Les origines de la scission
A l’origine peuplée de
polythéistes, chrétiens et
Juifs, la péninsule arabique
est une mosaïque religieuse
lorsque Mahomet vient au
monde vers 570. Il fonde un
groupe de croyants, les
Musulmans, après une vision
de l’archange Gabriel.
Persécuté par les habitants de
la Mecque, Mahomet acquiert
rapidement une certaine
notoriété dans le domaine
religieux. Sa religion est
approuvée par beaucoup. Il se
réfugie à Médine (une des
trois villes saintes de l’Islam).
Il y meurt en 632 ; laissant
non-tranchée la question de
sa succession en tant que
chef de la communauté des
croyants. Il semble qu’il ait
tout de même choisi Abou
Bakr (un fidèle de la première
heure) pour diriger la prière
collective. Fait que les chiites
contesteront plus tard,
affirmant qu’Ali avait été
choisi comme son successeur
par Mahomet. Abou Bakr est
jugé digne d’être le
successeur de l’Envoyé de
Dieu, et est élu Calife. Ce
dernier meurt entre 633 et
634. Lui succède à son tour
Omar, un autre fidèle, qui
ajoute à la fonction de Calife
un pouvoir militaire. Il
mènera bon nombres de
guerres, s’emparant de la
Mésopotamie, l’Arménie, la
Syrie, la Palestine et la ville de
Jérusalem. Il est
mortellement blessé en 644,
et crée avant sa mort un
conseil de succession qui élit
Othman. Son œuvre
principale sera déterminante
dans la vie des musulmans,
puisqu’elle consistera à
organiser la rédaction du
Coran, jusqu’ici interprété
par les qourra (récitants). Il
est décrié pour avoir favorisé
ses proches, en leur
distribuant des terres fertiles
et en leur octroyant des
postes clés. Il finit par s’attirer
les foudres d’un groupe qui
parvient à l’assassiner. Le
quatrième successeur de
Mahomet est institué par les
opposants d’Othman, qui
nomment Ali. Très vite, une
voix se lève contre lui, celle de
Muwwiyya.
Cousin du défunt Calife et
gouverneur de Syrie, il lance
ses armées contre celles d’Ali,
à la suite d’un discours
enflammé à la mosquée de
Damas l’accusant de ne pas
avoir vengé sa mort. Dès lors,
la guerre civile dite de la
Grande Discorde éclate. La
bataille de Siffîn en 657
oppose des forces
sensiblement égales, et
nécessite un arbitrage
diplomatique pour désigner le
vainqueur.
Ali propose l’institution d’un
second Califat. Certains de
ses fidèles, refusant l’idée
d’un compromis, le trahissent
et forment la communauté
des Kharigites (les exclus).
L’arbitrage déclare finalement
qu’Ali a failli à sa tâche de
vengeance d’Othman. Il existe
donc deux Califes : Ali en Irak
et Muwwiyya à Damas.
Finalement, les Kharigites
sont écrasés en 658 lors de la
bataille de Nahrawwan, et les
rares survivants s’enfuient en
direction du Maghreb.
La guerre ne prendra fin
qu’en 661, donnant
naissance à trois courants :
les partisans de Muwwiyya
(Sunnites) largement
majoritaires, les fidèles d’Ali
(Chiites), et les Kharigites en
tant que plus faible minorité.
Les différences et similitudes
Une des principales
différences de ces deux
confessions est la manière
dont un Calife doit être choisi.
Pour les chiites, la personne
digne d’être élue successeur
du représentant de Dieu sur
Terre ne peut être qu’un
descendant de Mahomet. Les
sunnites sont moins
regardants quant à la lignée
du calife, préférant placer à ce
poste le musulman le plus
pieux et le plus dévoué. Il
existe aussi une différence de
hiérarchie du clergé,
notamment concernant le rôle
Chiites et Sunnites, deux visions de l’Islam
Le chiisme et le sunnisme sont les deux branches majoritaires de l’Islam. A la base de même
confession, la scission de 632 a donné lieu à des tensions dont les enjeux vont plus loin que le
simple caractère religieux. Les effets s’en font encore ressentir aujourd’hui.
Illustration de la bataille de
Siffîn, origine persane, 1516.
de l’Imam. Chez les sunnites,
ce dernier se contente de lire
les textes du Coran et de les
commenter, retirant la
barrière de l‘intermédiaire
entre l’imam et Allah. Chez les
chiites, il a en revanche un
rôle très important, puisqu’il
se place en tant que guide de
sa communauté. Une
majorité des chiites croient en
l’existence de douze imams
(évidemment descendants du
prophète), le premier étant
Ali. Ces deux confessions
partagent en revanche bien
plus de points communs,
comme la pratique de cinq
prières par jour, ou le respect
du pèlerinage à la Mecque et
à Médine, même si les chiites
considèrent aussi le mausolée
d’Ali comme un lieu de
pèlerinage complémentaire. Il
est important de noter que
des courants chiites et
sunnites tendent à s’unir et à
dépasser leurs différences
pour pratiquer un Islam dans
le respect des deux
confessions.
Des tensions encore présentes
de nos jours
Les décolonisations du
XXème siècle n’ont fait
qu’accroitre les tensions entre
les deux confessions, les
puissances occidentales
plaçant souvent à la tête du
gouvernement de pays
sunnites des dirigeants
chiites, et vice-versa. En
Syrie, Bachar Al-Assad, un
Alaouite (branche du chiisme)
dirige un pays
majoritairement sunnite. Une
partie radicale de ces
derniers, frustrés de ne pas
être représenté au
gouvernement alors que
majoritaires de par leur
confession, rejoindront les
rangs de Daesh, créant avec
des homologue de l’Irak du
nord-ouest l’Etat Islamique
(dont nous parlerons dans
une autre chronique).
Jusqu’en 1979 avec la
révolution iranienne menée
par l’Ayatollah Khomeini,
l’Iran fort majorité chiite)
était gouvernée par un Shah
sunnite.
Troisième lieu de tension, le
Yemen, en guerre civile
depuis que le sud à majorité
chiite a déclaré la guerre au
nord, à majorité sunnite.
De la bataille de Siffîn en 657,
jusqu’aux tensions qui
animent le Moyen-Orient
actuellement, l’Islam a vu
s’opposer ses deux
principales confessions dans
Craignant une révolution pro
Khomeini en Irak, Saddam
Hussein déclare la guerre à
l’Iran, butant la guerre de
1980-1988 (dont nous ne
parlerons pas ici…).
une lutte acharnée Les
grandes puissances
occidentales n’ont fait que
raviver les rivalités au cours
des siècles, en
instrumentalisant les
divisions religieuses.
Quentin Puyjalinet
Carte du monde représentant la répartition des principaux courants chiites et
sunnites. Les sunnites représentent 85% des musulmans de la planète, contre
10 à 15% pour les chiites. Ces derniers ne sont majoritaires que dans trois
pays : l’Irak, l’Iran, et le Bahreïn.
Bataille de Siffîn, illustration
persane de 1516
Carte du Proche et Moyen-Orient, représentant la répartition des principales
confessions musulmanes, ainsi que la confession des gouvernements de ces
pays. Notons qu’un peuple à majorité sunnite ou chiite, peut être dirigé par un
gouvernement de branche opposée.
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