Microfinance Market Outlook 2015

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Microfinance Market Outlook 2015
La croissance grâce à un potentiel immense
Executive Summery
Novembre 2014
Résultats principaux
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En 2015, nous pensons que le marché mondial de la microfinance enregistrera une
nouvelle fois une croissance de l’ordre de 15 à 20 %. L’Asie est la région la plus dynamique. Le redressement du marché indien de la microfinance a notamment de quoi
impressionner. L’Asie centrale étant affectée par la crise économique en Russie, son
secteur financier subit un léger ralentissement de sa croissance par rapport aux années
précédentes.
Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), en 2015, la croissance économique des 20 principaux marchés de la microfinance fera un bond de 4,4 à 4,8 %. Il
est par conséquent prévu que les marchés de la microfinance connaissent une croissance
deux fois plus rapide que celle des économies avancées.
Les 32 experts interrogés par responsAbility écartent tout blocage des réformes dans leurs
pays. Ils constatent au contraire une amélioration des conditions-cadres définies pour les
institutions de microfinance (IMF), amélioration s’appliquant autant aux réglementations
mises en place par les autorités qu’aux infrastructures des marchés.
Les experts évaluent d’un œil critique la qualité moindre du portefeuille des institutions de
microfinance. Des exigences croissantes s’imposent en ce qui concerne la gestion du
risque des IMF et des gestionnaires de fonds qui investissent.
En ce qui concerne le financement, les sources locales de financement prennent une importance considérable. Les investisseurs internationaux restent un facteur déterminant,
toutefois les IMF souhaitent restreindre le nombre de leurs partenaires pour se concentrer
sur les plus performants.
Chère lectrice, cher lecteur,
Ce n’est pas la première fois que, l’automne s’apprêtant à tirer
sa révérence, responsAbility vous présente le Microfinance
Market Outlook. Ce rapport est pour nous l’occasion de vous
donner une vue d’ensemble approfondie mais concise des
perspectives pour les marchés de la microfinance. En tant que
l’un des principaux investisseurs privés dans ce domaine, nous
pouvons non seulement compter sur notre réseau d’experts représentant les différents marchés mais nous pouvons également nous appuyer sur des indicateurs de qualité, collectés
chaque mois, concernant plus de 300 institutions de microfinance (IMF).
Cette cinquième édition du Microfinance Market Outlook
constitue pour nous une opportunité non seulement de nous
replonger cinq ans en arrière, mais aussi de nous projeter cinq
ans plus tard. Commençons par nous pencher sur les cinq
dernières années. Il apparaît très clairement que les marchés
de la microfinance présentent un potentiel de développement
considérable : pendant que les marchés financiers ont fait les
montagnes russes et que les investisseurs ont à plusieurs
reprises été pris au dépourvu, les marchés de la microfinance
ont enregistré une croissance d’une grande constance et d’une
réelle fiabilité.
« En 2015, nous pensons que le marché
mondial de la microfinance enregistrera
une nouvelle fois une croissance de l’ordre
de 15 à 20 %. »
Les 77 marchés de la microfinance dans lesquels responsAbility
investit ont évolué de manière progressive et parfaitement
compréhensible malgré un rythme d’expansion rapide. Il s’agit
d’un signe encourageant résultant du travail sérieux accompli
par des centaines d’IMF.
L’investisseur souhaite bien évidemment savoir si cette tendance va se poursuivre et, le cas échéant, de quelle manière.
Pour évaluer l’évolution du secteur de la microfinance, nous
avons fait appel à 32 experts issus de tous les marchés im-
portants afin qu’ils nous dévoilent leurs prévisions détaillées.
Ces experts sont des décisionnaires d’IMF et d’agences de
notation ainsi que des investisseurs et des consultants. Nous
souhaitons remercier les experts suivants pour leur précieuse
contribution :
Roberto Andrade (Banco Solidario), Pedro Arriola (Consultant),
Carlos Avalos (Vision Banco), Patricio Diez de Bonilla (Banco
Compartamos), Nikolas Drude (EBRD), Malkhaz Dzadzua (Crystal),
Thomas Engelhardt (LFS Financial Systems), David Ferrand (FSD
Kenya), Jeff Flowers (Finca), Tony Fosu (Sinapi Aba), Ralph Guerra
(Compartamos Financiera), Jhale Hajiyeva (Azerbaijan Microfinance
Association), María Clara Hoyos (Asomicrofinanzas), Hout Ieng Tong
(HKL), Emmanuelle Javoy (Consultant), Mejra Juzbasic (Finance
in Motion), Mona Kachhwaha (Caspian), Michaël Knaute (Oxus),
Kurt Koenigsfest (BancoSol), Anne-Lucie Lafourcade (IFC), Aldo
Moauro (MicroFinanza Rating), Clive Moody (dfe Partners), Zaza
Pirtskhelava (Credo), Felipe Portocarrero (IFC), Karlygash Raikhanova
(KMF), Eric Savage (Unitus Capital), Sanavbar Sharipova (IMON),
Alex Silva (Omtrix), Senacheert Sim (PRASAC), Gagik Vardanyan
(Kamurj), Arnaud Ventura (MicroCred), Styopa Zakinyan (ACBA).
Pour pouvoir estimer le potentiel de demande des cinq années
à venir, nous avons également examiné les marchés de la
microfinance en détail en réalisant une simulation de leur
évolution jusqu’en 2019, simulation que nous avons fondée
sur une modélisation. Retrouvez les résultats de notre analyse
à la page 5. Ce Microfinance Market Outlook offre en outre
une vue d’ensemble actuelle de l’univers de placement et
présente les perspectives conjoncturelles du développement
des marchés cibles pour 2015. Il propose par ailleurs une
projection des taux d’intérêts particulièrement utile aux investisseurs et se penche de manière plus approfondie sur les
résultats de l’enquête menée cette année auprès des experts.
En mettant une nouvelle fois l’Inde à l’honneur, cette publication veut permettre à ses lecteurs de continuer à suivre
l’analyse de ce marché en plein essor. Les placements private
equity qui ont le vent en poupe dans le secteur de la microfinance constituent également un thème fascinant examiné
dans cette nouvelle édition du Microfinance Market Outlook.
Nous vous souhaitons une lecture passionnante.
Christian Etzensperger
Senior Research Analyst, responsAbility Investments AG
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
3
Qu’est-ce que le marché
de la microfinance ?
La microfinance a pour objectif de mettre en place des
secteurs financiers étroitement liés à l’économie locale.
Ainsi, l’accès au crédit est facilité pour des micro et petites
entreprises, des systèmes de paiement sont instaurés et de
nouvelles possibilités d’épargne sont créées pour les ménages
privés. Cette approche efficace à de nombreux points de vue
permet d’affecter le capital d’une économie locale à une
utilisation productive. Autrement dit, le secteur de la microfinance contribue à faire évoluer quantitativement d’autres
secteurs économiques tels que la petite industrie, la construction et le commerce. Cette évolution s’accompagne d’un processus de formalisation permanente : un prestataire doit en
effet accomplir de nombreuses démarches pour quitter l’économie souterraine et pour obtenir le statut d’entrepreneur
contractuel contribuable tel qu’il est défini dans les pays
développés. Le développement du secteur financier permet
par conséquent l’accès au marché pour les petites entreprises
et les ménages, favorisant ainsi leur intégration à l’économie
régionale et même mondiale.1
La croissance du secteur financier est portée par les entreprises qui proposent divers services financiers. Compte tenu
du nombre de consommateurs finaux, il est clair que le potentiel de croissance le plus important concerne le segment de
revenus inférieurs, autrement dit celui de la microfinance. Les
prestataires actifs à ce niveau sont connus sous le nom d’institutions de microfinance (IMF). Mais derrière cette notion se
cachent des milliers de prestataires n’ayant pas tous le même
statut juridique et se distinguant par un développement plus
ou moins marqué.
L’investisseur s’intéresse uniquement aux prestataires de services
financiers qui sont rentables et qui répondent au mieux aux
exigences réglementaires. Ils doivent disposer de structures et
de processus professionnels afin de remplir des exigences de
taille dans des domaines clés tels que la comptabilité ou la gestion du risque. Ces prestataires sont environ 500 à travers le
monde, répartis dans quelque 80 pays. Pour chaque marché,
notre attention se porte sur les prestataires qui réussissent le
mieux à offrir des services financiers aux ménages défavorisés.
Bien entendu, dans le secteur de la microfinance aussi, la concurrence entraîne inévitablement des changements de leadership sur le marché. On observe une compétition accrue parmi
les IMF pour gagner les faveurs des clients et investisseurs,
ainsi que l’émergence de nouveaux prestataires qui reprennent
les parts de marché d’institutions de microfinance stagnantes.
