UNIVERSITE DE NIMES Master II de Psychologie Sociale de l’environnement L’effet de l’engagement et de la persuasion sur la dynamique de la représentation sociale de la mer chez les primaires Mémoire de recherche Directeur de recherche: Patrick Rateau Etudiant: Pierre Dias Mai 2009 Remerciement Je tiens à remercier mon Directeur de mémoire, Patrick Rateau, pour ses conseils et sa disponibilité. Je remercie également les différentes écoles qui m’ont accueillis et permis de réaliser cette recherche. 2 SOMMAIRE I. Introduction _____________________________________________________ 4 II. Eléments théoriques ______________________________________________ 5 1. Représentations sociale_________________________________________ 5 1.1. Définition ________________________________________________ 5 1.2. Structure des représentations sociales_________________________ 6 1.3. La dynamique des représentations sociales_____________________ 7 2. La communication persuasive ____________________________________ 8 3. L’engagement_________________________________________________ 10 3.1. Définition ________________________________________________ 10 3.2. Conditions de production ___________________________________ 11 3.2.1. La taille de l'acte ____________________________________ 11 3.2.2. Les raisons de l'acte __________________________________ 12 3.3. Les effet de l'engagement ___________________________________ 13 3.4. Le pied-dans-la-porte ______________________________________ 14 3.5. L’engagement et la dynamique des représentations sociales______ 15 4. Hypothèses théoriques __________________________________________ 16 III. Méthode __________ ____________________________________________ 16 A. Pré-test : Etude de la représentation sociale de la mer _________________ 16 B. Expérimentation ________________________________________________ 18 1. Les participants _______________________________________________ 18 2. Matériel ______________________________________________________ 18 3. Plan expérimental ______________________________________________19 4. Procédure ____________________________________________________ 20 5. Hypothèses opérationnelles ______________________________________ 22 IV. Résultats _______________________________________________________ 22 V. Discussion _______________________________________________________ 25 Bibliographie ______________________________________________________ 29 Table des annexes ___________________________________________________ 32 Résumé ____________________________________________________________48 3 I. Introduction Le comportement humain est un thème qui a intrigué les chercheurs du fait de sa complexité, la psychologie sociale s’attache à appréhender son fonctionnement et à nous éclairer sur certains de ces mécanismes. Moscovici (1984) la définit comme « la science des phénomènes de l’idéologie (cognition et représentations sociales) et des phénomènes de communication ». Cette définition, qui existe parmi beaucoup d’autres, nous apparait comme intéressante car elle permet de rendre compte des différentes approches que nous exploitons ici. En effet, cette étude vise à mieux interpréter certains composants qui peuvent influencer la cognition sociale des individus. Notre recherche s’inscrit dans un contexte de pollution marine. Les produits rejetés en conséquence de l’activité humaine arrivent pour la plupart dans le milieu marin par le vecteur des voies fluviales, des vents ou encore de l’air en basse altitude. Ceci conduit à une pollution de l’eau, mais aussi à celle des sédiments marins et plus généralement à toutes les atteintes aux écosystèmes marins. Dans cette étude nous étudierons le changement des représentations sociales chez les enfants scolarisés, plus particulièrement, nous chercherons à connaître quelle type de communication influence le plus la représentation sociale que nous étudions, en l’occurrence la mer. Il nous apparait pertinent d’avoir une population d’enfants. En effet, la formation des nouvelles générations est une des conditions d’un développement durable. Le gouvernement, par ses directives, a confié cette mission à l’Education Nationale, or une enquête réalisée par l’Institut National de Recherche Pédagogique révèle que les formes d’enseignement ordinaire sont peu appropriées pour l’Education à l’Environnement pour un Développement Durable. En psychologie sociale, on considère qu’il n’existe pas forcément de lien entre la sensibilisation, la connaissance d’un comportement et sa réalisation effective sur le terrain. Notre expérience se base sur la théorie des représentations sociales (Moscovici, 1961). Cette approche, montre que l’évolution de nos comportements est liée à notre appartenance à un groupe social et à l’environnement dans lequel on évolue. Dans cette perspective, une des caractéristiques essentielles des représentations sociales est le fait 4 qu’elles constituent, selon Moscovici (1976), « un guide pour l’action ». Autrement dit, elles sont susceptibles d’orienter les comportements dans un sens plutôt que dans un autre. Notre recherche se situe à l’articulation de plusieurs champs d’études traditionnellement disjoints : le champ des représentations sociales, le champ de la psychologie de l’engagement et celui de la communication persuasive. Nous chercherons à déterminer quel type de communication produit un changement de la représentation sociale de l’individu dans le sens de la protection marine. Les résultats de cette étude s’inscrivent dans une double perspective, à la fois théorique et pratique. II. Eléments théoriques 1. Représentations sociales 1.1. Définition La notion de représentation sociale doit beaucoup au concept, introduit par Durkheim (1898), de représentations collectives définit comme des productions mentales caractérisées par la stabilité de leur transmission et de leur reproduction. Reprenant ce concept, Moscovici (1961) élabore la notion de représentation sociale et le définit comme « un système de valeurs, de notions et de pratiques relatives à des objets, des aspects ou des dimensions du milieu social, qui permet non seulement la stabilisation du cadre de vie des individus et des groupes, mais qui constitue également un instrument d’orientation de la perception des situations et d’élaboration des réponses ». Cette théorie est complétée par Moscovici (1963) quand il définit la représentation sociale comme « l'élaboration d'un objet social par une communauté avec l'objectif d'agir et de communiquer ». Pour Moscovici (1976), les représentations sociales sont donc des formes de savoirs naïfs qui organisent les conduites et orientent les communications des individus. Jodelet (1985), définit les représentations sociales comme « un ensemble organisé d’opinions, d’aptitudes, de croyances et d’informations qui se référent à un objet ou à une situation. Elle est déterminée à la fois par le sujet lui-même (son histoire, son vécu), par le système social et idéologique dans lequel il est inséré et par la nature des liens que le sujet 5 entretient avec ce système social ». A son tour, Abric (1987) définit la représentation comme « le produit et le processus d’une activité mentale par lequel un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique ». Plus tard, Rouquette et Rateau (1998) mettent en évidence que la représentation sociale introduit un « système de valeurs et commande la mise en œuvre d’une éthique ; elle absorbe le passé pour organiser l’avenir ». La représentation sociale est donc une construction mentale plus ou moins consciente autour d’un objet particulier. Elle est déterminée par nos expériences, mais aussi par les informations, savoirs, modèles de pensée que nous recevons et transmettons par la tradition, l’éducation, la communication sociale. Ainsi, une représentation se construit, se reconstruit, se structure au cœur de l’interaction avec l’objet (Garnier et Sauvé, 1999). La représentation sociale étant constituée de différents éléments, nous allons voir comment ils s’organisent. 