Un nouvel Ectenessini de Guyane : Paralissoeme maculipennis n. gen., n. sp. (Coleoptera Cerambycidae Cerambycinae) Pierre-Henri DALENS * & Julien TOUROULT ** Société entomologique Antilles Guyane (SEAG) * 18 lotissement Amaryllis, F-97354 Rémire-Montjoly [email protected] ** 15 avenue Christophe-Colomb, F-16800 Soyaux [email protected] Résumé. – Un nouveau genre d’Ectenessini, voisin de Lissoeme est décrit de Guyane. Son espèce-type, Paralissoeme maculipennis n. sp. est décrite et illustrée. Summary. – A new genus belonging to Ectenessini, close to Lissoeme, is described from French Guiana. Its typespecies, Paralissoeme maculipennis n. sp., is described and illustrated. Mots-clés. – Taxonomie, nouveau genre, espèce nouvelle, région néotropicale, longicorne. Key-words. – Taxonomy, new genus, new species, Neotropical region, longhorn beetle. L’élevage sur troncs nourriciers nous a permis d’obtenir quelques exemplaires d’une espèce d’Ectenessini proche du genre Lissoeme Martins, Chemsak & Linsley, 966. Le genre Lissoeme a d’abord été inclus dans les Oemini puis transféré par NAPP & MARTINS [1982] dans les Acrysonini et enfin placé dans les Ectenessini par MARTINS [1998]. Les caractères le rattachant aux Ectenessini sont les suivants : – Cavités procoxales non largement anguleuses latéralement ; – Dernier article des palpes sécuriforme ; – Suture métasternale n’atteignant pas le mésosternum ; – Premier urosternite avec une carène postcoxale. Ce dernier caractère n’est pas constant chez les Ectenessini. Voici la description donnée par MARTINS [1998] du genre Lissoeme : « Suture épistomale effacée. Front transverse, plus de deux fois plus large que long. Suture coronale visible jusqu’au niveau des lobes oculaires supérieurs. Lobes oculaires supérieurs avec 3 à 4 rangées d’ommatidies ; lobes oculaires inférieurs de longueur variable, au moins du double de la longueur des genae. Apex de ces dernières arrondi. Submentum profond, finement rugueux. Palpes maxillaires de longueur double de celle des labiaux, article I le plus court, article IV le plus long, sécuriforme. Antennes de onze articles, atteignant l’apex élytral au niveau du milieu de l’antennomère VII chez les mâles et du milieu de l’antennomère IX chez les femelles. Scape légèrement élargi à son extrémité, sans sulcus à la face dorsale de la base, avec des points rugueux. Article III 2,5 fois plus long que le scape et un peu plus long que le suivant. Articles suivants de longueur légèrement décroissante. Soies longues à la face interne des articles du fouet. Prothorax avec un dimorphisme sexuel, celui des mâles plus long (au moins ,5 fois plus long que large), celui des femelles plus court (,4 fois plus long que large au plus) ; les côtés légèrement arrondis. Pronotum à peine convexe, sans gibbosité ou dépression. Ponctuation sexuelle très fine et dense, occupant toute la superficie. Parties latérales du prothorax avec la même ponctuation. Prosternum finement rugueux. Processus prosternal triangulaire et l’apex laminiforme ne dépassant pas les procoxae. Mesosternum non déprimé, ample, la limite avec les mésépisternes effacée. Processus mésosternal plan, sans surface articulaire latérale, au moins aussi large qu’une mésocoxa, l’apex non entaillé. Mésépimères étroits, le côté antéro interne plus élevé que le côté du métasternum. Ce dernier avec une suture précoxale peu profonde. Suture métasternale incomplète, n’atteignant pas le processus antérieur. Élytres allongés avec les côtés parallèles jusqu’à la courbure apicale. Ponctuation dense dans la moitié antérieure, et moins profonde dans la moitié apicale. Surface microsculptée sans pubescence, avec de longues soies organisées en six rangées longitudinales au milieu de chaque élytre. Apex tronqué obliquement avec des épines variables. Fémurs pédonculés et clavés. […]. Extrémité des métafémurs n’atteignant pas l’apex L’Entomologiste, tome 66, 2010, n° 5 – 6 : 287 – 290 Pierre-Henri DALENS & Julien TOUROULT élytral. Tibias rectilignes, les postérieurs non carénés. Métatarsomère I plus long que II + III. Métatarsomère III avec les lobes allongés, représentant plus de la moitié de la longueur de l’article. Premier urosternite avec une carène post coxale […]. » Dans le genre que nous décrivons, on observe les caractères suivants : - Suture clypéo-frontale marquée par deux fossettes transversales latérales (effacée chez Lissoeme) ; - Antennomère V le plus long ; IV et VI un peu plus courts ; III, VIII, IX et X subégaux, XI presque aussi long que V (III