Cette publication se focalise sur environ 500 prestataires de
services financiers bien structurés dans lesquels il est possible
d’investir compte tenu des aspects évoqués. Ils se divisent en
deux groupes :
Les institutions du niveau 1 (au minimum 100) : il s’agit
d’IMF au rendement stable disposant d’une base de clients
importante et bien diversifiée, d’une gestion expérimentée
ainsi que d’un potentiel réglementaire largement réalisé.
■
■
Les institutions du niveau 2 (au minimum 400) : ce second
groupe englobe des IMF plus petites, plus récentes, mais qui
ont misé sur un modèle d’affaires viable qu’elles déploient à
grande échelle, et qui s’efforcent de satisfaire aux exigences
réglementaires afin de devenir des institutions financières reconnues officiellement.
Abbildung 4: Reales BIP-Wachstum
Figure 1 : l’univers de placement de la microfinance
Niveau 1 (~100 IMF)
Niveau 2 (~400 IMF)
Structurellement
investissables
Niveau 3
(~10 000 IMF)
Source: responsAbility Research
1
Voir responsAbility, Perspectives – Edition 2014, pages 10-13 et webcast « Microfinance is financial sector development », www.responsAbility.com.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
4
Perspectives à moyen terme : boom de la demande jusqu’en 2019
Au cours des dernières années, les marchés de la microfinance à
travers le monde ont certes enregistré une croissance spectaculaire,
mais les investisseurs peuvent-ils partir du principe que ces conditions-cadres favorables perdureront ? Pour tous les marchés présentant des taux de croissance à deux chiffres sur plusieurs années se
pose régulièrement la question de la pérennité d’une telle croissance.
Quelle est la capacité d’absorption du marché ? Se peut-il qu’il soit
sur-approvisionné ? Sous-approvisionné ?
De telles questions se justifient aussi pour les marchés de la microfinance. Dans ce contexte, l’équipe de recherche de responsAbility a
accompli en 2014 un travail de pionnier : elle a mené une étude
systématique pour analyser pour la première fois au niveau international la capacité de placement des marchés de la microfinance. Cette
étude, tenant compte de facteurs spécifiques aux marchés et aux pays,
a donné des résultats encourageants : selon elle, le marché de la
microfinance poursuivra sa croissance au même rythme qu’actuellement (19,3 % par an d’après notre simulation basée sur un modèle de
calcul – voir les résultats détaillés présentés à la figure 2) pendant
encore au minimum cinq ans.
Le potentiel de croissance du marché de la microfinance à moyen terme
peut être estimé à l’aide d’un modèle de régression. Nous nous sommes
posé la question suivante : « Selon quel ordre de grandeur le volume de
placement propice à l’investissement pour un gestionnaire de fonds spécialisé augmentera-t-il d’ici à l’horizon 2019 sur les marchés étudiés ? »
Cette question a fait l’objet d’une modélisation économétrique. Nous
avons commencé par identifier les facteurs qui, dans le passé, ont joué
un rôle décisif en matière de croissance. Nous avons ensuite utilisé des
valeurs tirées des projections indépendantes du Fonds monétaire interna-
Figure 2 : projection de la demande à moyen terme
calculée à partir de modèles en millions USD
16 000
14 000
13 861
12 000
11 700
10 000
9875
8000
8350
6907
6000
5728
4000
2000 1224
0
2014
1592
2069
2015
2016
2690
2017
3497
4546
2018
Demande prévisionnelle des IMF
Engagements prévisionnels de responsAbility
Engagements prévisionnels de responsAbility (parts de marché identiques)
Source: responsAbility Research
2
’allocation du portefeuille de responsAbility sur les différents marchés
L
n’étant évidemment pas proportionnelle à la taille du marché, les taux de
croissance ne sauraient être identiques.
2019
tional et de la Banque mondiale comme données d’entrée pour prédire
un résultat modélisé basé sur la relation établie mathématiquement.
Le modèle linéaire sur données de panel estime l’étendue du secteur
financier de chaque pays en appliquant la méthode statistique de la
régression. Le volume de crédit attendu a été calculé en fonction du
produit intérieur brut. Le marché de la microfinance a ensuite fait
l’objet d’une simulation. Pour ce faire, nous avons utilisé les données
de la plate-forme mixmarket.org qui disposait de lots de données
concernant 1270 IMF (année de référence : 2012). Pour finir, nous
avons procédé à quelques corrections afin que l’univers de placement
estimé réponde aux critères d’investissement de responsAbility. Notre
objectif ? Que les résultats correspondent au marché de la microfinance réellement propice à l’investissement.
Nous évaluons la capacité actuelle des 30 principaux marchés de
la microfinance à USD 5728 millions. Partant de ce niveau, notre
modèle tient compte des facteurs favorisant et freinant la croissance.
Exemples de moteurs de la croissance : la croissance du PIB, la taille
de l’économie nationale et des conditions-cadres favorables. Nous
comptons parmi les freins à la croissance l’expansion des volumes
d’épargne (source de financement concurrente) ou encore la concentration qui s’opère parmi les prestataires. Selon notre modèle, la
capacité du marché continuera de croître de manière substantielle et
par étapes régulières au cours des prochaines années. Elle devrait
atteindre près de USD 7 milliards dès 2015. D’ici à l’horizon 2019,
le volume du marché est censé s’approcher des USD 14 milliards
(voir partie grise de la figure 2).
Dans ce contexte, conformément au modèle de croissance du marché
de la microfinance et en partant du principe que les parts des marchés
sous-jacents n’évoluent pas (voir ligne de la figure 2), responsAbility
pourrait enregistrer une hausse de 23 % par an.2 Toutefois, compte
tenu de la capacité absolue du marché qui se maintient à un niveau
élevé, si l’intérêt des investisseurs ne se dément pas, nous sommes
convaincus de pouvoir continuer à développer nos parts de marché
sans que cela ait des conséquences significatives sur la concurrence.
Selon ce scénario, d’ici à l’horizon 2019, nous investirons quelque
USD 4,5 milliards dans les 30 principaux marchés de la microfinance,
ce qui correspondrait à une augmentation de 30 %. responsAbility ne
se fixe pas de tels objectifs de croissance mais mettra tout en œuvre
pour satisfaire efficacement et durablement la demande qui existe
dans les pays en voie de développement et les marchés émergents.
Ce modèle calibré est utilisé dans le cadre de la gestion active du
portefeuille de responsAbility. Certains marchés arrivant à saturation,
une réduction des volumes de placement peut être anticipée. En
agissant ainsi, responsAbility prévient aussi indirectement le
surendettement des emprunteurs et respecte les Principes pour
l’Investissement Responsable des Nations Unies (UNPRI).3
3
ans cette perspective, responsAbility participe, en tant que l’un des
D
principaux investisseurs, au financement du projet MIMOSA, une étude
mondiale menée sur le terrain par une instance indépendante et qui analyse
les risques de surendettement avec une précision unique. Les chercheurs
comptent présenter leurs premiers résultats au cours de l’été 2015.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
5
Reprise économique
dans les marchés cibles
Au vu de l’agitation qui règne actuellement sur les marchés
boursiers, nous pouvons dire que plusieurs évolutions fondamentales ne sont pas suffisamment prises en compte. Point
essentiel : la reprise de l’économie mondiale se poursuit. Selon
les prévisions actuelles du Fonds monétaire international (FMI)
pour 2015, toutes les régions du monde connaîtront une croissance supérieure à celle de 2014.
Les conditions sont en tout cas favorables pour les marchés
régionaux de la microfinance. Une observation plus précise des
différentes régions du monde montre que les Etats-Unis ont
retrouvé la voie d’une croissance solide. Leur redressement est
favorisé par la hausse des exportations. Du fait des transferts
d’argent effectués par des travailleurs immigrés dans leur pays
d’origine, les Etats-Unis fonctionnent également comme un
important moteur pour l’Amérique centrale et les pays voisins
des Caraïbes. La timide reprise de la zone euro crée une
certaine détente en Europe de l’Est. Enfin, l’atterrissage en
douceur de l’économie chinoise débouche sur une situation
solide en Asie et sur des conditions-cadres favorables dans
les pays sud-américains du bassin Pacifique. Retenons que
certains marchés émergents affaiblis, fortement présents dans
les indices des marchés émergents et des marchés frontières,
sont pratiquement sans importance pour le secteur de la
microfinance. Exemples : le Venezuela, l’Argentine, le Brésil,
l’Afrique du Sud, la Thaïlande ou encore plusieurs pays du
Moyen-Orient. En revanche, les marchés de la microfinance
n’ont pas totalement échappé à la crise économique russe.