1.2. Structure des représentations sociales Les différents éléments qui constituent la représentation sociale ne sont pas disposés aléatoirement mais ils sont organisés de façon structurée et hiérarchisée. Abric (1976) élabore la théorie du noyau central, il montre que la structure d’une représentation sociale repose sur un système hiérarchisé de croyances constituée d’éléments « périphériques » organisés autour d’un petit nombre d’éléments « centraux » formant un noyau. Chaque modalité d’élément joue un rôle différent par rapport au sens, à l’organisation et à la stabilité de la représentation. • Le noyau central est définit par Abric (1994) comme « un sous-ensemble de la représentation composé d’un ou de quelques éléments, dont l’absence déstructurerait la représentation ou lui donnerait une signification radicalement différente » (p.73). Le noyau central est donc l’élément fondamental de la représentation sociale, il est constitué d’un ou plusieurs éléments qui renvoient aux normes et aux valeurs partagées par l’ensemble 6 des membres du groupe. Ainsi, le noyau central est une structure qualitative dont la principale fonction est de donner à la représentation sa signification et sa cohérence. • Le système périphérique, réparti autour du noyau central, est composé de nombreux éléments qui constituent l’essentiel du contenu de la représentation, ils sont hiérarchisés, et peuvent être plus ou moins proches du noyau central. Contrairement au noyau central qui contient peu d’éléments, le système périphérique englobe donc, la plus grande majorité des éléments de la représentation. Il permet la prescription des comportements en fonction du contexte et la personnalisation de la représentation. Les éléments périphériques résultent de l’expérience concrète de l’objet réalisée dans des contextes variés. Ils expriment la variété des expériences individuelles tout en respectant une logique commune à tout le groupe car ces dernières sont interprétées à partir du noyau central. Ainsi, le système périphérique assure la protection du noyau central, absorbant les conflits entre la représentation et la réalité. 1.3. La dynamique des représentations sociales Flament (1987) émet l’idée que pour modifier une représentation sociale, il faut agir sur sa périphérie et non pas sur sa centralité puisque cette dernière constitue la partie stable de la représentation. Cependant, il sera montré par la suite qu’une réelle modification de la représentation sociale ne peut être définie que par un changement au niveau du noyau central. En 1994, il introduit et ajoute une notion fondamentale dans son modèle de la dynamique des Représentations Sociales ; celle de la réversibilité: Des acteurs engagés dans une situation, et y développant certaines pratiques, peuvent considérer à tort ou à raison que cette situation est irréversible ; c’est à dire qu’un retour à des pratiques anciennes est impossible. Ou au contraire, qu’elle est réversible c’est à dire qu’un retour aux pratiques anciennes est 7 perçu comme possible, la situation actuelle n’étant qu’exceptionnelle et temporaire. Les processus de transformation qui vont s’engager sont de nature différente selon que la situation soit réversible ou irréversible. Dans le cas ou la situation est réversible, les nouvelles pratiques contradictoires vont entraîner des modifications de la représentation, les éléments nouveaux vont être intégrés dans la représentation mais uniquement par une transformation du système périphérique, le noyau central de la représentation reste stable et insensible à ces modifications. Jusqu’à présent nous avons exposé des éléments qui concernent les représentations sociales. Cependant nous souhaitons y joindre deux autres champs d’étude s’intéressant au changement de comportement : les théories de la communication persuasive et de l’engagement. Nous étudierons ce quelles peuvent apporter aux représentations sociales, notamment si elles peuvent nous permettre de modifier notre représentation sociale. 2. La communication persuasive La théorie de la communication (Shannon et Weaver, 1948) a pour concept clé la transmission d’informations. En effet, pour ces auteurs, l’information est vue comme une donnée qu’il faut essayer de transmettre le plus fidèlement possible. Ils décrivent la communication à travers l’existence d’un émetteur, d’un canal et d’un récepteur. Ghiglione (1986) introduit la théorie du contrat de communication. Pour lui, la finalité de toute action de communication est la persuasion. Selon cet auteur, la communication ne se limite pas à échanger des informations mais implique également une tentative d’influence de la personne avec laquelle on communique. Il existe deux grands modèles de la communication persuasive qui tendent à décrire et expliquer comment les gens réagissent face à des messages persuasifs. Il s’agit du modèle de la probabilité d’élaboration (Petty et Cacioppo, 1986) et du modèle du traitement heuristique-systématique (Chaiken, 1987). Ces deux modèles font l’hypothèse qu’on peut utiliser deux types de traitement différents quand on est soumis à un message persuasif. Le premier se met en place lorsque les sujets sont impliqués par le thème du message et portés vers l’analyse des arguments. Il s’agit de 8 la voie centrale selon l’expression de Petty et Cacioppo (1986) et du traitement systématique selon la terminologie de Chaiken (1987). Lors de ce type de traitement la persuasion dépend directement de la qualité des arguments. En revanche, si les sujets ne sont pas intéressés par le contenu du message mais par des éléments sans rapport direct (par exemple : la voix du locuteur), ils s’engagent alors sur la voie dite périphérique (Petty et Cacioppo, 1986). Cette voie est comparable au traitement heuristique défini par Chaiken (1987). En effet, cet auteur nous montre que ce mode de traitement ne dépend pas des éléments périphériques mais de règles simples de décisions appelées heuristiques (par exemple : « il est sûr de lui, il a raison »). Elles sont apprises et disponibles en mémoire et peuvent être évoquées par des indices inclus dans le message ou pré-activées par des tâches préalables. Les deux modèles font état d’une voie ou d’un type de traitement dont les effets sont comparables mais dont les modes de fonctionnement diffèrent. La voie périphérique (ou heuristique) tout comme la voie centrale (ou systématique) peut conduire à la persuasion. L’efficacité d’un message dépend du contenu du message ainsi que des caractéristiques intrinsèques de la cible. En effet, la voie centrale (ou traitement systématique) est efficace avec les personnes qui ont un fort besoin de cognition (ceux qui n’utilisent pas les heuristiques). De la même façon, le traitement heuristique (ou voie périphérique) ne fonctionne qu’avec les utilisateurs chroniques d’heuristiques (ceux qui ont un faible besoin de cognition). Si nous souhaitions utiliser ces modèles, il faudrait construire des messages qui permettent d’emprunter les deux types de traitement. Le message doit donc contenir une quantité importante d’arguments de qualité présentée par une source jugée crédible. Tafani & Mugny (2002) réalisent une expérience avec une phase d’influence sociale dans laquelle ils manipulent plusieurs variables comme la crédibilité de la source, la compétence auto-évaluée, la réversibilité de la situation et la comparaison sociale. Il en ressort qu’il n’y a aucune influence latente si la situation est jugée réversible. Au contraire, si la situation est présentée comme irréversible, on peut alors obtenir une modification de la représentation en faisant varier les différentes conditions expérimentales. Ces recherches menées sur les représentations n’ont pas montré la possibilité d’un grand changement de manière brutale chez les individus. 