Plantes et animaux du désert
Un autre regard que celui des botanistes !
Sourire solaire, avant son coucher !!!
Contrairement aux clichés répandus - et admis par la majorité des gens -, le désert est un espace
plein de vie animale, végétale et partiellement humaine. Il impose à toutes ces espèces, pour
survivre, une loi permanente et implacable: le moindre effort inutile. Autrement dit, une
économie draconienne et permanente de l'utilisation de la principale source de la vie : l'eau ou le
peu d'humidité dans l'air. Inspirons-nous des plantes et animaux du désert qui appliquent, à
merveille, cette règle de la vie et interpellent, sans cesse, l’homme à son respect !
En compagnie de mon ami le berger Hssaïn, nous passâmes, à Echentouf, quelque part entre Erg
Es Sedra et Iriqui, ce 30 décembre, une nuit "Khlâa", c'est-à-dire, sans rien, ni nourriture ni
couverture ! Le sable comme lit et le ciel étoilé comme toit. Quel privilège! Mais quel froid aussi.
J’ai rarement autant admiré la grappe Toraya (Les Pleillades), poursuivie par El Mechbouh
(Orient), jusqu’à l’aube. Il ne la rattrapera, parait-il, qu’à la fin du monde, selon un conte nomade!
Rassurant, vu l’écart, quasi constant, sur des milliers d’années, entre les deux constellations !
Durant cette longue nuit, la Voix lactée nous réchauffa les pupilles, en nous rappelant que notre
belle planète n’est qu’un grain de poussière dans l’univers et que sa brève histoire, n’est qu’un
instant dans l’absolu. La grande et la petite ourse jouant l’horloge autour de la polaire, fixe,
indiquant invariablement le nord, au milieu de constellations évoluant harmonieusement dans un
spectacle magique. Echentouf, un beau bouquet de dunes au milieu de la partie la plus vaste de la
Hamada du Draa, juste avant de déboucher sur le lac desséché d'Iriqui. Echentouf, veut dire
"Crinière", et désigne cet endroit du fait de la ressemblance, de loin, des branches de tamaris
coiffant les dunes, avec une belle «crinière de cheval». Au nord, on aperçoit un océan de sable,
aux belles vagues commençant aux dunes El Abeidlya et finissant à El Alem (la dune témoin !). El
Hadj Ahmed, la dernière dune isolée avant la plaine d'Iriqui, et le tamaris Atlat Abaïnouche, au
nom d’une héroïne nomade, paisiblement ensevelie au pied de cet arbre magique, ferment, à
l’ouest, cet espace d’erg. Un poème à la mémoire d’Abaïnouche, fait encore couler des larmes aux
rares nomades connaissant l’histoire et la géographie de cette région, s’intitulant : « ici a été
enterrée la tendresse avec Abaïnouche ». Tout simplement ! A méditer quand on voit le saccage
gratuit des rallyes dans cette région…
A gauche, le lit du Draa, encore tissé par une forêt clairsemée de tamaris et d'Afersig, forme la
frontière sud à cet espace aride où subsistent les plantes d'El Arad, l'inévitable El Aggaya, la
plante lavande El Ghassal, El Yessrif, et autres Remth...
Les tamaris, avec les acacias, constituent les principaux points de repos pour les nomades, depuis
la nuit des temps, et leur offrent d'utiles repères dans les grandes étendues du désert. La famille
de cet arbre, très résistant à la sécheresse, grâce à de longues racines, est constituée de trois
sortes que les nomades ne confondent jamais : Letl, l'arbre le plus volumineux aux troncs épais,
une sorte de baobab, créant à lui tout seul un micro climat. Akawar, aux troncs moins épais et aux
feuilles vert-sombre, au goût salé, très apprécié par les chameaux. Enfin, Afersig aux branches
fines et régulières, dressées verticalement, pousse surtout aux abords des oueds. On trouve dans
cette Hamada une bonne centaine de types d'arbres ou "Sdar", tels le tamaris, l'acacia, l'argousier
et autres Awarache."Sdar", désigne pour les nomades tout arbre pouvant survivre plusieurs
années à la sécheresse. A contrario,"Rbia", c'est-à-dire l'herbe ou printemps, désigne les plantes
"éphémères", qui poussent à la suite de rares pluies ou simplement par le phénomène de
condensation du peu d'humidité collecté la nuit. Les plantes "Rbia" survivent rarement au
printemps et se dessèchent vite durant l’implacable été du désert.