Nous reviendrons plus en détail sur ce point au chapitre
Perspectives réjouissantes, évolutions régionales.
Figure 3 : prévisions de la croissance réelle du PIB pour les
20 principaux marchés de la microfinance de responsAbility
Croissance réelle du PIB (en %)
2014
2015
Pérou
3,6 %
5,1 %
Azerbaïdjan
4,5 %
4,3 %
Cambodge
7,2 %
7,3 %
Inde
5,6 %
6,4 %
Géorgie
5,0 %
5,0 %
Equateur
4,0 %
4,0 %
Costa Rica
3,6 %
3,6 %
Arménie
3,2 %
3,5 %
Kenya
5,3 %
6,2 %
Kirghizstan
4,1 %
4,9 %
Tadjikistan
6,0 %
6,0 %
Mongolie
9,1 %
8,4 %
Paraguay
4,0 %
4,5 %
Kazakhstan
4,6 %
4,7 %
Russie
0,2 %
0,5 %
Bolivie
5,2 %
5,0 %
Turquie
3,0 %
3,0 %
Bosnie-Herzégovine
0,7 %
3,5 %
Ghana
4,5 %
4,7 %
Colombie
4,8 %
4,5 %
Moyenne
4,4 %
4,8 %
Sources : FMI, base de données des perspectives de
l’économie mondiale, octobre 2014
Les 20 principaux marchés de la microfinance (ainsi que la
prévision correspondante du FMI) sont présentés à la figure 3.
En calculant la moyenne simple de la croissance réelle du
PIB de ces pays, on obtient pour 2015 une hausse de 4,8 %
(à titre de comparaison, elle est de 4,4 % en 2014). Les perspectives de croissance des différents marchés font l’objet
d’une analyse plus détaillée au chapitre Perspectives réjouissantes, évolutions régionales.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
6
Une analyse plus approfondie de ces pays montre que pour la
plupart, ils se distinguent par une politique fiscale disciplinée
et une politique monétaire relativement indépendante. Ces
politiques budgétaires vertueuses se reflètent dans des taux
d’inflation comparativement faibles. Les banques centrales
continuent d’être dotées d’importantes réserves de devises, si
bien qu’elles peuvent gérer de manière plus souple l’évolution
de leur devise. Selon la Conférence des Nations unies sur le
commerce et le développement (CNUCED), avec une croissance annuelle de 10 % sur les quatre dernières années, les
pays en voie de développement et les marchés émergents
attirent un volume record d’investissements directs étrangers.
Ces derniers ont quant à eux des effets positifs au niveau local
(infrastructures, hausse des salaires, revenus fiscaux et autres
domaines de la vie économique). Dans l’ensemble, de bonnes
conditions-cadres propices à la poursuite du développement
de ces pays émergents sont donc réunies.
une croissance réelle de leur PIB de 2,3 %, les pays riches
atteindront dès 2015 le niveau moyen attendu à moyen terme.
Toujours selon le FMI, avec une croissance réelle de 5 % de
leur PIB, les principaux marchés nationaux de la microfinance
prendront même un peu de vitesse d’ici à l’horizon 2019.
Résultat : l’écart de croissance entre ces deux mondes continuera de s’agrandir (voir figure 4). Si l’on en croit les séries de
données du FMI, l’Asie du Sud et de l’Est, de même que
l’Afrique subsaharienne, joueront à court terme le rôle de
moteurs de la croissance.
« Il ne faut pas mettre tous les pays en
voie de développement et les marchés
émergents sur le même plan. Il existe
d’énormes différences en matière de
réforme qui influent directement sur le
secteur privé. »
Considérées globalement, les perspectives économiques restent favorables : selon les prévisions actuelles du FMI, avec
Nouriel Roubini, Économiste,
à Zurich, le 16 octobre 2014
Abbildung 4: Reales BIP-Wachstum
Figure 4 : croissance réelle du PIB
10 %
8%
6%
4%
2%
0%
-2 %
2018
2016
2014
2012
2010
2008
2006
2004
2002
2000
1998
1996
1994
1992
1990
1988
1986
1984
1982
-6 %
1980
-4 %
Les 20 principaux marchés nationaux de la microfinance
Pays industrialisés
Sources : FMI, base de données des perspectives de l’économie mondiale, octobre 2014
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
7
Même dans un environnement de taux en hausse, la microfinance attire toujours
Six ans après le début de la crise financière, les taux directeurs sont encore proches de zéro dans la plupart des pays avancés. En infléchissant
leur politique de taux, les banques centrales tentent de contrer les tendances déflationnistes et les premiers signes de stagnation. Un état de
fait qui pourrait bien changer sous peu : la banque centrale américaine avait en effet annoncé au cours du printemps 2013 sa volonté
de revenir à une politique monétaire plus classique. Début 2014, elle
4
a commencé à réduire progressivement ses achats d’obligations.
Malgré la faiblesse de la croissance économique au premier semestre
2014, les experts prévoient un premier relèvement des taux en 2015.
A l’inverse de la banque centrale américaine, la banque centrale
européenne maintient sa politique monétaire expansionniste.
Contrairement aux obligations classiques ou aux fonds obligataires,
les instruments de placement dans la microfinance, comme ceux de
responsAbility, ne sont pas affectés négativement par d’éventuelles
hausses des taux. Les fonds responsAbility à revenu fixe ne sont pas
valorisés sur le marché mais en fonction de leur coût, ce qui minimise
la volatilité de la performance des fonds liée aux différences d’intérêts.
Le taux d’intérêt des placements, pour la plupart réalisés en USD,
dépend du taux swap américain de même durée et d’une prime de
risque de crédit. Si les taux américains grimpent alors que la prime
de risque de crédit reste inchangée, le taux de refinancement des
investissements augmentera lui aussi, ce qui a des répercussions
positives sur la performance des fonds. De plus, la durée moyenne des
fonds responsAbility est relativement brève (20 mois). Ainsi, l’adaptation à l’environnement des taux en question est relativement rapide
sans que cela n’entraîne une performance inférieure à la moyenne sur
le long terme par rapport à d’autres types d’investissement. Ce qui
peut éventuellement se produire, c’est une réduction de la prime de
risque de crédit suite à une baisse (en réalité inappropriée) de la
demande de refinancement devenu plus onéreux. Par le passé, nous
sommes cependant parvenus à maintenir celle ci à un niveau relativement constant. Nous pouvons donc partir du principe qu’une légère
réduction éventuelle de la prime de risque pourrait être largement
compensée par l’augmentation du taux swap américain. Grâce à la
valorisation à leur valeur nominale et à leur durée courte, les placements dans la microfinance ne perdent rien de leur attrait, notamment
dans un environnement de taux éventuellement en hausse. En effet,
ils offrent une certaine protection contre les pertes de cours lorsque
les taux s’envolent.
Conséquence du lent retour à la normale de la politique monétaire des économies avancées, ces marchés sont à nouveau plus attractifs. Conformément aux prévisions, un signal clair en faveur d’une hausse de taux
4
epuis le 1er octobre 2014, la banque centrale américaine n’investit
D
plus que USD 5 milliards par mois dans des achats d’obligations.
Pendant la phase la plus intense de l’« assouplissement quantitatif »,
les achats mensuels se montaient à USD 85 milliards.
entraîne une restructuration des fonds des investisseurs. Les marchés
émergents, qui ont attiré les investisseurs du fait de leurs taux
relativement élevés et de leurs conditions-cadres de plus en plus
stables, sont eux aussi concernés par ces retraits. Comme durant l’été
5
2013, les marchés émergents les plus touchés par cette sortie de
capitaux seront ceux qui dépendent du financement international.
Des pays tels que la Turquie, le Brésil ou l’Afrique du Sud, qui sont
relativement bien intégrés aux marchés financiers internationaux,
doivent par conséquent s’attendre à subir de nouvelles sorties de
capitaux, notamment dans le cadre de la gestion de portefeuille. Cette
évolution, tout comme le renforcement prévu du dollar américain, porteront vraisemblablement aussi préjudice aux devises de ces pays.
Toutefois, comme nous l’avons vu précédemment, de nombreux
marchés émergents sont désormais relativement bien armés pour absorber une certaine volatilité du marché. En outre, la hausse prévue
des taux sera précédée d’une poursuite du rétablissement de l’économie américaine, ce qui aura une incidence positive sur les marchés
émergents, nombre d’entre eux dépendant fortement des Etats-Unis
pour leurs exportations.
