphalopathie et autres
co-morbidités :
i.
Sang – Électrolytes, azote uréique du sang, créatinine, glucose
- Numération Formule Sanguine
- Deux gouttes épaisses sont essentielles : une pour vérifier la présence de L. loa et
Mansonella perstans et l’autre pour détecter la présence de Plasmodium falciparum. Ces
gouttes épaisses doivent être préservées pour une confirmation future du diagnostic.
ii.
Analyse d’urine pour détecter toute infection.
iii.
Analyse du liquide céphalorachidien pour prouver une hémorragie et/ou une infection. [Dans le
cas d’une encéphalopathie imputable au L. loa, le fluide a l’apparence d’eau de roche et les
microfilaires L. loa peuvent souvent être détectées après centrifugation.]
iv.
Autres tests, si besoin est.
2. Traitement
(a) Hydratation
i. Une hydratation orale et toujours préférable, si possible. Si cependant la voie intraveineuse est le
seul moyen disponible, des fluides isotoniques, tels qu'un sérum physiologique et le lactate de
Ringer (LR), sont recommandés et doivent être administrés en fonction des normes locales en
vigueur.
ii. Selon le niveau de conscience ou l’incontinence urinaire du patient, placer un condom collecteur ou
une sonde urinaire à demeure et surveiller l’équilibre des fluides (consommation et diurèse).
(b) Alimentation
i.
Si le patient est en mesure d’ingérer sans risque de la nourriture, une nutrition per os est idéale.
Autrement, fournir une alimentation intraveineuse sous forme de sérum glucosé 5% ou de LR
avec 5% de glucose pour plusieurs jours.
ii.
Si après plusieurs jours, le patient n’est toujours pas en mesure d’ingérer des aliments, placer
alors une sonde nasogastrique. Procéder ensuite à une alimentation entérale avec des bouillons
nutritifs conformément aux normes locales en vigueur.
(c) ÉVITER LES CORTICOSTEROÏDES car il n’est pas prouvé qu’ils améliorent l’état clinique et peuvent
en fait empirer l’état du patient à cause d’un risque accru d’infection et/ou de saignement gastro-intestinal
après un usage prolongé.
9
3. Soins infirmiers
Si le patient est dans le coma, les mesures suivantes doivent être prises :
(a) Yeux – Appliquer une pommade ophtalmique pour les yeux, puis protéger les yeux avec une bande
adhésive médicale transparente afin d’éviter la kératite lagophtalmique.
(b) Peau – Prévenir la formation de plaies de pression (décubitus) en :
• Maintenant la peau du patient propre et sèche à tout moment.
• Réduisant la pression des protubérances osseuses telles que le sacrum, le coccyx, le grand
trochanter et la malléole externe en utilisant un matelas réducteur de pression si disponible,
sinon des coussins appropriés.
• Évitant de faire glisser le patient en travers du lit lors de changements de position car le
frottement avec les draps peut endommager la peau. Il est préférable de soulever le malade et
de changer sa position plutôt que le faire glisser.
• Tournant le patient toutes les 2 heures.
• ÉVITANT LES MASSAGES car ceci peut endommager la peau.
- Si des plaies de pression devaient survenir, il est recommandé de les prendre en charge comme
suit :
• Évaluer la gravité de la plaie et modifier la position du patient dans le lit afin d’en prévenir
toute aggravation.
• Nettoyer la plaie au moyen d'un produit physiologique et non toxique tel qu'un sérum
physiologique et la débrider afin d’enlever les débris, les tissus dévitalisés et les escarres.
• Bander la plaie avec des pansements non adhésifs afin de maintenir une humidité adéquate
sans pour cela endommager la peau normale environnante.
• Administrer des analgésiques pour lutter contre la douleur, le cas échéant.
• Assurer une consommation appropriée de protéines afin de faciliter la cicatrisation.
(c) Respiratoire – Aspirer les secrétions orales avec une seringue de 20cc.
- Si besoin est, maintenir les voies aériennes patentes en insérant une canule oropharyngée.
(d) Urinaire – Placer un condom collecteur ou une sonde urinaire à demeure.
- Changer la sonde régulièrement selon le protocole local en vigueur de façon à réduire le risque
d’infection.
- Minimiser la durée de la cathétérisation afin d’éviter toute bactériurie.
4. Prévention des infections nosocomiales
Les principales stratégies permettant de prévenir les infections nosocomiales (acquises en hôpital) chez un patient
comateux consistent à appliquer les principes de soins infirmiers tels qu’indiqués ci-dessus et de mobiliser le
patient dès que son état clinique s’améliore.
