Cette conférence met également en lumière le faible « poids » de l’Europe dans les négociations internationales, face
aux deux géants, la Chine et les Etats-Unis. Si les tensions entre ces deux pays ont été très vives, leurs intérêts
contradictoires ont conduit à une alliance objective pour préserver leur souveraineté. A plusieurs reprises, Messieurs
Obama et Wen se sont donc réunis, associant de temps à autres le président brésilien Lula, le premier ministre indien
Manmohan Singh et le président sud-africain Jacob Zuma. C’est donc à cinq que cet accord (qui n’en est pas un) de
trois pages a été adopté. A cet égard, de fortes divergences sont apparues entre les pays émergents et les pays les
plus vulnérables
, ces derniers faisant des négociations sur le Climat une question de survie.
Pour limiter les dégâts, la conférence de Doha (COP 18) prolonge jusqu'en 2020 la durée de vie du protocole de Kyoto,
ce qui permet de poursuivre ainsi la lutte contre le réchauffement climatique. Mais cet accord est affaibli par le retrait
de la Russie, du Japon et du Canada. De fait, les signataires ne représentent plus que 15% des émissions mondiales à
effet de serre ; les Etats-Unis n’ayant jamais signé la Convention. En l'absence de cet accord, le Protocole de Kyoto
aurait expiré le 31 décembre 2012. Par ailleurs, la question de l'aide financière aux pays en développement est
reportée. A Copenhague, l’accord avait pourtant établit un Fonds climatique vert, visant à mobiliser 100 milliards de
dollars américains par année d'ici à 2020 pour aider les pays en voie de développement à répondre efficacement aux
enjeux climatiques. Mais à ce jour, aucune stratégie financière n’est à ce jour arrêté.
Tous les espoirs se tournent désormais vers Paris, qui organisera la vingt-et-unième Conférence des Parties, en
décembre 2015. L'enjeu est de taille pour la diplomatie française : parvenir à un accord à la fois ambitieux, juste et
efficace qui permette une division par deux des émissions mondiales à l'horizon 2050. Il s’agit là d’une formidable
opportunité pour tester la capacité d’influence de la France à l’échelle internationale, en mobilisant dès à présent
l’ensemble des réseaux. Le Comité français pour le développement durable (Comité 21) est d’ores et déjà dans les
starting block.
Kyoto en bref
Ceux qui l'ont ratifié
Rédigé en 1997, le protocole de Kyoto a été ratifié par 184 pays. Exception notable: les Etats-Unis, premiers
pollueurs de la planète, ont refusé de s'engager.
Les engagements
En ratifiant le protocole, 38 pays industrialisés ont promis de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2%
en moyenne par rapport à leurs émissions de 1990. En revanche, les pays en voie de développement sont exemptés
d'objectifs: la Chine et l'Inde, respectivement à la seconde et quatrième place des pays les plus pollueurs, n'ont
donc pris aucun engagement à Kyoto.
Les moyens
Les pays s'étant engagés à réduire leurs émissions peuvent avoir recours aux mécanismes "de flexibilité" prévus par
le protocole. L'un d'entre eux permet à un pays de racheter des droits d'émissions à un autre pays qui ne les utilise
pas.
Le bilan
Selon un rapport de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), les émissions
des pays industrialisés avaient chuté de 3,3% en 2004. La Lituanie fait figure de bonne élève avec une réduction de
60,4% de ses émissions. En bas du tableau, la Turquie a quant à elle augmenté ses émissions de 72,6%.
L'avenir
Le protocole de Kyoto devait expirer en 2012, mais a été reconduit in-extremis jusqu’en 2020, lors de la Conférence
de Doha.
Les petits états insulaires sont par exemple directement menacés de disparition par la montée du niveau des mers