CHRONIQUE DE LA DIRECTRICE
Michèle Marchand
Mai 2011
Sur stimulation ou besoin réel des enfants ?
De nos jours, sommes-nous trop exigeant envers nos petits? Est-ce qu’on
leur demande plus qu’avant? Faisons-nous trop de « sur stimulations »? Cela
suscite certainement des questionnements. C’est en lisant un article de La
Presse, Virage lenteur dans les CPE de la Montérégie, qui traite sur l’importance de
faire place à un rythme plus lent et moins structuré en service de garde, que
je me suis posé ces questions.
Avons-nous trouvé un équilibre entre cette « sur stimulation » et les besoins réels des enfants.
Mais quels sont ces besoins? Sommes-nous allés trop loin dans ce roulement de performance?
Elle sert à quoi cette performance à 0-5 ans? Ayant le bien-être des enfants à cœur, c’est sûr
que cela m’interpelle.
Sans nigrer les structures des services de garde, il est quand même un peu inquiétant de
constater qu’il y a des structures contraignantes ainsi que des exigences d’apprentissage
élevés, tel que minuter les dîners, « sur-organiser » et « sur-animer » des activités sans laisser
place à l’improvisation et l’imaginaire des enfants. « Le rien faire fait place à l’imaginaire », ne
l’oublions pas!
Par contre, les intervenants en petite enfance semblent stressés par des exigences de parents
qui désirent beaucoup pour leur enfant et la question qui peut devenir embêtante est ; qu’est-
ce que mon enfant a fait aujourd’hui ? il a JOUÉ??? Eh bien oui, revenons un peu en arrière
et souvenons-nous de notre propre enfance, les jeux libres, les jeux extérieurs sans la présence
constante des adultes autour de nous. Pour l’enfant, l’activité première est de jouer. C’est
dans le jeu qu’il acquiert des connaissances et des apprentissages. C’est dans les jeux de
construction, les jeux de manipulation, etc., qu’on va stimuler son développement. Les
intervenants se mettent également des pressions en faisant faire par exemple par un enfant de
4 ans, des reproductions de lettres que ceux-ci ont préalablement inscrites sur une feuille
pensant favoriser la pré-écriture. Est-ce vraiment en cohérence avec le développement de
l’enfant lorsqu’il y a des demandes de cet ordre? À cet âge, s’il ne démontre pas d’intérêt, il
n’est vraiment pas utile de lui faire faire ce type d’activités.
Pour ma part, ce que j’ai observé, c’est qu’une des attentes du parent est dans l’exécution de
bricolages. Beaucoup d’entre eux ont l’impression que s’il n’y en a pas, les enfants ne font rien
de leur journée. Attention ! Lorsqu’il y a des bricolages tout « finis » ils ont été finis par qui?
Si l’enfant n’est pas rendu à ce stade-là dans son développement, lui faire des demandes trop
exigeantes devient stressant et voir même contraignant pour son estime de lui. Il faut faire
vivre cette activité comme une expérience il peut exprimer sa propre cativité et rendre
celle-ci positive comme toutes autres activités de la journée. Il ne faut pas perdre de vu qu’il
fait la majorité de ses apprentissages dans la routine quotidienne.
Ce qui inquiète les parents est en lien avec la préparation de l’enfant pour l’école. Sera-t-il
prêt? Ce que semble craindre les parents, est que leur enfant ne soit pas à la hauteur et qu’ils
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ne répondent pas aux exigences, mais quelle hauteur? De qui? De quoi? Pour qui?
Pourquoi ? En fait, les acquisitions majeures en vue de la rentrée à l’école pour l’enfant sont
au niveau de la dimension affective et de la dimension sociale. C’est important qu’il ait une
bonne estime de lui, qu’il soit capable d’exprimer ses besoins et d’y répondre. Il doit aussi
être capable de négocier les conflits ou les différents qu’il aura avec ses pairs. Les notions
d’attendre son tour, d’écoute et de respect de l’autre sont également importantes.
Comment savoir si nous allons trop loin ou pas assez pour ces petits êtres. Selon M. Bernard
Martino (auteur français de L’enfant est une personne, Loczy, Voyage en Mongolie intérieur), il
faudrait plus les observer et beaucoup moins les stimuler. Selon lui, le le de l’adulte est
d’observer l’enfant, de voir où il en est dans son développement pour ensuite l’accompagner et
mettre en place un environnement qui lui permettra de passer à l’étape suivante. L’enfant a
besoin de sentir l’intérêt, la confiance et le respect de la part de l’adulte.
Alors, mettons-nous au fi d’observer et de jouer avec nos petits un peu plus sans trop les
animer, laissons-les jouer et bouger, encourageons des situations pour qu’ils puissent
développer des compétences sociales entre eux et favorisons un rythme plus lent afin de
profiter du moment présent avec nos petits amours qu’on aime tant.
Pour en savoir d’avantage, vous pouvez consulter l’article sur www.rcpem.com
Ainsi que la Revue Scolaire, vol. 47, no.1
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