PARTIE I PAR Simon Richard [02 172 500] 1.1. Introduction 1.2. Historique 1.3. Le formalisme Lagrangien comme base de la théorie de jauge 1.4. La jauge dans le formalisme hamiltonien et les grandeurs physiques véritables 1.5. L’invariance de jauge dans la théorie de Maxwell 1.1. Introduction Ce travail, est un survol des différentes théories de jauge dans le contexte des progrès scientifiques importants dans le domaine de la physique des particules. De la physique classique au modèle standard, nous verrons que ce principe dit d’invariance de jauge, est à la base de notre compréhension dynamique de la nature. La puissance de cette approche, permettra même dans le futur de dicter ce que devrait être une théorie physique ce voulant complète et rigoureuse. Les multiples théories de cordes en sont d’ailleurs un exemple éloquent, que ces théories représentent l’avenir de la physique ou non. Pour me faire moins abstrait, voici le contenu de ce travail qui se veut je le rappelle très généraliste. Dans la première partie du travail, en plus d’un cours historique, il sera fait mention des différentes théories de jauges classiques. De la mécanique classique dans son formalisme hamiltonien à l’électromagnétisme, nous verrons que l’invariance de jauge était déjà un principe présent à l’intérieur de la physique du 19ieme siècle. Cette première introduction nous permettra d’être familier avec une nouvelle théorie de jauge, la mécanique quantique d’avant la théorie de champs quantique. Dans la seconde partie du travail nous aborderons le travail de Weyl sur la relativité générale et sa vision géométrique des théories de jauge. Ces dans cette partie que nous aborderons aussi l’électrodynamique quantique et l’unification électrofaible, les deux première théorie directement inspiré de l’invariance de jauge. La troisième partie concernera l’isospin et la théorie de Yang-Mills, la toute première théorie de jauge à s’intéresser à l’interaction forte. Finalement, la quatrième partie traitera de la chromodynamique quantique, théorie qui complète le modèle standard. Il est bien d’ajouter que les différente théorie de cordes peuvent elle aussi être considérer comme des théories de jauge, mais elle seront déjà traité dans un travail indépendant par M. Nguyen Dang et M. Gingras 1.2. Historique La jauge est une référence de mesure permettant d’étalonner l’échelle qui va servir à mesurer une quantité. De fait, le terme vient des tablettes de jauge utilisées comme étalons de longueur dans les ateliers d’usinage. En physique, ces théories concernent l’usage systématique de certaines transformations de symétrie et l’invariance de la dynamique sous ces transformations. Ce petit historique fera le pont entre les nombreuses théories qui seront abordé dans ce travail. Bien que non inclus dans un contexte historique il faut mentionné que le formalisme lagrangien et hamiltonien, par extension, présente le cadre parfait pour l’élaboration de théories de jauges. Par ailleurs, ces formalismes étant antérieur à la découverte formelle de la symétrie de jauge, nous aborderons directement l’électromagnétisme selon Maxwell. La première personne à mettre directement en évidence la symétrie de jauge fut James Clerk Maxwell par l’entremise de sa théorie électromagnétique. Comme nous le verrons un peu plus bas, la symétrie des équations de Maxwell permet effectivement un choix de jauge (par l’entremise des potentiels scalaire et vecteur) ne modifiant pas la physique des équations. Par contre, l’importance de cette symétrie demeure inexploitée jusqu’à la formulation complète de la relativité générale. En 1919, Hermann Weyl dans un essai pour unifier l’électromagnétisme et la relativité générale, découvre que l’invariance d’échelle (ou de jauge) devient locale lors du passage de la relativité restreinte à la relativité générale. Le caractère géométrique de ce résultat sera par la suite largement étudié. Après la mise en place de la mécanique quantique, Weyl avec l’aide de Vladimir Fock et de Fritz London, travaillera à l’élaboration d’un nouveau type de jauge, qu’ils appliqueront à cette nouvelle mécanique. Le passage d’une jauge de type facteur d’échelle à une jauge complexe de type changement de phase, permettra d’expliquer les effets du champ électromagnétique sur la fonction d’onde d’une particule chargé. Cette première théorie de jauge a proprement parlé, sera mise de l’avant par Wolfgang Pauli, l’un des pionniers de la mécanique