Tandis que les entreprises et les indices cotés en bourse sont toujours
les premiers à refléter les évolutions des conditions du marché, le
secteur de la microfinance, qui est étroitement lié à l’économie réelle
d’un pays, n’est affecté que de manière marginale par les fluctuations
macroéconomiques. Les IMF doivent certes s’attendre à une hausse
de leurs coûts de refinancement si le taux de référence du dollar
américain augmente, mais les coûts de financement n’ont, par rapport
aux frais d’exploitation, qu’une influence secondaire sur la structure
globale des coûts. C’est pourquoi les IMF parviendront relativement
bien à supporter une légère hausse des coûts de refinancement. Des
critères stricts d’investissement permettent en outre de minimiser le
risque que les IMF présentes dans le portefeuille responsAbility subissent un déséquilibre en termes de bilan si leur devise locale est
dévaluée par rapport au dollar américain.
Alors que l’on peut s’attendre à ce que, grâce à la structure avantageuse des fonds, la hausse des taux ait des répercussions positives sur
les placements à revenu fixe dans la microfinance, on peut aussi supposer que les marchés de la microfinance classiques ne seront pas
fortement ébranlés par la volatilité des marchés financiers internationaux. En conséquence, un environnement de taux en hausse affecte
certes le secteur de la microfinance du fait de la légère augmentation
des coûts de refinancement qui en découle, mais nous tablons sur une
croissance forte continue du marché, comme nous le verrons au
chapitre suivant.
5
n mai 2013, l’ancien président de la banque centrale américaine Ben Bernanke
E
a évoqué dans un discours la possibilité d’une réduction des achats d’obligations,
ce qui a rendu les investisseurs nerveux et a entraîné une importante sortie de
capitaux des marchés émergents. La forte dévaluation de certaines devises
trouve essentiellement son origine ici.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
8
Perspectives réjouissantes,
évolutions régionales
Les marchés émergents sont eux aussi soumis à des cycles conjoncturels et nous souhaitons ici leur accorder toute l’attention
qu’ils méritent. Mais ce qui est intéressant du point de vue des
investisseurs, c’est que ces marchés se distinguent surtout par
un processus de rattrapage économique qui s’est accentué au
fil des décennies passées. Autrement dit, la croissance enregistrée par ces marchés s’explique par le sous-approvisionnement chronique en biens et en services auquel sont confrontés
des millions de ménages privés. Le secteur financier notamment doit être considéré d’un œil critique, car il est censé
servir d’intermédiaire aux ménages et aux entreprises en ce qui
concerne les ressources financières, ce qui justifie son rôle de
transmission au sein de l’économie nationale.
En général, le secteur financier des pays en voie de développement et des marchés émergents est sous-développé. Souvent,
sa puissance est insuffisante par rapport à la taille globale de
l’économie nationale : dans ces pays, le volume de crédit octroyé à d’autres secteurs économiques atteint habituellement
20 à 30 % du produit intérieur brut (PIB) ; dans les économies
avancées, il s’agit plutôt de 100 à 200 %. Du fait de la croissance macroéconomique des pays en voie de développement,
nous nous attendons à ce que le secteur financier connaisse
une augmentation au moins trois fois plus rapide que celle de
l’économie dans son ensemble.
Grâce au développement du secteur financier, les prestataires
de services financiers s’intègrent de manière constante à l’économie globale. Ce développement n’est pas sans conséquence
pour les investisseurs, qui doivent dès lors accorder une plus
grande attention à l’environnement macroéconomique. Les
investisseurs en capitaux propres contribuent directement aux
changements positifs et négatifs de l’environnement économique. Nous savons par expérience que les investisseurs en
dette sont à l’abri des fluctuations conjoncturelles étant donné
que seuls des événements extrêmes sont susceptibles de porter
un réel préjudice à la capacité de remboursement d’entreprises
soigneusement sélectionnées. A moyen terme, les financements en dette performeront mieux également, car dans un
environnement prospère, la croissance des portefeuilles de
crédits des IMF entraîne une demande de refinancement
supplémentaire. De ce point de vue, il va sans dire que les
investisseurs en dette souhaitent eux aussi être parfaitement
informés des changements intervenus sur le marché.
Figure 5 : prévisions de croissance de la microfinance par région
(croissance réelle du portefeuille de crédits brut en glissement annuel)
20 –35 %
10 –20 %
5–10 %
Source: responsAbility Research
responsAbility Microfinance
responsAbilityMarket
Research
Outlook
Insight
2015
9
Dans ce Microfinance Market Outlook, responsAbility répond
à leur attente : pour faire toute la lumière sur l’environnement
de la microfinance dans les marchés clés, nous avons fait appel
à de nombreux experts et réalisé pas moins de 32 interviews.
A cela viennent s’ajouter les données des portefeuilles actuels
de quelque 300 IMF, collectées chaque mois, à partir desquelles nous avons constitué notre portefeuille modèle représentatif composé de 100 IMF. Notre vue d’ensemble se fonde
également sur les prévisions macroéconomiques du Fonds
monétaire international (FMI). Sur la base des nombreuses
données dont nous disposons, nous prévoyons ainsi une croissance globale du secteur de la microfinance de 15 à 20 %
pour 2015 (voir figures 5 et 6).
Figure 6 : prévisions pour les marchés régionaux de la
microfinance en 2015
Région
Croissance prévue du
portefeuille pour 2015
Amérique du Sud
10-15 %
Amérique centrale
10-15 %
Afrique subsaharienne
10-20 %
MENA
Asie centrale
Europe de l’Est
15 %
10-15 %
5-10 %
Asie-Pacifique
30-35 %
Monde
15-20 %
Source : responsAbility Research
Chaque région devrait se
développer comme suit :
Figure 7 : Amérique du Sud, prévisions de croissance m
réelle du PIB pour des pays choisis
Amérique du Sud
2014
2015
Pérou
3,6 %
5,1 %
Equateur
4,0 %
4,0 %
Paraguay
4,0 %
4,5 %
Bolivie
5,2 %
5,0 %
Colombie
4,8 %
4,5 %
sera de 4,5 % pour la Colombie et le Paraguay. Le Pérou ayant
surmonté les difficultés conjoncturelles engendrées par le recul
des exportations de métaux, il devrait retrouver le chemin de
la croissance d’ici fin 2015. Le président à la tête de la Bolivie
depuis 2006 a été réélu sans surprise lors des élections
d’octobre. La Colombie reste un point d’attraction à l’échelle
du sous-continent : la perspective d’un « dividende de la paix »
suite aux négociations avec les rebelles des FARC demeure
intacte et accroît encore l’intérêt des investisseurs.
Pays dans lesquels responsAbility investit
Sources : FMI, responsAbility Research
La faible croissance de l’Amérique du Sud n’a pas manqué de
faire les gros titres ces derniers mois. Toute l’attention s’est systématiquement portée sur la stagnation brésilienne et sur le
déclin des économies argentine et vénézuélienne, mais il faut
souligner que les grands marchés de la microfinance le long de la
côte pacifique et des Andes ne cessent de se développer. Selon
les prévisions du FMI pour 2015, le Pérou et la Bolivie atteindront une croissance légèrement supérieure à 5 %, alors qu’elle
Les experts interrogés évaluent la croissance des portefeuilles
de la microfinance de ces pays entre 10 et 15 %. Le marché
péruvien de la microfinance, déjà bien en place, traverse une
phase de consolidation, si bien que tout comme en 2014, il
ne devrait enregistrer qu’une lente progression en 2015. Le
rythme de croissance de la Bolivie et de l’Equateur se maintient certes à un niveau supérieur, mais les incertitudes réglementaires suite à l’introduction de nouvelles règlementations
pèsent sur le secteur de la microfinance de ces pays. Aucun
nuage ne se profile à l’horizon pour la Colombie et le Paraguay,
à moins que de graves troubles n’éclatent au Venezuela et en
Argentine, pays voisins.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
10
Dans les économies des pays d’Amérique centrale, fortement
tournées vers les Etats-Unis, la reprise se poursuit certes
modérément mais de manière constante dans le sillage de
la plus grande économie mondiale. Selon les prévisions du
FMI, le Mexique et le Costa Rica enregistreront une croissance
de 3,5 %, le Nicaragua de 4 %, le Honduras de 3 % et le
Salvador de près de 2 %. Le Nicaragua fait l’objet d’une
surveillance particulière du fait de sa forte dépendance
énergétique liée au programme Petrocaribe vénézuélien jugé
douteux. Du fait de la bonne conjoncture et de l’expansion
modérée du crédit au cours des dernières années, nous tablons
pour 2015 sur une progression des marchés de la microfinance
d’Amérique centrale similaire à celle de l’Amérique du Sud.
