Le Plan - LES PLANS DE LA RECONSTRUCTION : 1946-1961
LES PLANS DE LA RECONSTRUCTION :
1946-1961
POSITIONS RELATIVES AU PREMIER PLAN
DE MODERNISATION ET D'ÉQUIPEMENT
ET AUX MOYENS D'EN ASSURER L'EXÉCUTION
(extraits)
Objet et dispositif du Plan
Le Plan de modernisation et d'équipement 1947-1950, soumis à l'examen du
Conseil, a essentiellement pour objet :
• d'assurer un relèvement rapide du niveau de vie de la population,
et notamment de son alimentation ;
• de moderniser et d'équiper les activités de base (houillères,
électricité, sidérurgie, ciment, machinisme agricole et transports) ;
• de moderniser l'agriculture ;
• d'affecter à la reconstruction le maximum de moyens, en tenant
compte des besoins des activités de base et en modernisant
l'industrie des matériaux de construction et celle du bâtiment et des
travaux publics ;
• de moderniser et de développer les industries d'exportation pour
assurer en 1950 l'équilibre de la balance des comptes.
La base de départ sera ainsi créée pour entreprendre, dans une seconde étape, la
transformation des conditions de vie et notamment du logement.
Ier Plan ou Plan Monnet 1947 - 1953
Le 1er Plan de modernisation et d'équipement est resté dans la mémoire collective
comme celui qui, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, a exprimé en
chiffres et traduit en actions concrètes le dilemme "Modernisation ou Décadence".
Ses objectifs sont de répondre à une situation de retard économique et de pénurie :
faire redémarrer l'outil de production et satisfaire des besoins essentiels de la
population, "élever le niveau de vie et améliorer les conditions de l'habitat et de la
vie collective". "Le Plan s'étend à la reconstitution des outillages et des équipements
publics et privés endommagés ou détruits du fait des événements de guerre".
Il est centré, de façon très sélective, sur six secteurs de base : charbon, électricité,
ciment, machinisme agricole, transport et acier. Par le nombre restreint d'objectifs
retenus et l'unanimité autour d'eux, le 1er Plan est bien exécuté.
Le Plan insuffle un nouvel état d'esprit parmi les chefs d'entreprises, sans porter
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atteinte à l'initiative privée. La place de l'État dans le système productif, renforcée
par les nationalisations de l'après-guerre et le contrôle des prix, favorise une bonne
maîtrise des évolutions économiques.
Le Plan Marshall contribue à la réalisation du Plan Monnet, en assurant le
financement d'une grande partie des investissements des secteurs de base.
La durée initiale est prolongée jusqu'en 1952, pour harmoniser les deux calendriers.
IIe Plan 1954 - 1957
Le 2e Plan coïncide avec les dernières années de la IVe République. Il comporte
toujours des objectifs quantitatifs en matière de production, le nombre de secteurs
pris en compte étant plus élevé. Mais la planification s'étend aux domaines des
investissements publics, notamment des équipements scolaires et hospitaliers.
L'établissement de programmes pluriannuels a été engagé, non pas à la demande
des ministres compétents, mais à l'initiative du directeur du Budget, soumis à une
accumulation de demandes de crédits et soucieux de définir des priorités.
A partir du 2e Plan, la planification remplace les secteurs de base par des actions
destinées à assurer une plus grande efficacité des ressources matérielles et
humaines - recherche et développement, organisation des marchés agricoles,
reconversion des entreprises et réadaptation professionnelle de la main-d'œuvre,
productivité.
Approuvé par une loi avec deux ans de retard, le 2e Plan sera assez bien suivi
malgré les graves difficultés financières du pays engendrées par la guerre d'Algérie.
Son exécution s'achève avec un déficit extérieur grandissant qui, en janvier 1958,
contraint le gouvernement français à envoyer une nouvelle fois Jean Monnet à
Washington pour obtenir une aide d'urgence de 600 millions de dollars.
IIIe Plan 1958 - 1961
Le 3e Plan cherche à poursuivre la croissance dans un contexte modifié par trois
données essentielles :
• L'ouverture des frontières et l'entrée de la France dans le Marché
Commun (Traité de Rome, 1958) ;
• Le développement de la guerre d'Algérie et les tensions
inflationnistes qui l'accompagnent ;
• L'arrivée imminente à l'âge de l'activité des jeunes nés au cours du
"baby-boom" de l'après-guerre.
L'élaboration du 3e Plan, liée au redressement du pays et de l'État voulu par le
Général de Gaulle, est également marquée par deux changements significatifs :
d'abord, l'utilisation du langage de la comptabilité nationale pour formuler un
objectif de croissance de la production intérieure brute et pour tester la cohérence
interne des chiffres du Plan ; ensuite, l'introduction d'une dimension prospective
grâce à des projections à long terme (1955-1965) dans les travaux de planification.
L'exécution du 3e Plan est marquée, en 1959, par le Plan de stabilisation Rueff.