9 Nous exposerons la théorie de l’engagement et nous étudierons ce quelle peut apporter, notamment si le fait d’être engagé peut permettre des modifications brutales de la représentation. 3. L’engagement 3.1. Définition C’est Lewin (1943, 1947) qui ouvre la voie d’une longue série de travaux sur l’engagement, grâce à la découverte de l’effet gel. En effet, Lewin est parvenu à induire un changement comportemental aussi important que la modification des pratiques alimentaires familiales, et ce, par une stratégie en soit très minime : inciter les ménagères à effectuer un simple geste (celui de lever la main publiquement pour témoigner d‘une prise de décision). Lewin place cet acte comme un maillon intermédiaire entre l’attitude et le comportement. Ce lien va traduire la notion d’effet de gel : à chaque décision prise, nous serons, plus ou moins liés à elle. La décision de se comporter de telle ou telle manière étant fixée, elle va geler les autres options possibles et conduire le décideur à rester sur sa décision. C’est la raison pour laquelle les décisions que l'on prend nous engagent. Nous devons les premiers fondements théoriques de la psychologie de l’engagement à Kiesler et Sakamura (1966). Ils définissent l’engagement comme « le lien qui unit l’individu à ses actes comportementaux ». Cette définition met en évidence que ce ne sont pas nos convictions, nos opinions ou nos croyances qui nous engagent mais nos conduites effectives. Selon Joule et Beauvois (1998), cette définition est quelque peu restrictive. En effet elle néglige le contexte dans lequel l’acte est réalisé, et donc le caractère externe de l’engagement. Ils proposent alors une nouvelle définition de l’engagement : « l’engagement correspond, dans une situation donnée, aux conditions dans lesquelles la réalisation de l’acte ne peut être imputable qu’à celui qui l’a réalisé » (p.60). L’engagement n’est pas une disposition, ni seulement une auto-attribution interne, mais aussi un ensemble de caractéristiques d’une situation observable qui a pour conséquence de lier une personne à ses actes. 10 Comme nous allons le voir le caractère engageant d’une situation dépend de plusieurs facteurs. 3.2. Conditions de production Joule et Beauvois (1998, 2004) s’intéressent aux conditions situationnelles qui vont permettre un acte engageant. Ces conditions sont appelées des conditions engageantes. Les auteurs ont classé ces conditions en deux catégories : - la taille de l’acte qui comporte la visibilité et l’importance de l’acte - les raisons de l’acte. 3.2.1 La taille de l’acte La visibilité de l’acte : Selon la définition de Joule et Beauvois (1998), l’engagement augmentera avec la visibilité de l’acte. Celle-ci dépend de quatre facteurs : - Le caractère public de l’acte : un acte réalisé en public, devant une ou plusieurs personnes, est plus engageant qu’un acte anonyme. - Le caractère explicite de l'acte : un acte qui ne peut pas être interprété de multiples façons est plus engageant qu'un acte ambigu. - L'irrévocabilité de l'acte : un acte irréversible est plus engageant qu’un acte réversible, l’impossibilité de retour en arrière rend l’acte plus visible. - La répétition de l'acte : un acte produit plusieurs fois est plus engageant qu’un acte qui n’est produit qu’une fois. L’importance de l’acte : plus l’acte est important plus il y a engagement. Deux facteurs définissent l’importance de l’acte : - Les conséquences de l'acte : un acte est plus engageant lorsque ses conséquences sont importantes. - Le coût de l'acte : un acte est plus engageant lorsque son coût est important en temps, en énergie, etc. La visibilité et l’importance de l’acte détermine sa taille ; par conséquent, plus l’acte est important et visible plus sa taille est grande et donc plus l’acte est engageant. 11 3.2.2 Les raisons de l’acte Il y a deux grandes classes de raisons : - les raisons externes : Les raisons d’ordre externes désengagent, elles attribuent un rôle plus important aux éléments qu’à l’acteur. Ce sont généralement les récompenses et les punitions, plus elles sont importantes plus elles désengagent. Elles créent de la distance entre l’acteur et son acte, elles expliquent le comportement de l’individu ce qui fait que ce dernier, ne se sent pas responsable de son acte. Le but, est également un facteur externe, de même, plus il est fort plus il désengage, une personne sera peu engagée par un acte s’il lui permet d’atteindre un but important. - les raisons internes : Au contraire, les raisons d’ordre internes engagent. Selon Beauvois (2001), les explications internes, qui sont valorisées dans nos sociétés libérales, renforcent l’association entre la valeur de l’acte accompli correctement identifié et la valeur de la personne qui a réalisée l’acte. D’une part, elles favorisent les autos attributions internes, par exemple, en valorisant l’acte accompli ; d’autre part, elles renforcent l’association acteur/acte. C’est pour ces raisons qu’elles produisent de l’engagement en amenant l’individu à se sentir responsable de son acte. Les explications internes ne peuvent pas exister sans le contexte de liberté dans lequel l’acte est réalisé. C’est le facteur d’engagement le plus important. Il est donc indispensable de déclarer libre la personne que l’on souhaite voir engagée, que ce soit sous une forme explicite ou implicite. La connaissance de ces facteurs contribue à l’analyse et à la manipulation des paramètres qui peuvent faire varier nos comportements. Une fois l’engagement réalisé il est indispensable de porter son intérêt sur ses effets. 12 3.3. Les effets de l’engagement Joule et Beauvois (2004) considèrent que les effets de l’engagement sont d’autant plus forts que l’engagement est fort. Ces effets dépendent des actes réalisés, nous en distinguons deux types : Les actes non problématiques sont des actes conformes aux attitudes des individus, c'est-à-dire qu’ils ne vont pas à l’encontre de leurs convictions et de leurs motivations. Par exemple, quelqu’un qui est pour la protection de l’environnement et qui rédige un texte dans ce sens, réalise un acte non problématique. Les actes non problématiques ont des conséquences sur deux plans : le plan comportemental et le plan cognitif. Au niveau cognitif, on s’attend à une consolidation des attitudes, à une plus grande résistance aux agressions idéologiques, voire à une extrêmisassions de l’attitude initiale (effet boomerang). Au niveau comportemental, on s’attend à voir un comportement plus stable et plus résistant dans le temps. De plus l’engagement augmente la probabilité d’apparition de nouvelles conduites consistantes avec le premier acte engagement. Les actes problématiques sont des actes qui sont inconsistants avec les attitudes des individus car ils heurtent leurs convictions et leurs motivations. Par exemple, quelqu’un qui est pour la protection de l’environnement et qui écrit un texte contre la protection de l’environnement réalise un acte problématique. Ces actes, comme les actes non problématiques, ont également une répercussion sur les plans cognitif et comportemental. Au niveau cognitif, on s’attend à un ajustement de l’attitude de l’individu engagé à cet acte problématique (une rationalisation). Au niveau comportemental, on s’attend aux mêmes effets que pour l’engagement dans un acte non problématique. On observe une stabilisation de la conduite dans le temps et une réalisation de comportements plus coûteux allant dans le même sens que le comportement initial. Ce sont donc nos actes qui nous engagent mais comment l’homme utilise ces connaissances ? 