Crise comitiale chez les patients en grande précarité. Quand diriger vers une structure hospitalière ? -2/15 -
Discussion
A. Généralités à propos des urgences au samu social
La notion de prise de risque en situation d’urgence [1]
Il existe dans toute situation d’urgence une obligation de soins
immédiats. La décision médicale urgente tient compte comme Le principe de précaution
« II définit l'attitude que doit observer toute per-
ailleurs des données cliniques, du bénéfice attendu des soins et sonne qui prend une décision concernant une
de leurs risques classiques (iatrogènes), du coût social. La activité dont on peut raisonnablement supposer
qu'elle comporte un danger grave pour la santé ou
particularité de la situation d’urgence pré hospitalière est qu’il la sécurité des générations actuelles ou futures, ou
est également nécessaire de tenir compte du contexte, c’est-à- pour l'environnement. Il s'impose spécialement
dire de l’interaction entre le médecin ou l’équipe aux pouvoirs publics qui doivent faire prévaloir
les impératifs de santé et de sécurité sur la liberté
paramédicale, le malade et l’environnement : expérience et des échanges entre particuliers et entre États. Il
commande de prendre toutes les dispositions
caractéristiques émotionnelles, affectives des soignants ; permettant, pour un coût économiquement et
expériences antérieures du patient qui exercera des pressions, socialement supportable, de détecter et d'évaluer
le risque, de le réduire à un niveau acceptable et,
heure de la journée, caractéristique du lieu ; disponibilités, si possible, de l'éliminer, d'en informer les
difficultés d’accès et réactions habituelles (attendues, espérées personnes concernées et de recueillir leurs
suggestions sur les mesures envisagées pour le
ou craintes) des services d’urgences ; voire certaines traiter. Ce dispositif de précaution doit être
contingences purement techniques (absence de couverture proportionné à l'ampleur du risque et peut être à
sociale, d’ambulance disponible…). tout moment révisé. »
Kourilsky F, Vilney G. Le principe de précaution.
Il devient également nécessaire de tenir compte du « principe Ed. Odile Jacob, Paris 2000.
de précaution » dont l’extension à la pratique médicale à été
entérinée par l’évolution du droit.
Les facteurs qui vont pondérer le choix médical en situation d’urgence sont donc nombreux, très
divers, ce qui multiplie le risque pris lors de la décision. Il est particulièrement complexe à gérer car
difficile à évaluer dans des situations médicales non programmées, souvent non ou mal balisées par
des référentiels consensuels et impossible à comparer à un « niveau acceptable de risque » qui serait
admis par les patients et l’ensemble de la communauté médicale.
Les facteurs qui vont permettre de limiter ce risque sont :
• sa prise de conscience et la compréhension qu’il existe forcément entre les situations
extrêmes où la conduite à tenir ne fait aucun doute, des zones floues pour lesquelles il ne
peut y avoir des décisions qu’au cas par cas, équipe par équipe ;
• l’information claire des personnes concernées, et donc du patient, ce qui n’est pas toujours
simple au samu social (barrière linguistique, troubles cognitifs ou psychiatriques fréquents),
a fortiori au décours d’un épisode neurologique aigu… ;
• l’équipe ;
• la possibilité d’une courte temporisation (surveillance de courte durée à l’infirmerie)
permettant d’évaluer l’évolution immédiate d’une situation.
Organisation médicale des lits infirmiers
Les lits infirmiers sont de petites structures d’hébergement (30 à 80 lits), en chambres généralement
multiples. Ils abritent pour des soins de base des patients en théorie SDF, désocialisés, sans
possibilité d’autre hébergement pour recevoir ces soins. Les patients doivent présenter une
pathologie stabilisée et ne pas être grabataires.
La présence paramédicale et médicale est organisée de la façon suivante :
• il existe une permanence paramédicale (1 à 2 IDE pour 40 patients, aides-soignant(e)s aidés
par des « auxiliaires de vie ») 24h/24.
• un médecin est présent le matin (7j/7).