Séance GB 3 Zarlino vs Galilée (père et fils) { Des mathématiques à la physique du son… La consonance et l’idée de Nature… Résumé ( Désormais, l’éducation « supérieure » des clercs et celle suivie au sein des Universités se fait en grande partie dans le cadre du QUADRIVIUM où la musique est intimement liée à l’arithmétique, la géométrie et l’astronomie La « musique des sphères » embrasse l’architecture des Cathédrales et les Arts dans un contexte néoplatonicien En musique de nouvelles consonances et dissonances apparaissent avec l’Ars Nova aux XIIIe et XIVe siècles (tierces et sixtes) La physique et la philosophie d’Aristote sont redécouvertes par (Saint-) Thomas d’Aquin au XIIIe siècle la SCOLASTIQUE envahie l’Eglise Catholique et le Concile de Trente de 15451563 entérine la philosophie aristotélicienne comme fondement de la pensée chrétienne catholique romaine Plan GB3 1.- Gioseffo Zarlino : le senario, la tierce et la sixte théorisée 2.- Le tempérament égal est dans l’air … 3.- Galilée, père et fils 4.- Kepler, Harmonices Mundi, un aperçu 5.- Mersenne et l’Harmonie universelle (1) Introduction • Franchino GAFFURIO, Theorica musicae, 1492 • Gioseffo ZARLINO, Istitutione musica, 1558…s • Vincenzo GALILEI, 1589, Le Discorso intorno all’opere di Messer Gioseffo Zarlino… • Galileo GALILEI, 1638, Discours mathématiques sur deux sciences nouvelles • Marin MERSENNE, 1636, Harmonie universelle (Hermès Trismégiste, IIIe AP JC) « Être instruit dans la musique, ce n’est rien d’autre que de savoir comment s’ordonne tout cet ensemble de l’Univers et quel plan divin a distribué toutes choses : car cet ordre, où toutes les choses particulières ont été assemblées en un même tout par une raison artiste, produira une sorte de concert infiniment suave et vrai, avec une musique divine. » Tétracorde classique Nète (La) Paramèse (mobile) Mèse (mobile) Hypate (Mi) Heinrich Loris GLAREAN (dit Glareanus)(1488-1563) f – note finale 1547 – Dodekachordon : redéfinitions des modes du Plain-Chant et à l’origine de l’appellation actuelle des modes ecclésiastiques, jusqu’au Jazz modal, avec des variantes dans les noms… 1. Gioseffo ZARLINO (1517-1590) Sources principales : Brigitte van Wymeersch, 1995, “La consonance et l’idée de Nature”, Revue de la Société liégeoise de musicology, 3, 46-64, online. Repris dans son ouvrage de 1999. B. van Wymeersch, 1999, Descartes et l’évolution de l’esthétique musicale, Paris, mardaga. (aussi pour le cours G4). B. van Wymeersch, 1999, “La musique comme reflet du Monde. Platon et Zarlino”, online PDF TD 1 – Zarlino Résumé de la théorie de Zarlino 1/ Le plus haut degré de connaissance est celui qui s’attaque aux causes ou raisons ultimes 2/ Les compositeurs connaissant réellement leur art s’ils peuvent expliquer les raisons de leur choix 3/ Les choix artistiques sont basés sur la Nature, la nature de la musique consiste dans les proportions, et les proportions sont les nombres 4/ Alors les raisons artistiques doivent être basés sur la nature du nombre 5/ Mais six (senario ou nombre sénaire) est le nombre parfait 6/ Alors le senario est la source primaire de l’harmonie en musique 7/ Alors, l’art de composer de la musique doit être guidé par l’harmonie du senario 8/ En accord avec la nature du senario, les œuvres polyphoniques doivent employer les harmonies complètes ; les sonorités majeures (sixte majeure) 5 :3 expriment la joie et les mineures expriment le chagrin ; les cadences apparaissent sur les degrés I, V et III d’un mode donné. Le SENARIO ou NOMBRE SENAIRE «6» 2 :1 octave ; 3 :2 la quinte ; 4 :3 la quarte ; 5 :4 la tierce majeure ; 6 :5 la tierce mineure Zarlino ne considère pas les sixtes comme des consonances de base du système puisque leurs rapports ne sont pas épimores : 6M = 5 :3 et 6m = 8 :5 6te M=5 :3 = combinaison 5 :4 et 4 :3 (4te et 3M) ; 6te m= 8 :5 = 6 :5 et 4 :3 (4te +3m ) ZARLINO et les renversements Replicate ? accords composés ? Renversés ? ZARLINO est-il « chord conscious » ?? La gamme de Zarlino se construit par divisions harmoniques successives de l'intervalle "2", à l'aide de fractions "alternes" (p/q et q/r) : l'intervalle "2/1" se divise en 4/3 × 3/2 ; l'intervalle "3/2" se divise en 6/5 × 5/4 ; l'intervalle "4/3" se divise en 10/9 × 9/8. Le ton chez Zarlino n’est plus chez Zarlino la diff. Entre la quinte et la quarte, mais la moyenne harmonique ou arithmétique de la tierce majeure. Comme chez Ptolémée, Zarlino considère 2 tons différents : le ton majeur de 9/8 et le ton mineur de 10/9. (épimores) La différence entre ces deux tons est le comma syntonique ou comma zarlinien : ton majeur/ton mineur = 9/8 :10/9 = 9x9/10x8 = 81/80 (épimore) Cette division implique des demi-tons différents : le demi-ton diatonique, intervalle entre la quarte et la tierce zarlinienne de valeur 16/15 (épimore) et deux demi-tons chromatiques correspondant à la différence des tons majeurs et mineurs avec le demi-ton diatonique. ZARLINO, L’ART et la NATURE…. « La Nature est incitée à suivre le bien et le meilleur ; et les intervalles qui naissent des nombres harmoniques, sont meilleurs que les autres, et par conséquence plus consonants ». 