c’est qu’il a grandi et qu’il devient capable de philosopher… Je renvoie, ici, à la
« loi des trois états » proposée par A. Comte (cf résumé n° 3).
Il n’y a pas d’initiation à proprement parler à la philosophie. On entre
directement dans la philosophie ou on n’y entre pas. D’où sa difficulté
particulière.
Ainsi avons-nous travaillé ensemble à philosopher avec Descartes. Je vous ai
proposé un texte qui permettait de dégager un aspect de la thèse rationaliste sur
la connaissance, laquelle thèse entre en opposition avec celle rencontrée la fois
passée : la thèse empiriste de la connaissance. Ainsi le rationaliste défend-il
l’idée que la connaissance ne vient pas de l’expérience mais de la raison.
Descartes s’amuse à nous faire prendre conscience, à partir de la considération
d’un morceau de cire, que les qualités sensibles des corps ne nous permettent
pas de savoir ce que sont ces corps. En effet, la simple expérimentation ne nous
permet aucune connaissance car elle condamne l’expérimentateur à la passivité,
laquelle ne peut faire aboutir à quelque connaissance que ce soit. La cire, froide,
est dure, odorante, etc., alors que la cire approchée du feu est molle, sans odeur,
etc. Qu’en conclure ? Que la cire est changeante, par exemple ? Mais cette seule
affirmation me fait comprendre que ma « lecture » de l’expérience se fait à partir
d’idées qui sont dans ma tête et qui ne peuvent aucunement venir de
l’expérience. En effet, si je puis apprécier que deux apparences sont tantôt celles
d’une même corps, tantôt celles de deux corps différents, c’est bien à l’aune de
d’une idée : celle que la diversité (des apparences) n’invalide pas
nécessairement le fait de l’identité (des corps) ! Etc. Ainsi Descartes finira-t-il
pas dire que l’idée fondamentale qui me permet d’étudier le monde comme un
ensemble de corps (identité car il s’agit toujours de corps) tandis que tous ces
corps sont divers (variétés des formes, consistances, etc. dans le monde), c’est
celle d’étendue (espace). Si le monde est fondamentalement espace, alors c’est
la géométrie qui me permet de le connaître : « Toute ma physique est
géométrie », dira Descartes. Les idées qui sont dans ma tête (sans venir de
l’expérience et donc « innées » selon Descartes) sont ainsi l’ensemble des
mathématiques qu’il me faut développer en faisant précisément des
mathématiques.
Toutefois, savoir, c’est nécessairement savoir que l’on sait. Descartes regarde
l’évidence des idées devenues « claires et distinctes » (évidence conquise par
une recherche rigoureuse, donc, et non celle, immédiate, des préjugés) comme le
critère de reconnaissance des jugements vrais. Soit, mais on pourra toujours
objecter à Descartes que le monde n’est peut-être pas mathématiquement
organisé (« un grand livre écrit en langage mathématique », selon l’expression
de Galilée) et qu’ainsi nous ne faisons qu’interpréter le monde
mathématiquement ! Pour sauver l’idée de connaissance et ne pas retomber,
comme c’est le cas avec les empiristes, dans celle de la seule croyance possible,