séduit la belle Anitra, Peer finit par échouer dans un hospice du Caire. Il a une vision de
Solveig, en Norvège, et décide de retourner dans son pays natal, mais il fait naufrage en
cours de route. Rentré chez lui, il trouve la fidèle Solveig qui l’a attendu, et il meurt bercé
dans les bras de celle dont l’amour lui vaut de connaître la rédemption ("ton voyage est
fini Peer, tu as enfin compris le sens de la vie, c’est ici chez toi et non pas dans la vaine
poursuite de tes rêves fous à travers le monde que réside le vrai bonheur").
Ecoute commentée–Brahms : Concerto pour violon en ré majeur
Troisième mouvement. Les concertos sont toujours écrits pour mettre en valeur de
grands virtuoses, bien souvent les compositeurs eux-mêmes, comme c’est le cas pour Mo-
zart, Chopin, Liszt. Brahms écrit l’un de ses concertos pour violon pour un ami violoniste
et compositeur proche, Joseph Joachim. Alors même qu’il était âgé, Brahms accepta bien
volontiers les conseils de composition de Joachim, notamment pour l’écriture de la coda
du premier mouvement du concerto. Le traditionalisme de Brahms saute aux yeux : son
premier mouvement par exemple est une parfaite forme sonate à double exposition. De
même, le dernier mouvement est un rondo.
Ecoute commentée–Mahler : Symphonie n˚1en ré majeur
Troisième mouvement.
À l’époque de la composition de la Première Symphonie, Mahler était un chef d’or-
chestre très apprécié. Il composa rapidement cette symphonie lors des quelques jours de
fermeture de l’Opéra de Leipzig, à la suite de la mort de l’Empereur Guillaume Ier. Du
poème initial, le compositeur, face à l’incompréhension générale, proposa d’abord un pro-
gramme complet, supprima ensuite le deuxième mouvement, connu sous le nom de "Blu-
mine" (fleurettes), et ajouta en tête de l’œuvre le titre désormais célèbre "Titan", évoquant
un roman de l’auteur romantique allemand Jean-Paul Richter, si cher à Robert Schumann.
Ce sont enfin d’importantes modifications de l’orchestration qui clôturèrent les révisions
de l’œuvre, qui se présente désormais sous la forme d’une grande symphonie d’une cin-
quantaine de minutes, divisée en quatre mouvements.
Après la création de l’œuvre, le 20 novembre 1889, Mahler fut accusé de défier toutes
les lois de la musique. Son "poème symphonique" est vulgaire et insensé. Il redirigera la
symphonie, maintenant intitulée "Titan, Poème musical en forme de symphonie" en 1893
à Hambourg. La critique n’est pas meilleure qu’en 1889. Après un autre échec à Weimar,
Mahler supprime l’andante et renomme l’œuvre en "Première Symphonie". Il la rejouera à
intervalles irréguliers jusqu’à sa mort.
Le mouvement le plus mystérieux de cette symphonie, une lente marche funèbre en
ré mineur, est bâtie sur la version allemande de la chanson «Frère Jacques »(Bruder Jacob).
Sur un mouvement de balancier lourd et sombre des basses, la chanson, altérée par le mode
mineur, se déploie lentement en une sorte de cortège funèbre. La mélodie s’amplifie, se ré-
pandant à tout l’orchestre. Soudain, un thème presque vulgaire, issu des danses de bistro,
est joué "avec parodie" par un petit orchestre, aux sonorités étranges : c’est la musique d’un
mariage juif. Cette alternance d’éléments graves et futiles scandalisa les premiers auditeurs
peu habitués à cet amalgame de genres. Mahler indiqua que l’inspiration saisissante de ce
morceau lui venait de la réminiscence d’une image du dessinateur autrichien Moritz von
Schwind, familière à tous les enfants allemands et autrichiens, "L’enterrement du Chas-
seur" (Wie die Tiere den Jäger begraben), dans laquelle un cortège d’animaux aux attitudes
faussement sombres portent à sa dernière demeure le chasseur, leur ennemi. Toute l’ironie
de la scène se retrouve dans la marche funèbre provoquant de la sorte un effet effroyable.
Soudain, surgit un thème sublime provenant une nouvelle fois des chants du compagnon
5