d’un point de vue quantitatif ou qualitatif. Ces pays se caractérisent aujourd’hui par une forte demande intérieure qui se
nourrit essentiellement de la consommation privée. A l’exception
du Ghana, toutes les grandes économies de cette région du
monde ont réussi à maintenir des taux d’inflation à un chiffre,
ce qui s’est exprimé par une stabilisation de leurs devises. Les
conditions de financement se sont elles aussi améliorées : fait
remarquable, en 2014, le Kenya et la Côte d’Ivoire sont parvenus à accéder aux marchés des capitaux internationaux par le
biais d’émissions en eurodollars. Selon les prévisions du FMI
pour 2015, la croissance du Kenya s’établira au-delà de 6 %
alors que celle de la Tanzanie et du Nigeria ira même jusqu’à
7 %. Quant au Ghana, avec une croissance modérée bloquée à
4,7 %, il restera encore largement en dessous de la moyenne
africaine. Les conséquences économiques du virus Ebola sur
l’Afrique occidentale demeurent difficiles à évaluer. responsAbility
ne détient pas d’investissements directs dans les pays les plus
fortement touchés par l’épidémie mais, du fait de la demande
urgente, compte se pencher sur la question dès que les activités normales auront repris. Les experts interrogés se montrent
plus réservés sur la question du développement du portefeuille
des institutions de microfinance : ils prévoient pour 2015 un
taux de croissance de 10 à 20 % pour les importants marchés
africains de la microfinance, soit 10 points de pourcentage de
moins qu’en 2014.
Figure 9 : Afrique subsaharienne, prévisions de croissance m
réelle du PIB pour des pays choisis
Figure 10 : Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), m
prévisions de croissance réelle du PIB pour des pays choisis
Figure 8 : Amérique centrale, prévisions de croissance m
réelle du PIB pour des pays choisis
Amérique centrale
2014
2015
Costa Rica
3,6 %
3,6 %
Mexique
2,4 %
3,5 %
Nicaragua
4,0 %
4,0 %
Salvador
1,7 %
1,8 %
Honduras
3,0 %
3,1 %
Pays dans lesquels responsAbility investit
Sources : FMI, responsAbility Research
Afrique
subsaharienne
2014
2015
Kenya
5,3 %
6,2 %
Ghana
4,5 %
4,7 %
Tanzanie
7,2 %
Nigeria
Afrique du Sud
MENA
2014
2015
Turquie
3,0 %
3,0 %
Tunisie
2,8 %
3,7 %
7,0 %
Maroc
3,5 %
4,7 %
7,0 %
7,3 %
Jordanie
3,5 %
4,0 %
1,4 %
2,3 %
Liban
1,8 %
2,5 %
Pays dans lesquels responsAbility investit
Sources : FMI, responsAbility Research
L’Afrique subsaharienne continue sa success story. Le secteur
privé du Kenya, du Nigeria, du Ghana et dans une moindre mesure de la Tanzanie s’est énormément développé, que ce soit
Pays dans lesquels responsAbility investit
Sources : FMI, responsAbility Research
Dans l’ensemble des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du
Nord (MENA), la reprise économique se poursuit en dépit des
incertitudes politiques. Selon les prévisions du FMI pour 2015,
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
11
la Turquie enregistrera une croissance de 3 % rendue possible
par l’assouplissement de sa politique monétaire alors que la
Tunisie et le Maroc perdront plus d’un point de pourcentage.
Le conflit syrien n’a pas encore d’incidence notable sur la
politique et la sécurité de la Jordanie, mais l’afflux permanent
de réfugiés commence à peser sur le pays. De l’avis des experts interrogés, les marchés tunisien, marocain et jordanien
de la microfinance progresseront d’environ 15 %. Ce rythme
satisfaisant s’explique notamment par l’amélioration de l’infrastructure des marchés, par une réglementation adaptée et
par le travail des bureaux de crédit. Résultat particulièrement
réjouissant : quatre ans après la « Révolution de jasmin », le
marché tunisien a le vent en poupe. La création de nombreuses
IMF n’est pas pour rien dans cette réussite.
Figure 11 : Asie centrale, prévisions de croissance m
réelle du PIB pour des pays choisis
Asie centrale
2014
2015
Azerbaïdjan
4,5 %
4,3 %
Géorgie
5,0 %
5,0 %
Arménie
3,2 %
3,5 %
Kirghizstan
4,1 %
4,9 %
Tadjikistan
6,0 %
6,0 %
Pays dans lesquels responsAbility investit
Sources : FMI, responsAbility Research
La crise économique russe pèse lourdement sur la croissance
des pays d’Asie centrale et du Caucase. Les problèmes et les
ratés de la Russie ne datent pas du conflit ukrainien et des
sanctions qui en ont découlé. La diminution de la population,
une justice complaisante, la confiance limitée des investis-
seurs, une activité d’investissement insuffisante ainsi que la
dépendance vis-à-vis des recettes provenant des exportations
de matières premières en chute libre depuis quelque temps
sont autant de difficultés auxquelles la Russie doit faire face.
En conséquence, le FMI table sur une stagnation de l’économie russe pour 2015. La Géorgie, qui n’entretient pas de relations économiques notables avec la Russie, devrait progresser de 5 %. Le tableau est moins rose pour l’Arménie et
l’Azerbaïdjan, qui enregistreront un recul de la croissance de
leur PIB à 3,5 et 4,3 %. Les économistes du FMI prévoient
une croissance de 6 % pour le Tadjikistan et de presque 5 %
pour le Kirghizstan.
Les sanctions prises contre la Russie n’ont pas encore produit tous leurs effets sur le secteur financier russe. La prudence est donc de mise même si le modèle d’affaires de la
microfinance a prouvé à maintes reprises qu’il était capable
de résister aux crises qui secouent le globe – ainsi, les pays
de l’ancien bloc soviétique ont plutôt bien surmonté la
forte récession russe de 2009. Les premières conséquences
négatives n’apparaissent pas aujourd’hui au niveau des
microcrédits classiques, elles affectent davantage le financement de la consommation. Toute-fois, en 2015, les opérations de crédit concernant les micro, petites et moyennes
entreprises de Russie devraient également en faire les frais
ou stagner dans le meilleur des cas. Les experts s’attendent
à ce que les marchés de la microfinance du Caucase et d’Asie
centrale, qui étaient sains jusqu’à maintenant, subissent
quant à eux un affaiblissement modéré de la demande, avec
en première ligne l’Arménie, le Kirghizstan et le Tadjikistan.
Un expert souligne la situation très compliquée sur le marché du travail russe, en crise, et le retour de nombreux
travailleurs immigrés en Asie centrale. Ce dernier point
devrait provoquer un net recul des transferts d’argent mensuels. Un autre expert évoque quant à lui un début de retrait
des banques russes sur les marchés voisins et la marge de
manœuvre qui en découle pour les banques de microfinance
locales.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
12
Figure 12 : Europe de l’Est, prévisions de croissance m
réelle du PIB pour des pays choisis
Europe de l’Est
Figure 13 : Asie-Pacifique, prévisions de croissance m
réelle du PIB pour des pays choisis
2014
2015
Bosnie
0,7 %
3,5 %
Kosovo
2,7 %
3,3 %
Moldavie
1,8 %
Serbie
Albanie
Asie-Pacifique
2014
2015
Cambodge
7,2 %
7,3 %
Inde
5,6 %
6,4 %
3,5 %
Mongolie
9,1 %
8,4 %
-0,5 %
1,0 %
Sri Lanka
7,0 %
6,5 %
2,1 %
3,3 %
Chine
7,4 %
7,1 %
Pays dans lesquels responsAbility investit
Sources : FMI, responsAbility Research
Du fait des liens économiques étroits qui les unit, l’Europe
de l’Est bénéficie de la timide reprise de l’Europe de l’Ouest.
Jusqu’à présent, les effets de la crise ukrainienne sont strictement limités. Selon les prévisions du FMI, avec 3,5 %, la
Bosnie enregistrera la croissance la plus marquée depuis le
début de la crise de l’euro. Ce résultat s’explique notamment
par les mesures de reconstruction qui ont été mises en œuvre
suite aux inondations dévastatrices du printemps 2014. Une
tendance à la reprise se dessine pour le Kosovo et la Serbie
alors que la Roumanie et surtout la Moldavie, en position de
vulnérabilité vis-à-vis de l’Ukraine, ne risquent pas de faire
des étincelles. En raison de la qualité plutôt modeste du portefeuille, les experts interrogés par responsAbility tablent aussi
pour 2015 sur une croissance à un chiffre des portefeuilles
de la microfinance dans cette région du monde.
