ACCÉLÉRATION (ou principe d`accélé

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ABSTENTIONNISME ◆ Non-participation
à un scrutin électoral. À un niveau plus
général, désigne toute forme de non-participation citoyenne (abstentionnisme civique, syndical, associatif).
La sociologie électorale distingue l’abstention de la non-inscription sur les listes électorales.
➥ Si l’on ne prend pas en compte les
cas d’obstacles matériels (maladie, éloignement géographique, etc.), l’abstentionnisme électoral peut avoir deux origines. Il peut s’agir d’un désintérêt pour
la vie politique lié à un manque d’intégration. Ce sont ainsi les moins intégrés
socialement (jeunes, chômeurs, personnes âgées) qui participent le moins au
vote. Pierre Bourdieu met en avant le
sentiment d’incompétence politique lié
à la possession d’un faible capital culturel et à une position sociale inférieure.
L’abstentionnisme peut aussi être un
acte politique conscient qui, loin d’être
le reflet d’une passivité politique, témoigne soit d’un rejet du régime politique
ou du principe même des élections (cas
des anarchistes qui rejettent toute forme
d’État), soit d’un choix conjoncturel lié
à une insatisfaction de l’offre électorale
ou à la faiblesse des enjeux.
En France, les résultats électoraux montrent généralement un fort taux de participation pour les scrutins nationaux
(élections présidentielle et législatives) et
une participation plus faible pour les
élections locales (municipales, cantonales), régionales et européennes. Cepen16
dant, la tendance à un plus fort abstentionnisme s’est confirmée depuis deux
décennies dans la plupart des vieilles démocraties représentatives.
◆ Voir ÉLECTION ; SCRUTIN.
ABUS DE POSITION DOMINANTE ◆ Pratiques, pénalement condamnables, d’une
entreprise en situation de monopole ou
de quasi-monopole. Elles peuvent prendre la forme de refus de vente, de méthodes discriminatoires, de prix très bas
constituant de véritables barrières à l’entrée afin d’éliminer les concurrents.
◆ Voir ANTITRUST ; BARRIÈRES À L’ENTRÉE ; C ONCURRENCE ; E NTENTE ;
MONOPOLE ; thème « LE JEU DU MARCHÉ
ET LE RÔLE DES PRIX ».
ACCÉLÉRATION (ou principe d’accélération ou accélérateur) ◆ L’accélérateur montre qu’une variation de la demande finale a pour effet une variation
plus forte de l’investissement.
➥ Ce principe fut décrit pour la première fois par A. Aftalion (1909) et
J. M. Clark (1917), qui souhaitaient donner une explication aux fluctuations de
court terme de l’activité économique. La
façon dont les entreprises établissent les
anticipations de la demande future conditionne leur comportement d’investissement.
Mais ce mécanisme ne joue pleinement
que si toute augmentation de la demande nécessite l’achat de nouveaux
aA
ACCORDS DE BRETTON WOODS
biens d’équipement et oblige les entrepreneurs à accroître leurs quantités vendues (et non leurs prix). En troisième lieu
le coefficient de capital doit rester constant, ce qui ne suppose aucune amélioration de la productivité du capital, et exclut les effets du progrès technique.
En 1939, Paul Samuelson a conçu un
modèle, l’oscillateur, dans lequel les fluctuations économiques s’expliquent par
l’effet combiné de l’accélérateur et du
multiplicateur d’investissement : les entrepreneurs, en fonction d’une augmentation escomptée de la demande, doivent
réaliser des investissements plus que proportionnels à l’augmentation attendue de
la demande ; ces investissements engendrent des revenus supplémentaires pour
d’autres agents économiques. Par exemple, dans un village, un boulanger utilise
un four à pain pour satisfaire sa clientèle.
Il voit sa demande augmenter de 20 %
en raison de l’implantation d’une maison
de retraite et doit doubler sa capacité de
production, c’est-à-dire faire construire
un nouveau four à pain. Le mécanisme
de l’accélérateur montre qu’un accroissement de 20 % de la demande entraîne
une augmentation de 100 % de l’investissement. Pour faire ce travail, le boulanger embauche un artisan qui va ensuite
dépenser les revenus qu’il va recevoir
après avoir accompli sa tâche, auprès
d’agents économiques (entreprises, commerces, etc.) qui vont aussi dépenser une
partie de leurs revenus (mécanisme du
multiplicateur).
◆
Voir CYCLES ; INVESTISSEMENT ; MUL-
TIPLICATEUR D’INVESTISSEMENT.
ACCORDS
COMMERCIAUX ◆ Accords signés entre pays afin de mieux organiser
leurs échanges économiques. Ils peuvent
avoir comme objectif de favoriser le libre-échange ou le protectionnisme.
➥ On peut également les distinguer se-
lon leur logique : soit ils concernent les
relations économiques avec l’ensemble
des autres économies nationales - on
parle alors de multilatéralisme -, soit il
s’agit de relations propres à quelques pays
seulement - on parle alors de bilatéralisme, s’ils concernent seulement deux
pays, ou de régionalisme, s’ils sont plus
nombreux. L’accord du GATT a ainsi été
réalisé selon une logique multilatérale :
il devait profiter à tous les pays. À l’inverse, les accords donnant lieu à la construction de la Communauté économique
européenne ont permis la constitution
d’un bloc régional favorisant les échanges entre les pays membres.
◆ Voir COMMERCE INTERNATIONAL ; INTÉGRATION ÉCONOMIQUE.
ACCORDS DE BRETTON WOODS ◆ En
1944, les Alliés organisent une conférence à Bretton Woods (États-Unis) afin
de construire un nouvel ordre monétaire
international et d’éviter les désordres de
l’entre-deux-guerres. Y sont posés les
principes structurant le nouveau système
monétaire international (SMI) ainsi que
la création de deux institutions : le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ou BIRD.
➥ Deux projets s’y affrontèrent : le plan
Keynes et le plan White. Alors que
J. M. Keynes défendait notamment la
création d’une monnaie internationale
(le bancor), c’est le plan américain de
H. D. White qui fut retenu. Ces accords
instituaient le retour à un système de
change fixe où chaque monnaie voyait sa
parité exprimée en dollar ou en or avec
une marge de fluctuations de + ou - 1 %.
Les États-Unis possédant alors les 3/4 du
stock d’or, seule la parité du dollar fut
fixée en or ; celle des autres monnaies le
fut par rapport au dollar. Chaque banque
17
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ACCORDS DE BRETTON WOODS
centrale devait intervenir afin de défendre cette parité. Le dollar devenait la
monnaie internationale, ce système nécessitait donc la confiance dans la capacité américaine à convertir le dollar en
or et le dollar devait circuler en quantité
suffisante à l’extérieur des États-Unis.
Mais, suite au développement d’un marché international du dollar échappant au
contrôle des autorités monétaires américaines (les eurodollars) et aux difficultés
liées à la guerre du Viêt-Nam, des doutes
sont apparus sur la parité du dollar avec
l’or et sur la capacité des autorités monétaires américaines à assurer la convertibilité. En août 1971, le président américain
Nixon mit fin à la convertibilité, ouvrant
ainsi la crise du système de Bretton
Woods. Toutefois, les deux institutions
créées à l’époque, le FMI et la Banque
mondiale, existent toujours et ont vu leur
rôle s’accroître.
