
3
A.L’assainissement des finances publiques est un préalable au
maintien d’un volume d’investissements élevés en infrastructures
Parmi les missions qui échoient à l’Etat, une est prioritaire : fournir aux administrés
des infrastructures suffisantes en nombre, en nature et en qualité, ne fussent que
parce qu’elles apportent une contribution essentielle au développement
économique et social d’un pays.
Mais la mise en œuvre de cette responsabilité peut recouvrir des formes variées :
l’Etat peut financer, cofinancer ou simplement autoriser la prise en charge de la
dépense par les usagers.
Tout d’abord, l’Etat peut financer directement l’investissement. Cette forme
d’action est devenue, dans nos sociétés industrialisées, moins fréquente, entre
autres parce qu’elle n’est pas la plus efficace économiquement. L’assainissement
des finances publiques est parfois évoqué comme la cause de la contraction des
dépenses d’investissement. En fait, la cause réelle tient à l’excès de dépenses
publiques du début des années 90. En 1993, au moment où le traité de Maastricht
est entré en vigueur, les déficits publics dépassaient 6% du PIB. Et l’Europe
traversait la plus importante récession depuis la fin de la guerre, avec une chute
moyenne de son PIB de 0,5%. Déficit public et croissance ne font jamais bon
ménage.
En outre, la mauvaise gestion des finances publiques tue l’investissement pour une
raison de bon sens : sans argent pour investir, il n’y a plus d’investissement
possible. Pour faire redémarrer l’investissement public, il faut donc d’abord recréer
une marge de manœuvre budgétaire, au niveau national, en fermant le robinet de
la dette publique, c’est à dire, en réduisant les déficits. Je vous rappelle qu’avec
un déficit public de 3% du PIB, dans un pays comme la France, les dépenses
budgétaires sont 20% plus élevées que les recettes fiscales. Lequel d’entre vous
pourrait maintenir en vie son entreprise en dépensant 20% de plus qu’il ne gagne ?
Oscar Wilde affirmait : «je vis tellement au dessus de mes moyens que nous
vivons, eux et moi, une existence complètement séparée» . Un tel comportement
est difficilement envisageable pour gérer une entreprise ou un Etat.
Je note, en revanche, que certains des Etats qui ont aujourd’hui le taux
d’investissement public le plus élevé, en Europe, sont aussi ceux qui ont le déficit
le plus faible. Tel est, par exemple, le cas de la Finlande ou du Luxembourg.
Les efforts entrepris en Europe, depuis 1993, commencent à porter leurs fruits.
Les déficits publics ont été réduits, en moyenne, à 1.8% du PIB en 1998. Ces
efforts ne doivent pas être relâchés : une part de ce redressement est, en effet,
due à la hausse des rentrées fiscales résultant de l’amélioration de la conjoncture.
Et, les budgets nationaux d’un nombre important d’Etats membres restent toujours
vulnérables aux effets d’un éventuel retournement de cycle.
Les projets de relance de l’investissement public sont possibles et souhaitables
lorsque leur utilité économique est démontrée. Mais ils doivent, en tout état de
cause, être gagés par une réduction à due proportion des dépenses courantes. Il
s’agit d’un choix politique.