Theunissen – M2DSGA – 2006-2007 - Synthèse bibliographique
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On s’affranchit alors des conditions initiales en faisant plusieurs mesures sur la même roche ou le
même échantillon. Cela est possible puisque le taux de
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Rb initial n’est pas réparti uniformément dans tout
l’objet d’étude et que le rapport
87
0
86
Sr
Sr
est supposé constant quelque soit l’endroit. En effet, le
86
Sr a les
même propriétés chimiques que le
87
Sr et leur différence de masse ne provoque pas ou peu de fractionnement
isotopique. Donc l’hypothèse est que si
87
Sr a subit des migrations ou des réactions alors
86
Sr aussi de ce fait le
rapport reste le même quelque soit le lieu de l’objet étudié. Cette méthode s’appelle la méthode des isochrones.
Le problème essentiel est de savoir si le système est resté fermé ou non. Dans le cas général, une roche
a subit une réouverture permettant la libre circulation du Sr et du Rb. Mais ce qui est nécessaire de savoir c’est
si la réouverture s’est faîte à l’échelle de la roche ou bien si celle-ci c’est ouvert avec le milieu extérieur. Aussi,
il faut savoir si la réouverture a permis un rééquilibrage parfait des rapports
87
86
dans tout l’objet d’étude.
Le phénomène géologique daté doit avoir équilibré tous les objets analysés. Enfin, le cas général est une
multitude de réouverture en fonction du temps.
Quand les réouvertures successives n’ont atteint que la roche à l’échelle minérale et qu’il n’y a pas eu
de fuites externes alors on peut mesurer un âge sur roche totale en prélevant des échantillons de taille suffisante
pour faire abstraction des réouvertures. On date alors la première fermeture qui peut correspondre à l’âge de
formation de la roche abstraction faîte de la durée du processus à l’origine de la formation de cette roche. Ce
travail a été effectué sur le gneiss d’Amitsoq au Groenland, les échantillons de roche totale sont alignés sur une
droite. L’analyse des différents minéraux a donnée des points qui ne s’alignaient pas sur la droite. Un âge a été
obtenu pour la roche totale de 3660+/-99Ma.
Quand une roche n’a pas subit de réouverture alors les analyses sur roche totale et sur les minéraux
s’alignent sur la même droite. C’est le résultat obtenu sur la datation du Grand Dyke du Zimbabwe. L’âge
obtenu pour cette roche a été de 2514+/-16Ma.
Ces deux exemples mettent aussi en évidence un autre point important. La datation des roches
magmatiques, quand celles-ci n’ont pas subit de transformations métamorphiques ou de déformations associées
à des circulations de fluides, est tout à fait fiable à toutes les échelles. Elle fournit alors un âge sûr de la
formation de la roche. On rentre alors au cœur du sujet, peut-on de façon fiable dater des roches
métamorphiques déformées ? A quoi correspond l’âge obtenu sur roche totale ou sur les minéraux ? Peut-on
dater des épisodes de déformation au sein d’une zone de cisaillement par exemple dans la croûte supérieure
cassante ? Peut-on dater des déformations dans des roches ductiles de la croûte inférieure ?
1.3 Température de blocage
La fermeture isotopique d'un système, par définition, a lieu lorsqu’un minéral ne présente plus
d’échanges isotopiques avec les minéraux environnants. Emilie Jäger et al. (1967) ont travaillés sur les roches
métamorphiques paléozoïques des Alpes Centrales afin de dater le métamorphisme Lépontin. Ils ont déterminés
un âge sur roche totale sur trois roches (Croppo, Beura et Gantergneiss) du massif d’environ 375Ma puis ils ont
réalisés le même travail sur les minéraux sur chacune des trois roches en utilisant les couples de minéraux
feldspaths-muscovite et felspaths-biotite. Ils ont alors découvert que les biotites donnent un âge
systématiquement plus vieux que les muscovites. Ils en ont alors déduit que la muscovite et la biotite ne
formaient pas de système clos à la même température pour le couple Rb/Sr. Dans l’idée de caractériser ce
processus de fermeture isotopique, Jaeger et al. (1967) ont donc introduit le concept de température de blocage,
modifié par Dodson (1973) en température de fermeture (closure temperature: tc). En essence, la température de
fermeture d’un système géochronologique peut être définie comme la température spécifique en dessous de
laquelle la composition isotopique d’un minéral n’est plus modifiée. Depuis 1967, la température est considérée
comme le paramètre limitant la diffusion isotopique.
Ainsi, selon le couple de radio-isotopes utilisé et selon les minéraux analysés ont date, en fait, le temps
qui sépare la roche d’une température donnée.
L’explication physique de cette température de blocage est la considération des migrations possibles
des éléments au sein des réseaux cristallins. La migration se fait par diffusion en absence de déformation. La
diffusion à l’état solide est un processus thermiquement contrôlé selon une loi d’Arrhenius :
0
=
.