PRISE EN SOINS PSYCHOLOGIQUES DES PERSONNES ATTEINTES D’UNE MALADIE GRAVE Bartholomé Angélique Psychologue L’état psychique du patient lors de l’annonce L’annonce d’un diagnostic grave rend concrète la possibilité de sa propre mort Conséquences : une blessure narcissique, des pertes, des deuils… perte de l’illusion de son immortalité image de soi / place familiale, sociale remise en cause des projets de vie bascule dans l’univers de la maladie L’état psychique du patient lors de l’annonce Le Choc, la sidération, • La maladie apparait comme une rupture de l’équilibre psychique, physique et sociale • « Un couperet, violent, qui laisse les patients seuls face à ce qui est souvent leur plus grande crainte. Car le cancer, sans doute davantage que tout autre maladie, fait peur avant même de faire mal ». d’où la difficulté pour le patient de tout entendre, de tout comprendre, lors de la consultation d’annonce et la nécessité pour le soignant de répéter au fil du parcours de soins les informations Une expérience traumatisante « Une annonce, quel qu’en soit le cadre, est toujours un moment traumatique, décrypte Alain Bouregba. Elle relève pour Lacan d’un trauma, d’une confrontation à une expérience irreprésentable. Les mots pour dire et pour traduire ce à quoi est confronté le malade à ce moment-là n’existent pas. » Le parcours du malade : la souffrance Les souffrances de la personne sont multiples La douleur : physique, morale L’altération de l’image corporelle La rupture de l’équilibre quotidien (activité habituelle demandant bien plus d’effort) Les humiliations ( ex : dépendance à l’autre) La vulnérabilité La peur L’exclusion La remise en question du sens de la vie La culpabilité vis-à-vis des proches Les mécanismes de défense dans les interactions soigné-soignant Face à cette épreuve traumatisante, divers mécanismes de défense psychiques sont mis en place par le patient et par sa famille « Toute situation d’angoisse, d’impuissance, de malaise, d’incapacité à répondre à ses propres espérances ou à l’attente d’autrui, engendre en chacun de nous des mécanismes psychiques qui s’instaurant à notre insu, revêtent une fonction adaptative et nous préservent d’une réalité vécue comme intolérable parce trop douloureuse . Ces mécanismes de défense, fréquents, automatiques et inconscients, ont pour but de réduire les tensions et l’angoisse et s’exacerbent dans les situations de crise et d’appréhension extrême. » Les mécanismes de défense dans les interactions soigné -soignant Ceux du patient Déni Dénégation Isolation Déplacement Rationalisation Régression Projection agressive Combativité/sublimation Ceux de la famille Surinvestissement Désinvestissement Ceux des soignants o o o o o o o o le mensonge la banalisation l’esquive la fausse réassurance la rationalisation l’évitement la fuite en avant la dérision o l’identification projective LA PRISE EN SOINS PSYCHIQUES La prise en soins psychiques concerne le patient mais aussi son entourage (famille, parents conjoints enfants). Cette prise en soins s’élabore autour d’entretiens cliniques, de technique d’aide à la relaxation et de différentes techniques dont le but consiste à offrir au patient différents moyens de gérer son anxiété et de comprendre ce qui se passe en lui La prise en soin psychologique a surtout pour principal objectif d'offrir au patient un soutien émotionnel ainsi qu'une aide pour lui permettre de vivre le plus normalement possible. Quand orienter vers le psychologue ? Lors du dispositif de consultation d’annonce : le psychologue peut se présenter au patient et à la famille avec, en amont, le fait que médecin et infirmier ont informé le patient Lors d’observation de mal-être du patient, d’attitude négative soudaine, syndrome dépressif (pleurs, angoisses….), d’inquiétudes importantes…. Dans cet objectif, le psychologue est informé par l’équipe de soins (médecin, infirmier, aide-soignant, agent d’entretien, brancardier…), et les bénévoles de diverses associations Sur demande du patient ou/et de sa famille. LA PRISE EN SOINS PSYCHIQUES Les entretiens psychologiques ont plusieurs objectifs : - permettre à la personne un espace, un temps d’expression d’écoute et de soutien concernant son ressenti vis-à-vis de la maladie, des traitements, du bouleversement psychique qu’il rencontre : une mise en mots de ses maux - un accompagnement psychologique de la personne dont l’objectif est de prévenir et de réduire autant que possible sa souffrance psychologique, d’améliorer sa qualité de vie, son adhérence au traitement et ses relations familiales ou amicales. Dans ce sens, la communication est primordiale, car il s’agit de trouver les mots qui peuvent aider à soulager les maux, dans la dignité, le respect et l’honnêteté. LA PRISE EN SOINS PSYCHIQUES - Aider la personne à faire émerger ses propres ressources, à les exprimer, afin que le travail psychique d’adaptation et d’acceptation de la nouvelle situation puisse s’établir - L’apprentissage de différentes techniques permettant de limiter le stress, l’anxiété engendrés par la maladie - Repérer les incompréhensions vis-à-vis du traitement, ou des soins prodigués et faire le lien avec l’équipe médicale dans le but d’améliorer les relations soignantsoigné. LA PRISE EN SOINS PSYCHIQUES Pour conclure « Accompagner quelqu’un, ce n’est pas vivre à sa place, c’est savoir que l’on peut quelque chose dans la pire des souffrances, par la présence, les soins, la compétence, l’écoute, mais c’est aussi accepter la part d’inachevé, d’imperfection, d’insatisfaction de nos attentes sans en être détruits ou le vivre comme un échec personnel » (J. PILLOT)