le plus long et suivants décroissants pour Lissoeme) ; - Thorax et élytres plus courts ; - Saillie mésosternale échancrée à l’apex (tronquée, non échancrée, chez Lissoeme) ; - Absence de carène post coxale. Ces caractères nous semblent suffisants pour proposer la création du genre Paralissoeme n. gen. Paralissoeme n. gen. Espèce-type : Paralissoeme maculipennis n. sp. Diagnose Suture clypéo-frontale marquée par deux petites fossettes transversales latérales. Front transverse, plus de deux fois plus large que long. Suture coronale visible jusqu’entre les lobes oculaires supérieurs. Ces derniers composés de 4 rangées d’ommatidies. Lobes inférieurs 3 fois plus longs que les genae. Submentum profond, rectiligne et rugueux. Palpes maxillaires 2 fois plus longs que les labiaux, le dernier segment sécuriforme. Antennes de articles, dépassant l’apex élytral dans les deux sexes. Scape subcylindrique et élargi à l’apex, avec des points sétifères rugueux. Antennomère V le plus long ; IV et VI un peu plus courts ; III, VIII, IX et X subégaux ; XI presque aussi long que V. Absence de pubescence antennaire, soies longues à la face inféro-interne des articles du fouet. Figures 1 et 2. – Paralissoeme maculipennis n. gen., n. sp. : 1) habitus, mâle, holotype ; 2) face ventrale, paratype. 288 L’Entomologiste, tome 66, n° 5 – 6 Un nouvel Ectenessini de Guyane : Paralissoeme maculipennis n. gen., n. sp. (Coleoptera Cerambycidae Cerambycinae) Thorax nettement plus long que large. Côtés légèrement arrondis. Pronotum avec des reliefs peu marqués, le disque et les faces latérales ponctués et finement rugueux. Prosternum légèrement plissé transversalement et rugueux en avant des procoxae. Cavités procoxales ouvertes en dehors, l’ouverture latérale triangulaire à pointe arrondie. Saillie prosternale triangulaire dans la partie antérieure avec un apex laminiforme (largeur égale au /5 d’une procoxa) n’atteignant pas le bord inférieur des procoxae, ces dernières globuleuses. Processus mésosternal large (2/3 de la largeur d’une mésocoxa), de surface plane avec l’apex tronqué et échancré, avec deux petites expansions latérales recouvrant légèrement l’angle inféro-interne de la mésocoxa. Suture métasternale incomplète, le sillon médian absent du processus antérieur, ce dernier légèrement convexe. Absence de carène post coxale. Élytres allongés, côtés subparallèles et légèrement explanés dans la moitié apicale. Ponctuation forte et profonde dans la moitié basale, moins imprimée dans la moitié distale. Absence de pubescence et présence de 6 rangées de soies érigées longitudinales sur chaque élytre. Apex tronqué et désarmé. Fémurs pédonculés et clavés ; à l’apex inerme. Tibias subrectilignes et non carénés, les antérieurs légèrement sinués. Tarsomère I égal à II + III pour les antérieurs, I plus long que II + III pour les suivants. Paralissoeme maculipennis n. sp. Figures 1 et 2 Matériel typique Holotype : un mâle de Guyane, collecté au piégeage lumineux, piste de Kaw, pk 46, le 28 août 1986, par Gérard Tavakilian (n° 90 de l’ex-collection de Institut de recherche pour le développement, Paris, déposé au Muséum national d’Histoire naturelle, Paris). Paratypes (8 exemplaires) : lac des Américains (Matoury), 28-III-2004, ex larva, Pierre-Henri Dalens leg. (collection Pierre-Henri Dalens, Montjoly, Guyane) ; route de Kaw (Roura) pk 30, trois exemplaires obtenus, ex larva, 6-III2004, 9-III-2004 et 25-III-2004, Pierre-Henri Dalens leg. [2 in collection Pierre-Henri Dalens, Montjoly, Guyane ; un in collection Julien Touroult, Soyaux, France) ; Grand Bœuf Mort (Saül), trois exemplaires obtenus ex larva, le 3-I2008, 4-I-2008 et 5-I-2008, Pierre-Henri Dalens leg. (collection Pierre-Henri Dalens, Montjoly, Guyane) ; montagnes Tortue, Approuague, une femelle, piège lumineux, 26-VIII-98, Gérard Tavakilian leg. (Institut de recherche pour le développement, Paris). Autre matériel examiné : piste de Kaw, pk 46, une femelle, piège lumineux, 7-VIII-995, Edmund Giesbert leg. Description Longueur : 8,0 mm. Habitus grêle. Tégument brun jaunâtre avec deux lignes noires longitudinales sur les déclivités élytrales dans la moitié apicale. Apex élytraux et fémoraux noirs. Genae très courtes. Front avec la suture épistomale marquée, peu déprimé, scape avec de fins tubercules sétifères étirés transversalement. Pronotum au disque légèrement rugueux. Élytres fortement ponctués. Pattes aux fémurs clavés et pédonculés. Ouverture latérale des procoxae arrondie. Saillie prosternale laminiforme, saillie mésosternale