C’est une théorie très récente du XVIIème XVIIIème siècle que l’on doit notamment aux Lumières, mais qui avait été déjà en partie théorisé par
Aristote qui avait identifié 3 fonctions dans un Etat et qui pensait déjà qu’ils devaient être séparés (mais n’avait pas identifié d’organes). Séparer
les organes et les fonctions est quelque chose de différent, ex la loi qui est une fonction est partagée entre plusieurs organes (Président, Parlement
etc.).
La séparation des pouvoirs n’équivaut pas à la démocratie (qui est le pouvoir du peuple par le peuple).
La théorie de John Locke dans son « essai sur le Gouvernement Civil » de 1690.
Locke accompagnait les nouveaux Rois d’Angleterre, Guillaume d’Orange et son épouse Mary parvenus sur le trône suite à une révolution contre
les Stuarts. La première présentation de cette théorie de la séparation des pouvoirs a eu lieu suite à la « glorieuse révolution » de 1688.
Il passait pour être l’ami du Roi, ce même Roi qui contrairement à la France (monarchie absolue avec Louis XIV), se trouvait dans ce qu’on
appelait une Monarchie limitée et veut démontrer que ce nouveau système est le meilleur (le Roi ne fait qu’exécuter les lois sous la surveillance
du Parlement (pouvoir exécutif)). Locke vantera donc la monarchie limitée dans son essai, notamment au chapitre 12 « Cela serait provoquer une
tentation trop forte pour la fragilité humaine sujette à l’ambition, que de confier à ceux-là mêmes qui ont déjà le pouvoir de faire les lois celui de les
exécuter »
Locke ne prône pas une séparation stricte des fonctions, elles doivent juste être répartir entre les organes. Il défend l’idée de fond que le pouvoir
l’autorité doit être diffuse et remise entre des mains différentes. Il distingue trois pouvoirs :
- Législatif : faire la loi (qu’il considère supérieur aux deux autres)
- Exécutif : mettre la loi en œuvre
- Fédératif : conduire les relations internationales (diplomatie, armée)
N’étant que courtisan, son œuvre ne fit pas grand bruit et il fallu attendre un gros demi siècle pour que Montesquieu en donne une formulation plus
élégante et prestigieuse.
I) La Formulation de la Théorie par Montesquieu
A) Le triomphe de la Théorie de Montesquieu
Montesquieu développe sa théorie dans le Livre XI de son œuvre « L’Esprit des Lois » (1748), dans le chapitre VI intitulé « de la Constitution
d’Angleterre » : il fait semblant de décrire le régime anglais, ce qui n’est qu’un prétexte pour parler de la France. (L’expression « séparation des
pouvoirs » ne figure pas dans son texte.)
Face à l’absolutisme royal, Montesquieu cherche un régime qui puisse assurer la liberté politique, et dont le but principal est de se préserver de
l’arbitraire du pouvoir. Il se méfie du pouvoir. Selon les mots de Montesquieu, le problème est que « Tout homme qui a du pouvoir est porté à en
abuser » et la solution : « pour que l’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. ».
La liberté politique sera d’autant mieux protégée que le pouvoir ne sera pas placé entre les mêmes mains. D’où la nécessité de séparation des
pouvoirs.
Les 3 puissances, décrites par leur objet, selon Montesquieu « La puissance législative, la puissance exécutrice, la puissance de juger », ne
doivent pas être attribués à la même personne ou au même corps.
Même si cette théorie conduit à la création de deux organes distincts (le Parlement et le gouvernement), elle n’exige pas que chacun des pouvoirs
soit attribué à un organe distinct, elle impose simplement qu’un seul organe ne soit pas titulaire de la plénitude de plusieurs pouvoirs. Chez
Montesquieu, il n’y a pas d’isolement absolu de chacun des pouvoirs dans une fonction spécialisée. De plus les trois pouvoirs ne sont pas
considérés comme égaux, le pouvoir juridictionnel étant secondaire.
Les relations entre exécutif et législatif reposent sur le fait que chaque corps dispose à la fois de la faculté de statuer et de la faculté d’empêcher
ce que fait l’autre organe. « Checks and Balances » : Chaque pouvoir peut contrer l’autre pouvoir.
Le résultat de telles relations pourrait être la paralyse complète du pouvoir, mais dans une perspective libérale de la préservation de la liberté,
moins l’Etat agit, moins il risque de porter atteinte aux libertés.
De plus les nécessités de l’action politique s’imposant, les deux pouvoirs seront obligés de trouver un terrain d’entente par un « enchainement
mutuel des forces ».
L’influence de Montesquieu sur les pouvoirs constitutionnels fut grande tant par le vocabulaire employé (pouvoir législatif, exécutif et judiciaire) que
les idées (dont la constitution américaine s’est directement inspirée). Son influence se retrouve également à l’art 16 de la DDHC : « Toute société
dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminés, n’a point de Constitution. »
B) La Critique de Jean Jacques Rousseau
Ses théories que l’on retrouve notamment dans le « Contrat Social » sont diamétralement opposées à celles de Montesquieu (pessimiste, le
peuple est incapable de gouverner).
Pour Rousseau (optimiste) le pouvoir n’est pas mauvais en soi, il ne doit donc pas être nécessairement divisé. Il recherche au contraire l’unité du
pouvoir.
Là où Montesquieu ne donnait pas de hiérarchie entre les différents pouvoirs (donc un plan horizontal et monarchique), Rousseau y voit une
répartition verticale et démocratique dans laquelle le peuple est apte à diriger.
II) Le Classement des régimes politiques s’opère en fonction de la théorie de la Séparation des Pouvoirs
La pratique de la séparation des pouvoirs a donné lieu à trois types de régimes :
- Le régime d’assemblée (Suisse).
- Le régime parlementaire (Angleterre, France). Suite à la révolution française, les constituants se serviront des deux théories, et là ou
Montesquieu cherchait un pouvoir modéré, les révolutionnaires y verront une promotion erronée du pouvoir législatif.
- Le régime présidentiel (USA). Les constituants américains feront une application de Montesquieu beaucoup plus fidèle et très proche
de l’idée originale. Certes il n’y a pas de chambres des lords mais les pouvoirs sont contraints de s’entendre à travers la collaboration des
pouvoirs, dans une séparation pourtant stricte.
A) La hiérarchisation des pouvoirs Dans un régime d’assemblée, il y a bien deux organes distincts (exécutif et législatif), mais l’un des deux est
soumis à l’autre.
1) La dictature de l’exécutif
Dans ces régimes autoritaires, un seul homme détient le pouvoir législatif et exécutif.
- La dictature personnelle dont on peut inclure le modèle Césariste (Ex : Régimes Napoléoniens) avec une omnipotence de l’exécutif et
la soumission du législatif. Dans ces dictatures, il y a souvent du populisme (faire semblant de faire appel au peuple).
- Les régimes totalitaires du XXème, qui contrairement au césarisme, embrassent tous les aspects de la vie sociale et privée qui sont
gouvernés par l’idéologie du régime comme Hitler et Staline. Doyen Vedel : « Napoléon dirigeait l’Etat, Hitler dirigeait la société ». Les
régimes autoritaires correspondent souvent à des situations de crises et sont marqués par un déclin du droit.
2) La dictature du législatif ou régime d’assemblée
C’est un régime dont les partisans se réclament de Jean Jacques Rousseau et de l’unité du pouvoir (s’appuient sur le caractère indivisible de la
souveraineté).