◆ Voir C ONVERTIBILITÉ , FMI ; SMI ;
thème « LES RELATIONS MONÉTAIRES INTERNATIONALES ».
ACCORDS
DE GRENELLE ◆ Accords signés le 27 mai 1968 entre les syndicats
et le patronat sous la pression du gouvernement Pompidou. Après avoir été, dans
un premier temps, refusés par les salariés
en grève, ils permirent de mettre fin à la
grève générale de mai 1968. On retient
essentiellement de ces accords un relèvement du SMIC de 35 %, l’augmentation
générale des salaires et l’extension des
droits syndicaux, notamment dans l’entreprise.
ACCORDS DE LOMÉ
◆ Accords commerciaux multilatéraux de coopération entre
l’Union européenne et les pays d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique (dits pays
ACP). Les premiers accords ont été signés en 1975 (suite aux accords de
18
Yaoundé passés entre 1963 et 1975) et le
dernier en 1995. En 2000, un nouvel accord de partenariat entre l’Union européenne et les pays ACP a succédé aux
accords de Lomé.
◆ Voir ACCORDS COMMERCIAUX.
ACCORDS DE MARRAKECH
◆ Accords signés le 15 avril 1994 donnant naissance
à l’Organisation mondiale du commerce
(OMC), qui entre en vigueur au 1er janvier 1995 et remplace l’Accord général
sur les tarifs et le commerce (AGETAC).
◆ Voir OMC.
ACCORDS DE MATIGNON ◆ Accords conclus le 7 juin 1936 entre la Confédération générale du patronat français et la
Confédération générale du travail (CGT)
à l’hôtel Matignon, siège du président du
Conseil (aujourd’hui du Premier ministre), sous la pression du mouvement de
grèves et d’occupations d’usines qui avait
fait suite à la victoire électorale du Front
populaire. Ces accords prévoyaient une
augmentation des salaires, la mise en
place de conventions collectives et l’élection de délégués du personnel. Ils sont à
l’origine des grandes lois sociales de
1936 : semaine de 40 heures et premiers
congés payés (2 semaines par an).
◆ Voir SYNDICATS ; CGT.
ACCORDS
DE SCHENGEN
SCHENGEN.
◆
Voir CON-
VENTION DE
ACCORDS DU LOUVRE
◆ Accords signés
le 22 février 1987 à Paris, établissant une
coopération entre le « groupe des cinq »
(États-Unis, Japon, RFA, France,
Grande-Bretagne, et le Canada) pour
promouvoir la stabilité des changes.
◆ Voir ACCORDS DU PLAZA.
aA
ACCUMULATION DU CAPITAL
ACCORDS DU PLAZA ◆ Accords, signés le
22 septembre 1985, par lesquels les pays
du « groupe des cinq » (États-Unis, Japon, RFA, France, Grande-Bretagne et
Canada) décident d’accorder une importance plus grande à la coopération monétaire internationale et à la coordination des politiques économiques.
ACCROISSEMENT
NATUREL ◆ Accroissement de la population découlant de la
différence entre le nombre des naissances et celui des décès.
➥ Lorsque les taux de natalité et de mortalité sont proches, l’accroissement naturel est faible. La population est alors stationnaire. Si la mortalité s’abaisse
fortement - comme on le voit dans la
transition démographique de l’Europe
occidentale au XIXe siècle -, la population s’accroît fortement, car les naissances compensent largement les décès.
◆ Voir DÉMOGRAPHIE ; FÉCONDITÉ (MESURE DE LA) ; MORTALITÉ, NATALITÉ ;
TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE.
ACCULTURATION
◆ Processus par lequel
un individu ou un groupe intègre des éléments d’une culture différente de sa culture d’origine.
➥ Mise à l’honneur en 1936 dans un
« Mémorandum » signé par trois anthropologues (M. J. Herskovits, R. Linton et
R. Redfield), « l’acculturation comprend
les phénomènes qui résultent du contact
direct et continu entre des groupes d’individus de culture différente, entraînant
des changements dans les configurations
culturelles initiales de l’un ou des deux
groupes ». Ce processus peut aboutir à
l’assimilation pure et simple, une adoption libre et spontanée des valeurs et des
modes de comportement de la société
d’accueil - comme c’est le cas des enfants
de la deuxième génération de migrants.
Mais une acculturation forcée peut conduire à une contre-acculturation qui consiste à refuser une déculturation organisée - cas de situations coloniales ou des
réactions contre la perte d’identité de
groupes socialement ou culturellement
marginalisés.
Le comportement des individus partagés
entre deux cultures peut être marqué par
une dissociation, à moins que se développent des pratiques de syncrétisme lorsque
se combinent des éléments culturels de
sociétés différentes, plus particulièrement dans le domaine religieux. Parmi
les anthropologues, le Français Roger
Bastide s’est particulièrement intéressé à
l’acculturation, d’une part, en distinguant les situations d’acculturation
(spontanée, forcée ou planifiée) et, d’autre part, en cherchant à identifier les facteurs internes et externes de l’acculturation sous l’effet de variables
démographiques, écologiques et ethniques.
Dans tous les cas, les processus d’acculturation relèvent moins de la rencontre
frontale de deux cultures (approche culturaliste) que de mécanismes qui opèrent
dans des cadres sociaux : l’immigré est
moins le représentant de sa culture d’origine qu’un individu porteur de projets
propres, inséré dans un milieu social et
établissant des compromis entre ses représentations et son projet d’intégration.
◆ Voir ASSIMILATION ; CULTURALISME ;
ETHNOCIDE ; INTÉGRATION SOCIALE ; thèmes « CULTURE ET CULTURES », « LIEN
SOCIAL ET INTÉGRATION ».
ACCUMULATION DU CAPITAL ◆ Processus par lequel on accroît un capital, autrement dit opération qui augmente un
stock d’actifs.
➥ Proche du concept d’investissement
net, cette notion est cependant plus large.
19
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ACCUMULATION DU CAPITAL
Elle peut s’appliquer aux actifs techniques (investissement matériel), aux actifs
humains et immatériels (investissement
immatériel) et aux actifs financiers (placement). Fondamental dans l’analyse
marxiste, le processus d’accumulation est
inhérent au mode de production capitaliste : « Accumulez, accumulez, telle est
la loi des prophètes ! » (K. Marx) ; il entraîne à la fois un développement des forces productives, une concentration de la
propriété du capital et une augmentation
de la part du capital « constant » au détriment de celle du travail « vivant », d’où
le chômage structurel consubstantiel au
capitalisme.
À la suite des marxistes et de l’école de
la régulation, on distingue l’accumulation extensive, où l’augmentation de la
production se réalise par une simple augmentation du capital productif, et l’accumulation intensive, où cette augmentation se réalise par des gains de
productivité grâce au progrès technique.
◆ Voir CAPITALISME ; INVESTISSEMENT ;
MARX ; PLUS-VALUE.
