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ABSTENTIONNISME Non-participation
à un scrutin électoral. À un niveau plus
général, désigne toute forme de non-par-
ticipation citoyenne (abstentionnisme ci-
vique, syndical, associatif).
La sociologie électorale distingue l’abs-
tention de la non-inscription sur les lis-
tes électorales.
Si l’on ne prend pas en compte les
cas d’obstacles matériels (maladie, éloi-
gnement géographique, etc.), l’absten-
tionnisme électoral peut avoir deux ori-
gines. Il peut s’agir d’un désintérêt pour
la vie politique lié à un manque d’inté-
gration. Ce sont ainsi les moins intégrés
socialement (jeunes, chômeurs, person-
nes âgées) qui participent le moins au
vote. Pierre Bourdieu met en avant le
sentiment d’incompétence politique lié
à la possession d’un faible capital cultu-
rel et à une position sociale inférieure.
L’abstentionnisme peut aussi être un
acte politique conscient qui, loin d’être
le reflet d’une passivité politique, témoi-
gne soit d’un rejet du régime politique
ou du principe même des élections (cas
des anarchistes qui rejettent toute forme
d’État), soit d’un choix conjoncturel lié
à une insatisfaction de l’offre électorale
ou à la faiblesse des enjeux.
En France, les résultats électoraux mon-
trent généralement un fort taux de parti-
cipation pour les scrutins nationaux
(élections présidentielle et législatives) et
une participation plus faible pour les
élections locales (municipales, cantona-
les), régionales et européennes. Cepen-
dant, la tendance à un plus fort absten-
tionnisme s’est confirmée depuis deux
décennies dans la plupart des vieilles dé-
mocraties représentatives.
Voir ÉLECTION ;SCRUTIN.
ABUS DE POSITION DOMINANTE Prati-
ques, pénalement condamnables, d’une
entreprise en situation de monopole ou
de quasi-monopole. Elles peuvent pren-
dre la forme de refus de vente, de mé-
thodes discriminatoires, de prix très bas
constituant de véritables barrières à l’en-
trée afin d’éliminer les concurrents.
Voir ANTITRUST ;BARRIÈRES À LEN-
TRÉE ;CONCURRENCE ;ENTENTE ;
MONOPOLE ; thème « LE JEU DU MARCHÉ
ET LE RÔLE DES PRIX ».
ACCÉLÉRATION (ou principe d’accélé-
ration ou accélérateur) L’accéléra-
teur montre qu’une variation de la de-
mande finale a pour effet une variation
plus forte de l’investissement.
Ce principe fut décrit pour la pre-
mière fois par A. Aftalion (1909) et
J. M. Clark (1917), qui souhaitaient don-
ner une explication aux fluctuations de
court terme de l’activité économique. La
façon dont les entreprises établissent les
anticipations de la demande future con-
ditionne leur comportement d’investisse-
ment.
Mais ce mécanisme ne joue pleinement
que si toute augmentation de la de-
mande nécessite l’achat de nouveaux
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biens d’équipement et oblige les entre-
preneurs à accroître leurs quantités ven-
dues (et non leurs prix). En troisième lieu
le coefficient de capital doit rester cons-
tant, ce qui ne suppose aucune amélio-
ration de la productivité du capital, et ex-
clut les effets du progrès technique.
En 1939, Paul Samuelson a conçu un
modèle, l’oscillateur, dans lequel les fluc-
tuations économiques s’expliquent par
l’effet combiné de l’accélérateur et du
multiplicateur d’investissement : les en-
trepreneurs, en fonction d’une augmen-
tation escomptée de la demande, doivent
réaliser des investissements plus que pro-
portionnels à l’augmentation attendue de
la demande ; ces investissements engen-
drent des revenus supplémentaires pour
d’autres agents économiques. Par exem-
ple, dans un village, un boulanger utilise
un four à pain pour satisfaire sa clientèle.
Il voit sa demande augmenter de 20 %
en raison de l’implantation d’une maison
de retraite et doit doubler sa capacité de
production, c’est-à-dire faire construire
un nouveau four à pain. Le mécanisme
de l’accélérateur montre qu’un accroisse-
ment de 20 % de la demande entraîne
une augmentation de 100 % de l’investis-
sement. Pour faire ce travail, le boulan-
ger embauche un artisan qui va ensuite
dépenser les revenus qu’il va recevoir
après avoir accompli sa tâche, auprès
d’agents économiques (entreprises, com-
merces, etc.) qui vont aussi dépenser une
partie de leurs revenus (mécanisme du
multiplicateur).
