Prise de position de la Société suisse d`Ophtalmologie - SOG-SSO

Prise de position de la Société suisse d'Ophtalmologie (SSO) sur
l'utilisation de différents moyens d'examen par les opticiens
La mise en évidence (Diagnostic) et le traitement (Thérapie) de maladies, blessures ou autres
atteintes physiques et psychiques à la santé est réservé, d'une manière ou d'une autre, dans les
différentes lois cantonales au personnel médical (médecins, dentistes, etc.). Ces professions
demandent une formation particulière réglementée et sont soumises à l'obligation d'une autorisation
spécifique. Même 51 les opticiens ne sont pas inscrits expressément dans tous les cantons sous
«professions de la santé», ils ne sont en tout cas pas du personnel médical.
Il existe des appareils d'examen, dans lesquels le sujet (patient, client) n'entre pas en contact avec
celui-ci. Son intégrité corporelle immédiate reste intouchée. Ces appareils pourraient pratiquement
être installés dans chaque grand magasin et servis par un personnel auxiliaire forme.
Aussi longtemps que le résultat ne sera pas communiqué au probant, celui-ci ne connaîtra pas le
diagnostic.
La capacité de définir la normalité est ce qui permet d'exclure un état pathologique.
Ces derniers temps, il y a eu une augmentation de ces examens par les opticiens sur leurs clients,
c'est-à-dire:
«Non-contact» tonométrie;
Périmétrie (examen du champ visuel);
Ophtalmoscopie et photographie du fond d'oeil;
en plus:
Adaptation (courbe d'adaptation à l'obscurité), Sensibilité aux contrastes (mesure de l'acuité
visuelle sous contrastes réduits), Motilité (motilité du globe oculaire) et étude des Réactions
pupillaires.
Toutes les méthodes d'examen sus-nommées appartiennent à l'instrumentation diagnostique de
l'ophtalmologue.
Plus loin, il est précisé que toutes ces méthodes peuvent donner des réponses normales, bien
qu'il y ait déjà des atteintes pathologiques chez le sujet.
Ainsi, un client qui est soumis à l'une ou plusieurs de ces méthodes d'examen par un opticien
comptera sur le fait que toute maladie oculaire présente a été mise en évidence. Selon toute
vraisemblance, il ne se rendra pas par la suite chez l'ophtalmologue. Des maladies non dépistées
peuvent ainsi atteindre un stade irréparable.
Un opticien n'a pas l'obligation de mettre au courant chaque client qu'il n'a pas la compétence de
poser un diagnostic, par conséquent pas non plus de confirmer un état normal en excluant un état
pathologique. Ceci induit une fausse sécurité chez le profane. L'utilisation de tests crée le concept
incorrect d'une qualification professionnelle plus élevée de l'opticien et donne l'impression erronée
d'une compétence médicale (appropriation de compétences).
Afin de garantir la protection de la santé dans un intérêt public:
seuls les ophtalmologues sont autorisés à pratiquer ces examens ou alors
les opticiens ont l'obligation d'informer en détail, qu'ils n'ont pas la compétence pour interpréter les
résultats (ainsi la valeur d'un examen que le client paye lui-même devient nulle).
Tonométrie (mesure de la tension intra-oculaire)
La méthode
L'oeil possède une certaine pression intra-oculaire, comme par exemple, une balle.
Non-contact tonométrie (NCT; mesure sans contact de la pression intra-oculaire)
Le tonomètre non-contact (NCT) émet pendant quelques fractions de secondes un jet d'air
exactement vers l'avant en direction de l'oeil et aplanit ainsi la cornée, qui est bombée sphériquement
vers l'avant, jusqu'à un certain niveau. Le temps nécessaire pour obtenir cette aplanation correspond
(avec quelques écarts) à la valeur de la pression intraoculaire.
L'exactitude de la NCT dépend de différents facteurs:
Au delà de la limite pour un glaucome, l'appareil donne des valeurs trop élevées;
Dans la zone du glaucome à basse tension, les valeurs sont plutôt plus basses que réellement;
Le rythme respiratoire et la fréquence du pouls peuvent influencer les résultats;
Pour obtenir une moyenne utilisable, il faut prendre plusieurs mesures par œil.
Tonométrie de contact
L'appareil de référence est le tonomètre de Goldmann avec lequel la cornée anesthésiée (insensible)
est aplanie par contact direct, déterminant ainsi la pression intra-oculaire. Ce tonomètre de Goldmann
est utilisé par les ophtalmologues pour les contrôles diagnostiques et thérapeutiques.