ACCUMULATION
Concept
de la théorie marxiste qui donne une explication des conditions d’émergence du
capitalisme. Pour K. Marx, l’accumulation des richesses que possèdent les classes dominantes est fondée sur le vol, la
rapine, l’expropriation, la violence. Ainsi
le mouvement des enclosures en GrandeBretagne explique-t-il l’expropriation,
puis la paupérisation des petits paysans et
l’enrichissement des grands propriétaires
fonciers.
◆ Voir CAPITAL ; CAPITALISME ; MARX.
ACQUIS/INNÉ
PRIMITIVE
◆
◆ Acquis : Ensemble des
traits et comportements qui résultent des
processus d’apprentissage et d’éducation
ou d’une adaptation de l’individu à ses
20
conditions matérielles et sociales d’existence. Inné : Caractères hérités, « naturels », c’est-à-dire les caractéristiques biologiques relevant de la transmission d’un
programme génétique.
➥ De nombreuses controverses ont eu
lieu sur le poids de l’héritage culturel et
l’importance de l’environnement, d’une
part, et sur celui du caractère inscrit dans
le code génétique, d’autre part. Dans le
développement morphologique de l’individu, les biologistes estiment difficile de
dissocier les deux apports.
◆ Voir CULTURE ; SOCIALISATION ; thème
« LA SOCIALISATION ».
ACTE UNIQUE EUROPÉEN (AUE) ◆ Entré en vigueur le 1er juillet 1987, acte qui
vise à créer « un grand marché intérieur » au sein de la Communauté économique européenne (CEE). Il sera
poursuivi par le traité de Maastricht.
◆ Voir CEE ; LIBRE-ÉCHANGE ; MARCHÉ
COMMUN ; thème « L’INTÉGRATION EUROPÉENNE ».
ACTEUR SOCIAL ◆ Individu ou groupe organisé, voire institution, qui agit et intervient dans le jeu de la production de normes, valeurs et institutions sociales. À
l’opposé de l’agent, dont l’action relève
de simples rôles assignés, c’est-à-dire établis par la position occupée dans le système social, l’acteur fait valoir une volonté propre dans ses décisions de
coopérer ou d’entrer en conflit avec d’autres secteurs de la société.
➥ Il existe diverses théories de l’acteur :
celle de l’individualisme méthodologique, qui avance l’idée de l’individu autonome et rationnel ; celle de l’interactionnisme symbolique, qui refuse de réduire
l’action à la logique du calcul rationnel
et privilégie les situations d’interaction,
de face-à-face ; enfin la théorie où les ac-
aA
ACTION COLLECTIVE
teurs collectifs opèrent dans des rapports
sociaux déterminés avec pour objectif de
les modifier. Ainsi selon Marx, « les hommes font leur propre histoire, non pas arbitrairement dans les conditions choisies
par eux mais dans des conditions directement héritées du passé ».
◆ Voir BOUDON ; HOLISME ; INDIVIDUALISME MÉTHODOLOGIQUE ; INTERACTIONNISME SYMBOLIQUE.
ACTIF ◆ Ensemble des avoirs, biens,
créances d’un agent qui constituent son
patrimoine.
➥ On distingue, d’une part, les actifs financiers - qui comprennent les actifs monétaires, les liquidités en général, les
prêts et les valeurs mobilières - et, d’autre
part, les actifs non-financiers (appelés
aussi actifs patrimoniaux) qui comprennent les actifs incorporels (brevets, marques, etc.) et les actifs corporels, divisés
en actifs corporels non-reproductibles
(terrains, gisements, etc.) et actifs corporels reproductibles, soit circulants
(stocks), soit fixes (matériel, machines,
bâtiments, etc.).
◆ Voir BILAN ; COMPTABILITÉ D’ENTREPRISE.
ACTION ◆ Titre de propriété cessible et
négociable d’une partie du capital social
d’une entreprise.
➥ L’actionnaire, en tant que propriétaire d’une part de l’entreprise, touchera
une partie des bénéfices (dividendes) de
l’entreprise et pourra peser sur ses orientations en votant lors des assemblées générales sur la base une action = une voix.
Si, pour les petits actionnaires, ce pouvoir reste tout théorique, il peut se révéler
décisif pour les gros actionnaires et servir
d’instrument dans les prises de contrôle
stratégiques.
L’action est négociable, c’est-à-dire
qu’elle peut être revendue à un cours déterminé par l’offre et la demande instantanées qui s’expriment sur ce titre. Si le
cours de revente est supérieur au cours
d’achat, l’actionnaire aura réalisé une
plus-value (une moins-value dans le cas
inverse). La recherche d’une plus-value
détermine le plus souvent les choix de
portefeuilles des financiers.
◆ Voir BOURSE DE VALEURS ; MARCHÉ FINANCIER, OBLIGATION ; OPA/OPE ; SPÉCULATION ; thème « LE FINANCEMENT DE
L’ÉCONOMIE ».
ACTION COLLECTIVE ◆ Action concertée
d’un ou de plusieurs groupes cherchant
à faire triompher des fins partagées. Elle
implique donc la mobilisation d’individus.
➥ Mais, si chacun a tout intérêt à profiter des résultats de l’action collective sans
y participer (paradoxe d’Olson), comment l’action collective peut-elle se mettre en œuvre ? La sociologie s’est tardivement intéressée à cette question. À la fin
du XIXe siècle, l’action des foules était
présentée, par des auteurs tels que Gabriel de Tarde et Gustave Le Bon,
comme relevant de l’irrationnel et résultant de processus psychologiques (imitation, contagion mentale, transmission des
émotions). Ce type d’analyse est encore
présent dans l’approche des comportements collectifs en terme de frustration.
Il faut attendre la fin des années 1960
pour voir se développer des analyses en
termes de rationalité et de mobilisation
des ressources et les années 1970 pour
que les nouveaux mouvements sociaux
soient étudiés en tant que produit d’une
affirmation identitaire dans un contexte
d’importants changements structurels.
Alain Touraine en explique l’émergence
par le passage d’une société industrielle
21
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ACTION COLLECTIVE
à une société postindustrielle. Le paradoxe d’Olson est aujourd’hui contesté.
En effet, l’intérêt individuel ne peut suffire à rendre compte des processus de
mobilisation. Comme toute action, l’action collective est sociale. L’acteur social,
pris dans des réseaux sociaux, possède
une identité de groupe et procède à des
calculs socialement construits. L’individu est inséré dans des systèmes d’interactions (âge, sexe, appartenances sociales, nationalité, etc.) où se construisent
des représentations et des identités et où
se rencontrent des opportunités d’action
collective.
◆ Voir MOUVEMENT SOCIAL ; PARADOXE
D’OLSON ; thème « ACTION COLLECTIVE
ET MOUVEMENTS SOCIAUX ».
subjectif. Et par activité "sociale" l’activité qui, d’après son sens visé par l’agent
ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui par rapport auquel
s’oriente son déroulement ». Cela posé,
M. Weber distingue quatre types d’activité sociale : l’action traditionnelle, fondée sur le respect des coutumes et de
l’habitude ; l’action affective, fondée sur
les sentiments et l’émotion ; l’action rationnelle en valeur, fondée sur la recherche rationnelle de fins déterminées par
la croyance en des valeurs éthiques ou
esthétiques ; l’action rationnelle en finalité, fondée sur la recherche rationnelle
de fins justifiées par la raison ou l’utilité
et qui suppose une adaptation instrumentale des moyens aux fins poursuivies.
