59 Exemple 89. La fonction f : x �→ x2 est deux fois dérivable sur R, et a pour dérivée et dérivée seconde sur R : et f �� (x) = 2 f � (x) = 2x Puisque sa dérivée seconde est positive sur R, la fonction f est convexe sur R. En un point x0 où la dérivée seconde f �� d’une fonction f change de signe, le graphe de cette fonction traverse sa tangente. Par exemple si f �� est positive avant x0 alors f est convexe avant x0 et donc son graphe est au-dessus de ses tangentes, et si f �� est négative après x0 alors f est concave après x0 et son graphe est au-dessous de ses tangentes : dans ce cas, le graphe de f est au-dessus de sa tangente au point (x0 , f (x0 )) avant x0 et au-dessous après, donc il "traverse" sa tangente en ce point. On donne un nom particulier à ce type de points : Définition 51. Soit f une fonction deux fois dérivable sur un intervalle I, un point x0 de I est appelé point d’inflexion de f si sa dérivée seconde f �� change de signe au point x0 . Exemple 90. Si on considère la fonction sinus sin : x �→ sin(x) alors elle est deux fois dérivable sur [0, 2π] et sa dérivée seconde est sin�� (x) = − sin(x) qui change de signe en π : sur [0, π] la dérivée seconde − sin est négative et donc sin est concave, et sur [π, 2π] cette dérivée seconde est positive et donc sin est convexe. Au point x0 = π, la tangente de sin est y = (−1) ∗ (x − π) + 0 et le graphe de sin passe donc de au-dessous de sa tangente à au-dessus : y y = sin(x) x y =π−x 4.6.5 Tracé du graphe d’une fonction En vue de tracer le graphe d’une fonction numérique f , on procède selon les étapes suivantes : — on détermine le domaine de définition de f ; — on calcule les limites de f aux bords de son domaine de définition ; — on étudie les asymptotes éventuelles de f en −∞ et +∞ ; — on calcule la dérivée f � et on donne le tableau de variations de f , en faisant apparaitre les extrema (locaux et/ou globaux) ; — on calcule la dérivée seconde f �� , on étudie son signe pour déterminer les intervalles sur lesquels f est convexe ou concave, et on trouve les points d’inflexion. — enfin pour tracer le graphe de f on reporte les asymptotes, les directions asymptotiques, les tangentes horizontales aux points où f atteint un extremum et les tangentes aux points d’inflexion : on a alors suffisamment d’indications pour tracer l’allure du graphe. 60 2 On traitera de manière étendue en cours le cas de la fonction Gaussienne f : x �→ e −x , pour obtenir le graphe suivant : y y = e−x x 2 61 5 5.1 Intégrale et primitive Intégrale d’une fonction continue Soit a et b deux nombres réels tels que a < b, et soit f une fonction continue sur le segment [a, b], le graphe de f , l’axe des abscisses et les droites verticales x = a et x = b délimitent une région du plan (qui peut être en plusieurs morceaux si f s’annule), représentée en gris dans l’exemple ci-dessous : y y = f (x) a b x On peut associer à cette région du plan comprise entre le graphe de f et l’axe des abscisses son aire signée : on dit signée parcequ’on compte en positif l’aire de la zone qui se trouve au-dessus de l’axe des abscisses, et en négatif la partie qui se trouve au-dessous. Exemple 91. On considère par exemple le cas a = −1, b = 2 et f (x) = x. L’aire signée de la partie du plan comprise entre le graphe de f (x) = x et l’axe des abscisses sur [−1, 2] vaut alors 32 : y y=x l’aire du petit triangle sous l’axe des abscisses est égale à 12 , elle est comptée pour − 12 , et l’aire du grand triangle au-dessus de