www.africaneconomicoutlook.org
MALI
2015
Abdoulaye KONATÉ / a.b.konate@afdb.org
Économiste pays principal, BAD Mali
Hamaciré DICKO / h.a.dicko@afdb.org
Macro-économiste, BAD Mali
Bécaye DIARRA / becaye.diarra@undp.org
Conseiller économique, PNUD Mali
http://www.oecd.org/fr/cad/BD1. AEO chapitre Mali 2015.pdf
Mali
Mali
2Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2015
MALI
• Léconomiemalienneaconrmélarepriseamorcéeen2013avecuntauxpasséde
1.7%à5.8%en2014etprévuà5.4%en2015,dansl’hypothèsed’unaccorddepaix
concluàAlger.
• Malgré les efforts du gouvernement et de la communauté internationale, la crise
politiqueetsécuritairede2012s’estsoldéeparunehaussedelapauvreté,passéede
41.7%en2011à42.7%en2012.
• L’inclusionspatialeestdevenuel’unedesprioritésduMali,aussibienpourréhabiliter
l’Étatquerétablirlasécuritéetreconstruirel’économie.
Vue d’ensemble
Le contexte macroéconomique du Mali est marqué en 2014 par une consolidation de la reprise
avec un taux de croissance du PIB réel prévu de 5.8 % contre 1.7 % en 2013. Cette croissance
est tie par le secteur primaire (9.4 %), grâce aux performances du sous-secteur agricole (en
hausse de 13 %), consécutives à une bonne campagne. L’activité a aussi été stimulée par le secteur
tertiaire (4.8 %), avec un regain d’activités dans les transports et télécommunications (7.4 %) ainsi
que le commerce (3 %). En revanche, le secteur secondaire a connu une contre-performance en
2014 (1.8 % contre 5.5 % en 2013), même si les branches agroalimentaire, énergie et bâtiment
et travaux publics (BTP) ont connu des croissances respectives de 12.2 %, 10 % et 5 % grâce à la
reprise de l’économie. Le déficit du compte courant (dons inclus) s’est aggravé en 2014 (6.2) par
rapport à 2013. En perspective, il devra s’améliorer sur 2015 et 2016. Cette tendance s’explique par
la diminution des importations en valeur, suite à la baisse des cours des produits pétroliers. D’
une amélioration des termes de l’échange.
Les perspectives macrconomiques à moyen terme sont favorables : la reprise de l’économie
devrait se consolider en 2015 et 2016 avec des taux de croissance du PIB réel de 5.4 % et 5.1 %. Cette
croissance devrait être de nouveau tirée par les secteurs agricole et tertiaire, outre le retour massif
des partenaires techniques et financiers (PTF). La reprise est attendue, notamment dans le BPT et
les services, avec des taux de croissance respectifs de 5.6 % et 7 % prévus pour 2015. Le déficit des
opérations courantes (dons compris) devrait s’améliorer légèrement pour atteindre 5.5 % du PIB
en 2015. Il devrait être financé par les investissements directs étrangers (IDE) dans le secteur de
l’or et des télécommunications, ainsi que par l’aide exrieure sous forme de prêts. Toutefois, les
mêmes risques persistent, susceptibles de compromettre ces perspectives. Se trouvent en cause
la volatilité des cours de l’or et du coton, les deux principaux produits à l’exportation, ainsi que la
fragilité de la situation sécuritaire dans le pays.
Le Mali était en bonne voie pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD) suivants à l’horizon 2015 : scolarisation primaire universelle (OMD-2), contrôle du VIH/Sida
(OMD-6) et accès à une source d’eau potable (OMD-7). Les progrès réalis ces dernières années
ont cependant été fragilis par les conséquences de la situation sécuritaire et de l’instabilité
politique. Malheureusement, l’atteinte de tous les OMD pourrait donc être compromise.
La situation humanitaire reste ts précaire dans le nord du pays. Les attaques se multiplient et
les combats persistent contre les positions de l’are malienne, de la Mission multidimensionnelle
intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et même entre les différents
groupes armés. La situation se solde par de graves problèmes d’insécurité alimentaire et de
malnutrition, impliquant des besoins urgents d’aide alimentaire (environ 1.7 million de personnes
dont 260 000 en situation de crise). Le retour des réfugs et des personnes déplacées dans leurs
régions d’origine ne peut se faire que dans des conditions difficiles. Le Plan de réponse stratégique
(SRP) mis au point par la communauté humanitaire en 2014 au Mali a été estimé à 481 millions USD.
