Archives municipales de Lyon - le Garbeau de l'épicerie 1519 - CC 4292
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Reproductions photographiques : Gilles Bernasconi, Archives municipales de Lyon
Commentaires : Tania Levy, doctorante en histoire de l'art, La Sorbonne-Paris IV et chargée d'étude et de recherche, I.N.H.A
Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Transcription : Thomas Bernard, élève de l’Ecole des Chartes / Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Graphisme et assistance technique : Esprit public
QU’EST-CE QUE LE GARBEAU DE L’EPICERIE ?
C’est le droit d’inspection, de vérification et de taxation des épices passées au crible.
Son étymologie provient du verbe latin garbellare qui signifie « passer au crible ».
Le même verbe de sens identique existe en espagnol garbillar et se rattache au terme arabe gharbil ou
gharbal qui signifie « crible ».
Le mot « garbeau » a plusieurs sens :
Il désigne principalement le droit de cribler, tamiser ou vanner les épices et de les examiner ou
inspecter, d’où l’expression « le garbeau de l’épicerie ».
Il désigne parfois les denrées destinées à être criblées, pulvérisées et vendues par les marchands
épiciers ou apothicaires mais aussi la substance qui reste après être passée au crible.
On trouve dans le document des mots dérivés de garbeau :
garbellage ou garbellaige qui correspond à l’action de cribler et d’enlever les impuretés et les menus
fragments appelés « pousse »
garbelleur qui désigne la personne chargée du criblage et de l’inspection
Au 16e siècle par inversion phonétique, le mot devient couramment « grabeau » ainsi que les mots de la
même racine qui sont dérivés.
Le mot sort de son usage technique pour passer dans la langue littéraire. Rabelais, qui fut médecin de
l’Hôtel Dieu de 1532 à 1534, l’emploie dans le sens de « chercher la petite bête ».
Voir « grabeler » au portail lexical du Centre national de ressources textuelles et lexicales
http://www.cnrtl.fr/definition/grabeler
Octroyé et instauré à Lyon par Louis XI par lettre patente en 1465, ce droit d’inspection et de taxation
prend à Lyon jusqu’à la fin du 16e siècle une importance particulière. Son institution suit de près celle
des quatre foires, autorisées en 1463 ; il ne s’agit pas d’une taxe qui pourrait porter atteinte aux
privilèges des foires car c’est un droit très léger qui sert essentiellement à payer les salaires des commis
et les frais d’achat et d’entretien du matériel de criblage.
En 1519, après avoir pris l’avis des marchands épiciers, vendeurs en gros « marchans grossiers » et
des apothicaires, le Consulat réorganise le contrôle des épices. Il fait l’objet d’un nouveau règlement
après un long procès, qui pendant les premières années du 16e siècle avait opposé le Consulat à un
dénommé Jean Gauthier, précédent receveur du garbeau, qui entendait exploiter le droit au bénéfice de
la confrérie des apothicaires. Le Consulat, ayant gagné la partie, juge alors plus prudent de promulguer
un nouveau règlement au moment où par arrêté il nomme un nouveau receveur Guillaume Gautheret.
Ces ordonnances du Garbeau de 1519 peuvent s’interpréter à la lumière de la querelle entre les consuls
et les artisans lyonnais au début du 16e siècle, de 1515 à 1521, qui mêle question financière et pouvoir
politique. Il s’était constitué une sorte d’aristocratie bourgeoise peu nombreuse et fermée à la tête de
l’administration municipale et qui en avait le monopole. Certains riches bourgeois lyonnais, ayant réussi