Voir CYCLES ;INVESTISSEMENT ;MUL-
TIPLICATEUR DINVESTISSEMENT.
ACCORDS COMMERCIAUX Accords si-
gnés entre pays afin de mieux organiser
leurs échanges économiques. Ils peuvent
avoir comme objectif de favoriser le li-
bre-échange ou le protectionnisme.
On peut également les distinguer se-
lon leur logique : soit ils concernent les
relations économiques avec l’ensemble
des autres économies nationales - on
parle alors de multilatéralisme -, soit il
s’agit de relations propres à quelques pays
seulement - on parle alors de bilatéra-
lisme, s’ils concernent seulement deux
pays, ou de régionalisme, s’ils sont plus
nombreux. L’accord du GATT a ainsi été
réalisé selon une logique multilatérale :
il devait profiter à tous les pays. À l’in-
verse, les accords donnant lieu à la cons-
truction de la Communauté économique
européenne ont permis la constitution
d’un bloc régional favorisant les échan-
ges entre les pays membres.
Voir COMMERCE INTERNATIONAL ;INTÉ-
GRATION ÉCONOMIQUE.
ACCORDS DE BRETTON WOODS En
1944, les Alliés organisent une confé-
rence à Bretton Woods (États-Unis) afin
de construire un nouvel ordre monétaire
international et d’éviter les désordres de
l’entre-deux-guerres. Y sont posés les
principes structurant le nouveau système
monétaire international (SMI) ainsi que
la création de deux institutions : le Fonds
monétaire international (FMI) et la Ban-
que mondiale, ou BIRD.
Deux projets s’y affrontèrent : le plan
Keynes et le plan White. Alors que
J. M. Keynes défendait notamment la
création d’une monnaie internationale
(le bancor), c’est le plan américain de
H. D. White qui fut retenu. Ces accords
instituaient le retour à un système de
change fixe où chaque monnaie voyait sa
parité exprimée en dollar ou en or avec
une marge de fluctuations de + ou - 1 %.
Les États-Unis possédant alors les 3/4 du
stock d’or, seule la parité du dollar fut
fixée en or ; celle des autres monnaies le
fut par rapport au dollar. Chaque banque
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ACCORDS DE BRETTON WOODS
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centrale devait intervenir afin de défen-
dre cette parité. Le dollar devenait la
monnaie internationale, ce système né-
cessitait donc la confiance dans la capa-
cité américaine à convertir le dollar en
or et le dollar devait circuler en quantité
suffisante à l’extérieur des États-Unis.
Mais, suite au développement d’un mar-
ché international du dollar échappant au
contrôle des autorités monétaires améri-
caines (les eurodollars) et aux difficultés
liées à la guerre du Viêt-Nam, des doutes
sont apparus sur la parité du dollar avec
l’or et sur la capacité des autorités moné-
taires américaines à assurer la convertibi-
lité. En août 1971, le président américain
Nixon mit fin à la convertibilité, ouvrant
ainsi la crise du système de Bretton
Woods. Toutefois, les deux institutions
créées à l’époque, le FMI et la Banque
mondiale, existent toujours et ont vu leur
rôle s’accroître.
Voir CONVERTIBILITÉ,FMI;SMI;
thème « LES RELATIONS MONÉTAIRES IN-
TERNATIONALES ».
ACCORDS DE GRENELLE Accords si-
gnés le 27 mai 1968 entre les syndicats
et le patronat sous la pression du gouver-
nement Pompidou. Après avoir été, dans
un premier temps, refusés par les salariés
en grève, ils permirent de mettre fin à la
grève générale de mai 1968. On retient
essentiellement de ces accords un relève-
ment du SMIC de 35 %, l’augmentation
générale des salaires et l’extension des
droits syndicaux, notamment dans l’en-
treprise.
ACCORDS DE LOMÉ Accords commer-
ciaux multilatéraux de coopération entre
l’Union européenne et les pays d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique (dits pays
ACP). Les premiers accords ont été si-
gnés en 1975 (suite aux accords de
Yaoundé passés entre 1963 et 1975) et le
dernier en 1995. En 2000, un nouvel ac-
cord de partenariat entre l’Union euro-
péenne et les pays ACP a succédé aux
accords de Lomé.
Voir ACCORDS COMMERCIAUX.