13 3.4. Le pied-dans-la-porte « Technique qui consiste à obtenir de quelqu’un qu’il émette un comportement non problématique et très peu coûteux dans le but d’obtenir par la suite un comportement plus coûteux » Freedman et Fraser (1966). Le paradigme de la soumission librement consentie (Joule, 1986) peut être défini comme l’étude des techniques susceptibles d’amener autrui à réaliser un comportement qu’il n’aurait pas réalisé de lui-même. Ce comportement peut être, soit pro attitudinal, soit contre attitudinal. Il s’agit, dans le premier cas, de la soumission librement consentie, où l’individu est amené à se comporter différemment de ses habitudes tout en ayant un sentiment de liberté. Ici, les comportements émis ne heurtent pas les convictions de l’individu. Dans le deuxième cas, il s’agit de la soumission forcée qui consiste à amener un individu à réaliser un acte contraire à ses attitudes. Nous nous intéresserons, ici, à une technique mise en évidence par Freedman et Fraser (1966). Ils ont montré la puissance de cette technique en faisant accepter à des individus des actes coûteux, tel que recevoir chez soi une équipe d’enquêteurs pour fouiller dans les placards ou encore de poser un grand panneau publicitaire dans leur jardin. Le pied-dans-la-porte est une stratégie permettant d’augmenter la probabilité que les gens produisent des comportements qu’ils n’auraient pas spontanément acceptés. Elle consiste à demander peu pour obtenir beaucoup. A la requête cible on fait précéder une requête de moindre coût. La réalisation de ce premier comportement, appelé « acte préparatoire », entraîne une plus grande acceptation de la requête cible. L’individu, engagé dans son premier acte, accepte plus facilement la requête ultérieure allant dans le même sens. Dans cette recherche nous utiliserons la technique du pied-dans-la-porte pour réaliser une soumission forcée chez les individus. 14 3.5. L’engagement et la dynamique des représentations sociales Souchet & Tafani (2004) proposent où ils utilisent le paradigme de l’essai contreattitudinal (rédaction d’un essai qui va à l’encontre des attitudes du sujet, soumission forcée) et le transposent en « essai contre-représentationnel », c’est-à-dire la rédaction d’un essai qui va à l’encontre d’un élément (central ou périphérique) de la représentation sociale des études. Les variables manipulées sont au nombre de trois : - Essai pro vs contre attitudinal - Le statut structural des cognitions (central vs périphérique) - La perception de la situation (réversible vs irréversible) Les résultats ont montré le rôle pertinent de l’irréversibilité perçue dans la transformation structural de la représentation sociale et sa persistance temporelle. Dans ce contexte, on observe un réel changement qui se maintient lorsque les sujets sont engagés dans un acte contre-représentationnel sur des cognitions centrales, ou dans un acte pro- représentationnel sur des cognitions périphériques. Renard, Bonardi, Roussiau & Girandola (2007) aborde, à partir de trois expériences, la question de la transformation de la représentation sociale des études, toujours, en situation de soumission forcée et de double soumission forcée. Première expérience : les sujets doivent rédiger une contre-argumentation écrite (Soumission forcée). Deuxième expérience : les sujets doivent produire une contre-argumentation orale (Soumission forcée). Enfin, troisième expérience : les sujets doivent produire une contre-argumentation écrite couplée à une argumentation orale (Double soumission forcée). Leurs résultats montrent qu’on n’observe pas de changement sur la structure de la représentation dans les conditions de soumission forcée simple, mais seulement en situation de double soumission forcée. Dans notre étude, nous tendrons de préciser ou d’infirmer les résultats déjà obtenus. De plus, nous chercherons à comparer l’efficacité d’un engagement et d’une persuasion pour induire un changement structural chez les individus. 15 4. Hypothèses théoriques A partir des développements précédents nous formulons les hypothèses suivantes : 1/ Sur la base des travaux de Souchet & Tafani (2004), nous faisons l’hypothèse qu’un acte engageant contre représentationnel d’une cognition centrale et qu’un acte engageant pro représentationnel d’une cognition périphérique produira un changement structural de la représentation sociale. 2/ Enfin nous nous attendons à ce qu‘un individu réalisant un acte engageant contre ou pro représentationnel selon que l’on manipule un élément central ou un élément périphérique, se verra adopter un changement structural de sa représentation sociale contrairement à un individu soumis à une persuasion contre ou pro représentationnel selon que l’on manipule un élément central ou un élément périphérique. En effet, un individu engagé devrait être en état de dissonance cognitive de manière plus importante qu’un individu persuadé et donc changer sa représentation plus facilement. III. Méthode Cette expérience a été réalisée en école primaire. Il s’agissait de tenter d’obtenir une modification de la représentation sociale de la mer chez des élèves en CE2 et CM1. A. Pré-tests : Etude des représentations sociales de la mer Dans un premier temps, il s’agissait de mettre en place une première étude représentationnelle chez la population étudiée. En effet, il est indispensable de connaître l’état de la représentation si l’on veut trouver un axe de changement. Pour ce faire, nous avons procédé à une technique d’association verbale. Nous avons demandé à 50 élèves de CE2-CM1 de produire cinq mots par rapport à la « mer ». Ils étaient abordés de la manière suivante : 16 « Bonjour, je m’appelle Pierre et je cherche à comprendre comment les gens s’imaginent la mer. Ce que je vais vous demander, si vous le voulez bien, c’est d’écrire les 5 mots ou expressions qui vous viennent à l’esprit quand je vous dis « mer ». Mettez les premiers mots auxquels vous pensez. Puis vous classerez ces cinq mots du plus important au moins important, « 1 » étant le plus important et « 5 » le moins important. Ce n’est pas une évaluation, vous n’êtes pas notés et vous n’avez pas besoin de marquer votre nom sur la feuille, c’est anonyme. Ce qui m’intéresse c’est votre vision personnelle. Si vous avez des questions, vous levez la main et je viendrai vous voir. » Les enfants se voyaient alors distribués une feuille sur laquelle ils pouvaient procéder à l’association de mots (cf. annexe I, p.34). 