L`Entomologiste tome 64 (2008), numéro 3

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Un nouvel Ectenessini de Guyane :
Paralissoeme maculipennis n. gen., n. sp.
(Coleoptera Cerambycidae Cerambycinae)
Pierre-Henri DALENS * & Julien TOUROULT **
Société entomologique Antilles Guyane (SEAG)
* 18 lotissement Amaryllis, F-97354 Rémire-Montjoly
[email protected]
** 15 avenue Christophe-Colomb, F-16800 Soyaux
[email protected]
Résumé. – Un nouveau genre d’Ectenessini, voisin de Lissoeme est décrit de Guyane. Son espèce-type, Paralissoeme
maculipennis n. sp. est décrite et illustrée.
Summary. – A new genus belonging to Ectenessini, close to Lissoeme, is described from French Guiana. Its typespecies, Paralissoeme maculipennis n. sp., is described and illustrated.
Mots-clés. – Taxonomie, nouveau genre, espèce nouvelle, région néotropicale, longicorne.
Key-words. – Taxonomy, new genus, new species, Neotropical region, longhorn beetle.
L’élevage sur troncs nourriciers nous a permis
d’obtenir quelques exemplaires d’une espèce
d’Ectenessini proche du genre Lissoeme Martins,
Chemsak & Linsley, 966.
Le genre Lissoeme a d’abord été inclus dans
les Oemini puis transféré par NAPP & MARTINS
[1982] dans les Acrysonini et enfin placé dans les
Ectenessini par MARTINS [1998]. Les caractères le
rattachant aux Ectenessini sont les suivants :
– Cavités procoxales non largement anguleuses
latéralement ;
– Dernier article des palpes sécuriforme ;
– Suture métasternale n’atteignant pas le
mésosternum ;
– Premier urosternite avec une carène postcoxale.
Ce dernier caractère n’est pas constant chez les
Ectenessini.
Voici la description donnée par MARTINS
[1998] du genre Lissoeme :
« Suture épistomale effacée. Front transverse,
plus de deux fois plus large que long. Suture
coronale visible jusqu’au niveau des lobes oculaires
supérieurs. Lobes oculaires supérieurs avec 3 à 4
rangées d’ommatidies ; lobes oculaires inférieurs
de longueur variable, au moins du double de
la longueur des genae. Apex de ces dernières
arrondi. Submentum profond, finement rugueux.
Palpes maxillaires de longueur double de celle des
labiaux, article I le plus court, article IV le plus
long, sécuriforme.
Antennes de onze articles, atteignant l’apex
élytral au niveau du milieu de l’antennomère VII
chez les mâles et du milieu de l’antennomère IX
chez les femelles. Scape légèrement élargi à son
extrémité, sans sulcus à la face dorsale de la base,
avec des points rugueux. Article III 2,5 fois plus
long que le scape et un peu plus long que le
suivant. Articles suivants de longueur légèrement
décroissante. Soies longues à la face interne des
articles du fouet.
Prothorax avec un dimorphisme sexuel, celui
des mâles plus long (au moins ,5 fois plus long
que large), celui des femelles plus court (,4 fois
plus long que large au plus) ; les côtés légèrement
arrondis. Pronotum à peine convexe, sans
gibbosité ou dépression. Ponctuation sexuelle très
fine et dense, occupant toute la superficie. Parties
latérales du prothorax avec la même ponctuation.
Prosternum finement rugueux. Processus prosternal
triangulaire et l’apex laminiforme ne dépassant pas
les procoxae. Mesosternum non déprimé, ample,
la limite avec les mésépisternes effacée. Processus
mésosternal plan, sans surface articulaire latérale,
au moins aussi large qu’une mésocoxa, l’apex
non entaillé. Mésépimères étroits, le côté antéro
interne plus élevé que le côté du métasternum. Ce
dernier avec une suture précoxale peu profonde.
Suture métasternale incomplète, n’atteignant pas
le processus antérieur.