5. Traitement des infections nosocomiales
Malgré les meilleures intentions, des infections nosocomiales peuvent se développer. Une telle infection se
manifeste souvent par une hausse soudaine de la température. Si tel est le cas, collecter les échantillons
nécessaires par un diagnostic de laboratoire et prodiguer IMMÉDIATEMENT un traitement antibiotique et/ou
antipaludique approprié, conformément aux protocoles locaux en vigueur.
Si les plaies de pression venaient à être infectées, outre les mesures décrites dans le paragraphe 3b, il est
également recommandé de :
• Administrer un antibiotique selon les besoins (un antibiotique topique approprié pour une
infection locale, un antibiotique systémique est toutefois nécessaire pour des complications
infectieuses telles que de la cellulite, ostéomyélite, septicémie et autres).
10
6. Référence pour des soins intensifs
Si l’état clinique du patient venait à se détériorer et que l’établissement de santé désigné ne disposait pas des
ressources nécessaires pour le prendre en charge, organiser un transfert sans risque du patient vers l’hôpital le plus
proche où des soins intensifs peuvent lui être prodigués et, si possible, informer le(les) médecin(s) de service de
l’établissement en question.
7. Rapport de cas d’Effets Secondaires Graves
Informer le GTNO dès que possible de tout cas d'ESG lié au traitement au Mectizan® au moyen de la Fiche
d’Observation d’un ESG fournie par le Programme de Donation de Mectizan®. Cette fiche doit être remplie par le
médecin ou l’infirmier/infirmière responsable dès qu’il a été déterminé que le cas en question est un ESG lié à la
prise de Mectizan®. Le résultat final en ce qui concerne l’état du patient peut être reporté ultérieurement, au
moment de la sortie de l’hôpital ou du décès, le cas échéant.
Références
Anonymous. Central nervous system (CNS) complications of loiasis and adverse CNS events following
treatment: report of an invited consultation: 2-3 October 1995. Decatur, Georgia: Mectizan® Donation Program;
1996.
Allman R. Pressure ulcers. In: Hazzard WR. Blass JP, Halter JB, Ouslander JG, Tinetti ME, editors. Principles of
Geriatric Medicine and Gerontology. 5th ed. New York: McGraw-Hill; 2003. p. 1563-1569.
Boussinesq M, Gardon J, Gardon-Wendel N, Chippaux J-P. Clinical picture, epidemiology and outcome of Loaassociated serious adverse events related to mass ivermectin treatment of onchocerciasis in Cameroon. Filaria
Journal 2003, 2(Suppl 1): S4
Doebbeling, BN. Control of infections in institutions: nosocomial infections. In: Wallace RB, editor. Public
Health & Preventive Medicine. Stamford, Connecticut: Appleton & Lange; 1998. p. 273-279.
Gardon J, Gardon-Wendel N, Ngangue D, Kamgno J, Chippaux J-P, Boussinesq M. Serious reactions after mass
treatment of onchocerciasis with ivermectin in an area endemic for Loa loa infection. Lancet 1997;350:18-20.
Gardon J, Kamgno J, Fobi G, Essiene A, Ntep M, Gaxotte P, Boussinesq M, Kollo B. Dépistage, identification et
prise en charge des effets secondaires graves imputables à la loase et au traitement par ivermectine au cours des
campagnes de lutte contre l’onchocercose. Bulletin liais doc OCEAC 1999, 32(1): 37-51.
Gelfand JM, Margolis DJ. Decubitus (pressure) ulcers and venous ulcers. In: Freedberg IM, Eisen AZ, Wolff K,
Austen KF, Goldsmith LA, Katz SI, editors. Fitzpatrick’s Dermatology in General Medicine. 6th ed. New York:
McGraw-Hill; 2003. p. 1256-1265.
*****
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Annexe B :
Le Comité d’Experts du Mectizan®/Comité Technique Consultatif
Fournitures médicales recommandées à la disposition des établissements de santé désignés pour la
prise en charge des effets secondaires graves suite à un traitement au Mectizan®
I. Équipement
(a) Clinique
• Sondes intraveineuses
• Aiguilles
• Seringues
• Dispositifs d’aspiration bronchique
• Tubes nasogastriques
• Condoms collecteurs ou sondes urinaires
• Kits de ponction lombaire
• Matelas confortables appropriés pour prévenir les plaies de pression, dans la mesure du possible
(b) Laboratoire
• Microscope
• Lamelles de microscope
• Réactifs (Giemsa, par exemple)
• Capillaires non héparinées pour la Goutte Épaisse Calibrée
• Tubes pour la collection d’échantillons de laboratoire (Numération Formule Sanguine, biochimie, etc.)
II. Thérapeutique
•
•
•
•
•
Fluides intraveineux
Analgésiques
Antipyrétiques
Antibiotiques oraux, intraveineux et topiques conformément aux normes locales en vigueur
Médicaments antipaludiques oraux et intraveineux, conformément aux normes locales en vigueur
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