◆
ACTIONNALISME
Nom donné à la démarche sociologique qui a pour but
l’étude de l’action sociale comme processus historique où la société se produit
elle-même par son historicité.
Alain Touraine en est le principal représentant français.
◆ Voir TOURAINE.
◆
Voir WEBER ; thème « MODERNITÉ ET
».
RATIONALISATION DES ACTIVITÉS
ACTUALISATION ◆ Méthode qui permet
de calculer la valeur actuelle d’une
somme future.
◆
Voir INTÉRÊT.
ADMINISTRATIONS
ACTION
TRADITIONNELLE ◆
TION SOCIALE (THÉORIE DE L’).
Voir AC-
ACTION RATIONNELLE EN FINALITÉ/EN
VALEUR ◆ Voir ACTION SOCIALE (THÉORIE
DE L’).
ACTION SOCIALE (théorie de l’) ◆ Pour
Max Weber, la sociologie est la science
de l’action sociale (ou de l’activité sociale) parce qu’elle tente de « comprendre par l’interprétation l’activité sociale et
par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. Nous entendons
par "activité" un comportement humain
[...] quand et pour autant que l’agent ou
les agents lui communiquent un sens
22
PUBLIQUES ◆ Ensemble des personnes morales de droit
public qui ont pour objet officiel la satisfaction de l’intérêt général. Elles disposent de pouvoirs spécifiques qui sont soumis à la juridiction administrative. Elles
sont composées de l’ensemble des fonctionnaires ou personnels contractuels
dont la mission est d’accomplir des tâches de service public.
➥ On distingue trois types d’administra-
tions publiques (APU) : les APU centrales, qui relèvent de l’autorité centrale
(des ministères) ; les APU locales, qui dépendent des collectivités locales (communes, départements, régions) ; les APU
sociales, ou administrations de Sécurité
sociale.
aA
AGENCE DE NOTATION
Dans la comptabilité nationale, les administrations publiques constituent le secteur institutionnel, dont la fonction est
de produire des services non-marchands
et de réaliser des opérations de redistribution. Leurs ressources proviennent des
prélèvements obligatoires. Il ne faut pas
les confondre avec les entreprises publiques.
◆ Voir DÉPENSES PUBLIQUES ; SERVICE PUBLIC.
ADORNO Theodor Wiesengrund
(1903-1969)
Philosophe et sociologue allemand, fondateur avec Max Horkheimer de l’école
de Francfort, courant de sociologie critique de l’entre-deux-guerres, il émigre aux
États-Unis pendant la période nazie,
avant de revenir en Allemagne en 1949.
Théoricien du désenchantement produit
par la technicisation du monde, il souligne les processus de rationalisation et de
réification des rapports sociaux à l’œuvre
dans les sociétés contemporaines, qui
peuvent favoriser l’instauration de rapports autoritaires. Ayant annoncé l’émergence d’une culture de masse avec la généralisation de la société de
consommation, il ne voit de « force de
résistance », de solution au désenchantement que dans l’art, notamment la musique.
➥ Principaux ouvrages : Dialectique de
la raison (avec Max Horkheimer, 1947)
Dialectique négative (1966)
➥ Citation : « Les hommes ne deviennent pas seulement objectivement de
plus en plus une simple composante de
la machinerie, mais aussi pour eux-mêmes, d’après leur propre conscience, ils
deviennent des outils, des moyens au lieu
des fins [...]. Les hommes sont devenus
étrangers à eux-mêmes. »
ÂGE
◆
Voir CLASSES D’ÂGE ; PYRAMIDE
DES ÂGES.
AGENCE (théorie de l’) ◆ Théorie qui a
pour objet l’analyse des formes d’organisation économique et l’explication des
comportements stratégiques au sein de
l’entreprise. Cette approche se situe dans
la mouvance néoclassique. Il y a relation
d’agence à partir du moment où l’action
d’un individu dépend de l’action d’un autre (M. C. Jensen et W. H. Meckling,
Theories of the firm : Managerial behaviour, agency coasts and ownership structures, 1976).
➥ Dans le cadre de l’entreprise, le contrat qui relie employeur et salarié est une
relation d’agence, mais c’est le cas également de l’actionnaire par rapport aux cadres dirigeants de l’entreprise. Chaque
partie a un comportement rationnel ; elle
cherche à maximiser sa satisfaction, mais
elle est dans l’incertitude de l’action de
l’autre partie. Cela conduit à l’apparition
de « coûts d’agence » : coûts de surveillance et d’incitation, coûts d’obligation...
L’objectif sera, conformément à la théorie standard, de mettre en œuvre l’organisation qui permette de minimiser au
mieux les coûts d’agence.
◆ Voir ASYMÉTRIE D’INFORMATION ; ALÉA
MORAL ; SÉLECTION ADVERSE ; THÉORIE
DES JEUX.
AGENCE DE NOTATION ◆ Société spécialisée dans l’étude de la comptabilité et
des stratégies des entreprises pour évaluer
les risques lors d’émissions de titres de
créance. Cette évaluation est synthétisée
par une note, dont la plus haute, qui représente le risque le moins élevé, est
AAA.
➥ L’entreprise bien « notée » pourra négocier ses emprunts à des taux d’intérêt
plus bas qu’une entreprise moins bien
23
Aa
AGENCE DE NOTATION
notée, laquelle présente donc un risque
plus élevé. Toutefois, face à la pression
de certains investisseurs refusant une logique purement financière (recherche de
la rentabilité maximale), certaines agences de notation ont récemment élargi
leurs critères d’évaluation à des préoccupations éthiques (prise en compte des
conditions de travail, du respect des soustraitants, etc.) ou environnementales
(prise en compte de la pollution générée
par l’entreprise, par exemple).
◆ Voir BOURSE DE VALEUR ; MARCHÉ FINANCIER.
AGENDA ◆ Utilisé pour désigner l’ordre
des priorités et la planification des activités adoptés par un décideur public.
L’analyse des politiques publiques permet de distinguer l’agenda officiel de
l’agenda réel ou même de l’agenda caché.
◆ Voir POLITIQUE PUBLIQUE.
AGENT
◆ Terme, selon Pierre Bourdieu,
préférable à celui d’acteur quand on veut
souligner que les individus sont plus agis
par les déterminants sociaux que libres
de leur action.
◆ Voir ACTEUR SOCIAL.
AGENT ÉCONOMIQUE ◆ Personne ou catégorie de personnes, physique ou morale, qui se définit par sa fonction économique principale : consommateur,
producteur, etc.
