Le corps dans la première Lettre aux Corinthiens
Introduction : bref résumé de présentation
En lisant la première aux Corinthiens on s’aperçoit bien vite que la réalité du corps est
quasiment présente tout au long de la Lettre. Dans le petit billet de présentation, je disais en résumé :
Paul parle du respect du corps, nos corps étant membres du Christ (6, 15), et sanctuaire de
Dieu, habités par l’Esprit (3, 16-17) ; empruntant à la littérature de l’époque, il fait du corps la
métaphore de la communauté (12,12et sv), corps communautaire où se donne à reconnaît le Corps du
Christ présent dans l’Eucharistie (11,23). Ce corps enfin est promis à la résurrection, dont Paul affirme
que, sans cette espérance, notre foi en Jésus ressuscité est vide (chp 15, et plus partic. v.12-24).
1/ Le contexte culturel
Cette insistance n’est pas surprenante si on se réfère à la culture ambiante de l’époque, en
particulier à Corinthe où l’on pouvait voir se côtoyer à la fois un mépris du corps (exaltation de la
chasteté contre le mariage par exp) et une exaltation du corps, notamment dans l’art de la statuaire, les
jeux, les gymnases, avec aussi bien une dépravation des mœurs (corollaire du mépris). L’équilibre
corps/esprit paraissait difficile à tenir à cause d’une vision dualiste de l’humain, entre ce qui est
matériel, physique et ce qui est immatériel, spirituel. Le corps étant pensé comme l’enveloppe dont il
faut se dégager pour atteindre l’esprit, (cela dans la contemplation du bien absolu chez Platon), il
n’était pas intéressant de lui donner sa place.
Ainsi Paul parle dans ce contexte, lui, qui tient des deux cultures : grecque, avec les
particularités qu’on vient d’énoncer, et juive, hébraïque où le corps est considéré, de par la volonté
du Créateur, comme digne d’attention, de respect, puisque animé de son souffle vivant, crée à son
image et ressemblance et appelé à procréer. Paul, qui plus est, a vu le Crucifié vivant sur le chemin de
Damas (« n’ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? » 9,1), pour lui, il n’y a donc plus aucun doute, la
chair du Ressuscité est le prélude le plus clair à notre propre résurrection : « Dieu qui a ressuscité le
Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance » (6,1’).
La résurrection du Christ achève ainsi la place qu’il a déjà donnée au corps en
s’incarnant. Ceci est le grand message de la Lettre.
2/ L’organisation de la Lettre
Tout au long de la Lettre Paul qui est à Ephèse (vers 53-54) aborde, avec d’infinies
précautions et nuances, diverses questions (éthiques, cultuelles) apportées par des émissaires venus de
Corinthe lui exposer leurs problèmes. Cependant, malgré cette dispersion apparente des thèmes,
l’organisation de l’ensemble de la lettre est assez parlante :
- On part de la croix du Christ (A) et de son message d’humilité, disant à travers le langage de
la limite que représente la mort corporelle, qu’on ne peut se prévaloir de ceci ou de cela : « ce qui est
faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort » (1,27),
- pour arriver à la résurrection, (A’) où ce qui est pauvre, humilié, charnel dans nos corps, est
promis à une vie nouvelle dans et par le Christ (ce sera aussi le message de Ph. 3, 6-11) ;
- et entre la croix (au début) et la résurrection du Christ (à la fin), sur qui se fondent notre
foi et notre vie au quotidien, les deux se répondant comme en écho, il y a au centre (B-B’) ce qui fait
justement le tissus de la vie quotidienne et sa célébration.
Adresse, salutation 1,1-3 et action de grâce 1,4-9
A -‘‘L’évangile’’ de la croix du Christ », folie du monde/sagesse de Dieu 1, 10-4,21
B - Notre vie au quotidien 5, 1-11,1
B’- La célébration de cette vie 11, 2-14,40
A’- ‘‘L’évangile’’ de la résurrection du Christ gage de la nôtre
Conclusion de la Lettre 16, 1-24
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