La médecine
Le glaucome est une maladie du nerf optique dans la zone o- celui-ci quitte le globe oculaire (tête du
nerf optique, papille). Jusqu'à il y a quelques années, le concept était que le seul responsable était la
tension intra-oculaire trop élevée. Actuellement, on sait que d'autres facteurs jouent un rôle décisif
dans l'atteinte, comme par exemple, la perfusion locale (Glaucome à basse tension ou
normotensionnel). On connaît également des formes de glaucomes, qui peuvent montrer des valeurs
normales lors de la mesure de la tension mais présenter des pics tensionnels qui échappent aux
mesures ou a l'observation (Glaucome exfolliatif ou glaucome à angle étroit intermittent).
Un diagnostic correct et un contrôle de la thérapie se base au moins sur 4 méthodes diagnostiques
l'ophtalmoscopie, la gonioscopie (examen de l'angle irido-cornéen avec un verre de contact et
anesthésie locale), la périmétrie et la tonométrie (voir aussi section suivante).
L'épidémiologie du glaucome
Dans la littérature, on trouve les données suivantes qui corroborent l'expérience pratique de
l'ophtalmologue:
0,9% de glaucomes avec tension intra-oculaire élevée chez les 43 à 54 ans, 4,7 % de glaucomes
avec tension intra-oculaire élevée chez les plus de 75 ans. Cela donne une fréquence moyenne de
2,1 % de glaucome à tension élevée.
Le glaucome à basse tension a une fréquence de 0,7 %, cela veut dire qu'il apparaît dans environ
30% du groupe 43-75 ans, sans compter les glaucomes capsulaires et ceux à angle étroit. Chez les
plus de 75 ans, on observe 13 % de glaucome à basse tension.
Si on ne contrôle que la tension intra-oculaire, on passe à côté de 35 à 50 % des glaucomes,
selon les groupes d'âge.
Les conséquences
La NCT est une méthode trop imprécise pour pouvoir faire un diagnostic exact de glaucome et pour
l'utiliser dans les contrôles de la thérapeutique.
Le dépistage (recherche rapide) à l'aide de la tonométrie seule est douteux voire contre-productif à
cause de la grande proportion de glaucome à basse tension; trop de personnes atteintes ne sont pas
détectées part ce test.
Une personne «examinée» par l'opticien, qui aura trouvé une tension normale, n'ira pas pendant de
nombreuses années chez l'ophtalmologue.
Ö Pour ces raisons, il faut refuser l'utilisation de la tonométrie NCT comme seule méthode de
diagnostic du glaucome. Elle peut par ses résultats purement mécaniques conduire à des
conclusion erronées.
Périmétrie (Examen du champ visuel)
La méthode
Définition
La périmétrie (P) sert à l'examen du champ visuel (CV). Un champ visuel est cet espace qui est perçu
autour de soi quand le regard est fixe. Les structures suivantes influencent le CV les milieux optiques
(cornée, cristallin, corps vitré), la rétine, le nerf optique ainsi que les voies optiques et certains centres
cérébraux.
Techniques
Selon le problème, différentes techniques et différents appareils sont utilisés.
Depuis une dizaine d'année, la périmétrie automatisée, basée sur l'ordinateur, a trouvé une large
utilisation. Elle teste le champ visuel par de nombreux points lumineux clairs situés à différents
endroits. Plus une lumière faible peut être détectée, meilleur est le champ visuel (c'est-à-dire plus bas
est le seuil de reconnaissance).
Après que l'appareil a fait le travail principal et le travail de présentation (sans variations de qualité),
les résultats dépendent de l'état oculaire, de l'attention du sujet et de l'état psychique du sujet.
Choix
Le choix des programmes (couverture dense ou large du champ, tests fins ou grossiers pour
déterminer le seuil, temps longs ou courts de présentation) doit être fait en fonction du cas et requiert
des connaissances ophtalmo-médicales et ophtalmo-neurologiques.
Interprétation
L'interprétation des résultats requiert une connaissance médicale approfondie.
Prédictibilité
Les méthodes présentant une grande fiabilité (par exemple détermination statistique des seuils)
prennent un temps relativement long (15 à 20 minutes par œil) et requièrent une détermination précise
du seuil. Les méthodes plus rapides sont utilisées en général pour le dépistage (examen grossier) et
ont soit un nombre réduit de points par CV soit ne testent que grossièrement les points; la certitude
des résultats s'en trouve réduite.
Il peut y avoir jusqu'à 50% des fibres optiques détruites avant qu'une atteinte du champ visuel puisse
être mise en évidence. Ainsi des défauts peuvent passer inaperçus et le champ visuel apparaître
comme normal, ce qui relativise encore les possibilité de prédiction de la méthode d'examen «Champ
visuel».
La médecine
Dans toutes les structures concernées, on peut observer des altérations naissantes, sans que le
champ visuel ne soit encore atteint.