quantique. De 1935 à 1955 environ, la recherche scientifique se tourne vers l’explication quantique des phénomènes classiques. L’électrodynamique n’est pas épargnée et le problème est résolu par Feynman, Schwinger et Tomonaga indépendamment. L’électrodynamique quantique, permet de faire un pas en avant instaurant la théorie de champ quantique comme l’une des pierres d’assises de la physique des particules. Le premier essai visant à résoudre le problème de l’interaction forte ce produit dans les années 50. Chen Ning Yang et Robert Mills introduisent une jauge non abélienne pour expliquer l’interaction entre nucléons. Bien que très fructueuse, cette théorie s’avéra incomplète en ce qui concerne la masse des bosons d’interaction, masse qui doit être nul pour avoir invariance de jauge. Cette théorie eu tout de même des conséquences positive puisqu’elle permis d’intégrer des jauge matricielle rendant compte de phénomène jusqu’alors inexpliqué comme la liberté asymptotique. Elle allait aussi ouvrir la voie à l’unification électrofaible. Via le mécanisme de Higgs qui allait résoudre le problème de la masse, Weinberg et Salam remportèrent le prix Nobel de 1979 pour leur découverte. Finalement, encore plus récemment, Gross, Wilczek et Politzer remportait en 2004 le Nobel pour leur contribution, la chromodynamique quantique. Dernière grande théorie de jauge, utilisant une symétrie SU(3), cette théorie représente le dernier grand morceau du modèle standard. 1.3. Le formalisme Lagrangien comme base de la théorie de jauge Le formalisme Lagrangien, à la base de la mécanique analytique, permet une simplification importante des concepts appartenant à la théorie de jauge. Cette approche nous permettra d’atteindre des résultats généraux qui nous conduirons ensuite sur la piste du formalisme hamiltonien et de l’électromagnétisme. Premièrement, on définit le Lagrangien comme la différence entre l’énergie cinétique et l’énergie potentielle d’un système en coordonnées généralisées. L(qi , q&i , t ) = T − V (qi , t ) Le Lagrangien permet de définir S(α), l’action sur des trajectoires partant d’un point P1 au temps t1 vers un point P2 au temps t2. En appliquant le principe de moindre action, on peut choisir laquelle des trajectoires possibles est physiquement acceptable. Mathématiquement l’action se formule ainsi : t1 S (α ) = ∫ L(qiα (t ), q&iα (t ), t )dt t2 Et l’action la moindre est donné par dS (α ) =0 pour d’une trajectoire α donné, que l’on note aussi ∂S = 0 dα Voici maintenant où intervient la transformation de jauge qui intervient via la dérivée d’une fonction arbitraire appliquée au lagrangien original pour en faire un nouveau lagrangien. L′ = L + d F (qi , t ) dt Si on applique le principe de moindre action on voit que t1 t1 d F (qi , t )dt dt t2 t2 = S + F(qi(t2),t2) - F(qi(t1),t1) S ′ = ∫ L(qi , q&i , t )dt + ∫ Mais puisque que toute les trajectoires envisagés ont le même point de départ et d’arrivé (respectivement au temps t1 et t2) ⇒ ∂F (2) = ∂F (1) = 0 ⇒ ∂S ′ = ∂S Ce qui laisse la physique inchangée puisque c’est ∂S qui sert au choix de la trajectoire. On voit donc qu’ajouter une valeur au Lagrangien (choix de la jauge) ne change pas la physique. C’est ce que l’on nomme l’invariance de jauge. Si cette jauge est identique en tout point de l’espace on parle d’invariance globale, mais si cette jauge dépend de l’espace cette invariance est locale. L’invariance locale étant beaucoup plus restrictive, elle produit tout de même des changements au Lagrangien qui pourront s’interpréter par la suite comme des interactions. Pour le reste de l’exposé, à moins d’avis contraire nous parlerons d’invariance de jauge locale. Regardons à nouveau ce qu’apporte une transformation de jauge : ∂F (qi , t ) ∂F (qi , t ) d q&i + F (qi , t ) = T − V (qi , t ) + ∑ dt ∂t ∂qi i Mais puisque le potentiel ne dépend pas des vitesses mais uniquement de la position on peut créer un nouveau potentiel L′ = L + V ′(qi , t ) = V (qi , t ) − ∂F (qi , t ) ∂t ∂F (qi , t ) q&i ∂qi i C’est le dernier terme qui fait que L′ est différent de L. Ce dernier terme est nommé interaction de jauge. Cependant, si on fait une seconde transformation de jauge sur L′ , à l’aide de la fonction G ( qi , t ) ⇒ L′ = T − V ′(qi , t ) + ∑ ∂( F + G) ∂qi i On voit que L′′ est de la même forme que L′ sachant que L′′ = T − V ′′(qi , t ) + ∑ q&i V ′′ = V (qi , t ) − ∂ ( F + G) ∂t Ce qui permet de constater que le Lagrangien est invariant de jauge lorsque