250 associations ont été produites, parmi ces associations nous avons pu mettre à jour 36 différents items associés à la représentation de la mer chez les enfants de CE2-CM1. Nous avons retenu les 12 items les plus représentatifs de la mer, en fonction de leur fréquence et de leur importance, afin de construire un test d’indépendance au contexte (T.I.C) qui nous permettra de déterminer, parmi ces items, ceux qui sont centraux et ceux qui sont périphériques (cf. annexe II, p.36). L’enquête se compose donc de douze questions construites avec une première partie invariante « A ton avis, peut on dire que la mer c’est toujours, dans tous les cas, un lieu… » suivie de la formulation de l’item, par exemple : «…où il y a de l’eau? ». Les réponses varient sur une échelle en quatre points « certainement non », « plutôt non », « plutôt oui », « certainement oui » avec une échelle intermédiaire de smiley ( Mortimore, Sammons, Stoll, Lewis et Ecob, 1988) qui comprend des visages dont l’expression évolue en quatre niveaux ; allant de très heureux à très triste. Ceci afin de faciliter l’application à des élèves de primaire. L’expérimentateur est donc retourné sur le « terrain », toujours dans une classe de CE2CM1 et a demandé à 25 élèves s'ils voulaient bien répondre à ce questionnaire. Ensuite, nous avons utilisé un test Kolmogorov-Smirnov pour trouver le seuil à partir duquel un élément pourra être considéré comme central. Nous avons obtenu pour ce prétest un seuil de 0,736 pour une significativité à .05. Après avoir traité les résultats (cf. annexe III, p.41), nous avons sélectionné deux items que nous manipulerons dans notre phase expérimentale. 17 - L’élément central sélectionné est : « poisson » - L’élément périphérique sélectionné est : « pollué » Le choix de ces items s’inscrit dans un contexte écologique puisque si les individus considèrent la mer comme un lieu très pollué ou il n’y a que peu de poissons, ils pourraient alors adopter des comportements de protection. A partir de ces deux items sélectionnés, nous avons construit deux messages persuasifs, un message contre représentationnel de l’item central « poisson » et un message pro représentationnel de l’item périphérique « pollué », qui seront présentés aux participants. Bien sûr, nous avons veillé à ce que ces deux messages n’activent aucun autre élément de la représentation sociale de la mer. B. L’expérimentation 1. Les participants 175 enfants scolarisés en classe de CE2 et CM1 dans les villes d’Ensues-la-Redonne, Sausset-les-Pins et Carro, ont participé à la présente expérimentation. Les participants ont un âge moyen de 9 ans et le même niveau scolaire. De plus, tous les enfants résident sur la côte bleue ou à proximité de celle-ci. En conséquence, nous considérons qu’ils ont tous du moins eu une expérience de la mer. Cette expérimentation fut directement réalisée dans les écoles, les enfants étant sollicités dans leur classe. 2. Matériel Les participants devaient remplir le questionnaire post-expérimental basé sur la technique du Test d’Indépendance au Contexte (T.I.C). Il s’agit d’une échelle qui est présentée comme une enquête étudiante sur la perception de la mer (cf. annexe II, p.36). Nous avons également préparé deux messages persuasifs qui étaient lu aux enfants, dans 18 certaines conditions expérimentales, avant de leur remettre le test d’indépendance au contexte. Le premier est un message pro représentationnel de l’élément périphérique « pollué », c'est-à-dire qui va contre l’idée que la mer est un lieu qui n’est pas toujours pollué et qui se décline de la façon suivante : « La mer est un lieu très pollué à cause des choses interdites qu'on y verse, de la négligence humaine, des causes naturelles ou encore des transports de marchandises. Presque tout ce qui vit dans la mer risque d'être pollué, voire de disparaître. Quand on nage on voit d'ailleurs souvent des choses qui flottent, cela va des déchets minuscules aux bouteilles en passant par les sacs en plastiques. Aujourd'hui, il y a 33 objets polluants qui flottent par mètre carré d'eau. ». Le second est un message contre représentationnel de l’élément central « poisson », qui est le suivant : « En l'espace d'un demi siècle l'homme par une pêche trop importante a fait disparaître énormément de poissons. En pêchant toujours plus profond, toujours plus loin avec des machines toujours plus performantes, l'homme ne leurs laisse aucune chance. Aujourd'hui c'est 100 millions de tonnes de poisson qui sont péchés par an dans le monde. On constate qu’ils sont de plus en plus rares et qu'il devient courant de trouver des lieux sans aucun poisson dans la mer. ». Ce message va contre l’idée que la mer est un lieu où il y a toujours des poissons. Nous avons également construit une feuille d’engagement (cf. annexe IV, p.42) qui était distribué aux enfants dans les autres conditions. Cette feuille comportait un espace pour réaliser l’acte engageant ainsi qu’un champ d’information personnelle à compléter tel que le nom, prénom, âge, classe, signature ; ceci garantissant la visibilité de l’acte. 3. Plan expérimental Notre recherche est composée de deux variables indépendantes : la nature de l’action (A) à deux modalités (être sujet à une communication persuasive versus réaliser un acte engageant) et le type de changement de la représentation (C) à deux modalités également (changer un élément périphérique en élément central versus changer un élément central en élément périphérique). Chaque condition est composée de 25 individus, notre plan expérimental est conçu sous la 19 configuration S25<A2*C2> et comprend quatre conditions expérimentales et une condition contrôle (hors champs): Condition 1 : communication persuasive pro périphérique Condition 2 : communication persuasive contre central Condition 3 : engagement pro périphérique Condition 4 : engagement contre central Condition contrôle : Cette condition a été réalisée pendant notre pré-test. En effet, le participant est directement soumis à la requête cible, il ne subit aucune manipulation expérimentale et remplit simplement le test d’indépendance au contexte. Notre variable dépendante est le score obtenu au T.I.C pour les deux items manipulés. On s’attachera également à observer les scores des autres items pour voir s’il n’y a pas eu d’effet sur ceux-ci. 4. Procédure Les participants étaient sollicités dans leur classe pour participer à une étude sur la perception de la mer. Ils étaient tous abordés de la manière suivante : « Bonjour, je suis étudiant à l’université de Nîmes et je participe à une recherche sur la question de la mer. Avez-vous dix minutes à m’accorder s’il vous plait? ». Biens sûr, le professeur de la classe était déjà au courant de l’étude, et il n’intervenait en aucun cas durant l’expérimentation. Si les participants acceptaient, l’expérimentateur continuait de manière distincte selon les différentes conditions. Or, la présente expérimentation comprend quatre conditions expérimentales qui dépendent du type d’acte auquel nous confrontions les participants et la nature de l’item sur lequel ils étaient amenés à réfléchir: Conditions 1 et 2 : communication persuasive (pro périphérique et contre central) Dans ces deux conditions, les participants recevaient un message persuasif soit sur l’item « pollué » pour faire entrer cet élément dans le noyau central (condition 1), soit sur l’item 20 « poisson » pour faire sortir cet élément du noyau central de leur représentation de la mer (condition 2). Ainsi, lorsqu’ils avaient acceptés de participer à l’étude, l’expérimentateur continuait de la manière suivante : « Je vais vous lire un petit article sur la mer qui a été fait par une association militante pour la protection de l’environnement, soyez bien attentif, s’il vous plait 1 », et il lisait un des deux messages persuasifs contre selon la condition expérimentale. Conditions 3 et 4 : engagement (pro périphérique et contre central) Dans ces deux autres conditions, l’expérimentateur procédait de la manière suivante : « Pour les besoins de l’enquête, je voudrais vous demander de trouver trois arguments qui défendent l’idée selon lequel la mer… » suivie de la formulation de l’item concerné « … est un lieu qui est très pollué » ou « … est un lieu où il y a peu de poissons ». Naturellement, vous êtes tout à fait libre d’accepter ou de refuser, c’est comme vous voulez2. N’oubliez pas les champs d’information personnelle. Je vous demanderai votre nom, prénom, âge, classe ainsi qu’une signature. Est-ce que tout est clair ? Alors si vous êtes d’accord nous pouvons commencer. » Une fois la communication persuasive ou l’acte engageant réalisé, les participants se voyaient tous remettre un test d’indépendance au contexte (cf. annexe II, p.36) par l’expérimentateur qui énonçait les consignes de passation (cf. annexe IV, p.42). Ce questionnaire servait à observer l’existence ou non d’un changement sur la représentation sociale de la mer et notamment sur les items qui nous concernent. Quand l’individu a fini de remplir ce questionnaire l’expérimentateur le remercie et répond aux éventuelles questions. On s’assure également que tous les individus, qui sont dans une même classe, ne connaissent qu’une condition expérimentale de notre expérimentation pour pouvoir donner une authenticité à nos affabulations et à notre procédure. 