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32 Perspectives économiques en Afrique
© BAfD, OCDE, PNUD 2015
Graphique 1. TauxdecroissanceduPIBréel
0
1
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6
7
8
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014(e) 2015(p) 2016(p)
Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique de l'Ouest (%) Afrique (%)
%
Source : BAfD, Département Statistique PEA. Estimations (e) ; prévisions (p).
Tableau 1. Indicateursmacroéconomiques
2013 2014(e) 2015(p) 2016(p)
Croissance du PIB 1.7 5.8 5.4 5.1
Taux de croissance du PIB réel par habitant -1.3 2.8 2.4 1.9
Inflation -0.6 0.9 2.1 2.7
Solde budtaire (% PIB) -6.9 -5.6 -5.1 -5.1
Compte courant (% PIB) -1.8 -6.2 -5.5 -3.7
Source : Dones des administrations nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).
Développements récents et perspectives
En raison de sa structure, l’économie malienne demeure très vulnérable aux chocs de nature
diverse. En effet, le PIB repose essentiellement sur le secteur primaire (37.8 % en 1999 et 38.4 %
en 2010). La production agricole, qui dépend de cultures pluviales, est tributaire des conditions
météorologiques. Les principaux produits à l’exportation sont l’or et le coton (66 % et 13 % des
recettes totales d’exportation en 2014). Toutefois, le secteur tertiaire (34.4 % du PIB en 1999 et
37.6 % en 2010) tend à prendre une importance de plus en plus grande dans l’économie.
La crise multidimensionnelle que le Mali a connue en 2012 a provoqué une récession. Sur la
période 2001-11, le pays avait enregistré un taux de croissance moyen d’environ 5.5 %, supérieur
à la moyenne de 3.9 % des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
En 2012, le taux de croissance du PIB est retombé à 0 %. Avec le retour de l’aide extérieure et une
relative stabilisation de la situation sécuritaire, la reprise économique s’est amorcée en 2013, avec
une croissance modeste de 1.7 %, en raison de la contraction de la production céréalière hors riz
(près de -26 %). En 2014, la croissance du PIB réel s’est accélérée à 5.8 %, suite à l’amélioration
du contexte macroéconomique et de la performance du secteur agricole, dont la production a
augmenté de 13 %. Le secteur tertiaire affiche une croissance de 4.8 % en 2014, en légère baisse par
rapport à 2013 (8.9 %), grâce aux performances du sous-secteur transport et télécommunications
(7.4 %), de l’administration (6.8 %) et des services financiers (4 %). Ces résultats sont liés à l’amorce
de la reprise de l’économie et aux efforts du gouvernement pour la fourniture des services publics
Mali
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4Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2015
de base dans les régions du nord (restauration de bâtiments publics, rétablissement de réseaux
d’adduction d’eau et d’électricité, de centres de santé, d’écoles, etc). Le secteur secondaire est
également en recul (1.8 %) par rapport à 2013 (5.5 %), en raison des contreperformances du secteur
textile (-6 %) et de l’industrie (-2.9 %).
Le déficit du compte courant (dons inclus) s’est aggravé en 2014 (6.2) par rapport à 2013. En
perspective, il devra s’améliorer sur 2015 et 2016. Il devrait être entièrement financé par l’IDE dans
les secteurs de l’or et des télécommunications ainsi que par les prêts d’assistance technique. Alors
que les prêts au secteur public et l’IDE ont répondu aux besoins de financements, la constitution
des avoirs extérieurs par le secteur bancaire malien, sous la forme des bons du trésors émis par
les autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a conduit à des
sorties du compte financier de la balance des paiements. Au total, le déficit global de la balance
des paiements a été financé en 2013 par une diminution des réserves de changes régionales de
la Banque centrale (environ 1.1 % du PIB). Avec le retour de l’aide extérieure en fin 2014, le Mali a
repris sa contribution à l’accumulation des réserves de change. La balance des paiements devrait
maintenir son équilibre sur la période 2015-17.
Grâce à la bonne campagne agricole de 2014 – qui a permis de limiter la hausse des prix des
produits alimentaires – ainsi qu’à la politique monétaire restrictive poursuivie par la Banque
centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le taux d’inflation na pas dépassé 0.9 % en 2014.
Pour la période 2015-17, la politique prudente de la BCEAO devrait permettre au Mali de respecter
l’un des critères de convergence de l’UEMOA, qui limite à l’inflation à 3 % dans les conditions
d’une pluviométrie favorable.