large. Tête prognathe, entièrement brun jaune. Mandibules non carénées et non anguleuses. Palpes maxillaires deux fois plus longs que les labiaux, les dépassant de plus d’un article, le dernier sécuriforme. Dernier article des labiaux sécuriforme également. Labre étroit, clypéus transverse et séparé du front par deux petites fossettes transversales latérales. Front à peine déprimé, plus large que haut et peu ponctué. Yeux entiers, sans pilosité entre les ommatidies. Genae représentant le quart de la longueur d’un lobe oculaire inférieur. Lobes supérieurs constitués de quatre rangées d’ommatidies et espacés de près du quadruple de la largeur d’un lobe. Tubercules antennifères légèrement acuminés au bord interne. Antennes dépassant la longueur du corps, de section subcylindrique avec de longues soies à la face inférieure. Scape égal à la moitié du III, à peine clavé et renflé à l’apex ; présence de tubercules sétifères étirés transversalement. Formule antennaire rapportée au scape : I = ,0 ; II = 0,3 ; III=2,0 ; IV = 2, ; V = 2,4 ; VI = 2,2 ; VII = 2, ; VIII = 2,0 ; IX = 2,0 ; X = 2,0 ; XI = 2,3. Pronotum inerme, ,3 fois plus long que large, les côtés légèrement arrondis. Largeur collaire L’Entomologiste, tome 66, n° 5 – 6 289 Pierre-Henri DALENS & Julien TOUROULT Mésépimères, mésépisternes, métépisternes et métasternum avec de courtes soies dorées couchées. Le dernier avec en plus quelques longues soies éparses. Sillon médian visible dans les ¾ postérieurs. Premier arceau ventral à l’apex triangulaire avec deux courts sillons transversaux marqués entre les métacoxas. équivalente à la largeur basale. Disque entièrement recouvert de fines aspérités irrégulières, avec deux surélévations latérales et une centrale à peine marquées. Écusson brun jaune, triangulaire, arrondi et légèrement déprimé. Élytres trois fois plus longs que larges (aux huméri), les côtés subparallèles, légèrement explanés dans la moitié apicale. Forte ponctuation régulière sur toute la surface, le tégument brillant et lisse entre les points. Présence de deux macules élytrales sombres, latérales, triangulaires allongées longitudinalement, naissant à la moitié de la longueur pour s’arrêter au quart distal. Apex tronqué, légèrement sinué et à l’angle externe à peine étiré. Marge de l’apex noire. Urosternites avec de longues soies éparses, leur longueur légèrement décroissante. Apex du dernier urosternite tronqué. Femelle : thorax plus large, ,2 fois plus long que large. Antennes légèrement plus courtes. Derivatio nominis Le nom de genre fait allusion au genre Lissoeme dont il est proche ; le nom d’espèce se rapporte aux macules élytrales. Pattes brun jaune avec les apex fémoraux noirs et la face ventrale de la moitié proximale des pro- et mésotibias rembrunie. Fémurs clavés et pédonculés ; tibias antérieurs légèrement sinués et les suivants subrectilignes. Tarses allongés, I = II + III pour les protarses, I > II + III pour les suivants. Remerciements. – Nous remercions Chantal Pereur et Frédéric Quiec, Yvan Allinckx, Philippe et Serge Charles pour leur soutien logistique à Saül. Nous remercions Gérard Tavakilian pour la communication de ses données et de la photo illustrant cet article. Dessous (Figure 2) entièrement brun jaunâtre, microsculpté avec de rares soies dorées. Mentum presque lisse avec quelques points sétifères d’où émergent de longues soies dorées. Bord collaire du prosternum garni d’une frange de soies jaunâtres. Moitié antérieure du prosternum concave et presque glabre, avec des soies plus denses en avant des procoxas. Saillie prosternale laminiforme, très étroite et n’atteignant pas le bord inférieur des coxas. Cavités procoxales ouvertes latéralement, l’angle externe arrondi. Références bibliographiques MARTINS U.R., 1998. – Tribo Ectenessini. In MARTINS U.R. (coord.). Cerambycidae sul-americanos (Coleoptera), vol. V (2). Sao Paulo, Sociedade Brasileira de Entomologia, 8-82. MARTINS U.R, CHEMSAK J.A. & LINSLEY E.G., 1966. – A generic revision of the tribe Methiini in the Western Hemisphere. Arquivos de Zoologia, 4 (3) : 97-22. NAPP D.S. & MARTINS U.R., 1982. – Subsídios para uma revisao da tribo Achrysonini (Coleoptera, Cerambycidae) nas Americas. Papéis Avulsos de Zoologia, 34 : 349-40. • Mésosternum microsculpté, saillie mésosternale large (⅔ de la largeur d’une mésocoxa), largement échancrée au centre et les angles légèrement étirés en lobes arrondis. Face ventrale des mésocoxas aplatie, leur cavité ouverte latéralement. 2 290 L’Entomologiste, tome 66, n° 5 – 6