« SI ON CONSTRUISAIT ACTUELLEMENT
DES VILLES, ON LES BÂTIRAIT À LA
CAMPAGNE, L’AIR Y SERAIT PLUS SAIN »5
_JEAN-LOUIS-AUGUSTE COMMERSON (1802-1879)
Aujourd’hui, 55 % des habitants
de la planète vivent dans les
villes. Ce chiffre ne cesse
decroître et les hommes de
la campagne s’afficheront
bientôt comme de curieuses
minorités ! Quels que soient les territoires,
les civilisations, les architectures et les orga-
nisations urbaines, les villes rassemblent une
population nombreuse sur un espace res-
treint. Elles concentrent les activités
humaines dans un schéma où commerce,
industrie, éducation, politique et culture
construisent un véritable espace social.
Dansle monde entier, les villes portent les
spéci cités de leurs régions. Les matériaux
de leurs bâtiments et les styles architectu-
raux témoignent des ressources locales,
duclimat, de l’histoire et des cultures qui
lesont fondés. Généralement érigées dans
des lieux stratégiques de défense, des nœuds
de communication mêlant routes, chemins,
voies uviales et ferrées et parfois façade
maritime, les villes n’ont fait que s’étendre,
passant successivement du statut de simple
localité urbaine, à celui de capitale, de
métropole et, au sommet de cette hiérarchi-
sation, à celui de mégapole. Si cette nomen-
clature, basée sur le nombre d’habitants,
semble logiquement re éter les variations de
taille des agglomérations urbaines, aucune
norme internationale n’existe pour quali er
de ville un groupement humain. Si au
Danemark 200 habitants suffisent pour
acquérir le statut de ville, 2000 seront néces-
saires en France et plus de 45000 au Japon.
Dans ce contexte et même si l’ONU a xé
leseuil à 25000 habitants, compter et com-
parer les villes du monde n’a pas de sens.
Seulle critère de densité humaine demeure
un élément quantitatif susceptible d’être
comparé et force est de constater que les
citadins sont bien serrés !
LES PARADOXES DE LA VIE
CITADINE
La ville a toujours attiré. Au XIXe siècle, avec
la révolution industrielle, de nouvelles cités,
attractives pour une main-d’œuvre bon
marché, se sont installées à proximité des
sites d’extraction et de transformation de
matières premières : charbon, minerai de
fer… mais offrant aussi des distractions
inconnues, comme les parcs zoologiques,
pour les populations migrantes arrivant du
monde rural. Parallèlement, les villes exis-
tantes n’ont fait que croître, avec une popu-
lation aux revenus importants contribuant
à l’essor de l’industrie automobile et du luxe.
Cette mutation économique a fortement
participé à l’exode rural et a généré la
construction de nouveaux quartiers pour
loger et nourrir ces populations migrantes.
Voilà nos cités désormais couronnées de
banlieues dont la croissance n’a pas cessé
tout au long du XXe siècle. Si cette situation
L'ESSENTIEL
L’homme inscrit sa vie dans
un perpétuel mouvement,
sans stabilité ni pérennité
dans les sentiments, les
sensations et les demandes.
Après avoir migré de la campagne
à la ville, il réclame aujourd’hui
une ville à la campagne, propre,
saine, verte, sociale, culturelle,
participative et connectée où la
qualité de vie, garant de plaisir et
de bonheur, soit optimale. Depuis
des décennies, cette quête de
bonheur a mobilisé, architectes,
urbanismes, aménageurs et
paysagistes. Leurs choix pour
procurer un environnement
urbain désirable sont encore à
préciser. Malgré des améliorations
parcellaires du bien-être urbain, la
bonne qualité de vie en ville reste
encore à inventer.
5 Cette citation généralement attribuée à Alphonse Allais est de
Jean-Louis-Auguste Commerson, écrivain humoriste du XIXe siècle.
LE
LE BONHEUR DANS LA VILLE 5
QUELLE VILLE IDÉALE POUR NOTRE
BIEN-ÊTRE ET NOTRE BONHEUR ?