Pays dans lesquels responsAbility investit
Sources : FMI, responsAbility Research
L’Asie-Pacifique affiche un dynamisme impressionnant. Bien
que les marchés intérieurs soient en plein boom, les prix restent
stables. Les marchés du travail sont sains, la structure par âge
de la population favorable et les conditions-cadres financières
extrêmement solides grâce à l’afflux de capitaux. Rien d’étonnant par conséquent à ce que les investissements directs et en
portefeuille aient récemment battu de nouveaux records. Au
Cambodge, les tensions entre le gouvernement et l’opposition
se sont apaisées. Selon les prévisions du FMI, ce pays enregistrera pour la cinquième année consécutive une croissance de
plus de 7 %. L’atterrissage en douceur de l’économie chinoise,
qui a repris un rythme plus modéré à 7 %, bénéficie à tous les
marchés asiatiques. Un comportement négligent vis-à-vis des
investisseurs étrangers a par contre provoqué une hausse des
risques en Mongolie, alors que le secteur bancaire en forte
expansion est placé sous surveillance. Pour la première fois
depuis 30 ans, l’Inde dispose d’un gouvernement stable qui ne
dépend pas de partenaires de coalition. L’économie indienne se
distingue notamment par une intense activité d’investissement
et la reprise de ses exportations. Ce résultat plutôt réjouissant
dans son ensemble a amené le FMI à revoir les prévisions de
croissance du PIB du pays à la hausse (6,4 %). Que ce soit
pour l’Inde ou pour le Cambodge, de loin les deux principaux
marchés de la microfinance pour les investisseurs, les experts
interrogés prévoient une croissance de leur portefeuille de plus
de 30 % pour 2015.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
13
Redressement du
marché indien de la microfinance
En 2011, les observateurs du marché n’entrevoyaient aucun avenir
pour le marché indien de la microfinance. A cette époque, le gouvernement de l’Etat de l’Andhra Pradesh essayait d’interdire l’accès des
petits emprunteurs à la microfinance. Depuis, chaque édition du
Microfinance Market Outlook comporte un article spécial consacré à
l’Inde. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que le secteur de la microfinance sur le sous-continent est sorti renforcé de la crise qui l’a
secoué. Notre exposition sur le marché indien a été multipliée par
quatre au cours des trois dernières années, passant de USD 30
millions à USD 120 millions, ce qui exprime bien la confiance que
nous avons en lui.
Notre optimisme s’explique notamment par la réorientation drastique à
laquelle le secteur financier indien a dû se conforter, la banque centrale
indienne, dirigée depuis septembre 2013 par l’éminent économiste
Raghuram Rajan, ayant en effet obligé les banques à proposer des
services financiers de base aux 800 millions d’adultes vivant en Inde.
Un bilan insatisfaisant a été à l’origine de cette initiative de la banque
centrale : les banques d’Etat, indolentes, et le secteur financier privé,
de taille modeste, déployaient en effet de moins en moins d’efforts
pour assurer les services de base, une situation inadmissible.
Fait remarquable, avec sa politique, la banque centrale indienne visait
une extension de l’offre et voulait accroître la concurrence entre les
institutions financières. C’est dans cette perspective qu’elle a ouvert
le secteur financier à des forces neuves. Cette volonté de la banque
centrale s’est exprimée notamment par l’octroi d’une licence bancaire
à une institution de microfinance lors de la première vague d’attributions de licences.
Le secteur indien de la microfinance se voyait pousser des ailes. Il ne
manquait plus qu’un vent nouveau se mette à souffler. Ce fut chose
faite lors des élections législatives d’avril/mai 2014, puisque pour la
première fois depuis 30 ans, la plus grande démocratie du monde a
installé à sa tête un gouvernement à parti unique stable ne dépendant
pas de partenaires de coalition et risquant donc moins de faire l’objet
de chantages politiques. Le nouveau gouvernement de Narendra Modi
a remporté les élections avec un programme se focalisant sur la promotion et le développement du secteur privé. A peine arrivé au pouvoir, le gouvernement indien a bien insisté sur le fait que la promotion
des services financiers serait au cœur de ses préoccupations. Certains
craignaient que, dans leurs efforts, le gouvernement et la banque
centrale ne se marchent sur les pieds. Ils ont été rassurés par la
nomination en septembre 2014 d’Arvind Subramanian, un camarade
d’études de Raghuram Rajan, au poste d’économiste en chef du
gouvernement indien.
En termes de croissance macroéconomique aussi, le gouvernement
et la banque centrale ont le vent en poupe : selon les prévisions du
FMI pour 2015, après trois années plutôt moroses, l’Inde retrouvera
le chemin de la croissance (plus de 6 %). Par ailleurs, depuis l’été
2014, les investisseurs étrangers ont recommencé à beaucoup
s’intéresser à l’Inde. Les fonds responsAbility investissent quant à eux
dans ce pays depuis 2008. Depuis 2011, une équipe locale basée au
bureau de responsAbility à Mumbai se consacre au marché indien.
Une analyse détaillée figure dans notre publication actuelle Research
Insight : Grandeur, déclin et regain de dynamisme du marché indien
de la microfinance, disponible sur www.responsAbility.com.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
14
Enquête auprès des experts : les IMF
recherchent des partenaires solides
Afin d’analyser le potentiel d’investissement des marchés
de la microfinance évoqués dans les pages introductives de
ce Microfinance Market Outlook, responsAbility utilise un
portefeuille représentatif et stable de 100 institutions clés.
Il s’agit de prestataires reconnus sur leur marché. Ces IMF
sont réparties géographiquement sur 38 marchés clés. Elles
représentent actuellement USD 52 milliards d’actifs et
25,5 millions d’emprunteurs. responsAbility a déjà investi
USD 1,2 milliard dans ces IMF.
Eu égard aux résultats de ce portefeuille représentatif, le
marché de la microfinance a connu une hausse de 15 % au
cours du premier semestre 2014 (voir figure 13). Le rythme
s’accélérant actuellement, nous considérons que les prévisions
de croissance du portefeuille de 15 à 20 % émises par les
experts pour 2015 sont prudentes.
Abbildung 4: Reales BIP-Wachstum
Figure 14 : croissance du portefeuille des 100 IMF
25 %
60 000
50 000
20 %
40 000
15 %
30 000
10 %
20 000
5%
10 000
T4/2015
T3/2015
T2/2015
T1/2015
T4/2014
T3/2014
T2/2014
T1/2014
T4/2013
T3/2013
T2/2013
T1/2013
0
T4/2012
0%
Croissance par rapport à l’année précédente (échelle de gauche)
Portefeuille de crédits bruts en millions de USD (échelle de droite)
Source : responsAbility Research. Les chiffres à partir du quatrième trimestre 2014 sont des estimations
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
15
Conséquences mineures des décisions de la Fed
Les experts interrogés estiment que la normalisation de la
politique en matière de taux d’intérêt prévue dès 2015
n’aura qu’un impact limité sur les marchés de la microfinance (voir figure 14). Dix-sept de ces experts, soit plus de
la moitié d’entre eux, parlent de légères répercussions, neuf
autres penchent même pour une absence totale de conséquences. Par contre, ils sont cinq à prévoir des changements
de moyenne envergure. Un seul expert estime quant à lui que
les mutations de l’environnement de taux entraîneront de
graves conséquences. Il est réjouissant de constater que la
plupart des experts interrogés, qui tablent sur des répercussions mineures, sont en mesure de justifier de façon détaillée
leurs estimations. On ne saurait par conséquent mettre leur
optimisme sur le compte d’un manque d’indicateurs fiables.
Ce qui est par exemple frappant dans leurs réponses, c’est,
tout d‘abord, que les experts interrogés insistent sur le fait
que les marchés observés disposent actuellement de suffisamment de liquidités et, ensuite, qu’ils ne s’inquiètent
guère du risque d’augmentation générale des coûts de
financement découlant des hausses des taux directeurs.