l’axe des abscisses est égale à 2, elle est comptée pour +2. L’aire signée vaut donc − 12 + 2 = 32 . x Comme on va le voir, cette aire signée a une grande importance en mathématiques, c’est pour cette raison qu’on introduit la notion suivante : Définition 52. Soit a et b deux nombres réels tels que a < b et soit f une fonction continue sur le segment [a, b], on appelle intégrale de f sur le segment [a, b] l’aire signée de la partie du plan qui se trouve entre le graphe de la fonction f sur [a, b] et l’axe des abscisses. On note ce nombre Remarque 40. Par convention on pose le nombre − � b a f (t)dt. � a a f (t)dt = 0, et si a < b alors la notation � a b � b a f (t)dt. f (t)dt désigne 62 On déduit les propriétés suivantes de la définition l’intégrale en terme d’aire signée : 5.1. Propriété – Intégrale 1. Soit a < b et soit f une fonction continue sur le segment [a, b], alors : — Relation de Chasles : pour tout c ∈ [a, b] on a � b a f (t)dt = � c a f (t)dt + � b f (t)dt c — Intégrale d’une constante : si α est un nombre réel fixé et f (x) = α pour tout x ∈ [a, b] alors � b a f (t)dt = � b a α dt = α(b − a) — Si g est continue sur [a, b] et f (x) ≤ g(x) pour tout x dans [a, b] alors � b a f (t)dt ≤ � b g(t)dt a En particulier, si m et M sont deux constantes telles que m ≤ f (x) ≤ M pour tout x ∈ [a, b] alors m≤ � 1 b−a � b a f (t)dt ≤ M b 1 f (t)dt est appelé valeur moyenne de f sur [a, b]. b−a a — Lien avec la parité : on suppose a ≥ 0, si f est une fonction paire sur [−a, a] alors � � Le nombre a −a f (t)dt = 2 et si f est impaire sur [−a, a] alors � a a 0 −a f (t)dt f (t)dt = 0. Exemple 92. Si on reprend l’exemple 91, comme f (x) = x alors on a −1 ≤ f (x) ≤ 2 pour tout x dans � 2 1 3 1 1 f (t)dt = × = [−1, 2] et on voit que la valeur moyenne de f sur [−1, 2], qui vaut 2 − (−1) −1 3 2 2 est bien entre −1 et 2. Une autre manière de définir l’intégrale de f sur [a, b] est la suivante : on associe à la fonction f la suite (In )n≥1 de terme général In = � � b − a n−1 b−a f a+k n k=0 n � Géométriquement, In est la somme des aires des n rectangles construits à partir de f de la manière suivante : 63 y y = f (x) a x b Exemple 93. Si on reprend à nouveau l’exemple 91 on a alors b − a = 2 − (−1) = 3 et on peut calculer I2 I3 � � 3 3 = 3f (−1) = 3 × (−1) = −3 f −1 + 0 × 1 1 � � � � � � 1 3 3 3 3 3 3 3 = + f −1 + 1 × = f (−1) + f =− f −1 + 0 × 2 2 2 2 2 2 2 4 � � � � � � 3 3 3 3 3 3 = + f −1 + 1 × + f −1 + 2 × f −1 + 0 × 3 3 3 3 3 3 = f (−1) + f (0) + f (1) = 0 I1 = In = = � � 3 n−1 3 f −1 + k n k=0 n � � = � � � 3 n−1 3 −1 + k n k=0 n � � � � � 3 n−1 9 3 n−1 3 3 (n − 1)n 3 (−1) + k = −n + = − n k=0 n k=0 n n 2 2 2n Dans ce cas la suite (In )n≥1 est la suite de terme général In = 3 2 − 9 2n . On peut démontrer que la suite (In )n≥1 ainsi définie est toujours convergente, et plus précisément que sa limite est l’aire signée de la partie du plan qui se trouve entre le graphe de la fonction f sur [a, b] et l’axe des abscisses : c’est donc l’intégrale de f sur [a, b]. On a alors la propriété : 5.2. Propriété – Intégrale 2. Soit a < b et soit f une fonction continue sur le segment [a, b], alors : � b a f (t)dt = � � b − a n−1 b−a f a+k n→+∞ n n k=0 lim � Exemple 94. On reprend l’exemple 91 : dans ce cas, puisque la suite (In )n≥1 est la suite de terme 9 on voit que sa limite est bien 32 , qui est effectivement l’aire signée de la partie du général In = 32 − 2n plan comprise entre le graphe de f (x) = x et l’axe des abscisses sur [−1, 2].