On estime qu’une personne concernée
par un trouble auditif est confrontée à
des problèmes d’accessibilité: l’emploi, le
sport, les loisirs, etc. mais aussi la santé.
La santé, c’est l’accès aux soins mais aus-
si à la prévention et à l’éducation pour la
santé (connaissance des maladies, com-
préhension des facteurs de risques et des
gestes de protection...)
L’information sur les thèmes de santé
diffusée auprès du grand public ne tou-
che pas, ou peu, les personnes en situa-
tion de handicap.
Pour s’adresser à ces publics sans discri-
mination, un travail d’adaptation d’outils
d’information de l’INPES (Institut Natio-
nal de Prévention et d’éducation pour la
Santé) a été mené, avec la production de
supports sonores ou en LSF, sur des su-
jets tels que la canicule, la grippe, la vie
affective et sexuelle, la vaccination ou
encore la nutrition.
Les outils conçus pour les personnes en
situation de handicap requièrent du
temps, mais peuvent être utilisés par
d’autres publics, les personnes âgées et
les personnes qui maîtrisent partielle-
ment le français écrit notamment. Ils
amènent à appréhender les principes de
la conception universelle qui, en permet-
tant à une certaine catégorie de person-
nes d’accéder de façon indépendante aux
informations qui les concernent, sont
également utilisables par tous.
L’INPES a publié un guide pratique:
« Informer les personnes sourdes ou
malentendantes ».
Ce référentiel permet de partager, avec
les des acteurs concernés (communicants
et professionnels au contact de person-
nes en situation de handicap), les bonnes
pratiques en matière de conception et de
diffusion de l’information à destination
des personnes ayant une déficience sen-
sorielle.
Il s’agit ainsi de favoriser l’égalité d’accès
à l’information en matière de santé.
Pour commander : documenta-
L’accessibilité à l’information santé des personnes en situation de handicap
3 q u e s t i o n s s u r … l ’ a u d i t i o n
Au Dr Bertrand Joly. Chef d’Unité Fonctionnelle, UF de Chirurgie ORL et Cervico-Faciale,
Chirurgie plastique de la face, CENTRE HOSPITALIER DE LA MISERICORDE
Quelles évolutions avez-vous pu consta-
ter concernant les troubles auditifs au
cours de votre activité professionnelle?
Depuis quelques années, Les différentes cam-
pagnes de sensibilisation sur les problèmes
auditifs (campagne de la Journée Nationale
de l’Audition) font que le tabou sur la
« malentendance » se lève peu à peu, ce n’est
plus un problème cantonné aux anciens, mais
concerne aussi les travailleurs et la génération
« walkman ». Le multimédia est partout avec
une téléphonie de plus en plus précoce expo-
sant à un plus grand risque de souffrance
auditive. Cette nouvelle génération plus expo-
sée et vieillissant mieux , fait qu’il y a une
augmentation notable en consultation de la
demande d’appareillage auditifs pour des
déficits auditifs plus précoces. D’après une
enquête IPSOS récente, un jeune sur 5 en
France présente un déficit auditif, cela pose
un réel problème de santé publique avec les
quelques 6 millions de malentendants de
l’hexagone et des appareils toujours trop cou-
teux pour le patient…
En matière de prévention quels sont les
moyens d'action prioritaires?
Les lésions auditives de la cochlée étant irré-
versibles, le meilleur des traitements reste
donc la prévention : les campagnes de sensibi-
lisation (JNA), de dépistage scolaire auprès
des jeunes sont des moments privilégiés de
prise de conscience. Une protection indivi-
duelle auditive par des bouchons antibruit ou
des casques reste la meilleure option pour
prendre de bonnes habitudes dans leur future
vie d’adulte, que ce soit à titre privée (IPod,
concerts, bricolage etc…) ou lors de la vie pro-
fessionnelle. Le médecin du travail ainsi que
les CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et
des conditions de travail) sont sur le terrain
du monde du travail pour relayer et faire ap-
pliquer les directives ministérielles de protec-
tion en milieu bruyant. Les pouvoirs publics
ont aussi durci la législation concernant le
bruit et les mesures de protections obligatoire
au-delà d’une exposition à plus de 85 dB en
milieu professionnel. Un gros travail reste à
faire concernant l’acoustique en milieu urbain
et dans le BTP afin de diminuer la première
des nuisances des villes de plus 50 000 habi-
tants : le bruit.
Les avancées technologiques sont en-
courageantes, peut-on penser que l'on
va pouvoir, dans le futur, "réparer"
l'audition et éliminer les troubles?
Bien que le numérique ait révolutionné le
monde de l’audioprothèse depuis 20 ans et
que les prothèses auditives se soient miniatu-
risées, en permettant de ne plus les voir
(prothèses intra, lyric2…) ou de les rendre très
discrètes (contours d’oreille avec embout ou-
vert) ; ces dernières ne permettent pas de
retrouver une audition ad integrum mais d’a-
méliorer un déficit auditif socialement gênant.
L’implantation cochléaire uni et bilatérale a
été une énorme révolution dans le monde de
la surdité car elle a permis à plus de 300 000
sourds profonds dans le monde de retrouver
une audition quasi normale au prix élevé d’u-
ne prothèse (environ 23 000 € en France),
d’une intervention et d’une rééducation ortho-
phonique pour un prix de prise en charge
global évalué à 45 000 € par patient (étude du
CISIC). La « réparation » idéale pour tous les
types de surdité n’existe pas encore, elle pas-
sera probablement par la greffe de cellules
souches, le génie génétique ou les nanotech-
nologies pour reconstruire ou implanter une
cochlée artificielle… En attendant… mieux
vaut prévenir que guérir!
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Le pôl’info
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