Figure 15 : conséquences attendues des hausses des taux
directeurs américains (enquête auprès des experts)
Aucune
répercussion
Légère
répercussion
Répercussion
moyenne
Répercussion
importante
0
2
Source : responsAbility Research
4
6
8
10
12
14
16
Qualité du portefeuille sous étroite surveillance
La qualité du portefeuille est évaluée selon un principe strict
par le monde de la microfinance, qui établit une proportion
entre les crédits remboursés dans les délais par des millions
de clients finaux et les crédits défaillants. Alors que dans les
statistiques bancaires des pays riches, seuls les crédits échus
depuis plus de 90 jours sont considérés comme défaillants,
des règles beaucoup plus draconiennes s’appliquent au secteur
de la microfinance et les crédits arrivés à échéance depuis
plus de 30 jours sont jugés défaillants. Il nous faut ajouter à
cela les crédits refinancés et les amortissements pour avoir
une liste exhaustive des crédits potentiellement problématiques. Au milieu de l’année 2014, 94,4 % des crédits avaient
été remboursés dans les délais. Malgré tout, on a vu se dessiner
une tendance négative, la part des crédits défaillants étant
passée de 3,1 % en 2013 à 3,4 % actuellement. Alors que
les refinancements ont stagné à 0,7 %, les amortissements
sont passés de 1,24 à 1,48 % (valeur annualisée).
Cette diminution de la qualité du portefeuille s’explique entre
autres par le ralentissement temporaire de la croissance au
Pérou, qui s’est clairement fait sentir du fait de la concurrence
vive qui règne sur le marché péruvien de la microfinance. Autre
raison justifiant cette baisse : le fléchissement de la croissance
en Inde, qui a notamment affecté le segment des microcrédits
accordés aux transporteurs (les risques de crédit en hausse
sont une conséquence directe de la chute des prix des camions
d’occasion). Selon nos experts, ces deux marchés devraient
connaître une nette embellie en 2015. Ils prévoient en revanche une diminution de la qualité du portefeuille des marchés touchés par la crise économique russe, les principaux
pays concernés étant l’Ukraine, la Biélorussie, l’Arménie, le
Tadjikistan et le Kirghizstan. Toutefois, la qualité de leur portefeuille restera supérieure à la moyenne mondiale.
18
Dix-sept des experts que nous avons interrogés sont d’avis que
la qualité du portefeuille de leurs marchés se maintiendra au
même niveau. Ils sont onze à penser qu’elle se détériorera et
seulement quatre à envisager une amélioration. Aucun n’a
évoqué une dégradation alarmante. Il s’agirait plutôt d’une
progression lente, souvent due à l’intensification de la concurrence parmi les institutions de microfinance. Les experts
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
16
interrogés recommandent de suivre cette évolution avec toute
l’attention qu’elle mérite et d’opter pour une gestion plus
rigoureuse du risque.
Abbildung 4: Reales BIP-Wachstum
Figure 16 : qualité du portefeuille des 100 IMF
Figure 17 : estimation des conditions-cadres institutionnelle
(enquête auprès des experts)
Plutôt une
détérioration
Pas vraiment
de changements
8%
7%
Une nette
amélioration
6%
5%
0
4%
3%
2
4
6
8
10
12
14
16
18
Source : responsAbility Research
2%
1%
En souffrance
Refinancements
T2/14
T1/14
T4/13
T3/13
T2/13
T1/13
T4/12
T3/12
T2/12
T1/12
T4/11
0%
Passé en pertes
Source : responsAbility Research
Les conditions-cadres institutionnelles ne cessent de s’améliorer
Selon les experts qui ont participé à notre enquête, les conditions-cadres s’appliquant aux institutions de microfinance ne
cessent de s’améliorer. La moitié d’entre eux vont à l’encontre
des idées reçues sur le blocage des réformes dans les pays en
voie de développement et les marchés émergents, et parlent
d’une nette amélioration. Ils sont presque un tiers à penser que
sur chaque marché, il existera un équilibre entre les améliorations et les détériorations, alors que près d’un cinquième des
experts prévoient une nette dégradation. En revanche, tous
s’accordent à dire que la réglementation jouera un rôle clé.
Les 32 experts constatent que les banques centrales et les
organismes de surveillance bancaire font preuve de plus en
plus de compréhension vis-à-vis du domaine de la microfinance. A l’inverse, la confiance dans le monde politique
s’amoindrit, les hommes politiques étant trop souvent tentés
de succomber à un populisme dénué de toute vision, ce qui
porte préjudice à la politique de développement. Les choses
risquent d’être compliquées pour certains marchés d’Amérique
du Sud et d’Asie centrale, qui devront faire face à des interventions réglementaires et étatiques sous la forme principalement
de plafonnements des taux d’intérêt, d’imposition par l’Etat de
quotas de crédits pour certains secteurs de l’économie ou
encore de prescriptions sur le capital réglementaire.
Bureau d’information sur le crédit : les coûts doivent baisser
Dans la plupart des pays, les bureaux d’information sur le crédit
font partie du paysage et constituent un élément important de
l’infrastructure des marchés puisqu’ils permettent de réduire
les risques liés à l’octroi d’un crédit. Ils évaluent la solvabilité d’un emprunteur en collectant des informations auprès
d’autres prêteurs, ce qui fait que les ménages ont moins besoin
de garanties physiques et que même ceux dépourvus de relation
bancaire peuvent apporter la preuve de leur solvabilité. En
outre, le fait que tous les crédits soient connus permet de
réduire le risque de surendettement de l’emprunteur. Près de
100 bureaux de crédit sont actuellement présents sur nos
marchés cibles. Pratiquement la moitié des experts que nous
avons interrogés dans le cadre de notre enquête considèrent
que la couverture de leur marché par les centres de renseignement sur le crédit est élevée. Ils sont douze à penser que la
couverture est faible à moyenne mais tend à augmenter rapidement. Cinq experts estiment quant à eux que la couverture,
déjà faible, ne progressera pas beaucoup.
« Les centres de renseignement sur le
crédit fonctionnent parfaitement bien.
Deux sociétés privées et le régulateur
collectent des données afin de réduire le
risque de surendettement. Suite aux
expériences douloureuses du passé,
l’échange de renseignements est désormais
largement accepté par la branche. »
Kurt Koenigsfest, BancoSol
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
17
« A long terme, l’activité de dépôts jouera
un rôle important. Toutefois, l’épargne locale est encore beaucoup trop maigre et inconstante. Des partenaires internationaux
fiables seront donc toujours indispensables
au cours des prochaines années. »
Le fait que certains gros concurrents, habituellement des
banques traditionnelles, ne jouent pas le jeu a été plusieurs
fois souligné. Les coûts liés aux services de renseignement
sur le crédit, qui pourraient être réduits par l’utilisation de
technologies appropriées et la concurrence entre plusieurs
prestataires, constituent le principal obstacle à une meilleure
couverture. Les experts signalent par ailleurs que ces coûts
sont transparents, mais que l’intérêt d’une réduction sensible
des taux de défaut échappe aux IMF, ce qui enfle la problématique des coûts.
Senacheert Sim, Directeur général, PRASAC
Figure 18: couverture du marché par les centres de
renseignement sur le crédit (enquête auprès des experts)
Couverture faible ou
modérée, tendance
plutôt constante
Couverture faible
à modérée,
rapide amélioration
Couverture élevée
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Source : responsAbility Research
A l’avenir aussi, des partenaires de financement
spécialisés seront nécessaires
Le financement local continue à gagner du terrain dans les
pays en voie de développement et les marchés émergents.
Quasiment deux tiers des experts signalent que l’épargne, les
emprunts et les crédits bancaires joueront un rôle de plus en
plus significatif sur les marchés de la microfinance. Environ la
moitié d’entre eux pensent que les financements en dette internationaux continueront d’occuper une place importante. Un
petit tiers des experts interrogés évoquent les capitaux propres
provenant de sources internationales et locales (voir page 19,
Une participation directe : le private equity dans la microfinance). En revanche, aucun des 32 experts ayant participé à
notre enquête ne pense que les dons et les prêts non remboursables ne progresseront.
La tendance à la hausse de l’épargne dans les bilans des IMF
est bien documentée. Sur les deux dernières années, les 100
IMF qui composent notre portefeuille modèle ont vu leur volume de dépôts augmenter de près de 30 %, si bien qu’il se
chiffre aujourd’hui à USD 29,2 milliards.
Ce résultat prouve que le développement du secteur financier de
différents marchés émergents porte ses fruits. Les ménages à
faibles revenus attachent une grande importance à des possibilités d’épargne sûres. Les gestionnaires de dépôts sont soumis à
des contraintes réglementaires strictes, ce qui ne constitue pas
un obstacle insurmontable pour une IMF solide. Ce qui semblait
encore illusoire en Inde il y a peu deviendra réalité en 2015,
puisqu’une première IMF indienne offrira des possibilités
d’épargne. Partant de là, rien d’étonnant à ce que l’autre moitié
des experts évoquent un léger recul du rôle joué par le refinancement international des IMF. Ceci dit, ils ne sont que 15 % à
penser que les flux de capitaux internationaux diminueront aussi
en valeur absolue. En résumé, plusieurs éléments indiquent
que les institutions de microfinance feront certes davantage le
choix judicieux d’opter pour des sources locales, mais que pour
diversifier leurs bilans, elles continueront de faire appel à des
partenaires internationaux qui ont fait leurs preuves.