➥ L’ancienne classification recensait les
ménages, les entreprises, les institutions
financières, les administrations et le
compte extérieur. La nouvelle comptabilité nationale ne parle plus d’agents économiques mais d’unités institutionnelles,
définies comme des centres élémentaires
de décision économique caractérisés par
une unicité de comportement et une au24
tonomie de décision dans l’exercice de
leur fonction principale. Les unités institutionnelles au comportement analogue
(même fonction, mêmes ressources principales) sont regroupées dans des secteurs
institutionnels.
◆ Voir COMPTABILITÉ NATIONALE ; SECTEURS INSTITUTIONNELS ; UNITÉS INSTITUTIONNELLES.
AGENT REPRÉSENTATIF ◆ Agent qui possède les traits caractéristiques d’un ensemble d’agents de même type. L’analyse
microéconomique néoclassique a ainsi
isolé le consommateur et le producteur
comme étant deux agents représentatifs,
dont on va formaliser les comportements
pour pouvoir étudier leurs interactions
dans un modèle.
◆ Voir MICROÉCONOMIE ; MODÈLE.
AGGLOMÉRATION
◆ Unité urbaine rassemblant plusieurs communes reliées entre elles par des constructions jointives ou
distantes de moins de 200 mètres, et
comptant au moins 50 habitants. Cette
notion prend en compte le critère de
continuité du tissu urbain de différentes
communes.
AGIO ◆ Terme utilisé dans le langage
bancaire pour désigner les conditions
d’escompte, c’est-à-dire l’intérêt payé plus
la commission du banquier.
◆ Voir ESCOMPTE/RÉESCOMPTE.
AGRÉGATS ◆ Construction statistique
permettant de résumer d’un seul chiffre,
exprimé en unité monétaire, un concept
macroéconomique permettant de mesurer l’activité économique d’un pays.
L’agrégat le plus connu est le PIB, qui
rend compte de la totalité de la production réalisée dans un pays sur une période donnée.
aA
AGRICULTURE
Voir AGRÉGATS DE PLACEMENTS FINAN; AGRÉGATS MONÉTAIRES, COMPTABILITÉ NATIONALE , M ACROÉCONOMIE ;
PIB.
◆
CIERS
AGRÉGATS DE PLACEMENTS FINANCIERS
Constructions statistiques des banques
centrales destinées à quantifier les différentes formes de placements financiers
des agents.
◆
➥ Contrairement aux agrégats monétai-
res, P1, P2 et P3 sont disjoints. Ainsi, P1
regroupe les placements stables et nonnégociables tels que les plans d’épargnelogement ; P2 concerne les placements
obligataires ; P3 regroupe tous les placements en actions (actions, titres
d’OPCVM, etc.).
◆
Voir AGRÉGATS ; PLACEMENT.
AGRÉGATS MONÉTAIRES ◆ Regroupements comptables d’actifs monétaires selon leur degré de liquidité (Ml, M2, M3,
M4, du plus liquide au moins liquide)
dans le but de mesurer la monnaie disponible.
➥ L’ensemble des pièces, des billets et
des dépôts à vue constitue la monnaie au
sens strict, ce que les statisticiens des banques centrales désignent par Ml. Cependant, il existe également des actifs qui,
bien que moins liquides, car demandant
plus de manipulations, permettent de régler une transaction : c’est le cas des
comptes sur livret (comme les livrets des
Caisses d’épargne, livrets jeunes, etc.) à
partir desquels on peut retirer une
somme à tout moment. L’addition de Ml
et des comptes sur livret constitue M2 ;
M3 rassemble M2 et les dépôts à terme,
les titres d’OPCVM de court terme ; par
convention, M3 correspond à la masse
monétaire ; enfin, M4 comprend M3,
des bons du Trésor négociables et des billets de trésorerie. L’eurosystème ne distingue que M1, M2, M3.
La définition de ces agrégats a été revue
en 1986 et en 1991 par la banque centrale pour prendre en compte les changements de comportement des agents et
les innovations financières proposées par
les banques de second rang : dans les années 1980, par exemple, les ménages ont
eu tendance à délaisser leurs livrets
d’épargne, jugés trop peu rémunérateurs,
pour se tourner vers des sicav. Ces changements de comportement posent problème, car ils aboutissent à des variations
artificielles des agrégats monétaires qui
sont pourtant utilisés par la banque centrale comme cible de politique monétaire : ainsi, depuis les années 1980
(« tournant monétariste »), les banques
centrales cherchent-elles à juguler l’inflation en limitant l’accroissement de M3
(considéré comme la masse monétaire).
Si cet accroissement provient non pas
d’une émission réellement plus forte,
mais d’un glissement des actifs de M2
vers M3, la politique monétaire risque
d’être menée à contresens. Certaines
banques centrales ont d’ailleurs renoncé
à utiliser les agrégats monétaires pour piloter la politique monétaire et leur ont
substitué les taux de change ou l’indice
des prix.
◆ Voir AGRÉGATS ; MASSE
thème « LA MONNAIE ».
MONÉTAIRE
;
A GRICULTURE (du latin ager , « le
champ ») ◆ Culture du champ par opposition à l’élevage ou à la cueillette, et ensemble des activités de production végétale et animale destinée à l’alimentation
et à l’industrie (dans ce second sens, elle
se rapproche du secteur « primaire » de
la typologie de Colin Grant Clark).
25
Aa
AGRICULTURE
➥ Inventée avec la « révolution néolithi-
que » il y a quinze mille ans, l’agriculture a été l’activité dominante jusqu’à
l’ère industrielle qui a triomphé au
XIXe siècle dans les pays capitalistes développés. Sa part minime dans la production comme dans la population active ne
doit pas occulter sa transformation profonde qui l’insère dans la production des
biens et services. L’évolution sociale, notamment mise en évidence par le sociologue Henri Mendras dans La Fin des
paysans (1967), a fait passer la vie rurale
de la paysannerie, envisagée comme une
société cohérente et séparée caractérisée
par un mode de vie traditionnel, à l’agriculture perçue comme un métier intégré
à un mode vie commun à toute la société.
◆ Voir P AYSAN ; S ECTEUR D ’ ACTIVITÉ ;
TERTIARISATION.
AIDE
26
AIRE URBAINE ◆ Notion apparue dans
l’aménagement du territoire depuis 1996,
qui désigne un ensemble composé d’un
pôle urbain et d’une couronne périurbaine comprenant les communes dont
plus de 40 % des résidents actifs travaillent dans l’aire urbaine.
◆ Voir AGGLOMÉRATION.
AJUSTEMENT ◆ Mécanisme de régulation permettant de parvenir à l’équilibre,
notamment sur les marchés, en égalisant
les offres et les demandes.
◆ Voir ÉQUILIBRE GÉNÉRAL ; MARCHÉ ;
thème « LE JEU DU MARCHÉ ET LE RÔLE
DES PRIX ».
PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT
Aide financière ou en nature prodiguée
aux pays en voie de développement par
les administrations publiques des nations
les plus développées.
➥ Après la Seconde Guerre mondiale,
au sein des organisations internationales,
les pays les moins avancés de la planète
ont sollicité des aides. Celles-ci ont pu
revêtir la forme d’aides financières pour
favoriser l’investissement, la mise en
place d’infrastructures ou d’une administration publique. Une coopération a également pu s’instaurer avec l’envoi d’experts pour aider à créer les institutions
nécessaires au développement. L’aide
peut être bilatérale ou multilatérale.
