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en partie exacte et ne correspond pas nécessairement aux définitions du mot « robot » que l’on
trouve dans la littérature spécialisée. Dans ces définitions, en effet, il n’est pas nécessaire qu’un
robot ait une forme humanoïde. Voici deux exemples de ces définitions :
a. « (1) Machine équipée de capteurs ou d’instruments de détection de signaux d’entrée
ou d’états environnementaux mais comprenant aussi des mécanismes de réaction ou
d’orientation et pouvant effectuer des tâches de détection, de calcul ou autres, et des
programmes enregistrés déterminant la consécution des actions ; par exemple, une
machine fonctionnant par elle-même ; (2) une unité mécanique pouvant être
programmée pour exécuter certaines tâches de manipulation ou de locomotion sous
contrôle automatique » (Rosenberg, 1986, p. 161).
b. « Machine intelligente pouvant exécuter des tâches mécaniques courantes, répétitives
ou dangereuses, ou d’autres opérations directement sur commande d’un être humain ou
de façon autonome, en utilisant un ordinateur à logiciel intégré (contenant des
commandes et des instructions préalablement enregistrées) ou reposant sur un niveau
avancé d’intelligence machinique (artificielle) (qui permet de baser les décisions et les
actions sur les données recueillies par le robot sur son environnement actuel) » (Angelo,
2007, p. 309).
6. Dans son Encyclopedia of Robotics, Gibilisco (2003, p. 268-270) distingue cinq générations
de robots sur la base de leurs capacités respectives. Les robots de la première génération (avant
1980) étaient mécaniques, stationnaires, précis, rapides, physiquement robustes et basés sur des
servomécanismes mais n’utilisaient ni capteurs externes, ni intelligence artificielle ; les robots de la
deuxième génération (de 1980 à 1990), contrôlés par microprocesseurs, étaient programmables et
incluaient des systèmes de vision, ainsi que des capteurs tactiles, de position et de pression ; les
robots de la troisième génération (à partir du milieu des années 1990) sont devenus mobiles et
autonomes, capables de reconnaître et de synthétiser la parole et ils intègrent des systèmes de
navigation ou de télécommande et l’intelligence artificielle ; les quatrième et cinquième générations
sont les robots pensants de l’avenir, capables par exemple d’acquérir et de reproduire certaines
caractéristiques humaines comme le sens de l’humour.
7. Joseph Engelberger, l’un des pionniers de la robotique industrielle, a un jour déclaré : « Je ne
peux définir ce qu’est un robot mais, quand j’en vois un, je sais le reconnaître ». Comme on le verra
dans la suite de ce rapport, une telle confiance dans la possibilité de distinguer intuitivement les
robots des non-robots n’est peut-être pas justifiée car les robots sont déjà extrêmement divers par
la forme, la taille, les matériaux et les fonctions.
II.1.1.i Histoire de la robotique – fiction, imaginaire et réel
8. La création d’êtres intelligents artificiels est l’une des préoccupations les plus anciennes et les
plus durables de l’imagination et de l’esprit humains. Des êtres de ce type apparaissent dans de
nombreux récits humains : dans les mythologies, les religions, les littératures, et tout
particulièrement les films et les séries télévisées de science-fiction. Il est impossible de donner une
vue d’ensemble de tous ces récits, ou même seulement des plus importants d’entre eux, mais l’on
peut citer quelques exemples paradigmatiques ou qui apparaissent fréquemment dans la littérature
sur la robotique et la roboéthique.
9. Dans la mythologie grecque, Héphaïstos, fils de Zeus et d’Héra, façonne à partir de l’or deux
servantes pour l’aider dans son atelier (Héphaïstos était infirme de naissance et ces deux
« servantes d’or » peuvent être considérées comme des prototypes fictionnels de robots assistants
personnels). Héphaïstos est aussi le créateur d’un géant de bronze artificiel, Talos, qui était chargé
de contrôler et de défendre l’île de Crète (le parallèle avec les robots militaires et policiers est
évident). Dans un autre mythe grec, Pygmalion, sculpteur de talent, crée une statue d’ivoire
représentant une femme, Galatée, d’une telle beauté qu’il en tombe amoureux. Pygmalion traite
Galatée comme si elle était une femme réelle, en lui offrant des cadeaux précieux, en l’habillant et
en lui parlant. Comme elle n’est qu’une statue, Galatée ne peut bien entendu être considérée comme
un robot au sens strict (ni même comme le prédécesseur d’un robot). Néanmoins, l’histoire de
Pygmalion n’est pas sans intérêt du point de vue de la roboéthique car elle illustre le penchant