Malgré les chocs sur la stabilité du secteur financier, le crédit à l’économie reprend. La
situation du secteur financier s’est dégradée en 2012 suite à la crise (y compris des dommages
physiques sur les banques dans les régions du nord) et à la récession. Les prêts non performants
ont augmenté de 18 % à fin 2011 à 23 % en mars 2013, pour baisser de nouveau à 19 % en fin 2013.
Les banques ont bénéficié de la politique de faible coût de refinancement de la BCEAO. Du coup, le
crédit à l’économie a été relancé d’environ 10 % en 2013 et au cours du premier semestre de 2014.
Les banques ont également augmenté leurs avoirs sur les émissions de bons des autres pays de
l’UEMOA.
En dépit d’un environnement international incertain, les perspectives économiques semblent
favorables pour le Mali, avec le rétablissement progressif de la sécurité sur l’ensemble du territoire
et le retour de la quasi-totalité des PTF traditionnels du pays. De même, les performances des
secteurs agricoles et aurifères ainsi que la reprise de l’activité dans le secteur tertiaire devraient
permettre à l’économie malienne de consolider sa reprise à court terme. La combinaison de tous
ces facteurs permet de tabler sur des taux de croissance supérieurs à 5 % sur la période 2015-17
(5.4 % et 5.1 % en 2015 et 2016 respectivement). Ces projections optimistes pourraient néanmoins
être compromises par la volatilité des cours de l’or et du coton et la fragilité de la situation
sécuritaire dans le pays.
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54 Perspectives économiques en Afrique
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Tableau 2. PIBparsecteur(enpourcentageduPIB)
2009 2014
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 39.3 40.7
dont pêche 0.9 0.9
Activités extractives 7.2 5.9
dont extraction de pétrole brut et de gaz naturel
Activités de fabrication 5.2 5.6
Production et distribution d'électricité, de gaz et d'eau 2.7 3.3
Construction 4.7 3.9
Commerce de gros et de détail; réparation de véhicules
automobiles et hôtels et restaurants
16.4 17.3
dont hôtels et restaurants
Transports, entreposage et communications 8.2 9.1
Intermédiation financière, immobilier, locations et activités de
services aux entreprises
7.5 5.3
Administration publique et défense; sécurité sociale
obligatoire
8.9 8.9
Autres services 0.0 0.0
Produit intérieur brut aux prix de base / au ct des facteurs 100.0 100.0
Source : Données des administrations nationales
Politique macrconomique
Politiquebudgétaire
Au plan budgétaire, l’année 2014 a été marquée au Mali par une crise de confiance entre
le gouvernement et les institutions financières internationales sur l’exhaustivité du budget,
l’orientation des allocations budgétaires et le respect de l’orthodoxie financière en matière de
passations des marchés publics.
La politique budgétaire envisagée pour 2014 avait été initialement bâtie sur des hypothèses de
croissance du PIB réel de 6.3 %, d’un taux d’inflation de 2.9 % avec un objectif de solde budgétaire de
base de -0.5 % du PIB. Il s’agissait de soutenir la relance de l’activité économique et de concrétiser
les priorités fies par les nouvelles autorités dans le Programme d’actions du gouvernement
(PAG) 2013-18.
Une loi de finances rectificative a été adoptée, pour maintenir le solde budgétaire de base
à -0.5 % du PIB, en lien avec les engagements du programme de convergence de l’UEMOA et du
Programme économique et financier avec le Fonds monétaire international (FMI), au titre de la
Facilité élargie de crédit (FEC) pour la période 2013-15. Ainsi, les recettes fiscales ont été revues
à la baisse de 23 milliards de francs CFA (XOF). Des dépenses nouvelles ont été introduites tout
en procédant à des suppressions de crédits au niveau du budget spécial d’investissement, afin
de respecter le critère de convergence de l’UEMOA sur le solde de base. Le programme en cours
avec le FMI a été suspendu, suite à l’achat d’un avion pour les déplacements du président de la
République (40 millions dollars USD) et un contrat de fournitures passé par le ministère de la
Défense (138 millions USD), assorti d’une garantie par l’État (200 millions USD). Il s’en est suivi
une suspension de fait de lensemble des appuis budgétaires des PTF. Ces dépenses ont fait l’objet
d’une régularisation avec la loi de finances rectificative 2014. Toutefois, la mobilisation des appuis
budgétaires na pu être totale en 2014 et la plupart des décaissements effectifs ont été repors à
l’année 2015.
Malgré une marge de manœuvre limitée par la faiblesse des recettes fiscales et les engagements
pris en termes d’équilibre budgétaire, les autorités ont pris des mesures en 2014 pour faire face
aux chocs. Il s’agit notamment de l’ajustement régulier de la fiscalité pétrolière afin de maintenir
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