Alain ABREAL Les Grenats des Rodingites J. of Pers. Mineralogist, vol.4, pages 119-207, 2011
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Les ceintures ou sutures ophiolitiques sont les représentants d’une fermeture océanique, qui a pu engendrer dans
un second temps la formation d’une chaîne de montagne, comme dans le cas des orogenèses des Appalaches ou
des Alpes.
Sur terre, il y a 150 complexes ophiolitiques recensés d’âges très disparates. Ainsi, les ophiolites du Chili ne
sont âgées que de 3 millions d’années ; les ophiolites du Briançonnais et du Queyras, reliques du plancher
océanique de la Téthys alpine, se sont formées il y a quelques 160 millions d’années avant d’être propulsées en
altitude il y a 40 Ma, et l’ophiolite de Chamrousse est plus ancienne, datée de 400 millions d’années, et a été
émergée lors de l’orogenèse hercynienne
L’ophiolite québécoise est encore plus ancienne, elle est âgée de 2 milliards d’années, et son orogenèse
d’origine taconienne
Attention, il est nécessaire de bien différencier la datation des ophiolites proprement dites, qui se sont formées
au cœur des océans, et celle des sutures ophiolitiques, c’est-à-dire en fait la datation de la fermeture des océans
ou encore celle du début de la collision des deux continents en approche.
3.2 Etymologie -définition
Le terme “ophiolite” a été utilisé pour la première fois par Alexandre Brongniart en 1813, pour décrire
une séquence de roches vertes (serpentine, diabase) dans les Alpes. En 1927, Steinmann a précisé cette
terminaison en évoquant ce que l’on appelle la « trinité de Steinmann », serpentine, pillow lava (lave en
coussins) et chert au sujet d’occurrences rencontrées dans les Alpes.
Par la suite, on a défini les ophiolites comme une séquence type formée le long des dorsales océaniques,
comportant de bas en haut les éléments suivants :
- un niveau ultrabasique, constitué de péridotites (lherzolites, harzburgites, dunites) ;
- un niveau gabbroïque (gabbros lités surmontés par des gabbros isotropes) ;
- un niveau filonien (filons subverticaux de basalte) ;
- un niveau de laves basiques (pillow lavas).
- un niveau sédimentaire
Lors de la conférence internationale sur les ophiolites de 1972, le terme « ophiolite » a été redéfini pour ne plus
représenter que les roches ignées de la séquence stratigraphique énoncée ci-dessus, excluant ainsi les sédiments
qui ont une origine indépendante de la formation de la croûte océanique.
Cette définition a de nouveau été contestée dernièrement suite aux nouvelles reconnaissances acquises sur la
croûte océanique par le Programme intégré de forage de l’Océan ainsi que par d’autres recherches effectuées
au fond des océans. Ils ont permis de constater que la croûte océanique était assez variable, et que parfois, les
roches volcaniques venaient directement sur les péridotites, sans que les gabbros ne soient présents.
De nombreuses ophiolites ont des variations similaires dans leur stratigraphie, certaines sont primaires, d’autres
se sont formées plus tard (par exemple, lors de la mise en place dans une ceinture montagneuse).
Cette reconnaissance est liée à deux événements majeurs :
- Premièrement, la découverte de lignes d’anomalies magnétiques sur le fond des océans, parallèles aux
systèmes de dorsales océaniques, dont l’interprétation par Frederick Vine et Drummond Matthews
(1963), est une représentation physique de la formation d’une nouvelle croûte océanique le long des
dorsales et de son expansion à partir de celles-ci.
- Deuxièmement, l’observation d’un réseau filonien à l’intérieur de l’ophiolite de Troodos (Chypre) par
Ian Graham Gass et al., qui se serait formé par la seule intrusion d’un nouveau magma. En effet, aucune
roche plus ancienne n’a pu être découverte à l’intérieur du complexe Gass (1968). Moores et Vine
(1971) en ont donc conclu que le réseau filonien de Troodos n’a pu se former que selon le processus
d’expansion océanique préalablement proposé par Vine et Matthews (1963).
Depuis, il est globalement reconnu que les ophiolites représentent des parcelles de croute océanique,
charriée sur un continent.