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Les théories de développement régional et la contribution des
ressources dans le démarrage des petites localités en voie de
dépeuplement: le cas du Bas Saint-Laurent
Majella Simard
Université du Québec à Rimouski
Département des Sciences humaines
Rimouski (Qc) G5L 3A1
«Quand il devient évident qu'une logique est absurde, que le mouvement qu'elle induit conduit
à la faillite, alors seulement une autre logique peut émerger»
Thierry Gaudin
Problématique
Depuis le milieu du XXe siècle, l'espace rural québécois a subi de profondes transformations.
Celles-ci ont affecté à la fois le nombre et la taille des localités, les formes d'organisation de
l'espace, les structures d'âge, les occupations et l'ensemble de la vie relationnelle. Ces
transformations ont contribué à accentuer les écarts de développement dans les zones de
peuplement les plus isolées et les plus éloignées des grandes agglomérations urbaines. C'est
le cas notamment du Bas Saint-Laurent, l'une des sept grandes régions périphériques du
Québec1, où une part importante de la population est demeurée en marge des principaux
progrès et évolutions réalisés à l'échelle de la province. Ces disparités se manifestent avec une
plus grande acuité dans les localités de petite taille démographique et, plus particulièrement,
dans celles dont la population est inférieure à 500 habitants. Ce segment de l'espace rural
présente les problèmes socio-économiques les plus sérieux (tableau 1). En 1996, ces localités
étaient au nombre de 41 (figure 1). Elles se situent pour la plupart sur les hautes terres
appalachiennes. Quelques-unes longent également le littoral. À l'exception de Métis-sur-Mer et
Mont-Lebel, elles ont toutes été en régression démographique au cours de la période 1971-
1996 (tableau 2). En outre, elles possèdent un revenu familial moyen inférieur à celui de la
province (tableau 3). La faiblesse des niveaux de revenu locaux résulte d'emplois peu
spécialisés et mal rémunérés qui appartiennent majoritairement au secteur des ressources et
à une structure de services plutôt rudimentaire. Elle se manifeste de façon sérieuse dans
toutes les MRC de la région mais plus particulièrement dans les municipalités de l'arrière-pays
localisées à l'écart de la route nationale 132.
TABLEAU 1 Caractéristiques socio-économiques des localités rurales du Bas Saint-Laurent en
fonction de leur strate démographique en 1996