6.2. Version combinatoire. Francis Lazarus. 31 mai 2012 52
Proposition 6.2.8 Soit Tun arbre couvrant du 1-squelette de la surface M. On note E0
l’ensemble des cordes de T, et {rf}f∈Fl’ensemble des relations faciales de Mrelativement
àE0. Alors π1(M, x)est isomorphe à la représentation combinatoire
< E0| {rf}f∈F>
Preuve : On considère le morphisme γ:L(E0)→π1(M, x)qui associe à une corde e
la classe d’homotopie de γT
e. Ce qui précède indique que γest surjectif. Il suffit donc de
montrer que ker γest égal au sous-groupe distingué, R, engendré par les relations faciales.
Pour w=e1. . . en∈L(E0)on note Γ(w) = γT
e1. . . γT
enle lacet obtenu par concaténation
des γT
ei, de sorte que γ(w)est la classe d’homotopie de Γ(w). On note également ∼la
relation d’homotopie dans Met ∼1la relation d’homotopie dans son 1-squelette, i.e. en
restreignant les homotopies élémentaires aux réductions élémentaires.
Pour toute relation faciale rf, on a Γ(rf)∼1c.∂f.c−1où cest un chemin d’approche
dans Tde xvers un sommet de f. On en déduit Γ(rf)∼1par définition de l’homotopie
dans M, puis R⊂ker γ. Réciproquement, on veut montrer que Γ(r)∼1implique
r∈R. Ceci permet effectivement de conclure ker γ⊂Ret donc ker γ=R. Pour cela,
on raisonne par récurrence sur le nombre d’homotopies élémentaires faciales permettant
de transformer Γ(r)en le lacet constant. Le cas de base, Γ(r)∼11implique r= 1 dans
L(E0), est une conséquence du théorème 6.2.4. Sinon, on suppose que Γ(r)∼1u.∂f.v où
uv se réduit à 1avec une homotopie élémentaire faciale de moins que Γ(r). On a alors
Γ(r.¯v−1.r−1
f.¯v)∼1u.∂f.v.v−1.(∂f )−1.v ∼1uv, où ¯vest la trace de vsur E0. Mais par
hypothèse de récurrence, r.¯v−1.r−1
f.¯v∈R, i.e. r∈R.2
Dans la pratique on peut simplifier la représentation combinatoire de la proposition ci-
dessus. On note pour cela K∗un arbre couvrant du graphe d’adjacence des faces de M.
L’arborescence de faces correspondant à K∗forme un disque triangulé D. Les arêtes du
bord de Ds’identifient sur Mà un sous-graphe Gdu 1-squelette M1. On note Tun arbre
couvrant de G; c’est également un arbre couvrant de M1. Soit E0les cordes de Tdans
Get Iles arêtes internes de D(complémentaires de Gdans M1). D’après la proposition
précédente, π1(M, x)admet la représentation combinatoire
< E0∪I| {rf}f∈F> .
On supposera que les faces de Msont orientées de manière compatible dans D, i.e. que
les orientations induites par les deux triangles incidents à chaque arête interne de Dsont
opposées. Pour chaque triangle f, la relation rfcorrespondante s’obtient en considérant
les 3 arêtes du bord de fet en ne retenant que les arêtes de I(internes à D) et de E0
(celles sur le bord de Dqui sont des cordes de T). Si le triangle tcorrespond à un sommet
de degré un dans K∗, alors rta l’une des trois formes possibles : e,e.a ou e.a.b où eest
l’unique arête interne de fet a, b les deux autres arêtes de t, possiblement dans E0. On
en déduit que, dans le groupe < E0∪I| {rf}f∈F. >, l’élément eest soit l’identité, soit
s’exprime en fonction d’éléments de E0(puisque e= 1 ou e.a = 1 ou e.a.b = 1 dans
le groupe). On en déduit une nouvelle représentation combinatoire de π1(M, x)avec un
générateur de moins :
< E0∪I\ {e} | {r0
f}f∈F\{t}>