2. LE TEMPERAMENT EGAL est dans l’air… LA DIVISION DE L’OCTAVE EN 12 PARTIES EGALES – Le retour de √2 Simon STEVIN (1548-1620) mathématicien et expérimentateur (physicien…), découvre la notation décimale continue et n’a plus peur de nombres comme racine(2). En 1585, dans son Traité d’arithmétique, il écrit : « Il n’y a aucun nombre absurde, irrationnel ou irrégulier, inexplicable ou sourd ». Pour STEVIN, diviser l’octave en 12 demi-tons égaux revient à 𝟏𝟐 attribuer au demi-ton la valeur 𝟐 ; ce n’est plus une approximation !! http://www.crdp.ac-grenoble.fr/imel/jlj/son_et_lumiere/son/zarlino.htm Gammes comparées Pythagore / Zarlino / Tempérée AUDIO Gamme de Pythagore La gamme de Zarlino ressemble à celle de Pythagore mais MI, LA et SI sont plus graves. Audio - En fréquence : sur un LA 440 Hz TIERCE 5/4 = 550 Hz et SEPTIEME 243/128 = 835,3 Hz et TIERCE 81/64 = 556,9 Hz SEPTIEME 15/8 = 825 Hz Zarlino et la transposition Extrait de Water Music dans les tempéraments de Pythagore et Zarlino J.B. BENEDETTI (1530-1590) Cipriano de Rore (maître de Zarlino…) Clavier à « feintes » brisées de ZARLINO 3. GALILÉE, Père et fils VINCENZO GALILEI : 1581 – Dialogo della musica antica et moderna 1588-89 – Discorso intorno all’opere di messer Gioseffo Zarlino L’opposition Nature-Artifice : Au-delà des questions d’intonation à suivre par les chanteurs, VG s’oppose fortement à la distinction sons naturels et artificiels. Tout est naturel, dit-il, c’est son traitement par l’homme qui est artificiel (position proche d’Aristoxène)… Empirisme musical de VG : Reprend l’expérience dite de Pythagore: 2 cordes de même tension et de même épaisseur, l’une étant plus courte de la moitié que l’autre, on obtient bien un intervalle d’octave. Cette loi n’est valable que pour les longueurs, TOUS LES AUTRES PARAMETRES ETANT EGAUX !! Si l’on modifie la tension pour des cordes de même longueur et de même grosseur, comme Pythagore, le rapport est élevé AU CARRE ! Au contraire de tout ce qui est écrit et rabâché depuis des siècles, il ne suffit donc pas de suspendre à une corde un poids 2 fois plus grand pour obtenir un son d’une octave plus aigue, il faut utiliser un poids 4 fois plus grand (2²). « Les poids doivent être dans les proportions 4 :1, 9 :4, 16 :9 ; ils ne sont pas en simple proportion inverse aux longueurs des cordes mais en proportion inverse carrée » (la hauteur ou fréquence du son est telle que : (comme démontré par Galilée en 1638) Brigitte van Wymeersch , 1995 : Galileo Galilei , 1638 , Discours sur deux sciences nouvelles… Galilée attaque le problème de la résonance par sympathie : Extrait, p80, 1. A lire Plusieurs notions dans cette phrase : durabilité des oscillations et résistance du milieu, « énergie » de ces vibrations (concept pas encore construit) capable de mettre l’air en vibration et les cordes à proximité ; enfin, caractère ondulatoire de la propagation du son (les plissements de l’air). Extrait n°1 – f. 143-144 : expérience de V. sans le dire ; proportion N/racine(T) = cstte – LA démonstration que l’expérience attribuée à Pythagore est fausse. Expérience pour la vibration des cordes par sympathie – Extrait 2, p. 81 – à lire Extrait n°2 – 146-147 : les raisons de la dissonance Suivie d’une analogie avec les ondes à la surface de l’eau : - Extrait 3, p. 82 – à lire Extrait n°3 – 149 : résumé et intervalles. TD 1 – Galilée De L’Astronomia Nova (1609) à l’Harmonie du Monde (1619) Périhélie Aphélie Calculs pour SATURNE Vitesse angulaire à l’aphélie « fréquence » du son fondamental Note de base Environ 106’’ à 108’’ par jour 106 vibrations par seconde = sol grave pour KEPLER (ad’hoc) Variation de vitesse entre l’aphélie et le périhélie (vitesse non constante) Intervalle caractéristique de la planète (ou accord caractéristique : tierce, quarte, quinte, sixte) Aphélie : 108 ‘‘ par jour Périhélie : 135 ‘‘ par jour RAPPORT A/P = 108/135 = 0,8 4/5 = 0,8 et 5/4 = intervalle de TIERCE MAJEURE ! Excentricité de l’orbite Intervalle musical parcouru ou longueur de la phrase Saturne : e = 0,055 (Vénus : 0,007 ; Mercure : 0,206) Phrase = du SOL au SI grave