La mise en scène est liée à l’interprétation du texte. Pour cela, le metteur en scène peut
jouer sur différents paramètres.
Tout d’abord, pour mener à bien sa représentation, celui-ci ne va pas forcément
toujours respecter toutes les didascalies, qui peuvent être gênantes au niveau du coût financier
(recréer un intérieur de château pour la nuit de Valognes est assez coûteux), d’un point de vue
technique (recréer l’odeur de renfermé, « la froide obscurité de la plaine normande » est très
complexe), ou tout simplement car les indications ne concordent pas avec son interprétation
(par exemple, dans la Nuit de Valognes de John Durand, les femmes sont toutes en blancs,
pour symboliser leur égalité, on n’a donc pas respecté les indications de costumes.)
Ensuite, il y a le choix des personnages qui doivent être en concordance avec
l’interprétation du texte. On va choisir un Don Juan jeune et beau qui séduira les femmes avec
son physique, et pour qui le temps n’a pas d’effets. Ou bien, on va choisir un Don Juan d’âge
mûr pour montrer que son pouvoir de séduction n’a pas de limites, qu’il ne se borne pas à son
physique.
Le rôle du metteur en scène est également de diriger les artistes. Il va donc se charger
de donner des indications sur la voix à ses comédiens, sur le regard, et sur leurs gestes. En
effet, ce type d’indication est présent dans le texte, mais pas suffisamment pour que la
représentation soit vivante. Un comédien va donc surjouer telle partie de la pièce, être ému en
disant telle réplique, faire tel geste ou se déplacer de telle façon, alors que dans une autre
reprise, ceci sera totalement différent.
Enfin, les décors, les costumes et l’éclairage créent une atmosphère que l’on ne
retrouve pas dans le texte théâtral. Les pièces classiques donnent peu d’indications dans ce
domaine. Ainsi, Chéreau a mis en scène Dom Juan sur un plateau tournant avec des machines
comme décor, pour donner une interprétation marxiste à la pièce. Cette même pièce peut être
représentée dans un décor neutre pour privilégier l’histoire. Dans la mise en scène de John
Durand de la Nuit de Valognes, les femmes sont toutes vêtues en blanc, pour symboliser leur
égalité, alors que dans une autre mise en scène, les femmes sont vêtues de façon fidèle au
texte, on voit alors ici les différences de classe sociale. On va également jouer sur l’éclairage,
des lumières vives pour des scènes plutôt joyeuses, des scènes jouées dans la pénombre pour
la mort d’un personnage. Tout cela va aider à l’interprétation de l’œuvre.
* * *