accompagner d’une interaction de jauge. Donc, si l’on veut écrire le Lagrangien le plus générale possible : r r L(qi , q&i , t ) = T (qi , q&i ) − V (qi , t ) + q& ⋅ A(qi , t ) Le champ vectoriel était précédemment représenté par le gradient de la fonction F. Par contre r dans le cas générale, A n’est pas un gradient. Voici ce qui arrive lors d’une transformation de jauge pour ce Lagrangien généralisé r r L′ = L − V ′ + q& ⋅ A′ On voit que le Lagrangien demeure identique lorsque l’on applique les transformations suivantes à l’aide de la fonction génératrice F. ∂F ⇒V′ =V − ∂t r r ⇒ A′ = A + ∇F C’est exactement ce genre de regarderons l’électromagnétisme. transformation que l’on retrouvera lorsque nous Ce qui permet d’émettre un principe directeur : Les seule interaction possible sont des interaction de jauge, puisque la nature telle qu’observée est invariante de jauge. Cet axiome sera à la base des théories physique moderne. 1.4. La jauge dans le formalisme hamiltonien et les grandeurs physiques véritables Faisons maintenant un pas de plus vers la grande théorie de jauge classique : l’électromagnétisme. En utilisant le formalisme hamiltonien, nous obtiendrons des informations précieuses sur la signification physique de certaines variables. La force de Lorentz appliqué à une seule particule chargé (de charge q) correspond à la relation suivante : [ r r r r r r f = q E (r , t ) + v ⋅ B (r , t ) ] r r Où E et B représentent les champs électrique et magnétique s’appliquant sur la particule. Ces deux champs peuvent être construit par deux potentiels l’un scalaire et l’autre vecteur noté r r r V ( r , t ) et A( r , t ) . Nous reviendrons amplement plus tard sur ces deux potentiels. L’important pour la présente discussion est de savoir que plusieurs couples de potentiels peuvent donner lieu aux mêmes champs électrique et magnétique. La relation reliant champs et potentiels n’est donc pas biunivoque. La transformation générant ces potentiels est une transformation de jauge. La force de Lorentz étant donné, on peut appliqué la célèbre équation de Newton : m r d2 r r (t ) = f 2 dt La dynamique du problème ne dépend donc que des champs E et B.Ce qui signifie que la position et la vitesse ne dépendent pas de la jauge choisie. Par contre, si on utilise le formalisme hamiltonien, on doit passer par les potentiels V et A. Pour faire bref, l’hamiltonien de ce problème à une particule est le suivant : [ ] r r 2 r r r 1 r H (r (t ), p (t ), t ) = p − qA(r , t ) + qV (r , t ) 2m r Où p , le moment conjugué, est défini par la relation suivante provenant du Lagrangien, r r r r p = mv + qA( r , t ) Ce qui signifie que la quantité de mouvement est : r r r r r π (t ) = p − qA(r , t ) = mv r r On voit tout de suite que même si r (t ) et π (t ) ne dépendent pas de la jauge comme nous l’a r r montré l’équation de Newton, p en dépend à cause de A . C’est-à-dire qu’un même champ électrique et magnétique, pourrait être construit à partir de deux potentiels différents A et A′ . Ce qui signifie que les valeurs des variables dynamiques décrivant une trajectoire change selon la jauge choisie. Ce résultat est évident lorsque l’on regarde directement les équations d’Hamilton : r r d r r (t ) = ∇ pr H (r (t ), p (t ), t ) dt r r d r p (t ) = −∇ rr H (r (t ), p (t ), t ) dt r Où H dépend directement de A et V. Cette dépendance de la jauge amène donc une interrogation sur les quantités véritablement physique. Puisque le formalisme Lagrangien nous indique que la nature est invariante de jauge, il faut que les quantités ayant un sens physique le soit également. On peut donc formuler le principe suivant : -Les quantités démontrant une invariance de jauge locale sont de véritable grandeur physique. Par exemple, la position ou la quantité de mouvement, le lagrangien généralisé etc.. -Les quantités ne démontrant pas cette invariance de jauge n’ont pas de sens physique réel et peuvent être considéré comme des instruments servant au calcul de grandeurs physique réel. r Dans le cas de l’électrodynamique d’une particule p (t ) en serait un bon exemple. Comme ont peut le constater, cette notion se rapproche beaucoup de celle d’observable en mécanique quantique. 