Figure 19: progression des sources de financement
(enquête auprès des experts)
Financement
en dette local
Epargne
locale
Financement en
dette international
Financement en
capitaux propres
international
Financement en
capitaux propres
local
Subventions/
dons
0
5
10
15
20
25
Source : responsAbility Research
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
18
Une participation directe :
le private equity dans la microfinance
En 2015 aussi, dans le secteur mondial de la microfinance, les
investissements en capitaux propres augmenteront plus fortement
que les financements en dette. Notre équipe de spécialistes de private
equity prévoit une hausse de 30 % des transactions en capitaux
propres, ce qui correspond à la moyenne des trois dernières années.
Le rôle de moteur de la croissance devrait être tenu par la région
Asie-Pacifique.
Dans le domaine des transactions primaires, certaines grandes
sociétés de participation transrégionales et banques de microfinance
matures lèvent des capitaux considérables. Mais avec le développement croissant du marché de la microfinance, nous observons une
tendance à l’accroissement du nombre des transactions secondaires
réalisées avec des IMF matures et des banques spécialisées dans les
PME. Cette tendance s’accentuera encore au cours des prochaines
années étant donné qu’une série de fonds fermés lancés avant que
ne survienne la crise financière arriveront bientôt à échéance. Selon
les données des observateurs du marché Luminis et MicroRate, au
moins huit fonds de placements en capitaux propres ou hybrides avec
des placements en capitaux propres d’un montant approximatif de
USD 600 millions arriveront à échéance entre 2014 et 2016, si bien
qu’ils auront besoin d’acheteurs pour leurs positions. La réorientation
géographique des sociétés de participation transrégionales crée de
nouvelles opportunités de rachat.
Les levées de capitaux effectuées par de grandes sociétés de participation et la hausse du nombre de transactions secondaires réalisées
avec des institutions matures gonflent le volume des transactions. La
majorité des investisseurs de la microfinance ne peuvent pas investir
plus de USD 10 millions dans une seule institution, ce qui favorise
l’augmentation des transactions consortiales, autrement dit des club
deals. Cette tendance ouvre des opportunités de placement intéressantes pour les fonds récemment établis qui se spécialisent dans les
IMF matures et qui sont donc mieux à même de répondre aux exigences de ces institutions.
Les informations sur la valorisation des transactions en capitaux
propres sont bien entendu confidentielles et ne sont que rarement
rendues publiques. Toutefois, de nouvelles études fournissent une
série de multiples de l’indice de référence régional. Nous continuons
d’observer les multiples de la valeur comptable (VC) les plus élevés
(au-dessus de 1,5 × VC) en Amérique latine et en Asie-Pacifique, mais
aussi de plus en plus en Afrique (voir figure 20). Le marché indien de
la microfinance en particulier, qui s’est remarquablement bien remis
de la crise, voit le volume de ses transactions augmenter alors que ses
multiples sont eux aussi à la hausse. Dans les pays d’Asie centrale et
du Caucase, les transactions restent nettement moins bien valorisées,
généralement à la valeur comptable. Les transactions en capitaux
propres sont presque inexistantes en Europe de l’Est et elles ne
s’effectuent qu’avec des multiples de la valeur comptable de l’ordre
de 1 ou en deçà.
Figure 20 : Valorisation des transaction en
capitaux propres
Valorisations des transactions
en
capitauxlatine
propres
Amérique
1,5 × valeur comptable et au-dessus
Asie du Sud et du Sud-Est
1,5 × valeur comptable et au-dessus
Afrique
1,5 × valeur comptable et au-dessus
Asie centrale et Caucase
A la valeur comptable ou légèrement audessus avec quelques valeurs extrêmes
tendant vers le haut
Europe de l’Est
A la valeur comptable ou en deçà
responsAbility entend participer au dynamisme croissant du marché
des capitaux propres du secteur de la microfinance et a étoffé son
équipe en conséquence : présente à Zurich, Lima et Bangkok, notre
équipe renforcée est idéalement placée pour analyser et accompagner
des opportunités d’investissement sur des marchés matures tels que la
Colombie, la Bolivie, le Cambodge ou encore le Kenya. Ces marchés
offrent en effet aux acteurs plus larges des opportunités de financement de la croissance et de rachats qui vont bien au-delà de la
capacité offerte par de nombreux fonds en capitaux propres classiques du secteur de la microfinance. Nous observons en outre un
intérêt croissant de la part des banques locales spécialisées pour les
PME. En plus des acteurs des marchés déjà établis, quelques IMF
moins matures offrent également des opportunités de placement
intéressantes, notamment en Afrique et en Asie du Sud. Enfin, les
opportunités d’investir dans des IMF en passe de devenir des banques
commerciales réglementées sont toujours excellentes.
responsAbility Microfinance Market Outlook 2015
19
A propos de
responsAbility Investments AG
responsAbility Investments AG est l’un des principaux gestionnaires de fonds indépendants dans le monde, spécialisés dans
les secteurs liés au développement économique des pays
émergents : la finance, l’agriculture, l’énergie, la santé et
l’éducation. responsAbility investit en dette ou en capital dans
des entreprises non cotées offrant des solutions et des services
adaptés aux populations à revenu faible et contribuant ainsi
fortement à la croissance économique et au progrès sociétal des
pays émergents. responsAbility propose aux investisseurs privés
et institutionnels des solutions professionnelles de gestion de
placements.
A propos de l’auteur :
Fondée en 2003, la société, dont le siège est basé à Zurich, gère
un portefeuille de USD 2,4 milliards, investis dans plus de 500
entreprises situées dans plus de 90 pays. responsAbility s’appuie
sur un réseau de bureaux locaux à Paris, Lima, Mumbai et Nairobi.
Elle compte parmi ses actionnaires diverses institutions de renom
de la place financière suisse, de même que des collaborateurs.
responsAbility est soumise à la surveillance de l’Autorité fédérale
de surveillance des marchés financiers FINMA.
Christian Etzensperger, Senior Research Analyst
[email protected], +41 44 254 32 79
Christian Etzensperger est analyste de
recherche senior chez responsAbility
Investments AG. Il est titulaire d’un MA en
économie et d’un MSc (avec distinction)
en développement économique de l’Université de Glasgow, Adam Smith Business
School, et peut se prévaloir du titre de
Chartered Alternative Investment Analyst
(CAIA). Avant de rejoindre responsAbility Investments AG en 2010, il
a occupé le poste d’analyste quantitatif auprès de la Banque Vontobel
et celui de macroéconomiste et d’analyste industriel au Credit Suisse.
Dans une interview, l’auteur s’exprime également sur le
Microfinance Market Outlook 2015. Vous trouverez ce
dernier ainsi que l’ensemble des études de recherche,
des publications et des webcasts de responsAbility sur
www.responsability.com/multimedia/fr.
Au cours des douze derniers mois,6 en tant que l’un des principaux investisseurs mondiaux dans le secteur de la microfinance,
responsAbility a investi USD 882 millions supplémentaires dans
des entreprises de microfinance, ce qui correspond à une augmentation de 26,8 % par rapport à l’année dernière. Le montant
total des actifs gérés investi dans les marchés de la microfinance
s’élève donc à USD 1,85 milliard réparti sur 77 pays. Une forte
présence encore légèrement renforcée dans toutes les régions
du monde a prouvé son efficacité. Notre expansion s’explique
également par la gestion active des portefeuilles et par l’efficacité de la répartition du travail de placement.
6
Du troisième trimestre 2013 au troisième trimestre 2014.
Ce document a été élaboré par responsAbility Investments AG. Les informations contenues dans le présent document (ci-après « informations ») se basent sur des sources considérées comme fi
­ ables ;
toutefois, il n’y a aucune garantie quant à l’exactitude et à l’exhaustivité de ces dernières. Les informations peuvent être modifiées à tout moment sans obligation d’en informer les destinataires.
Sauf mention contraire, les chiffres ne sont ni vérifiés, ni garantis. L’ensemble des actions entreprises sur la base de ces informations s’effectue sous la responsabilité et au risque des seuls destinataires. Ce document est fourni exclusivement à titre d’information. Les informations ne dispensent pas la personne qui les reçoit de les juger par elle-même.
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Crédits des photos : HKL Cambodia pour responsAbility, 2014 (page de titre).
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