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vie ont alors donné lieu à de multiples analyses. La plus célèbre, celle de Malthus soutient que
le niveau de la population s’auto équilibrera et surtout stagnera. Si elle a pu être pertinente
pour une grande partie de notre histoire, les changements observés depuis 1750 la remettent
en cause. Pour examiner l’évolution historique du rapport entre la croissance démographique,
les changements technologiques et le niveau de vie, nous considérons plusieurs modèles ayant
caractérisé le processus de développement économique : les régimes « malthusiens », « post
malthusiens », et de « croissance moderne ». Les deux différences les plus importantes d’un
point de vue macro-économique entre ces régimes sont, l’évolution du revenu par tête, et le
rapport entre le niveau du revenu par tête et le taux de croissance démographique.
– Le régime malthusien est caractérisé par un revenu par tête à peu près constant, et le
rapport entre le niveau du revenu par tête et la croissance démographique y est positif.
– Le régime post malthusien, qui s’est intercalé entre les deux autres, présente une
caractéristique commune avec chacun d’entre eux. Il a connu une augmentation de
revenu par tête, quoique à un rythme inférieur à celui qu’il allait adopter sous le
régime de croissance moderne, tout en conservant le rapport malthusien positif entre le
niveau de revenu par tête et la croissance démographique.
– Le régime de croissance moderne se caractérise par une hausse régulière à la fois du
revenu par tête et du niveau du progrès technologique. Le rapport entre le niveau de la
production et le taux de croissance démographique y est négatif.
Dans l’analyse de la population, de nombreux courants se sont distingués, cependant
deux thèses importantes s’affrontent sur le sujet :
– Le courant malthusien (Malthus) : Pour Malthus, la population croît selon une
progression géométrique (double tous les 25 ans) tandis que les subsistances croissent
selon une progression arithmétique. Dès lors, soit la population accepte
volontairement de limiter sa croissance (c’est la moral restreint ou abstention de
mariage), soit la population sera détruite par la guerre, la famine, la peste. Aider les
pauvres revient à encourager la croissance démographique et à terme sa destruction.
– La pression créatrice (Boserup) : Selon E. Boserup, la pression démographique
entraîne une réorganisation de la production agricole. Contrairement à l’analyse
malthusienne, nous ne pouvons séparer l’évolution de la production agricole de celle
de la population. C’est la taille de la population et donc le niveau de subsistances
nécessaires qui conduisent à des modifications dans les modes d’exploitation des
terres. Ainsi, la pression démographique a obligé les pays du Nord à adopter la charrue
afin d’augmenter la productivité des terres agricoles. A l’inverse, une population
clairsemée n’incite pas la société à changer le système d’utilisation du sol. La
croissance démographique joue un rôle moteur dans le changement des techniques, et
ceci via une pression créatrice. Boserup oppose ainsi à la trappe malthusienne
(insuffisance de la production alimentaire), la trappe à faible densité de population
(faible progrès technique).
Partant de là, l’objectif de cet article est d’étudier, pour le cas de la France depuis
1950, les relations de causalité entre le développement démographique et la croissance de
l’économie. Après un rappel de la méthode économétrique, nous présenterons nos résultats.