Dans le premier cas, un État développé
aide un État en voie de développement.
C’est le cas de la France à l’égard de ses
anciennes colonies africaines ; une relation de subordination se maintient. Dans
le second cas, une organisation interna◆
tionale collecte les fonds auprès de divers
États et procure une aide plus désintéressée que dans le premier cas.
◆ Voir BANQUE MONDIALE ; ÉCONOMIE
EN DÉVELOPPEMENT.
AJUSTEMENT STRUCTUREL ◆ Phase, succédant à une crise et à de graves déséquilibres macroéconomiques (chômage, inflation, déficit budgétaire, déficit de la
balance courante), qui nécessite généralement des changements profonds des
pratiques ayant conduit à cette situation.
On a pu le constater ces dernières années
lors de la crise asiatique de 1997 ou lors
de la faillite de l’Argentine en 2002.
➥ Ces changements peuvent affecter la
politique économique, qui deviendra
plus restrictive (politique monétaire durcie, retour à l’équilibre budgétaire par la
réduction des dépenses publiques ou
l’élévation de la fiscalité), mais aussi les
pratiques politiques ou les relations sociales (négociations salariales, prestations sociales...). Les politiques d’ajustement
structurel (PAS) désignent les mesures
préconisées par le FMI et la Banque
mondiale pour rétablir les grands équili-
aA
ALIÉNATION
bres économiques des pays en voie de développement qui subissent une crise
grave, notamment de leurs finances publiques.
◆ Voir BANQUE MONDIALE ; DÉVELOPPEMENT (ÉCONOMIE EN) ; FMI ; POLITIQUE
STRUCTURELLE.
ALÉA MORAL ◆ Appelé également risque
moral (en anglais moral hazard) ou opportunisme ex post, comportement d’un
agent qui ne correspond pas aux termes
du contrat initial, notamment parce qu’il
est impossible ou coûteux de le surveiller ; par exemple, après s’être assuré, un
agent modifie son comportement dans le
sens d’une plus grande prise de risque
(exemple de la surconsommation médicale). C’est une des formes canoniques
de l’asymétrie d’information, notamment
utilisée dans l’analyse économique des
assurances.
◆ Voir AGENCE (THÉORIE DE L’) ; ASSURANCE ; ASYMÉTRIE D’INFORMATION ; SÉLECTION ADVERSE.
ALENA (Accord de libre-échange
nord-américain) (en anglais NAFTA,
North Américan Free Trade Agreement)
Accord, signé en 1992 entre les ÉtatsUnis, le Canada et le Mexique et entré
en vigueur en 1994, visant à créer une
zone de libre-échange entre ces trois pays
constituant un bloc économique de 400
millions de personnes. En 2005, une
zone de libre-échange plus importante
regroupera 34 États d’Amérique, dont
ceux de l’ALENA.
◆ Voir INTÉGRATION ÉCONOMIQUE ; LIBRE-ÉCHANGE.
◆
ALIÉNATION (du latin alienus, « qui appartient à un autre », « étranger ») ◆ État
de l’individu, du groupe ou de la société
qui ne s’appartient plus ou qui subit une
frustration ; dans le langage juridique, le
terme est employé pour parler de transmission d’un bien ou d’abandon d’un
droit ; dans le domaine médical, l’aliénation mentale est un trouble psychologique qui rend un individu inapte à la
communication, étranger au monde social. Dans les sciences sociales, l’aliénation est une notion mise à l’honneur par
Marx.
➥ On peut distinguer dans son œuvre
quatre types d’aliénation reliés entre eux :
1) l’aliénation philosophique : l’analyse
du jeune Marx se fonde sur une critique
de la philosophie idéaliste de Hegel et
humaniste de Feuerbach. Même critiques, les idées ne peuvent changer le
monde ; pour transformer celui-ci, elles
doivent devenir action pratique ; 2) l’aliénation religieuse : « C’est l’homme qui
fait la religion et non pas la religion qui
fait l’homme [...]. La religion est la réalisation chimérique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine ne
possède pas de réalité véritable [...]. La
religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de
même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est
l’opium du peuple [...]. Et c’est tout
d’abord la tâche de la philosophie de démasquer l’aliénation de soi dans ses formes profanes, une fois démasquée la
forme sacrée de l’aliénation de l’homme
[...]. La critique de la religion contient
en germe la critique de la vallée de larmes dont la religion est l’auréole. » Contribution à la critique de la philosophie
du droit de Hegel (1844) ; 3) l’aliénation
politique : Marx applique à l’État le
même raisonnement que pour la religion. Ce n’est pas l’État qui fait le peuple
mais l’inverse, ce qui lui permet de souligner la contradiction entre l’égalité juridique promise formellement par l’État
27
Aa
ALIÉNATION
et la réalité sociale profondément inégale, contradiction qui se vérifie politiquement dans la coupure nécessairement grandissante qui opposera les
représentants et leurs mandants ( La
Question juive, 1843) ; 4) l’aliénation
économique : dans la sphère de la production des conditions d’existence, elle
est la base de toute aliénation. Dans le
travail aliéné, la force de travail est une
marchandise qui produit des marchandises ; l’ouvrier est moins important que les
marchandises qu’il produit. Le produit
est le but et le producteur est ravalé au
rang de moyen. Cette aliénation ne s’exprime pas seulement à travers les choses
mais dans le travail lui-même, qui « devient un objet ». Étranger au produit de
son travail et étranger à son travail,
l’homme finit par être étranger à luimême. On arrive ainsi à un système global qui relie la division du travail, la propriété privée, le travail aliéné à travers la
vente de la force de travail et le marché.
Ainsi le travailleur salarié est-il aliéné
économiquement puisqu’une partie de la
richesse qu’il crée lui échappe sous
forme de plus-value ; celle-ci est transformée en capital, c’est-à-dire en instrument
d’oppression qui asservit à la machine
l’homme dépossédé de ses moyens de
production.
◆ Voir FÉTICHISME DE LA MARCHANDISE ;
MARX ; RÉIFICATION ; RELIGION (SOCIOLOGIE DE LA).
ALLAIS Maurice
(né en 1911)
Économiste français, ingénieur de formation, il reçoit le prix Nobel en 1988. Disciple critique de Léon Walras, il propose
de substituer à l’analyse en terme d’équilibre de marché une analyse fondée sur
le surplus inexploité. Il souligne aussi
qu’en situation d’incertitude sur l’avenir,
28
un comportement prudent peut prendre
le pas sur un comportement rationnel et
optimisateur.