Quelles sont les maladies qui causent une atteinte du champ visuel et auxquelles il faut penser?
? Est-ce qu'il y a des opacités des milieux optiques (cataracte, éventuellement en secteur,
densification du vitré ou tumeur)?
? Existe-t-il des altérations rétiniennes (s'agit-il, par exemple, d'une anomalie sans importance ou
d'une maladie sérieuse comme une métastase d'une tumeur, qui se présente comme une atteinte
glaucomateuse ou encore s'agit-il d'un décollement de rétine ? L'atteinte résulte-t-elle d'une
occlusion vasculaire?
? Le nerf optique est-il atteint (par exemple, par un glaucome, une inflammation ou une occlusion
vasculaire, ou encore une inflammation des fibres nerveuses, une sclérose en plaques voire même
une tumeur du nerf optique)?
? Les voies optiques ou les centres optiques sont-ils atteints (par exemple par une atteinte vasculaire
(attaque), malformations vasculaires, infiltration tumorale ou pression causée par une tumeur
voisine)?
Les conséquences
L'élément essentiel de l'examen du champ visuel n'est pas la performance technique (qui peut être
apprise relativement facilement par du personnel formé à cet égard) mais les indications de cet
examen (décision de l'examen) et l'interprétation intellectuelle des données obtenues, qui implique de
façon indubitable un savoir médical.
La périmétrie, qui est une technique fiable et qui requiert du temps, ne se pratique de loin pas chez
tous les patients d'un ophtalmologue. Elle complète les examens diagnostiques de faon ciblée lors de
la présence de certains symptômes spécifiques.
Si les programmes de dépistage doivent être utiles aussi sur le plan de la santé publique (trouver avec
une très haute probabilité les patients atteints. ne pas indiquer de faon erronée qu'un patient normal
est atteint , ce qui entraîne des investigations coûteuses), il faut absolument développer des concepts
sur de larges échelles (au moins régionaux). Les investigateurs et les investigués doivent être
informés en détail de la valeur prédictive limitée de ce test.
Les examens non coordonnés (Grands magasins, opticiens, etc.) sont d'une part trop peu sûrs quand
à leurs résultats et d'autre part induisent chez l'examinateur et le sujet une fausse sécurité.
Ophtalmoscopie
La méthode
L'ophtalmoscope se compose d'une lampe et d'une loupe; il sert à examiner avant tout le fond d'oeil
mais peut également être utilisé pour le segment antérieur.
Pour pouvoir examiner avec soin le fond d'oeil , il faut dilater la pupille à l'aide d'un médicament.
La médecine
Les problèmes principaux suivants nécessitent un examen à l'ophtalmoscope:
La papille (nerf optique) révèle-t-elle une atteinte dans le cadre d'un glaucome?
L'aspect de telles fibres nerveuses atteintes n'est visible qu'avec difficulté par une personne entraînée,
car il existe de nombreuses variantes (différentes de la normale mais sans signification pathologique).
Un nerf optique apparaissant normal ne dit rien encore, sur le fait qu'il existe ou non des atteintes
dues à la pression. Pour évaluer cette situation, il faut mettre en jeu des relations complexes avec
d'autres méthodes d'examen.
? Le nerf optique montre-t-il des signes d'hypertension intracrânienne (pression intracrânienne
augmentée) lors d'hémorragies cérébrales (jours ou semaines après un accident) ou ceux d'une
tumeur cérébrale?
? Les soi-disant signes typiques peuvent faire défaut relativement longtemps et se présenter comme
une variante de la normale voire même comme l'expression d'une autre maladie.
? Y a-t-il une atteinte vasculaire de la rétine, qui indiquerait, par exemple, l'existence d'un diabète,
d'une augmentation de la pression artérielle (hypertension artérielle) ou l'imminence d'une
occlusion vasculaire?
? Existe-il une maladie de la rétine ou des tissus annexés (par exemple rétinopathie pigmentaire,
une dégénérescence maculaire liée à l'âge ou encore une tumeur)?
Dans ce cas également, il existe une variété d'images cliniques, qui peuvent aller de la normale à la
maladie maligne.
Des ces examens, il faut tirer des conclusions médicales fondées: existe-t-il ou non un état
pathologique?
Les conséquences
La liste des problèmes est explosive et indique que la compétence de l'analyse des examens ne peut
être attribuée qu'au médecin, la plupart du temps seulement au spécialiste.
Si un client est soumis à une ophtalmoscopie par un opticien, il est impossible pour l'opticien de juger,
avec une probabilité raisonnable, s'il est en présence ou non d'une maladie, qui nécessite un
traitement. Pour cette raison, le fait même de faire cet examen donne une fausse impression de
sécurité et doit être refusée au nom de la protection de la santé.
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