84 Revue H.T.E. N° 124 - Septembre / Décembre 2002
Les zones céréalières pluviales
marocaines se caractérisent par la
faiblesse des précipitations, des
températures élevées, un pouvoir
évaporateur important et par conséquent
des épisodes de sécheresse fréquents
(Nicholson et Wigley, 1984). En
conséquence, des stress hydriques
d’intensités variables s’installent
rendant la production des céréales
modeste et incertaine (Jouve, 1988). La
céréaliculture étant la principale
occupation dans les régions pluviales,
les revenus des agriculteurs ainsi que le
développement de ce secteur de la
population s’en trouvent affectés. Une
bonne gestion des systèmes de
production dans ces zones ne pourrait se
faire sans une connaissance approfondie
des facteurs climatiques et des stress
hydriques qui s’en suivent, limitant la
production végétale et exacerbant la
variabilité spatiale et temporelle des
rendements.
Dans cette étude, nous aborderons la
variabilité spatiale du climat (pluie,
température et pouvoir évaporateur), les
conséquences sur le déficit climatique et
la variabilité spatiale des rendements
des principales cultures des régions
pluviales (Blé dur, blé tendre et orge).
Nous essaierons enfin de comprendre
les relations climat-production végétale
très utiles pour la caractérisation des
systèmes de production dans différentes
zones du milieu aride et semi-aride
marocain et pour l’orientation de
recherches futurs dans ce domaine
Cette partie de l’étude s’intéresse à la
variabilité spatiale des températures
moyennes et des précipitations au cours
des différentes phases du cycle cultural
des céréales (début, milieu et fin du
cycle). L’échelle décadaire est utilisée
ici pour le traitement des données
climatiques vu qu’une analyse
mensuelle est probablement trop
sommaire et qu’une analyse journalière
serait trop détaillée. Les périodes sèches
utilisées dans cette étude concernent une
ou plusieurs décades successives où le
cumul pluviométrique de chacune
d’elles n’excède pas 5 mm. En effet, les
régions arides et semi-arides
marocaines reçoivent des pluies
erratiques et de faible hauteurs. Ces
faibles pluies s’évaporent rapidement
après leur chute et ne contribuent que
faiblement à l’augmentation de la
réserve hydrique du sol (Watts and
Elmourid, 1988). Ces périodes sèches
ont été classées selon leurs longueurs.
En effet, la longueur des périodes sèches
nous informe sur l’intensité de la
sécheresse et du déficit climatique
conséquent pour la culture des céréales.
Les classes de périodes de sécheresse
utilisées se répartissent en décades
sèches isolées (Dsi, ces décades se
situent entre 2 décades humides), ne
présentant pas de risque réel pour le
développement des céréales et, en
décades sèches successives référées par
le terme nDss (n étant le nombre de
décades sèches successives).
Une date de semis unique (le15
Novembre) sera adoptée pour toutes les
stations concernées par l’étude. Le cycle
des céréales est divisé en: Début du
cycle (de la 2ème décade de Novembre à
la 3ème décade de Décembre), milieu du
cycle (de la 1ère décade de Janvier à la
2ème décade de Mars) et Fin de cycle (de
la 3ème décade de Mars à la 3ème décade
de Mai).
La région considérée dans cette étude
s’étend de Fès, Meknès au nord,
Casablanca et Settat au centre à Safi,
Marrakech et Agadir au Sud. Pour
rendre compte de la variabilité spatiale
des précipitations dans ces zones, le
choix des stations doit respecter les
divisions géographiques de la région
considérée, que les séries climatiques
étudiées soient homogènes, continues et
qu’elles s’étendent sur une période plus
ou moins longue (30 ans). Enfin, 7
stations ont été retenues pour cette
étude: Meknès, Fès, Casablanca, Settat,
Safi, Marrakech et Agadir. Les
coordonnées géographiques, l’élévation
CARACTERISATION DE LA VARIABILITE SPATIALE DU CLIMAT
MAROCAIN EN RELATION AVEC LA PRODUCTIVITE
DES CEREALES A PETITES GRAINES
T. A. Zeggaf *, N. Nsarellah*, D. Hadrabach* & A. Baidani**
Résumé:
L’eau est le principal facteur limitant la production céréalière au Maroc. Les précipitations souvent faibles et aléatoires
combinées à des températures élevées sont à l’origine d’épisodes secs imprévisibles et préjudiciables aux céréales. Alors que
les effets des sécheresses de fin de cycle, caractéristiques du climat Marocain, peuvent être remédiées par l’utilisation de
variétés à cycle court, l’ampleur des déficits climatiques dans les régions situées plus au sud est telle que l’utilisation des
techniques de conservation de l’eau et de l’irrigation d’appoint est seule capable de stabiliser et d’optimiser la production
céréalière dans ces zones. A ce titre, une bonne connaissance de la variabilité spatiale du climat, des sols et des systèmes de
production s’avère très utile pour comprendre les processus de croissance, de développement et du rendement final des céréales
dans ces zones. Les techniques de conservation de l’eau recommandables auprès des agriculteurs doivent s’ajuster à chaque
situation de déficit hydrique et être adaptées aux différentes niveaux de ce dernier. Des axes de recherches relatifs à ces
techniques peuvent améliorer l’efficience d’utilisation de l’eau à la parcelle et sont la clé pour l’amélioration des revenus des
agriculteurs marocains.
I. VARIABILITE SPATIALE DU
CLIMAT
(PRECIPITATIONS, PERIODES
SECHES ET TEMPERATURES)
* Institut National de la Recherche Agronomique, Settat
** Université Hassan 1er, Faculté des Sciences et Techniques de Settat
INTRODUCTION