qu`est-ce que le garbeau de l`epicerie

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QU’EST-CE QUE LE GARBEAU DE L’EPICERIE ?
C’est le droit d’inspection, de vérification et de taxation des épices passées au crible.
Son étymologie provient du verbe latin garbellare qui signifie « passer au crible ».
Le même verbe de sens identique existe en espagnol garbillar et se rattache au terme arabe gharbil ou
gharbal qui signifie « crible ».
Le mot « garbeau » a plusieurs sens :
Il désigne principalement le droit de cribler, tamiser ou vanner les épices et de les examiner ou
inspecter, d’où l’expression « le garbeau de l’épicerie ».
Il désigne parfois les denrées destinées à être criblées, pulvérisées et vendues par les marchands
épiciers ou apothicaires mais aussi la substance qui reste après être passée au crible.
On trouve dans le document des mots dérivés de garbeau :
garbellage ou garbellaige qui correspond à l’action de cribler et d’enlever les impuretés et les menus
fragments appelés « pousse »
garbelleur qui désigne la personne chargée du criblage et de l’inspection
Au 16e siècle par inversion phonétique, le mot devient couramment « grabeau » ainsi que les mots de la
même racine qui sont dérivés.
Le mot sort de son usage technique pour passer dans la langue littéraire. Rabelais, qui fut médecin de
l’Hôtel Dieu de 1532 à 1534, l’emploie dans le sens de « chercher la petite bête ».
Voir « grabeler » au portail lexical du Centre national de ressources textuelles et lexicales
http://www.cnrtl.fr/definition/grabeler
Octroyé et instauré à Lyon par Louis XI par lettre patente en 1465, ce droit d’inspection et de taxation
prend à Lyon jusqu’à la fin du 16e siècle une importance particulière. Son institution suit de près celle
des quatre foires, autorisées en 1463 ; il ne s’agit pas d’une taxe qui pourrait porter atteinte aux
privilèges des foires car c’est un droit très léger qui sert essentiellement à payer les salaires des commis
et les frais d’achat et d’entretien du matériel de criblage.
En 1519, après avoir pris l’avis des marchands épiciers, vendeurs en gros « marchans grossiers » et
des apothicaires, le Consulat réorganise le contrôle des épices. Il fait l’objet d’un nouveau règlement
après un long procès, qui pendant les premières années du 16e siècle avait opposé le Consulat à un
dénommé Jean Gauthier, précédent receveur du garbeau, qui entendait exploiter le droit au bénéfice de
la confrérie des apothicaires. Le Consulat, ayant gagné la partie, juge alors plus prudent de promulguer
un nouveau règlement au moment où par arrêté il nomme un nouveau receveur Guillaume Gautheret.
Ces ordonnances du Garbeau de 1519 peuvent s’interpréter à la lumière de la querelle entre les consuls
et les artisans lyonnais au début du 16e siècle, de 1515 à 1521, qui mêle question financière et pouvoir
politique. Il s’était constitué une sorte d’aristocratie bourgeoise peu nombreuse et fermée à la tête de
l’administration municipale et qui en avait le monopole. Certains riches bourgeois lyonnais, ayant réussi
Archives municipales de Lyon - le Garbeau de l'épicerie 1519 - CC 4292
© Crédits
Reproductions photographiques : Gilles Bernasconi, Archives municipales de Lyon
Commentaires : Tania Levy, doctorante en histoire de l'art, La Sorbonne-Paris IV et chargée d'étude et de recherche, I.N.H.A
Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Transcription : Thomas Bernard, élève de l’Ecole des Chartes / Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Graphisme et assistance technique : Esprit public
à obtenir le soutien des artisans, entrent en opposition avec les « conseillers » c'est-à-dire les élus
municipaux, à la fois pour faire diminuer les charges, obtenir des dégrèvements d’impôts mais aussi
pour accéder au pouvoir.
L’apothicaire Jean Gauthier fait partie des opposants au Consulat ; il en est même l’un des meneurs.
C’est un riche propriétaire de 5 maisons à Lyon et d’une vigne à Fontaines (selon la déclaration de ses
biens en 1515 au registre des « Nommées »). Il se ruinera presque avec les procès qu’il intente contre
les élus municipaux, les « conseillers ».
Pour en savoir plus sur cette querelle, voir André Brassart, la querelle des consuls et des artisans à
Lyon (1515-1521), dans Revue d’histoire de Lyon, t. 8, 1909, pp. 1-42.
Le Consulat donne la charge du garbeau à l’apothicaire Guillaume Gautheret et désigne quatre
garbelleurs pour le seconder et vérifier les épices passées au crible.
Afin d’éviter des les tromperies sur les marchandises, les épices, une fois passées au crible et
inspectées, sont mise dans des sacs fermés par un sceau ou cachet et forment des « balles ». Le
cachet représente un lion noir rampant, c’est à dire debout, surmonté de trois fleurs de lys qui sont les
armes de la ville.
Les marchandises « marinées » qui ont reçu de l’eau de mer ou qui n’ont pas été bien nettoyées ou
parfaitement « garbellées » sont marquées du même cachet mais barré en travers.
Le cachet est de cire verte pour les épices de valeur (clous de girofle, muscade, cannelle…) et de cire
rouge pour celles de moindre valeur (amandes, noix de galle…)
Le contrôle est effectué par 4 garbelleurs nommés, sous le contrôle de Guillaume Gautheret. Ils se
nomment Marinet, Chanier, Le Rey et Joly Pey.
La taxe est diversifiée selon la nature des épices. Les épices les plus appréciées sont taxées à 5 sous
(cannelle, clous de girofle, muscade…), les moins appréciées à 1 sou (noix de galle ou amandes). Elle
se paye par balle, c'est-à-dire par sac (marqué d’un sceau).
Les garbelleurs tiennent un carnet lors de chaque foire pour enregistrer l’entrée des épices contrôlées ;
ces carnets sont conservés aux Archives municipales avec peu de lacunes pour le 16 e siècle au sein
des liasses de pièces justificatives de l’exécution budgétaire annuelle. Ils permettent de connaître
précisément les marchands, le volume du trafic des épices à Lyon et de suivre son évolution.
Malheureusement la provenance des marchandises n’est pas indiquée.
Archives municipales de Lyon - le Garbeau de l'épicerie 1519 - CC 4292
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Reproductions photographiques : Gilles Bernasconi, Archives municipales de Lyon
Commentaires : Tania Levy, doctorante en histoire de l'art, La Sorbonne-Paris IV et chargée d'étude et de recherche, I.N.H.A
Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Transcription : Thomas Bernard, élève de l’Ecole des Chartes / Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
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