1 Cette affabulation permet de préciser à l’individu que le message est issu d’une source crédible, ceci est un facteur important de la persuasion (Petty, Caccioppo et Goldman, 1981). 2 Le fait de préciser à l’individu qu’il est tout à fait libre de réaliser cet acte garanti à l’individu son libre choix, ceci est un facteur des plus importants de l’engagement (Joule et Beauvois, 1998). 21 5. Hypothèses opérationnelles 1/ Les sujets des conditions d’engagement (conditions 3 et 4) devraient réaliser un changement structural de leur représentation pour changer l’élément manipulé en élément central ou périphérique selon le type du changement de la représentation. 2 / Enfin, les sujets des conditions d’engagement (conditions 3 et 4) devraient réaliser un changement structural de leur représentation pour changer l’élément manipulé en élément central ou périphérique selon le type du changement de la représentation, contrairement aux sujets des conditions de communication persuasive (conditions 1 et 2) ou l’on ne devrait pas trouver de différence structurale apportée par la manipulation. En effet, un individu engagé et en état de dissonance cognitive adoptera des changements plus brutaux qu’un individu persuadé. IV. Résultats Pour traiter les données recueillies à partir des tests d’indépendance au contexte (cf. annexe V, p.44), nous avons utilisé un test Kolmogorov-Smirnov afin de connaître le seuil à partir duquel un élément pourra être considéré comme central. Notre échelle qui allait de « 1 » à « 4 » a été ramenée à un état binaire (« 1 » et « 2 » = « 0 » ; « 3 » et « 4 » = « 1 ») afin d’obtenir une fréquence. En effet, si le sujet répond « probablement oui » ou « certainement oui » au T.I.C., c’est qu’il l’inclue dans sa représentation, si il répond « probablement non » ou « certainement non », c’est qu’il ne l’inclue pas dedans. Nous réaliserons ici une analyse de nos hypothèses une par une. Nous nous attacherons pour cela à comparer nos résultats à notre condition contrôle, (cf. annexe III, p.41) de manière à pouvoir observer et comparer les différences produites au sein de la représentation. 22 Hypothèse 1. Les sujets des conditions d’engagement (conditions 3 et 4) devraient réaliser un changement structural de leur représentation pour changer l’élément manipulé en élément central ou périphérique selon le type du changement de la représentation. Nous rappelons que le seuil de centralité déterminé par le test de Kolmogorov-Smirnov pour 25 sujets est de 0,736 significatif à .05. Or, c’est seulement lorsqu’un item est accepté par plus de 73,6% de la population qu’il sera considéré comme central. Tableau II : Moyennes et fréquences obtenus au test d’indépendance au contexte lors des deux conditions d’engagement Engagement pro périphérique « pollué » TIC moy TIC fréq 3.44 0.92 0.76 3 2.2 0.32 2.84 0.64 0.52 2.6 2.36 0.44 0.32 2.2 2.48 0.48 0.64 2.72 1.92 0.24 0.8 3.24 0.88 3.12 Eau Poissons Coquillages Protection Végétation Détente Sable Bateaux Crustacés Cailloux Pollué Métiers n=25; K.S.=.736 Eau Poissons Coquillages Protection Végétation Détente Sable Bateaux Crustacés Cailloux Pollué Métiers Engagement contre central « poisson » TIC moy TIC fréq 3.4 0.76 2.32 0.36 3 0.84 3.44 0.8 2.76 0.72 2.48 0.52 2.68 0.6 2.76 0.68 2.64 0.52 2.64 0.56 2.72 0.76 3.28 0.84 n=25; K.S.=.736 Regardons premièrement, la condition d’engagement pro-représentationnel de l’élément périphérique « pollué ». Nous remarquons que cet item est devenu un élément central de la représentation de la mer avec un taux d’acceptation de 80% contre 64% en condition contrôle. Nous observons également que la manipulation de l’item « pollué » n’a aucunement changé de taux d’acceptation de l’item central « poisson ». Celui-ci reste central à l’égal du groupe contrôle, même si l’on peut observer un taux d’acceptation plus faible de 76% contre 92%. De plus, nous remarquons que le noyau reste à peu près stable, en tout cas en ce qui 23 concerne les éléments les plus centraux comme « eau », « poisson », « métiers ». En ce qui concerne la condition d’engagement contre représentationnel de l’élément central « poisson ». On voit une baisse du taux d’acceptation de cet item, 36% de la population l’inclue dans leur représentation de la mer. Cet élément est donc devenu périphérique et de façon assez brutale puisque qu’il avait un taux d’acceptation de 92% en condition contrôle et que le seuil de centralité est à 73,6%. Nous distinguons, également, des modifications au sein du noyau central de la représentation. La manipulation de l’item « poisson » a changé le taux d’acceptation de l’item « pollué », celui-ci se voit devenir un élément central de la représentation avec un taux d’acceptation de 76%. Ceci s’explique lorsque nous regardons de plus prêt les arguments trouvés par les individus lors de l’acte engageant. En effet, les enfants expliquent le plus souvent la non présence de poissons dans la mer par une pollution dévastatrice. Hypothèse 2. Les sujets des conditions d’engagement (conditions 3 et 4) devraient réaliser un changement structural de leur représentation pour changer l’élément manipulé en élément central ou périphérique selon le type du changement de la représentation, contrairement aux sujets des conditions de communication persuasive (conditions 1 et 2) ou l’on ne devrait pas trouver de différence structurale apportée par la manipulation. Dans nos deux conditions de communication persuasive, nous pouvons observer que les deux items manipulés « poisson » et « pollué » sont tout à fait stable par rapport au groupe contrôle. L’item poisson reste central avec 96% d’acceptation en condition de persuasion contre central et l’item « pollué » reste quant à lui périphérique avec 64% d’acceptation en condition de persuasion pro-périphérique. Une deuxième observation serait que la manipulation d’un item que ce soit « poisson » ou « pollué » n’a aucunement influencé le taux d’acceptation de l’autre item. Dans les deux conditions expérimentales l’item « poisson » reste central et l’item « pollué » reste périphérique à l’égal du groupe contrôle. 24 Tableau III : Moyennes et fréquences obtenus au test d’indépendance au contexte lors des deux conditions de persuasion Persuasion pro périphérique « pollué » TIC moy TIC fréq Eau Poissons Coquillages Protection Végétation Détente Sable Bateaux Crustacés Cailloux Pollué Métiers 3.24 3.28 2.88 3 .28 2.84 3.04 2.52 2.84 2.84 2.32 2.8 3.48 0.8 0.8 0.72 0.76 0.72 0.76 0.52 0.72 0.68 0.52 0.64 0.88 n=25; K.S.