source d’efficacité collective mais aussi une source d’économies d’énergie. La digitalisation de
l’économie aura permis d’enrichir les modèles socio-organisationnels. Mais savons-nous bien
utiliser ces potentiels ? J’en doute. “ Le développement d’un pays n’est possible que s’il existe
une convergence entre sa culture économique, sa culture technologique et sa culture
organisationnelle ” rappelait opportunément Jean-Jacques Salomon dans “ La quête
incertaine[6] ”. Nous vivons une révolution économique et industrielle d’un nouveau genre.
Passer d’une civilisation où nous disposions d’esclaves mécaniques à une situation où nous
disposerions d’esclaves numériques ne va pas de soi, c’est pourtant ici que nous devons saisir
toutes nos chances !
L’économie y change de nature. Le signe domine la matière qu’elle économise. Avec la
téléprésence, la visiophonie, le télétravail, commercer avec le monde entier est à la portée de
chacun et plus seulement des entreprises organisées. Grâce aux marchés low cost, sur cette
planète numérique, avec ses possibilités d’échanges à coût marginal, des populations de gens
modestes et défavorisés peuvent bénéficier de l’accès aux savoirs et entrer dans l’ère de
l’économie des connaissances. La téléformation devient un produit exportable économiquement.
Les régions les plus reculées ne disposant que de maigres ressources peuvent accéder aux
bibliothèques virtuelles disponibles, aux ressources des laboratoires éloignés et aux programmes
scolaires mis en ligne un peu partout dans le monde. A l’avenir, l’enjeu ne sera pas d’avoir la plus
grande quantité d’ordinateurs et de technologies: elles sont accessibles à la planète entière. C’est
la qualité des organisations, l’efficacité globale, qui fera la différence entre entreprises et nations.
Les nations doivent adapter leurs industries à un nouveau modèle de croissance
Au cours de la dernière décennie, l’économie numérique a contribué plus largement à
la croissance aux États-Unis qu’en Europe ou en France.La France se situe au 20ème rang,
derrière le Royaume Uni (15ème) et l’Allemagne (13ème). La part de l’économie numérique dans
le PIB est de 4,7% en France, et de 7,3% aux USA. Au regard des performances américaines, la
France ne profite pas assez de la création de valeur et d’emplois que permettrait ce secteur de
technologie et de services : le retard est estimé à près de 100 000 emplois en France pour
atteindre le niveau des États-Unis en pourcentage de PIB[7]. Dès la fin des années 90
l’explosion des télémétiers était bien visible et de nouvelles formes d’activités parfois
surprenantes étaient prévisibles.Les secteurs porteurs ne manquent pas qui n’ont plus grand-
chose à voir avec les manufactures de nos parents.
On peut s’interroger de savoir pourquoi l’industrie française reste à la traîne dans le domaine des
piles à combustibles, filière très prometteuse aux applications plus vastes que les accumulateurs
de voitures. Pourquoi le plan câble se traine depuis plus depuis 25 ans faute d‘une pensée
organisatrice et stratégique ? A ce jour, les opérateurs privés ne sont guère motivés pour
procéder à des investissements faiblement rentables qui profiteront surtout à leurs concurrents
fournisseurs de contenus et de services. La prometteuse filière « voltaïque » n’en finit pas de
prendre des coups au point qu’elle perd des milliers emplois. La « politique numérique » affichée