Élytres allongés avec les côtés parallèles
jusqu’à la courbure apicale. Ponctuation dense
dans la moitié antérieure, et moins profonde
dans la moitié apicale. Surface microsculptée sans
pubescence, avec de longues soies organisées en
six rangées longitudinales au milieu de chaque
élytre. Apex tronqué obliquement avec des épines
variables.
Fémurs pédonculés et clavés. […]. Extrémité
des métafémurs n’atteignant pas l’apex
L’Entomologiste, tome 66, 2010, n° 5 – 6 : 287 – 290
Pierre-Henri DALENS & Julien TOUROULT
élytral. Tibias rectilignes, les postérieurs non
carénés. Métatarsomère I plus long que II +
III. Métatarsomère III avec les lobes allongés,
représentant plus de la moitié de la longueur de
l’article.
Premier urosternite avec une carène post
coxale […]. »
Dans le genre que nous décrivons, on observe
les caractères suivants :
- Suture clypéo-frontale marquée par deux
fossettes transversales latérales (effacée chez
Lissoeme) ;
- Antennomère V le plus long ; IV et VI un peu
plus courts ; III, VIII, IX et X subégaux, XI
presque aussi long que V (III le plus long et
suivants décroissants pour Lissoeme) ;
- Thorax et élytres plus courts ;
- Saillie mésosternale échancrée à l’apex
(tronquée, non échancrée, chez Lissoeme) ;
- Absence de carène post coxale.
Ces caractères nous semblent suffisants pour
proposer la création du genre Paralissoeme n. gen.
Paralissoeme n. gen.
Espèce-type : Paralissoeme maculipennis n. sp.
Diagnose
Suture clypéo-frontale marquée par deux petites
fossettes transversales latérales. Front transverse,
plus de deux fois plus large que long. Suture
coronale visible jusqu’entre les lobes oculaires
supérieurs. Ces derniers composés de 4 rangées
d’ommatidies. Lobes inférieurs 3 fois plus longs
que les genae. Submentum profond, rectiligne
et rugueux. Palpes maxillaires 2 fois plus longs
que les labiaux, le dernier segment sécuriforme.
Antennes de  articles, dépassant l’apex élytral
dans les deux sexes. Scape subcylindrique et
élargi à l’apex, avec des points sétifères rugueux.
Antennomère V le plus long ; IV et VI un peu plus
courts ; III, VIII, IX et X subégaux ; XI presque aussi
long que V. Absence de pubescence antennaire,
soies longues à la face inféro-interne des articles
du fouet.
Figures 1 et 2. – Paralissoeme maculipennis n. gen., n. sp. : 1) habitus, mâle, holotype ; 2) face ventrale, paratype.
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L’Entomologiste, tome 66, n° 5 – 6
Un nouvel Ectenessini de Guyane : Paralissoeme maculipennis n. gen., n. sp.
(Coleoptera Cerambycidae Cerambycinae)
Thorax nettement plus long que large. Côtés
légèrement arrondis. Pronotum avec des reliefs
peu marqués, le disque et les faces latérales
ponctués et finement rugueux. Prosternum
légèrement plissé transversalement et rugueux en
avant des procoxae. Cavités procoxales ouvertes
en dehors, l’ouverture latérale triangulaire à
pointe arrondie. Saillie prosternale triangulaire
dans la partie antérieure avec un apex laminiforme
(largeur égale au /5 d’une procoxa) n’atteignant
pas le bord inférieur des procoxae, ces dernières
globuleuses. Processus mésosternal large (2/3
de la largeur d’une mésocoxa), de surface plane
avec l’apex tronqué et échancré, avec deux petites
expansions latérales recouvrant légèrement l’angle
inféro-interne de la mésocoxa. Suture métasternale
incomplète, le sillon médian absent du processus
antérieur, ce dernier légèrement convexe. Absence
de carène post coxale.