=.736 Eau Poissons Coquillages Protection Végétation Détente Sable Bateaux Crustacés Cailloux Pollué Métiers Persuasion contre central « poisson » TIC moy TIC fréq 3.8 0.96 3.04 0.84 2.84 0.72 2.8 0.64 3 0.72 2.8 0.64 2.24 0.32 2.8 0.72 3.04 0.8 2.16 0.32 2.12 0.4 3.12 0.84 n=25; K.S.=.736 De plus, nous remarquons que la structure de la représentation reste stable, le noyau central est inchangé, en ce qui concerne les éléments les plus centraux, et il en est de même pour les éléments périphériques. De la même façon, nous observons que l’engagement permet de modifier la structure de la représentation contrairement à la communication persuasive. Néanmoins, seulement dans certaines conditions précises selon que l’on souhaite convertir un élément périphérique en élément central ou l’inverse. V. Discussion Cette recherche a été réalisée dans le but de tester les effets que pouvaient avoir la soumission forcée sur les représentations sociales, ici en l’occurrence la représentation sociale de la mer ; Notamment, de démontrer que l’on peut les influencer dans le sens qu’on l’entend grâce à cette technique. Nous nous intéressions également à comparer les effets d’une communication persuasive, technique communément utilisée pour la prévention. Dans leur ensemble, les résultats montrent qu’il y a effectivement un impact de la 25 soumission forcée sur la représentation sociale étudiée, contrairement à la communication persuasive qui ne produit aucun effet. Conformément à notre première hypothèse, le fait de réaliser un engagement qui va à l’encontre d’un élément central ou qui va dans le sens d’un élément périphérique permet d’obtenir un changement structurale de la représentation. Dans notre cas, nous avons manipulé l’élément central « poisson » et l’élément périphérique « pollué ». Suivant la littérature (Souchet et Tafani, 2004), la réalisation d’un acte engageant contre représentationnel, qui consistait ici à rédiger trois arguments en faveur de l’idée qu’il n’y a pas toujours, dans tous les cas des poissons dans la mer, permet une réelle transformation structurale de la représentation sociale. Nous remarquons donc que l’élément central « poisson » devient un élément périphérique de la représentation après notre manipulation expérimentale. En effet, l’individu étant engagé dans cet acte contre représentationnel se retrouve en dissonance et tend à réorganiser le statut structural des cognitions relatives à sa représentation. En ce qui concerne l’élément périphérique « poisson », il s’agissait de la manipuler afin de la faire devenir un élément central de la représentation de la mer. Nous avons bien réussi à observer cela à travers la réalisation par l’individu, d’un acte engageant pro représentationnel. Les individus réalisant un acte engageant qui va dans le sens de l’élément périphérique, se voient réorganiser leur représentation et changer la structure de celle-ci. Ces observations vont dans le sens de Souchet et Tafani (2004) qui démontrent un réel changement de la représentation sociale, lorsque les sujets sont engagés dans un acte contre représentationnel sur des cognitions centrales, ou dans un acte pro représentationnel sur des cognitions périphériques. Enfin, nos résultats montrent que les deux conditions de communication persuasive, contre représentationnel et pro représentationnel, n’emmène pas les individus à un réel changement structural de leurs représentations, comme nous l’attendions dans notre hypothèse 2. Ceci peut s’expliquer, par le fait que de nombreuses personnes ne soient pas influencées par des messages persuasifs bien construits. Petty et Cacioppo (1986) ainsi que Chaiken (1987) expliquent cette résistance par des différences interpersonnelles. Ces modèles ne s’appliquant qu’aux effets du message, ils ne peuvent pas prendre en compte certains 26 facteurs situationnels importants. D’autres modèles de la communication (Ghiglione, 1986 ; Katz et Lazarsfeld, 1955) en tiennent compte. Ils intègrent les interactions possibles entre les personnes qui reçoivent une information. Néanmoins, ces modèles ne proposent pas des méthodes d’actions efficaces qui conduiraient au changement de comportement. Il parait également intéressant de souligner qu’apparemment nous nous sommes confrontés à moins de difficultés, par rapport aux autres études déjà existantes dans ce domaine, pour obtenir un changement des représentations sociales de manière aussi brutale. En effet, Flament (1994) ou encore Tafani et Mugny (2002) ont démontré qu’un changement de la représentation sociale était possible seulement si les acteurs étaient engagés dans une situation considérée comme irréversible, c'est-à-dire qu’un retour à des pratiques anciennes est impossible. Or, nous constatons dans cette présente recherche que les conditions situationnelles qui ont permis la production de l’engagement, tel que la visibilité de l’acte, son importance et le contexte de liberté ont suffit, pour que notre population considère l’acte engageant réalisé comme irréversible. De plus, Renard, Bonardi, Roussiau et Girandola (2007) ont montré que l’on n’observe pas de changement sur la structure de la représentation dans les conditions de soumission forcée simple, mais seulement en situation de double soumission forcée. Ceci nous laisse penser que notre population, des enfants de CE2-CM1, est certainement plus apte à effectuer des changements structuraux de leur représentation avec facilité. Du moins avec moins de résistance qu’un adulte. Cette hypothèse nous apparait comme pertinente car la transmission de valeurs respectueuses de l’environnement à des enfants est primordiale. Or, le gouvernement, par ses directives, a confié cette mission aux enseignants, qui jusqu’à présent apportaient des savoirs et des connaissances objectives. Malgré leur preuve d’intérêt et de désir d’engagement, ils se retrouvent quelque peu démunis devant l’ampleur des transformations nécessaires. En effet, les formes d’enseignement ordinaire sont considérées comme peu appropriées à cette démarche qui a pour objectif un changement profond et durable chez l’enfant. Si effectivement, il est plus simple de moduler la représentation sociale d’un enfant, alors la mise en œuvre de cette théorie semble comme primordiale pour responsabiliser les 27 futurs acteurs de l’environnement et adaptée pour répondre aux difficultés rencontrées par les enseignants quant à la sensibilisation. Il apparait donc pertinent de compléter cette recherche en y incluant une comparaison de l’efficacité de cette procédure entre les enfants et les adultes. Il serait également intéressant de pouvoir mesurer l’attitude ainsi que le comportement effectif des individus, car l’analyse effectuée ici étant seulement centrée sur la structure de la représentation, nous ne connaissons pas les apports en terme pratique que peuvent apporter ces changements de structure représentationnel. 28 Bibliographie Abric, J-C. (1987). Coopération, compétition et représentations sociales. Cousset : Delval. Abric, J-C. (1976). Jeux, conflits et représentation sociale. Thèse d’Etat, Université de Provence Abric, J-C. (1989). L’étude expérimentale des représentations sociales. In D. Jodelet (Ed.), Les représentations sociales. Paris : PUF, 205-223 Abric, J-C. (1994). L'organisation interne des représentations sociales : système central et système périphérique. In C. Guimelli (Ed.), Structures et transformations des représentations sociales. Lausanne: Delachaux et Niestlé, 73-84 Beauvois, J.L. (2001). Sur l’avenir de la psychologie sociale appliquée, dans Monteil, J.M., Beauvois, J.