
4. Septembre 2014:
élaboration de la proposition mutualiste à
destination du Comité de l’Assurance.
En raison de leur neutralité vis-à-vis des différents secteurs
des soins de santé, les mutualités se sont vu attribuer un rôle
important dans l’arbitrage entre les nombreux « nouveaux
besoins» formulés chaque année par les secteurs.
Elles déduisent du budget disponible et des estimations
techniques calculées par l’INAMI (estimations des dépenses)
la marge pouvant être affectée à des nouvelles initiatives ou
à l’inverse les économies qui seront requises. Cela en vue de
formuler une proposition de répartition de cette marge dans les
différents secteurs afin «d’atteindre» l’objectif budgétaire.
Selon la procédure encore légalement en vigueur en septembre
2014 pour déterminer l’objectif budgétaire de l’année 2015,
le point de départ du calcul était l’objectif budgétaire 2014
(27,862 milliards €). Celui-ci devait être diminué d’un montant
de 3,559 milliards €, correspondant aux transferts des secteurs
des soins de santé désormais à charge des Communautés et
Régions suite à la 6ème réforme de l’Etat. Ensuite on appliquait
à ce montant l’indice santé (estimé à 1,3% en septembre 2014)
et la norme de croissance légale (+3%). Le montant attendu
légalement pour le budget 2015 devait donc être de 25,357
milliards €.
La marge disponible est calculée en soustrayant l’estimation
des dépenses (24,202 milliards €) à l’objectif budgétaire. Ainsi,
avant la prise en compte de toute forme de mesures, la marge
théorique pour 2015 était alors officiellement estimée à 1,155
milliard €, comme déjà mentionné.
Cependant, étant donné l’incertitude politique, on ignorait alors
si la norme de croissance de 3% allait être maintenue, si la marge
disponible allait être gelée, ou si des mesures d’économies
supplémentaires au-delà de la confiscation de cette marge
allaient être demandées par le futur gouvernement. Face à ce
contexte complexe et au nombre important d’incertitudes, les
différentes mutualités ont adopté des positions diverses quant
à l’affectation des margeset l’adaptation du cadre budgétaire
encore officiellement en vigueur. Les positions variaient de
«préserver autant que possible les moyens disponibles pour
les soins de santé comme filet de sécurité pour ceux qui ont
été le plus durement touchés par la crise et ainsi défendre un
maintien de la norme de croissance au montant alors actuel
de 3%» (Mutualités Socialistes) à «considérer le financement
inconditionnel d'un objectif budgétaire en fait surestimé
comme un danger pour la continuité de la sécurité sociale qui,
de la sorte, conduirait à la faillite du système, et ainsi proposer
une norme de croissance plus raisonnable, entre 2 et 2,2%»
(Mutualité Chrétienne et Mutualités Libres). En dépit de ces
divergences, les différentes mutualités estimaient important
de donner aux négociateurs du gouvernement le signal que
les différents partenaires des soins de santé, en tant que co-
gestionnaires de l’assurance maladie, étaient capables de
prendre leurs responsabilités face au contexte économique
difficile. Compte tenu de la particularité de l’année 2015,
elles convergeaient donc sur la nécessité d’une participation
(raisonnable) des soins de santé à l’assainissement budgétaire
et considéraient donc peu réaliste de limiter leur proposition
à la simple allocation de l’importante marge théorique
officiellement disponible.
(1) Objectif budgétaire 2014 27.861.560
(2) Compétences transférées 3.559.190
(3) Sous-total (1)-(2) 24.302.370
(4) Norme de croissance 3% 729.071
(5) Sous-total (3)+(4) 25.031.441
(6) Inflation 1,3% 325.409
(7) Objectif budgétaire 2015 à politique inchangée (5)+(6) 25.356.850
(8) Estimations techniques des dépenses 2015 24.201.947
(9) Marge disponible (7)-(8) 1.154.903
Tableau 1 : Budget originel 2015 Montant (en milliers d'€)
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MC-Informations 259 • mars 2015