ACCORDS DE MARRAKECH Accords si-
gnés le 15 avril 1994 donnant naissance
à l’Organisation mondiale du commerce
(OMC), qui entre en vigueur au 1er jan-
vier 1995 et remplace l’Accord général
sur les tarifs et le commerce (AGETAC).
Voir OMC.
ACCORDS DE MATIGNON Accords con-
clus le 7 juin 1936 entre la Confédéra-
tion générale du patronat français et la
Confédération générale du travail (CGT)
à l’hôtel Matignon, siège du président du
Conseil (aujourd’hui du Premier minis-
tre), sous la pression du mouvement de
grèves et d’occupations d’usines qui avait
fait suite à la victoire électorale du Front
populaire. Ces accords prévoyaient une
augmentation des salaires, la mise en
place de conventions collectives et l’élec-
tion de délégués du personnel. Ils sont à
l’origine des grandes lois sociales de
1936 : semaine de 40 heures et premiers
congés payés (2 semaines par an).
Voir SYNDICATS ; CGT.
ACCORDS DE SCHENGEN
Voir CON-
VENTION DE SCHENGEN.
ACCORDS DU LOUVRE Accords signés
le 22 février 1987 à Paris, établissant une
coopération entre le « groupe des cinq »
(États-Unis, Japon, RFA, France,
Grande-Bretagne, et le Canada) pour
promouvoir la stabilité des changes.
Voir ACCORDS DU PLAZA.
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ACCORDS DE BRETTON WOODS
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ACCORDS DU PLAZA Accords, signés le
22 septembre 1985, par lesquels les pays
du « groupe des cinq » (États-Unis, Ja-
pon, RFA, France, Grande-Bretagne et
Canada) décident d’accorder une impor-
tance plus grande à la coopération mo-
nétaire internationale et à la coordina-
tion des politiques économiques.
ACCROISSEMENT NATUREL Accroisse-
ment de la population découlant de la
différence entre le nombre des naissan-
ces et celui des décès.
Lorsque les taux de natalité et de mor-
talité sont proches, l’accroissement natu-
rel est faible. La population est alors sta-
tionnaire. Si la mortalité s’abaisse
fortement - comme on le voit dans la
transition démographique de l’Europe
occidentale au XIXesiècle -, la popula-
tion s’accroît fortement, car les naissan-
ces compensent largement les décès.
Voir DÉMOGRAPHIE ;FÉCONDITÉ (ME-
SURE DE LA); MORTALITÉ,NATALITÉ ;
TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE.
ACCULTURATION Processus par lequel
un individu ou un groupe intègre des élé-
ments d’une culture différente de sa cul-
ture d’origine.
Mise à l’honneur en 1936 dans un
« Mémorandum » signé par trois anthro-
pologues (M. J. Herskovits, R. Linton et
R. Redfield), « l’acculturation comprend
les phénomènes qui résultent du contact
direct et continu entre des groupes d’in-
dividus de culture différente, entraînant
des changements dans les configurations
culturelles initiales de l’un ou des deux
groupes ». Ce processus peut aboutir à
l’assimilation pure et simple, une adop-
tion libre et spontanée des valeurs et des
modes de comportement de la société
d’accueil - comme c’est le cas des enfants
de la deuxième génération de migrants.
Mais une acculturation forcée peut con-
duire à une contre-acculturation qui con-
siste à refuser une déculturation organi-
sée - cas de situations coloniales ou des
réactions contre la perte d’identité de
groupes socialement ou culturellement
marginalisés.
Le comportement des individus partagés
entre deux cultures peut être marqué par
une dissociation, à moins que se dévelop-
pent des pratiques de syncrétisme lorsque
se combinent des éléments culturels de
sociétés différentes, plus particulière-
ment dans le domaine religieux. Parmi
les anthropologues, le Français Roger
Bastide s’est particulièrement intéressé à
l’acculturation, d’une part, en distin-
guant les situations d’acculturation
(spontanée, forcée ou planifiée) et, d’au-
tre part, en cherchant à identifier les fac-
teurs internes et externes de l’accultura-
tion sous l’effet de variables
démographiques, écologiques et ethni-
ques.
Dans tous les cas, les processus d’accul-
turation relèvent moins de la rencontre
frontale de deux cultures (approche cul-
turaliste) que de mécanismes qui opèrent
dans des cadres sociaux : l’immigré est
moins le représentant de sa culture d’ori-
gine qu’un individu porteur de projets
propres, inséré dans un milieu social et
établissant des compromis entre ses re-
présentations et son projet d’intégration.
