La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006 175
sévérité de la maladie. La part attribuable aux examens paracli-
niques et aux médicaments était respectivement de 12 % et 10 %.
Ces résultats permettent d’évaluer, pour un hôpital universitaire
français, le coût moyen de la SEP à 4 726 €/patient/an.
COÛT DES MÉDICAMENTS EN AMBULATOIRE
En France métropolitaine, la prévalence et le coût de la SEP
traitée par interférons ont été analysés par Kazaz et al. (12),à
partir des bases de données de remboursements provenant de
128 Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM). Fin 2000,
le nombre de patients sous interférons était estimé à 8 700 et la
prévalence des patients traités par interférons était de 14,8 %.
Elle était plus élevée chez les femmes (19,8 %) que chez les
hommes (8,6 %). Elle était également plus élevée dans le Nord et
l’Est de la France (26,1 % en Alsace, 25,8 % en Lorraine et
20,3 % dans le Nord-Pas-de-Calais) que dans les régions du Sud-
Ouest (11,3 % en Région PACA, 11,2 % en Aquitaine et 10,4 %
en Bretagne). La même étude (12) révèle que le remboursement
des médicaments représentait 75,6 % de l’ensemble des dépenses
de l’Assurance maladie, soit 10 429 €/patient sur l’année 2000.
Le montant total des dépenses de soins remboursées aux patients
de la population de l’étude était de 84,9 millions d’euros.
Dans l’étude multicentrique française (9), le principal poste budgé-
taire était la pharmacie, avec 61 % du coût “total” médian de la
maladie, hors perte de revenus et de productivité (médiane =
2 015 €/patient/an ; moyenne = 1 429 €/patient/an. Ce poids
considérable était dû aux 60 % de patients qui recevaient un trai-
tement par interférons . Presque tout le budget pharmacie était
consacré à l’achat des interférons , avec un coût moyen de
2 140 €/patient/an. La part des traitements symptomatiques
(moyenne = 55 €/patient/an) et des traitements non prescrits du type
vitamines, compléments alimentaires et phytothérapie (moyenne =
8€/patient/an) était minime. Comme aux États-Unis, les traite-
ments les plus prescrits sont les antidépresseurs. Dans une étude
suédoise réalisée à un stade plus avancé de la maladie, le budget
pharmacie était de 5 830 €/patient/an (13)4. Quarante-deux pour
cent des patients étaient traités par interférons , ce qui représen-
tait 97 % du coût des médicaments (5 656 €). Le coût des autres
traitements prescrits était de 132 €/malade/an. Les traitements
non prescrits (automédication) représentaient 43 €/patient/an.
COÛTS DES SOINS AMBULATOIRES
Dans l’étude Nord-Pas-de-Calais (10), les coûts ambulatoires
représentaient 24,6 % des recours en soins, dont 15,2 % pour les
soins de kinésithérapie. Le coût ambulatoire le plus élevé était
retrouvé pour les formes progressives primaires, et les variables
discriminantes étaient l’incapacité (EDSS) et le score fonction-
nel pyramidal.
Dans l’étude multicentrique française (9), le prix moyen des
consultations médicales (25 €/patient/mois) et des soins paramé-
dicaux formels (72 €/patient/mois) représentait respectivement
8 % et 3 % du coût (médiane) de la SEP, hors pertes de revenus
et de productivité.
COÛTS INFORMELS
Les soins et aides informels représentent une charge parfois impor-
tante pour l’entourage du patient, au détriment d’autres activités
professionnelles ou de loisirs. Les différentes études montrent
que le conjoint supporte l’essentiel de la charge de soins.
Pour les patients français de l’étude de Murphy et al. (8), la durée
quotidienne de l’aide informelle reçue par un patient était en
moyenne de 18 minutes (1,0 ≤EDSS ≤3,5), de 42 minutes
(4,0 ≤EDSS ≤6,0) et de 2 h 12 (EDSS ≥6,5), selon le degré
d’incapacité.
Dans l’étude Nord-Pas-de-Calais (10), la proportion de patients
qui avaient recours à une aide dans la réalisation des actes de la
vie courante était de 13 % (EDSS ≤3,0), 30 % (3,5 ≤EDSS ≤5,5)
et 65 % (EDSS ≥6,0). Le principal “aidant” consacrait en
moyenne 9 h 24, 18 h 12 ou 18 h 54 hebdomadaires selon que le
score EDSS du patient était inférieur à 3,5, entre 3,5 et 5,5 ou
supérieur à 5,5.
Dans l’étude multicentrique française réalisée chez des patients
dont la SEP évoluait depuis moins de 3 ans (9), 13 % des patients
avaient recours à une aide ménagère (salariée) et 51 % à une aide
informelle pour les actes de la vie quotidienne (à cause de la
maladie). Le coût médian des soins informels et des aides infor-
melles était estimé à 271,10 €/mois pour les seuls patients qui en
avaient bénéficié, avec des extrêmes allant de 16,15 à
1 938 €/patient/mois. Il participait pour 28 % au coût “total”
(médiane) de la SEP. Le nombre d’heures d’aide informelle
n’était pas corrélé au niveau d’incapacité (EDSS). En revanche,
il était en moyenne de 4,4 heures hebdomadaires pour les femmes
contre 1,2 heure pour les hommes.
Dans l’étude belge de Carton et al. (14), la durée de l’aide infor-
melle était en moyenne de 19 h 25/patient/28 jours (0 ≤EDSS ≤2),
de 60 h 50 (3 ≤EDSS ≤5), de 130 h 54 (6 ≤EDSS ≤7) et de
336 h 13 (8 ≤EDSS ≤9), selon le niveau d’incapacité.
Un quart des patients de l’étude suédoise de Henriksson et al.
(13) bénéficiait d’aides informelles. La durée moyenne était de
30 heures hebdomadaires, c’est-à-dire environ 4 heures/jour. Le
coût des soins informels était de 6 967,51 €/patient/an, soit
19,5 % du coût global (sauf perte de productivité).
EMPLOI ET PRODUCTIVITÉ
En France métropolitaine, parmi les 6 151 patients atteints de
SEP et traités par interférons recensés par l’Assurance maladie
au cours de l’année 2000, 24 % percevaient une pension d’inva-
lidité, 36 % des indemnités journalières et 6 % avaient reçu suc-
4Taux de change couronne suédoise/euro au 21 septembre 2000.