
Nadia Marik
DIRECTRICE ADJOINTE DE SCIENCES PO
Diplômée de Sciences Po en 1978, elle a com-
mencé sa carrière dans le secteur privé, en
assumant des fonctions de direction au sein
de plusieurs agences de communication. À
sa sortie de l’École Nationale d’Administration
(Promotion Marc Bloch) en 1997, elle intègre le
Tribunal Administratif de Paris comme Rapporteur puis Commissaire du
gouvernement. En 2000, elle rejoint Sciences Po dont elle devient, en
2002, directrice adjointe, directrice de la Stratégie et du Développement.
Allons-nous encore et encore, dans notre pays, continuer à manquer de
courage et de lucidité, et laisser sur le bas-côté de notre société toute
une série de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer, mais qui, mal-
heureusement, sont un peu à la marge parce qu’ils ne sont pas nés dans
la bonne famille, le bon milieu social, la bonne ville, le bon pays, parce
qu’ils ne jouissent pas de la même santé ou parce que leur âge est un
peu avancé ?
Allons-nous continuer encore et encore à oublier qu’une personne sur
quatre en France souffre de troubles psychiques, mais néanmoins peut
servir son pays ?
Allons-nous continuer à ne pas voir que notre pays a besoin de mobiliser
toutes les intelligences, toutes les sensibilités pour continuer à jouer son
rôle sur la scène internationale ?
À Sciences Po, nous répondons non, non et encore non. Pourquoi ?
Introduction(s)
Nadia Marik
DIRECTRICE ADJOINTE DE SCIENCES PO
Francis Charhon
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FONDATION DE FRANCE
Marie-Anne Montchamp
PRÉSIDENTE DE L’AGENCE ENTREPRISES & HANDICAP
La première raison, c’est que les entreprises permettent l’intégration des
hommes et des femmes qui souffrent de troubles psychiques à l’intérieur
du monde du travail. Ces entreprises, sans l’aide des écoles, des établis-
sements de formation, même les plus sélectifs, les plus élitistes, ne par-
viendront jamais à recruter cette diversité des talents qui fera la richesse
de demain. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons décidé de nous
mobiliser pour une autre plaie de notre société, qui est la mise à l’écart de
ceux qui n’appartiennent pas au bon milieu social. À Sciences Po, nous
aimons ce côté « laboratoire », pour servir des causes justes, nobles et
utiles à notre pays.
Comment peut-on faire ? D’une part en commençant par s’intéresser aux
élèves en situation de handicap. La première étape a été pour nous de se
fixer des objectifs quantitatifs. Nous avons été très attaqués là-dessus.
Eh bien oui ! Il n’y a que comme cela qu’on arrivera à forcer les mentali-
tés, à faire bouger les gens. De fait, cette idée que nous avons eue il y a
maintenant deux ans fonctionne à peu près aujourd’hui. Je vous laisse en
juger. Sur 8600 élèves, nous avions 17 élèves en situation de handicap la
première année. L’année dernière, nous en avions 32. Et cette année, 49.
Je sais que c’est très faible, mais je sais aussi que le mouvement s’est
amorcé à Sciences Po et qu’il est inexorable, que nous ne reviendrons
jamais en arrière.
Une autre manière de servir cette cause, c’est d’organiser des événe-
ments comme ce colloque. Nous organisons beaucoup d’événements à
Sciences Po, mais de cette ampleur, c’est très rare.
Nous avons reçu de grandes personnalités, organisé des débats impor-
tants, mais celui-ci est crucial. Nous en attendons aussi beaucoup pour
mieux faire notre métier.
Je voudrais remercier ceux qui, à Sciences Po, nous ont aidés à cette pri-
se de conscience : en particulier Catherine Blanc, chargée de mission sur
ce sujet. Je remercie également Nicolas Catzaras, ainsi que toutes les or-
ganisations syndicales qui se mobilisent, qui nous aident, nous poussent.
Je remercie enfin ceux qui sont à l’initiative de ce colloque : Francis
Charhon, de la Fondation de France, et une femme pour laquelle j’ai un
respect et une admiration sans borne, Marie-Anne Montchamp.