➥ Ouvrage principal : Traité d’économie pure (1943 et 1952)
➥ Citation : « Il y a équilibre lorsqu’il
n’existe plus aucune possibilité d’échanges qui apparaissent avantageux aux opérateurs concernés, c’est-à-dire lorsqu’il
n’y a plus aucun surplus susceptible
d’être réalisé. »
ALLOCATION DES RESSOURCES ◆ Réponse donnée par le système économique à la question fondamentale : comment décider de l’utilisation des
ressources, alors que celles-ci sont rares
et ne peuvent satisfaire tous les désirs des
agents ? Faut-il utiliser un champ pour y
cultiver du blé ou pour y faire paître des
moutons ? Dans un système capitaliste,
c’est le prix (et les mécanismes de marché qu’il provoque) qui répond : le
champ sera affecté à la production dont
le prix est le plus élevé, car c’est cette
production qui est la plus demandée par
les consommateurs. Dans un système socialiste, le choix résultant des mécanismes marchands aboutit à une répartition
jugée injuste (« À chacun selon ses
moyens ») ; c’est la raison pour laquelle
l’allocation des ressources devrait être déterminée par la planification en fonction
d’objectifs socialement souhaitables.
ALTERNANCE ◆ Succession au pouvoir
de partis.
➥ Dans un régime démocratique, le
gouvernement, lorsqu’il est devenu minoritaire, doit laisser le parti ou la coalition de partis qui a remporté les élections
former un nouveau gouvernement.
Dans des régimes parlementaires, les
combinaisons partisanes peuvent retarder
de véritables alternances. Dans des régi-
AMORTISSEMENT
mes présidentiels ou semi-présidentiels
peuvent cohabiter des majorités parlementaires et un président de tendance
différente, comme en France en
1986-1988, 1993-1995, 1997-2002.
◆
Voir PLURALISME ; thème « POUVOIR PO».
LITIQUE ET RÉGIMES POLITIQUES
diminution des dépenses publiques, soit
l’aggravation ou la création d’une charge
publique. »
Aux États-Unis, le terme est donné aux
textes de révision de la Constitution.
AMIENS (Charte d’)
D’AMIENS.
◆
Voir CHARTE
ALTHUSSER Louis
(1918-1990)
AMIN Samir
(né en 1931)
Philosophe français ayant appliqué une
interprétation structuraliste au marxisme,
il est connu pour avoir identifié dans la
superstructure étatique, outre des « appareils répressifs », les « appareils idéologiques d’État » (AIE), telles l’Église ou
l’école, qui assurent la domination culturelle et idéologique de la classe dominante indispensable à l’exploitation capitaliste.
Économiste égyptien, il démontre que
les échanges entre pays développés et
pays sous-développés conduisent à l’exploitation des seconds, dans un système
d’échange inégal entre le centre dominant et la périphérie dominée. Il préconise une stratégie de développement fondée sur la déconnexion avec le marché
mondial et le développement autocentré.
➥ Ouvrage principal : L’Échange iné-
➥ Ouvrage principal : Pour Marx
gal (avec Arrighi Emmanuel, 1969)
(1965)
➥ Citation : « Le sous-développement
➥ Citation : « L’école et les églises
"dressent" par des méthodes appropriées
de sanctions, d’exclusions, de sélection
etc., non seulement leurs officiants mais
aussi leurs ouailles. Ainsi la famille...
Ainsi l’AIE culturel... »
est l’envers du développement, c’està-dire que l’un et l’autre sont les deux
faces de l’expansion, par nature inégale,
du capital. »
◆ Voir DÉPENDANCE ; DÉVELOPPEMENT
(ÉCONOMIE EN) ; DIT ; ÉCHANGE INÉGAL.
Voir APPAREILS IDÉOLOGIQUES D’ÉTAT ;
MARXISME.
AMORTISSEMENT
◆
AMENDEMENT ◆ Modification d’un texte
en cours de discussion par ajout, suppression ou reformulation. Le droit d’amendement est réservé aux parlementaires et
au gouvernement.
➥ Sous la Ve République, il a fait l’objet
de nombreuses limitations, en particulier
l’article 40 de la Constitution de 1958 :
« Ne sont pas recevables (les amendements des parlementaires) lorsque leur
adoption aurait pour conséquence soit la
aA
◆ Au sens étymologique, action de « rendre comme mort ».
Perte de valeur qu’enregistre un bien de
production durable, du fait de l’usure liée
à son utilisation ou de l’obsolescence liée
aux changements de technologie ou au
renouvellement des besoins. En comptabilité, il désigne la reconnaissance comptable en termes monétaires de la dépréciation du matériel de production.
➥ L’amortissement industriel et technique apparaît en comptabilité analytique
sous la forme du prix de revient, pour mesurer l’étalement de la dépense initiale
29
Aa
AMORTISSEMENT
d’investissement sur la durée de vie probable d’un bien alors que l’amortissement comptable ou fiscal, étant déductible des bénéfices imposables, est défini
par l’administration fiscale. L’amortissement dégressif, par annuités décroissantes, permet de récupérer dès les premières années une part plus importante des
capitaux investis. Il s’oppose à l’amortissement linéaire (constant chaque année
sur la durée de vie du bien) et progressif
(annuités croissantes). Il faut bien distinguer l’amortissement de l’amortissement
financier, qui est le remboursement
d’une dette ou d’un emprunt.
◆
Voir COMPTABILITÉ D’ENTREPRISE.
AMSTERDAM (traité d’)
D’AMSTERDAM.
◆
Voir TRAITÉ
ANARCHISME ◆ Idéologie antiautoritaire
opposée à toute forme d’État, mais aussi
mouvement qui, depuis les années 1860,
a développé une doctrine politique dont
le principal théoricien fut Bakounine.
➥ Comme courant politique, l’anarchisme occupe durant le dernier tiers du
XIXe siècle une place importante dans le
mouvement ouvrier. Il est un des pôles
de la Ire Internationale avant que Bakounine n’en soit exclu (en 1872). Issus de
l’anarchisme, les syndicalistes révolutionnaires ont joué un rôle important dans la
formation et la construction des bourses
du travail avant 1914 en France. L’influence de l’anarchisme a été particulièrement forte dans l’entre-deux-guerres en
Espagne avec les anarcho-syndicalistes de
la Confédération nationale du travail
(CNT) et les libertaires de la Fédération
anarchiste ibérique (FAI).
◆
30
Voir SYNDICALISME.
ANARCHO-SYNDICALISME
CHISME.
ANDERSON (paradoxe d’)
DOXE D’ANDERSON.
◆
◆
Voir ANARVoir PARA-
ANNUALISATION ◆ En matière d’organisation du travail, pratique qui consiste à
considérer la gestion du temps de travail
sur l’ensemble de l’année.
◆ Voir DURÉE DU TRAVAIL.
ANOMIE (du grec anoumia, « illégalité »)
Notion mise en exergue par Émile
Durkheim pour désigner les maux sociaux causés par une absence de règles
sociales, entraînant un affaiblissement du
lien social.
➥ Dans De la division du travail social
(1893), elle est due à une absence de
contacts entre membres d’un collectif
coordonné de travail. Dans Le Suicide
(1897), il lui donne une signification un
peu différente puisqu’il en fait le « mal
de l’infini » qui frappe les individus dont
les passions ne sont freinées par aucune
ou peu de règles et bornes collectives.
Chez les sociologues du XXe siècle, ce
terme tombera en désuétude, à l’exception notable du sociologue américain Robert King Merton, qui en fait le résultat
d’une situation sociale où les individus
n’ont pas les moyens d’atteindre les buts
que valorise la société. Dans ce cas, les
tensions anomiques peuvent être source
de comportements déviants.