1.5. L’invariance de jauge dans la théorie de Maxwell L’invariance de jauge globale était un phénomène depuis longtemps connu en électrostatique. Puisque le champ électrique peut être évalué à l’aide de la dérivée d’un potentiel scalaire, le choix d’un comptage absolu du potentiel est inutile. On peut donc y ajouter n’importe quelle fonction indépendante de l’espace. Mais comme mentionné un peu plus haut, la première grande théorie à présenter une invariance de jauge locale est la théorie électromagnétique de Maxwell, finalisée vers 1865. Cette reformulation de Maxwell regroupant, en quatre équations, l’ensemble de la science ayant attrait au magnétisme et à l’électricité est une véritable réussite. Voici ces quatre équations dans le vide : r r ∇⋅E = ρ r r r ∂B ∇× E = − ∂t r r ∇⋅B = 0 r r r r ∂E ∇× B = j + ∂t La première est la loi de Gauss, la deuxième la loi de Faraday sur l’induction. La troisième représente l’absence de monopole magnétique dans la nature et la quatrième est la loi d’ampère modifiée par le courant de déplacement. Cette modification est d’ailleurs apportée par Maxwell pour que cette équation soit cohérente avec l’équation de continuité que voici : ∂ρ r r +∇⋅ j = 0 ∂t r ∂E Si le terme en est absent de la quatrième équation, l’équation de continuité devient : ∂t ∂ρ r r r + ∇ ⋅∇× B = 0 ∂t ∂ρ ⇒ =0 ∂t Puisque la divergence d’un rotationnel est toujours égale à 0. Ce qui n’est manifestement pas vrai dans la plus par des situations. Cette modification implique que la charge est conservée localement. Ces 5 équations représentent l’ensemble de l’électromagnétisme classique. Comme mentionné dans la partie précédente, il est possible de construire les champs magnétique et électrique à l’aide de deux potentiels. Cette nouvelle définition ne modifie en aucun point les équations de Maxwell cité précédemment. r r B = ∇× A r r ∂A E = −∇V − ∂t L’invariance de jauge provient du fait qu’il est possible comme dans le cas du lagrangien de r trouver une fonction génératrice qui permettra de modifier localement V et A . Comme dans la r première partie nous nommerons cette fonction F ( r , t ) . Cette transformation de jauge est la suivante : r r A′ = A + ∇F ∂F V′ =V − ∂t De toute évidence, ces nouveaux potentiels laisseront les champs électrique et magnétique inchangé. Le tout est de savoir qu’une modification locale d’un des potentiels doit être compensé par la modification locale de l’autre potentiel. Ce genre d’approche servira notamment à la construction des théories de jauge moderne. Suite à la discussion précédente concernant le Lagrangien on voit que la transformation de jauge r est tout à fait similaire. Les potentiels V et A sont donc des quantités sans signification dynamique mais plutôt des intermédiaires de calcul. En effet, l’invariance de jauge électromagnétique n’avait pas paru fondamentalement utile à l’époque de Maxwell. Le seul avantage que l’on n’y voyait était le fait que l’on puisse ajuster les potentiels de façons à faciliter le calcul pour certain problème Le fait que l’invariance de jauge soit implicitement à l’intérieur des équations de Maxwell est un fait remarquable. De fait, il serait possible de reconstruire complètement les équations de Maxwell en stipulant uniquement que l’électromagnétisme doit être indépendante de la jauge utilisé pour r construire V et A . Pour terminer, nous allons introduire ici un formalisme tensoriel qui nous sera utile pour les 3 dernières parties. Pour commencer, on peut définir un potentiel généralisé en notation tensoriel : r A μ ≡ (V , A) La transformation de jauge devient alors : r r r A′ μ = A μ − ∂ μ F (r , t ) Où la dérivé covariante est défini comme étant ∂ ,−∇) ∂t Ce qui permet de réécrire les équations de Maxwell sous la forme tensorielle suivante : ∂ μ T μν = jν ∂μ = ( où T représente un tenseur de champs et j μ un vecteur quadri-courant. F μν = ∂ μ Aν − ∂ν A μ r j μ = (ρ , j ) Encore une fois puisque F μν n’est pas modifier après la transformation de jauge, on peu dire que les équations de Maxwell sont invariantes de jauge, évidemment. 1.6. Conclusion de la première partie Dans cette première partie, il nous a été possible de constater un principe important. Les lois dynamiques de la nature semblent indépendantes de la jauge choisie, même si celle-ci est locale. Que se soit en mécanique classique où en électromagnétisme, nous avons pu constater que cette invariance de jauge locale permet d’émettre certaine hypothèse sur la signification réelle de certaines quantités. Finalement, grâce à ce petit tout de table classique, il sera plus aisé de comprendre ce qui a poussé les théoriciens modernes à fonder une grande partie de la physique des particules, sur ce principe d’invariance de jauge.