Voir ASSIMILATION ;CULTURALISME ;
ETHNOCIDE ;INTÉGRATION SOCIALE ; thè-
mes « CULTURE ET CULTURES », « LIEN
SOCIAL ET INTÉGRATION ».
ACCUMULATION DU CAPITAL Proces-
sus par lequel on accroît un capital, au-
trement dit opération qui augmente un
stock d’actifs.
Proche du concept d’investissement
net, cette notion est cependant plus large.
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ACCUMULATION DU CAPITAL
20
Elle peut s’appliquer aux actifs techni-
ques (investissement matériel), aux actifs
humains et immatériels (investissement
immatériel) et aux actifs financiers (pla-
cement). Fondamental dans l’analyse
marxiste, le processus d’accumulation est
inhérent au mode de production capita-
liste : « Accumulez, accumulez, telle est
la loi des prophètes ! » (K. Marx) ; il en-
traîne à la fois un développement des for-
ces productives, une concentration de la
propriété du capital et une augmentation
de la part du capital « constant » au dé-
triment de celle du travail « vivant », d’où
le chômage structurel consubstantiel au
capitalisme.
À la suite des marxistes et de l’école de
la régulation, on distingue l’
accumula-
tion extensive,
où l’augmentation de la
production se réalise par une simple aug-
mentation du capital productif, et l’
accu-
mulation intensive,
où cette augmenta-
tion se réalise par des gains de
productivité grâce au progrès technique.
Voir CAPITALISME ;INVESTISSEMENT ;
MARX ;PLUS-VALUE.
ACCUMULATION PRIMITIVE Concept
de la théorie marxiste qui donne une ex-
plication des conditions d’émergence du
capitalisme. Pour K. Marx, l’accumula-
tion des richesses que possèdent les clas-
ses dominantes est fondée sur le vol, la
rapine, l’expropriation, la violence. Ainsi
le mouvement des enclosures en Grande-
Bretagne explique-t-il l’expropriation,
puis la paupérisation des petits paysans et
l’enrichissement des grands propriétaires
fonciers.
Voir CAPITAL ;CAPITALISME ;MARX.
ACQUIS/INNÉ
Acquis
: Ensemble des
traits et comportements qui résultent des
processus d’apprentissage et d’éducation
ou d’une adaptation de l’individu à ses
conditions matérielles et sociales d’exis-
tence.
Inné
: Caractères hérités, « natu-
rels », c’est-à-dire les caractéristiques bio-
logiques relevant de la transmission d’un
programme génétique.
De nombreuses controverses ont eu
lieu sur le poids de l’héritage culturel et
l’importance de l’environnement, d’une
part, et sur celui du caractère inscrit dans
le code génétique, d’autre part. Dans le
développement morphologique de l’indi-
vidu, les biologistes estiment difficile de
dissocier les deux apports.
Voir CULTURE ;SOCIALISATION ; thème
«L
A SOCIALISATION ».
ACTE UNIQUE EUROPÉEN (AUE) En-
tré en vigueur le 1er juillet 1987, acte qui
vise à créer « un grand marché inté-
rieur » au sein de la Communauté éco-
nomique européenne (CEE). Il sera
poursuivi par le traité de Maastricht.
Voir CEE ; LIBRE-ÉCHANGE ;MARCHÉ
COMMUN ; thème « L’INTÉGRATION EURO-
PÉENNE ».
ACTEUR SOCIAL Individu ou groupe or-
ganisé, voire institution, qui agit et inter-
vient dans le jeu de la production de nor-
mes, valeurs et institutions sociales. À
l’opposé de l’agent, dont l’action relève
de simples rôles assignés, c’est-à-dire éta-
blis par la position occupée dans le sys-
tème social, l’acteur fait valoir une vo-
lonté propre dans ses décisions de
coopérer ou d’entrer en conflit avec d’au-
tres secteurs de la société.
Il existe diverses théories de l’acteur :
celle de l’
individualisme méthodologi-
que
, qui avance l’idée de l’individu auto-
nome et rationnel ; celle de l’
interaction-
nisme symbolique
, qui refuse de réduire
l’action à la logique du calcul rationnel
et privilégie les situations d’interaction,
de face-à-face ; enfin la théorie où les ac-
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ACCUMULATION DU CAPITAL
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