◆ Voir DURKHEIM ; MERTON ; NORMES.
◆
ANTHROPOLOGIE ◆ Étymologiquement,
science de l’homme. Elle avait pour ambition, à l’origine, de rassembler diverses
disciplines afin de donner une vision
d’ensemble des sociétés humaines.
➥ L’anthropologie physique qui, à la fin
du XIXe siècle, voulait établir un classe-
aA
APARTHEID
ment des races humaines à partir de données biométriques, a disparu. Le terme a
désigné, au début du XXe siècle, les études des spécificités culturelles et sociales
de collectivités humaines de petites dimensions, telles les sociétés primitives ;
en France, dans ce sens, on lui a souvent
préféré le terme d’ethnologie. À partir des
années 1950, C. Lévi-Strauss utilise le
terme d’anthropologie culturelle, qui serait « une science sociale et culturelle générale de l’homme ».
◆ Voir CULTURE ; ETHNOLOGIE ; LÉVISTRAUSS ; thème « CULTURE ET CULTURES ».
ANTICIPATION
◆ Hypothèses ou appréciations concernant l’avenir qui permettent à l’agent de fonder ses décisions présentes.
➥ Keynes a insisté, dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la
monnaie (1936), sur l’importance des
anticipations dans la détermination de la
demande effective, mais en soulignant
l’incertitude radicale due à des prévisions
non-probabilisables. Milton Friedman a
mis en évidence des anticipations « adaptatives », où la prévision de la valeur future d’une variable intègre les erreurs de
prévision déjà commises par le passé. La
nouvelle économie classique (NEC), sur
la base des travaux de John Muth en 1961
(Rational expectations and the price movements), a élaboré des modèles d’anticipations rationnelles, où les agents fondent leurs décisions de manière
totalement rationnelle, c’est-à-dire en
prenant en compte l’ensemble de l’information disponible (passée et présente) et
en raisonnant à partir d’un modèle parfait de l’économie. Les anticipations peuvent être qualifiées d’exogènes quand elles se fondent, comme chez Keynes, sur
les croyances des agents, et d’endogènes
quand elles se fondent, comme chez les
nouveaux classiques, sur la seule rationalité optimisatrice des agents.
◆ Voir NOUVELLE ÉCONOMIE CLASSIQUE ;
NOUVELLE ÉCONOMIE KEYNÉSIENNE.
ANTICYCLIQUE
◆ Se dit de comportements ou de politiques qui contredisent
la tendance du cycle économique.
➥ Ainsi, en période de récession, la tendance des ménages à diminuer leur épargne pour maintenir leur consommation
ou une politique de relance économique
peuvent être qualifiées de anticycliques
ou contracycliques.
◆ Voir CYCLE ; thème « CYCLE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE ».
ANTISÉLECTION
VERSE.
◆
Voir SÉLECTION
AD-
ANTITRUST ◆ Législation visant à limiter
les atteintes à la concurrence par l’interdiction des pratiques monopolistiques.
➥ Les États-Unis ont été le premier pays
à mettre en œuvre une législation de ce
type avec le Sherman Act en 1890 ou le
Clayton Act en 1914. Ces procédures
sont aujourd’hui très répandues dans les
accords commerciaux et économiques
internationaux ou régionaux, comme
c’est le cas dans l’Union européenne, et
comme on l’a vu lors du procès intenté
à Bill Gates en 1998 concernant la position monopolistique acquise par Microsoft sur le marché des logiciels.
◆ Voir ABUS DE POSITION DOMINANTE ;
CONCENTRATION ; CONCURRENCE ; ENTENTE.
APARTHEID ◆ Système politique et administratif de ségrégation raciale généralisée entre Blancs et non-Blancs mis en
place à partir de 1913 en Afrique du Sud
avec les premières lois excluant les métis,
31
Aa
APARTHEID
les Indiens et les Noirs de la vie politique ; ce système fut consolidé, après la
Seconde Guerre mondiale, par la ségrégation résidentielle dans les transports et
à l’école, l’interdiction des mariages mixtes, etc.
➥ Ce système a permis la surexploita-
tion des travailleurs noirs dans les mines,
l’expropriation et le déplacement entre
1960 et 1982 de plusieurs millions de
paysans dans les bantoustans (réserves)
destinés à la population noire. Il a été
aboli en 1991. Le terme est parfois utilisé
pour désigner des politiques de discrimination résidentielle que subissent des minorités ethniques.
Voir DISCRIMINATION ; RACISME ; SÉGRÉGATION.
◆
A PPAREILS
IDÉOLOGIQUES D ’É TAT
Institutions qui assurent l’hégémonie
idéologique et culturelle du capitalisme
et qui permettent ainsi de faire accepter
la légitimité de la domination de l’État
capitaliste.
◆
➥ Ce concept est apparu à la fin des an-
nées 1960, sous la plume de Louis Althusser, dans l’analyse marxiste du pouvoir de l’État. Celui-ci s’appuierait sur
l’appareil répressif (armée, police, bureaucratie) et sur les appareils idéologiques d’État que seraient l’école, les Églises, le droit et les médias.
◆
Voir ALTHUSSER ; MARXISME.
APPRÉCIATION ◆ Augmentation de la valeur d’une monnaie en régime de changes flexibles. À ne pas confondre avec la
réévaluation en régime de changes fixes.
◆
32
Voir CHANGE ; MONNAIE.
ARENDT Hannah
(1906-1975)
Philosophe, d’origine juive allemande,
elle suit les cours de Heidegger et de Jaspers et, après la prise du pouvoir par Hitler, s’exile, d’abord à Paris, puis définitivement aux États-Unis. Elle a consacré
une partie de son œuvre à l’analyse du
système totalitaire comme produit d’une
société de masse qui a pris la place d’une
société de classe. Elle s’interroge aussi sur
les moyens de transmettre l’héritage culturel et sur l’essence du travail dont « la
marque [est] de ne rien laisser derrière
soi ».
➥ Ouvrage principal : Les Origines du
totalitarisme (1951)
➥ Citation : « Le sujet idéal du règne
totalitaire n’est ni le nazi convaincu, ni
le communiste convaincu, mais
l’homme pour qui la distinction entre fait
et fiction et la distinction entre vrai et
faux n’existent plus. »
◆ Voir TOTALITARISME ; thème « POUVOIR
ET RÉGIMES POLITIQUES ».
ARGUMENTATION ◆ D’après le philosophe Chaïm Perelman, art discursif permettant de provoquer ou d’accroître l’adhésion des esprits aux thèses que l’on
présente à leur assentiment.
➥ Argumenter consiste donc à mobiliser
des techniques et des raisonnements discursifs dans le but de convaincre une personne ou un auditoire. L’argumentation
ne peut donc être assimilée à la démonstration, qui vise exclusivement à attester
une vérité scientifiquement établie ; elle
ne relève pas non plus de la persuasion
ou de la propagande, où autrui n’est pas
pris comme un être de raison universel
mais simplement comme un sujet à influencer ou à dominer par des techniques de séduction. Située entre le pôle
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