VOIX NOUVELLES N°96 · Août 2015
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A l’occasion des 850 ans de la cathédrale Notre-Dame de Paris en
2013, l’association Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris, sous
l’impulsion de son directeur musical de l’époque, Lionel Sow, a
souhaité passer commande de plusieurs créations musicales.
Il s’agit ici d’une commande passée auprès de quinze
compositeurs qui sont « des personnalités du monde musical
d’esthétiques très différentes, voire opposées ». La sélection ne
s’est pas limitée « à des musiciens ayant une grande habitude
de la musique liturgique », ni n’a été orientée « vers tel ou tel
type de langage musical qui (…) aurait semblé plus adéquat. »
Mais il s’agissait de « faire de ce “Livre” un trait d’union,
reliant le monde de la création musicale à celui de la musique
sacrée. » (L. Sow).
L’une des contraintes du cahier des charges fut que ces œuvres
devaient être écrites pour chœur d’enfants et orgue, aussi bien
la messe brève que les douze motets.
LA MESSE BRÈVE
Elle comprend un Kyrie, un Sanctus, et un Agnus. Ces trois
chants liturgiques ont été confiés respectivement à Edith Canat
de Chizy (1950), Thierry Escaich (1965) et Nicolas Bacri
(1961), et ils peuvent être interprétés de manière tout à fait
indépendante, selon que l’on voudrait mettre en valeur l’un
ou l’autre de ces moments rituels au cours d’une célébration
eucharistique.
LES MOTETS
Le choix de faire écrire douze motets peut surprendre. En
effet, le motet n’est pas, a priori, une forme musicale prévue
de manière fixe et rituelle au cours de la messe ou dans l’office
divin, depuis Vatican II, même s’il peut y trouver sa place (par
exemple, à l’offertoire ou à la communion).
Ainsi, à Notre-Dame de Paris, il est habituel de chanter un
motet en latin aux Vêpres, avant le Magnificat, et à la messe,
pendant la communion. Outre l’occasion de faire vivre tout un
répertoire de motets anciens au cours de la liturgie, la Maîtrise
de Notre-Dame de Paris conserve ainsi à l’honneur un genre
musical qui, alors qu’il n’était encore qu’à deux voix, connut
en son sein son apogée à la fin du XII
e
siècle, avec ses maîtres
Léonin et Pérotin.
Aujourd’hui, le motet peut bien entendu être chanté aussi
dans toutes les liturgies dévotionnelles (adoration du Saint-
Sacrement, veillée mariale, processions de pèlerinages, etc.),
ainsi que dans des concerts spirituels.
Une originalité supplémentaire de cette commande réside dans
le fait que, sur les douze motets, correspondant à différents
temps liturgiques, sept ont un texte en français. Comme on
puisait autrefois dans la Bible, en particulier dans la poésie
des Psaumes pour composer de manière diverse les textes des
grands et petits motets, de même a-t-on puisé dans le fonds
poétique créé depuis Vatican II pour servir la prière des fidèles
en langue vernaculaire, en particulier par la Commission
Francophone Cistercienne, afin de trouver des textes adap-
tables au genre très libre du motet mais en lien serré avec
chaque temps liturgique. Ainsi :
- Pour le temps de l’Avent :
En clara vox, hymne ambrosienne du V
e
siècle / Jean-Baptiste
Robin (né en 1976).
- Pour le temps de Noël :
Une aube en clair obscur, d’après un texte de Jean-Yves
Quellec, o.s.b. / Bruno Ducol (1949).
- Pour le temps du Carême :
Du fond de l’abîme, Sr. Marie-Pierre Faure, o.c.s.o. / Jean-
Pierre Leguay (1939).
- Pour le temps de Pâques :
Alleluia, Lapi revolutus est, antiennes grégoriennes du temps
pascal / Caroline Marçot, (1974).
- Pour l’Ascension :
Aujourd’hui, le Créateur des jours, Sr. Françoise Callerot,
o.c.s.o. / Eric Lebrun (1967).
- Motet pour la Pentecôte :
Un grand vent s’est levé, J. Gelineau et D. Rimaud / Benoît
Menu (1977).
- Trois motets pour le Saint-Sacrement :
Voici le Sacre du Royaume, Patrice de La Tour du Pin / Pierre-
Adrien Charpy (1972) ; Tantum ergo, s. Thomas d’Aquin
/ Vincent Bouchot (1966) ; De fructu operum, communion
grégorienne (Ps 103, 13-15) / Vincent Paulet (1962).
- Trois motets à la Vierge Marie :
Femme revêtue de soleil, Sr. Chantal, o.c.s.o. / Michèle
Reverdy (1943) ; Sancta et immaculata, répons grégorien du
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ème
nocturne de la fête de Noël (Lc 1, 28) / Thomas Lacôte
(1982) ; Ô Notre-Dame du soir, Fr. Columba, o.c.s.o. / Yves
Castagnet (1964).
Pour conclure, laissons une dernière fois la parole à L. Sow :
« Le but de ce Livre de Notre-Dame est aussi d’enrichir le
répertoire sacré d’œuvres contemporaines à destination des
chœurs d’enfants. La difficulté “moyenne” de ces motets
a été une préoccupation essentielle des compositeurs afin
d’appréhender au mieux l’appropriation de ce répertoire
par de très jeunes chanteurs. Ces motets participent aussi
à l’éducation stylistique et culturelle pour la musique
d’aujourd’hui à l’attention de jeunes chanteurs, qui sont aussi
les futurs musiciens et, ou, mélomanes avertis de demain. »
Souhaitons que les maîtrises et chœurs d’enfants puissent s’en
saisir pour élargir leur répertoire liturgique de musique sacrée
contemporaine !
→ François-Xavier Ledoux, o.p.
(diocèse de Paris)
LE LIVRE DE NOTRE-DAME
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