Élytres allongés, côtés subparallèles et
légèrement explanés dans la moitié apicale.
Ponctuation forte et profonde dans la moitié
basale, moins imprimée dans la moitié distale.
Absence de pubescence et présence de 6 rangées
de soies érigées longitudinales sur chaque élytre.
Apex tronqué et désarmé.
Fémurs pédonculés et clavés ; à l’apex inerme.
Tibias subrectilignes et non carénés, les
antérieurs légèrement sinués. Tarsomère I égal à
II + III pour les antérieurs, I plus long que II + III
pour les suivants.
Paralissoeme maculipennis n. sp.
Figures 1 et 2
Matériel typique
Holotype : un mâle de Guyane, collecté au piégeage
lumineux, piste de Kaw, pk 46, le 28 août 1986,
par Gérard Tavakilian (n° 90 de l’ex-collection
de Institut de recherche pour le développement,
Paris, déposé au Muséum national d’Histoire
naturelle, Paris).
Paratypes (8 exemplaires) : lac des Américains
(Matoury), 28-III-2004, ex larva, Pierre-Henri
Dalens leg. (collection Pierre-Henri Dalens,
Montjoly, Guyane) ; route de Kaw (Roura) pk
30, trois exemplaires obtenus, ex larva, 6-III2004, 9-III-2004 et 25-III-2004, Pierre-Henri
Dalens leg. [2 in collection Pierre-Henri Dalens,
Montjoly, Guyane ; un in collection Julien
Touroult, Soyaux, France) ; Grand Bœuf Mort
(Saül), trois exemplaires obtenus ex larva, le 3-I2008, 4-I-2008 et 5-I-2008, Pierre-Henri Dalens
leg. (collection Pierre-Henri Dalens, Montjoly,
Guyane) ; montagnes Tortue, Approuague, une
femelle, piège lumineux, 26-VIII-98, Gérard
Tavakilian leg. (Institut de recherche pour le
développement, Paris).
Autre matériel examiné : piste de Kaw, pk 46, une
femelle, piège lumineux, 7-VIII-995, Edmund
Giesbert leg.
Description
Longueur : 8,0 mm. Habitus grêle.
Tégument brun jaunâtre avec deux lignes noires
longitudinales sur les déclivités élytrales dans
la moitié apicale. Apex élytraux et fémoraux
noirs. Genae très courtes. Front avec la suture
épistomale marquée, peu déprimé, scape avec de
fins tubercules sétifères étirés transversalement.
Pronotum au disque légèrement rugueux. Élytres
fortement ponctués. Pattes aux fémurs clavés
et pédonculés. Ouverture latérale des procoxae
arrondie. Saillie prosternale laminiforme, saillie
mésosternale large.
Tête prognathe, entièrement brun jaune.
Mandibules non carénées et non anguleuses.
Palpes maxillaires deux fois plus longs que les
labiaux, les dépassant de plus d’un article, le
dernier sécuriforme. Dernier article des labiaux
sécuriforme également. Labre étroit, clypéus
transverse et séparé du front par deux petites
fossettes transversales latérales. Front à peine
déprimé, plus large que haut et peu ponctué. Yeux
entiers, sans pilosité entre les ommatidies. Genae
représentant le quart de la longueur d’un lobe
oculaire inférieur. Lobes supérieurs constitués
de quatre rangées d’ommatidies et espacés de
près du quadruple de la largeur d’un lobe.
Tubercules antennifères légèrement acuminés au
bord interne. Antennes dépassant la longueur du
corps, de section subcylindrique avec de longues
soies à la face inférieure. Scape égal à la moitié
du III, à peine clavé et renflé à l’apex ; présence
de tubercules sétifères étirés transversalement.
Formule antennaire rapportée au scape : I = ,0 ;
II = 0,3 ; III=2,0 ; IV = 2, ; V = 2,4 ; VI = 2,2 ;
VII = 2, ; VIII = 2,0 ; IX = 2,0 ; X = 2,0 ; XI = 2,3.