Le redressement se fait plus rapidement que prévu, mais au prix d'un
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ralentissement de la croissance en grande partie effacée par le Plan intérimaire
1960-1961.
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Le Plan - LES PLANS DE LA CROISSANCE : 1962-1975
LES PLANS DE LA CROISSANCE : 1962-
1975
IVe Plan 1962 - 1965
Vers 1960, l'économie française apparaît clairement engagée dans un régime de
croissance soutenue. La France passe ainsi d'une situation de pénurie à une relative
abondance ; la consommation de masse fait son apparition.
C'est dans ce nouveau contexte économique que les principes originels de la
planification vont être amenés à prendre de l'ampleur. Il ne s'agit plus uniquement
d'orienter la production vers des secteurs prioritaires, mais d'assurer les meilleures
conditions possibles au développement économique et social de la Nation.
La planification devient alors plus indicative. Elle fixe des objectifs dont la
satisfaction ne dépend plus uniquement de l'État. Bien que l'approche soit de plus
en plus macro-économique, la dimension sociale est prise en compte.
La Loi du 4 août 1962, portant approbation du "Plan de développement économique
et social", définit pour la première fois les modalités de l'approbation par le
Parlement d'un projet de loi de Plan.
Elle s'applique pour le 4e Plan qui marque une phase exemplaire de l'histoire de la
planification française.
Son élaboration bénéficie de conditions favorables : la personnalité du nouveau
Commissaire Général du Plan, Pierre Massé ; la conjoncture des années 1960-1962
et la régularité de la croissance mondiale ; l'attachement du Général de Gaulle et du
Gouvernement à "l'ardente obligation" de la planification, moyen privilégié pour
l'État d'afficher et d'affirmer les choix de politique économique. Des innovations de
procédure renforcent l'atmosphère consensuelle autour du Plan : création du Conseil
supérieur du Plan ; consultation du Conseil économique et social sur les grandes
orientations ; réintégration de la CGT dans les Commissions de modernisation.
Le 4e Plan s'articule autour trois objectifs : une croissance forte dans le respect des
grands équilibres ; une progression des équipements collectifs deux fois plus rapide
que celle du PIB ; un effort de correction des inégalités sociales et régionales.
L'attention se porte sur les problèmes de répartition des fruits de l'expansion, ou,
pour utiliser le langage de Pierre Massé, "le partage du surplus", en particulier la
part à réserver aux services collectifs dans l'ensemble des dépenses de
consommation.
Le 4e Plan est aussi le mieux exécuté de tous nos Plans. Pendant cette période,
deux événements sont cependant à relever : l'échec de la "Conférence des
Revenus" en 1964 et, la même année, l'amorce de la baisse du taux de fécondité en
France.
Ve Plan 1966 - 1970
La mission attribuée au 5e Plan est de chercher à mener de front un essor industriel
rapide et le progrès social par un développement des équipements collectifs, et ce,
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Le Plan - LES PLANS DE LA CROISSANCE : 1962-1975
dans un contexte de concurrence accrue liée à l'ouverture des frontières. Il fixe des
normes indicatives de prix et de salaires afin de juguler les tendances
inflationnistes. Le souci de prévenir la surchauffe de l'économie se traduit par un
objectif de croissance légèrement en recul par rapport au 4e Plan.
Le développement de la compétitivité de l'appareil de production, le contrôle de
l'évolution des revenus et des prix deviennent les premières préoccupations.
Le choc de mai 1968 perturbe l'exécution du 5e Plan. Si la croissance n'en pâtit pas,
les prix dérapent, provoquant en compensation un freinage des équipements
collectifs. Les performances de l'économie française apparaissent limitées par les
insuffisances de la formation professionnelle et aussi par la gestion des relations
sociales dans les entreprises.
VIe Plan 1971 - 1975
Le 6e Plan sera celui de l'impératif industriel.
Ceci pour faire face à une compétition internationale de plus en plus dure et à une
division mondiale du travail de plus en plus accentuée, qui appellent des
restructurations dans l'industrie française.
En parallèle, le Plan doit prendre en compte les facteurs structurels qui limitent les
performances de l'économie française : la relative importance de la population
agricole, la nécessité d'améliorer la gestion et les relations sociales dans les
entreprises, le manque de logements qui freine la mobilité professionnelle. Pour la
première fois, apparaît la notion de fonction collective, qui élargit le champ de la
planification des équipements collectifs.
Le 6e Plan combine ainsi les grandes orientations souhaitées par le Président
Georges Pompidou - croissance forte, impératif industriel - avec un faible taux
d'inflation, une croissance de la part des équipements collectifs plus rapide que celle
de la production, l'amélioration des conditions de vie.
Mais le premier choc pétrolier, en 1973, se traduit par une division du taux de
croissance par deux à l'intérieur des pays de l'OCDE.
L'exécution du 6e Plan est, de fait, compromise.
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