-L (Ed.), Des compétences pour l’application, PUG, 381-393. Chaiken, S. (1987). The heuristic model of persuasion. In M. P. Zanna, J. M. Olson, & C. P. Herman (Eds.), Social influence: The Ontario Symposium. Hillsdale, NJ: Erlbaum, 5, 339 Flament, C. (1994). Structure, dynamique et transformation des représentations sociales. In J.C. 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Urbana: The University of Illinois Press. Souchet, L. & Tafani, E. (2004). Pratiques, engagement et représentations sociales : Contribution expérimentale à un modèle de la dynamique représentationnelle. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 63, 81-92. Tafani, E., Mugny, G. (2002). Influence et représentation sociale : le rôle des enjeux identitaires dans la dynamique représentationnelle. Psychologie Française, 52, 499-517 31 TABLE DES ANNEXES Annexe I : Feuille d’association de mots Annexe II : Test d’indépendance au contexte présenté comme un questionnaire sur la perception de la mer Annexe III : Résultats obtenus lors du pré-test (condition contrôle) Annexe IV : Feuille d’engagement présentée comme une enquête Annexe V : Consigne de passation, énoncée par l’expérimentateur Annexe VI : Résultats bruts complets des différents groupes 32 ANNEXE I ________________________________________________________________ Feuille d’association de mots 33 • Ecris les 5 mots qui te viennent à l’esprit quand je te dis « mer » (Note-les au fur et à mesure.) __________________ __________________ __________________ __________________ __________________ • Puis, classe tes 5 mots du plus important au moins important (selon toi) Le plus important 1. _________________ 2. _________________ 3. _________________ 4. _________________ 5. _________________ Le moins important 34 ANNEXE II ________________________________________________________________ Test d’indépendance au contexte présenté comme un questionnaire sur la perception de la mer 35 Rue du Dr Georges Salan 30021 Nîmes Cedex 01 0 466 364 563 Enquête sur l’image de la mer Pour savoir ce que les gens pensent de la mer, nous te demandons de répondre à ce questionnaire, si tu le veux bien. Nous avons besoin de tes réponses. Les réponses de ce questionnaire sont anonymes, tu n’as pas besoin d’inscrire ton nom. Il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse, tu ne seras pas évalué sur cela. 36 • Pour chaque question réponds selon ce que tu penses (Prends le temps de bien lire les questions) 1°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a de l’eau? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 2°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a des poissons? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 3°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a des coquillages ? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 4°) A ton avis, peut on dire que la mer nécessite toujours, dans tous les cas, d’être protégée contre la pollution? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 37 5°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a de la végétation? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 6°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où l’on se détend? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 7°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a du sable ? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 8°) A ton avis, peut on dire que la mer c’est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a des bateaux? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 38 9°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a des crustacés ? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 10°) A ton avis, peut on dire que la mer c'est toujours, dans tous les cas, un lieu où il y a des cailloux? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 11°) A ton avis, peut on dire que la mer c’est toujours, dans tous les cas, un lieu pollué? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui 12°) A ton avis, peut on dire que la mer c’est toujours, dans tous les cas, un lieu où il existe des métiers? Certainement non Probablement non Probablement oui Certainement oui MERCI POUR TA PARTICIPATION 39 ANNEXE III ________________________________________________________________ Résultats obtenus lors du pré-test (condition contrôle) Tableau I : Moyennes et fréquences obtenus au test d’indépendance au contexte lors du pré-test (contrôle) Contrôle Eau Poissons Coquillages Protection Végétation Détente Sable Bateaux Crustacés Cailloux Pollué Métiers TIC moyennes TIC fréquences 3.8 3 .36 3.04 3.72 2.92 3.4 2.88 2.88 3 2.48 2.72 3.56 0.96 0.92 0.72 0.92 0.76 0.84 0.64 0.68 0.76 0.56 0.64 0.92 n=25; K.S.=.736 40 ANNEXE IV ________________________________________________________________ Feuille d’engagement présentée comme une enquête 41 • Trouve trois arguments : (Tu es tout à fait libre de faire cette enquête) ⇒ ⇒ ⇒ Nom, Prénom : Classe : Age : Signature : 42 ANNEXE V ________________________________________________________________ Consigne de passation, énoncée par l’expérimentateur Bonjour, je m’appelle Pierre, je suis étudiant à l’université de Nîmes. Nous faisons cette enquête pour savoir comment les gens s’imaginent la mer. Nous allons vous distribuer un questionnaire que vous allez remplir si vous le voulez bien. Nous avons besoin de vos réponses pour recueillir des données sur cette question. Ce n’est pas une évaluation, vous n’êtes pas noté et vous n’avez pas besoin de marquer votre nom dessus, les réponses sont anonymes. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse, ce qui m’intéresse c’est ce que vous pensez. Vous avez 12 questions, pour chacune d’elles vous devez répondre en entourant l’une des quatre réponses qui vous semble la plus juste. ⇒ Exemple au tableau, expliquant l’échelle. Prenez le temps de bien lire les questions, je vous rappelle qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse, c’est votre opinion personnelle qui m’intéresse. Si vous avez des questions, vous levez la main et je viendrai vous voir mais vous ne parlez pas tant que tout le monde n’a pas fini. 43 ANNEXE VI ________________________________________________________________ Résultats bruts complets des différents groupes 44 45 46 47 Résumé : La présente recherche rend compte de plusieurs champs d’étude traditionnellement disjoints : le champ de la soumission forcée, le champ de la persuasion et la dynamique des représentations sociales. Elle se déroule en milieu scolaire avec des enfants de primaires sur le thème de la protection de la mer Méditerranée. Cent soixante quinze enfants ont remplis un Test d’Indépendance au Contexte (T.I.C.) afin de connaitre la structure de la représentation qu’ils ont de la mer. Les hypothèses testent l’efficacité d’une persuasion versus une soumission forcée pour changer la structure d’une représentation sociale dans le sens qu’on entend. Après avoir pris connaissance de la représentation sociale de la mer chez notre population, nous avons manipulé un item central pour le faire devenir un item périphérique et un item périphérique pour le faire devenir central. Pour cela, nous avons utilisé un engagement contre et pro représentationnel ainsi qu’une persuasion contre et pro représentationnel. Les résultats confirment notre hypothèse à savoir que la soumission forcée est plus efficace que la persuasion pour obtenir un changement brutale de la représentation sociale chez les individus. Mots clefs : soumission forcée, persuasion, représentation sociale, engagement contre représentationnel, engagement pro représentationnel, test d’indépendance au contexte. 48