Pronotum inerme, ,3 fois plus long que large,
les côtés légèrement arrondis. Largeur collaire
L’Entomologiste, tome 66, n° 5 – 6
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Pierre-Henri DALENS & Julien TOUROULT
Mésépimères, mésépisternes, métépisternes
et métasternum avec de courtes soies dorées
couchées. Le dernier avec en plus quelques
longues soies éparses. Sillon médian visible dans
les ¾ postérieurs. Premier arceau ventral à l’apex
triangulaire avec deux courts sillons transversaux
marqués entre les métacoxas.
équivalente à la largeur basale. Disque entièrement
recouvert de fines aspérités irrégulières, avec deux
surélévations latérales et une centrale à peine
marquées. Écusson brun jaune, triangulaire,
arrondi et légèrement déprimé.
Élytres trois fois plus longs que larges (aux
huméri), les côtés subparallèles, légèrement
explanés dans la moitié apicale. Forte ponctuation
régulière sur toute la surface, le tégument brillant
et lisse entre les points. Présence de deux macules
élytrales sombres, latérales, triangulaires allongées
longitudinalement, naissant à la moitié de la
longueur pour s’arrêter au quart distal. Apex
tronqué, légèrement sinué et à l’angle externe à
peine étiré. Marge de l’apex noire.
Urosternites avec de longues soies éparses,
leur longueur légèrement décroissante. Apex du
dernier urosternite tronqué.
Femelle : thorax plus large, ,2 fois plus long
que large. Antennes légèrement plus courtes.
Derivatio nominis
Le nom de genre fait allusion au genre Lissoeme
dont il est proche ; le nom d’espèce se rapporte
aux macules élytrales.
Pattes brun jaune avec les apex fémoraux noirs
et la face ventrale de la moitié proximale des
pro- et mésotibias rembrunie. Fémurs clavés et
pédonculés ; tibias antérieurs légèrement sinués
et les suivants subrectilignes. Tarses allongés,
I = II + III pour les protarses, I > II + III pour les
suivants.
Remerciements. – Nous remercions Chantal Pereur
et Frédéric Quiec, Yvan Allinckx, Philippe et Serge
Charles pour leur soutien logistique à Saül. Nous
remercions Gérard Tavakilian pour la communication
de ses données et de la photo illustrant cet article.
Dessous (Figure 2) entièrement brun jaunâtre,
microsculpté avec de rares soies dorées. Mentum
presque lisse avec quelques points sétifères d’où
émergent de longues soies dorées. Bord collaire du
prosternum garni d’une frange de soies jaunâtres.
Moitié antérieure du prosternum concave et
presque glabre, avec des soies plus denses en avant
des procoxas. Saillie prosternale laminiforme, très
étroite et n’atteignant pas le bord inférieur des
coxas. Cavités procoxales ouvertes latéralement,
l’angle externe arrondi.
Références bibliographiques
MARTINS U.R., 1998. – Tribo Ectenessini. In MARTINS
U.R. (coord.). Cerambycidae sul-americanos
(Coleoptera), vol. V (2). Sao Paulo, Sociedade
Brasileira de Entomologia, 8-82.
MARTINS U.R, CHEMSAK J.A. & LINSLEY E.G., 1966.
– A generic revision of the tribe Methiini in the
Western Hemisphere. Arquivos de Zoologia, 4 (3) :
97-22.
NAPP D.S. & MARTINS U.R., 1982. – Subsídios para
uma revisao da tribo Achrysonini (Coleoptera,
Cerambycidae) nas Americas. Papéis Avulsos de
Zoologia, 34 : 349-40.
•
Mésosternum microsculpté, saillie mésosternale
large (⅔ de la largeur d’une mésocoxa), largement
échancrée au centre et les angles légèrement étirés
en lobes arrondis. Face ventrale des mésocoxas
aplatie, leur cavité ouverte latéralement.
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