Les troubles d`apprentissage chez l`enfant. Etude réalisée sur une

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Ecole Nationale de la Santé Publique
Médecin de l'Education Nationale
Cycle court 1999/2000
Etude professionnelle
LES TROUBLES D’APPRENTISSAGE CHEZ L’ENFANT
ETUDE REALISEE SUR UNE CLASSE DE PERFECTIONNEMENT
SOPHIE DESSOLIERS
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Sommaire
1.
INTRODUCTION....................................................................................................................................................... 4
2.
LE POINT SUR LES CONNAISSANCES ET OUTILS ACTUELS................................................................. 6
2.1. LES PRINCIPAUX MODÈLES DE DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE .............................................................................. 6
2.1.1.
le modèle linguistique..................................................................................................................................... 6
2.1.2.
Le modèle cognitif .......................................................................................................................................... 6
2.1.3.
Le modèle psycholinguistique interactionniste ............................................................................................. 6
2.2. EXPLORATION DU LANGAGE ORAL ............................................................................................................................ 6
2.3. ÉVALUATION NEUROPSYCHOLOGIQUE...................................................................................................................... 7
2.3.1.
Evaluation des aptitudes cognitives fondamentales. (mesure du niveau intellectuel) ................................ 7
2.3.2.
Examen de l’attention..................................................................................................................................... 8
2.3.3.
examen de la mémoire.................................................................................................................................... 9
2.3.4.
Gnosie, praxie « psychomotricité » ............................................................................................................. 10
2.3.5.
La latéralité................................................................................................................................................... 10
2.4. EVALUATION DES APPRENTISSAGES SCOLAIRES .................................................................................................... 11
2.4.1.
Evaluation de la lecture ............................................................................................................................... 11
2.4.2.
Evaluation des fonctions cognitives en relation avec l’acte de lecture ..................................................... 13
2.4.3.
Evaluation des capacités utiles pour l’apprentissage de la lecture. Notion de pré-requis...................... 13
2.5. TROUBLES SPÉCIFIQUES D’APPRENTISSAGE DE LA LECTURE – LES DYSLEXIES ..................................................... 14
3.
BILAN DES DIFFICULTÉS QUE PRÉSENTENT LES ÉLÈVES DE LA CLASSE DE
PERFECTIONNEMENT. LES PRISES EN CHARGE PASSÉES ET ACTUELLES........................................... 15
3.1. MÉTHODOLOGIE ...................................................................................................................................................... 16
3.2. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS.............................................................................................................................. 17
4.
DISCUSSION – PROPOSITIONS ......................................................................................................................... 23
5.
CONCLUSION .......................................................................................................................................................... 26
6.
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................................... 27
Annexe : schéma du modèle neuropsycholinguistique.
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sigles utilisés
AEMO : Aide Educative en Milieu Ouvert
CCPE : Commission de Circonscription Pré-élémentaire et Elementaire
CLIS : Classe d’Intégration Scolaire
CMP : Centre Médico-Psychologique
EN : Education Nationale
GS : Grande Section de maternelle
IEN : Inspecteur de l’Education Nationale
MNPL : Modèle Neuropsycholinguistique
PERF : Classe de perfectionnement
RASED : Réseau d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté
ZEP : Zone d’Education Prioritaire
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1. INTRODUCTION
L’échec scolaire est plurifactoriel . Quelques fois les troubles de l’apprentissage sont
dominants, d’autres fois non. 16 à 24 % ( revue ADSP 26 mars 1999 ) des élèves sont en
échec scolaire et présentent des difficultés d’apprentissage, on peut les répartir en 3
catégories :
1. Ceux présentant une déficience avérée : 2-3%.
2. Ceux dont les difficultés sont d’origines culturelles, sociales, économiques
et / ou psychologiques :10-15%.
3. Ceux présentant des troubles développementaux spécifiques des
apprentissages : 4-5%.
Les performances scolaires influencent le degré d’insertion sociale, le revenu
économique par l’accès à l’emploi, la santé et l’espérance de vie. Mais tous les enfants
n’arrivent pas avec les mêmes compétences à l’école. De nombreux enfants entrent à la
maternelle avec un bagage linguistique très rudimentaire et peu organisé, sans savoir
clairement la fonction du langage. Ces différences s’expliquent en grande partie par des
différences de stimulations familiales et environnementales. L’école doit prendre en
compte ces différences de niveau d’acquisition du langage oral.
La Seine-Saint-Denis est un département où la question est d’actualité depuis plusieurs
années pour l’éducation nationale. Est mis en place dans ce département la participation
à des stages nationaux de sensibilisation au dépistage des troubles de l’apprentissage
de la lecture pour les inspecteurs départementaux, les médecins et infirmières de
l’éducation nationale, les conseillers pédagogiques. Mais les troubles de l’apprentissage
de la lecture relèvent de facteurs complexes qui exigent une prise en charge globale.
Un enseignant d’une classe de perfectionnement en Z.E.P devant l’arrêt de la
progression en lecture de certains de ses élèves s’est questionné sur l’origine des
difficultés d’apprentissage que présentent ces enfants. Il s’adresse à son Inspectrice de
l’Education Nationale pour être conseillé qui elle même sollicite le Médecin de l’Education
Nationale. Un projet de travail en équipe se constitue avec la psychologue scolaire du
R.A.S.E.D, l’enseignant, le Médecin de l’E.N. Si les difficultés d’apprentissage relèvent de
facteurs complexes, il s’agit ici de préciser l’origine de ces difficultés et d’évaluer les
réponses actuelles apportées qui ne sont peut-être pas adaptées ou suffisantes.
Il n’existe pas de consensus sur la définition des troubles du langage écrit chez l’enfant.
Ceci s’explique par l’existence de plusieurs théories concernant l’apprentissage, et par
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une approche plurifactorielle et pluridisciplinaire de ces troubles. La définition
généralement retenue est celle d’une difficulté durable dans la progression de
l’acquisition du langage écrit. Ce trouble peut être secondaire ou spécifique. Depuis
plusieurs années la nécessité d’outils de dépistage particuliers maniés par des
professionnels se fait sentir. Il y a actuellement un déficit en outils standardisés au niveau
national, mais des outils existent.
La présente étude se propose donc :
1. De faire un état des lieux des connaissances et des outils existants. Pour
cette étape, la principale référence bibliographique sera l’ouvrage de C.
Chevrie-Muller et J. Narbona :Le langage de l’enfant- Aspect normaux et
pathologiques.
2. De faire un bilan des difficultés que présentent les élèves de cette classe
de perfectionnement, de leur prise en charges actuelles et passées.
3. D‘ élaborer la trame d’un projet à mettre en place avec l’équipe. Le
médecin de l’EN qui a une mission de conseil dans le système éducatif est
ici l’interlocuteur direct de l’IEN, auquel il devra faire des propositions de
solutions au problème posé.
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2. LE POINT SUR LES CONNAISSANCES ET OUTILS ACTUELS
2.1.
LES PRINCIPAUX MODELES DE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE
2.1.1. le modèle linguistique
C’est la notion de langage inné (Chowsky –1957) où l’enfant naîtrait avec une
« prédisposition » pour le développement de compétences ayant trait à la découverte et
l’analyse de la langue.
2.1.2. Le modèle cognitif
Il cherche à définir les principes opérationnels que l’enfant adopte pour mettre en relation
le sens des énoncés et leur forme dans un contexte familial et socio-culturel donné. C’est
l’analyse de la manière dont l’enfant s’approprie la langue. Le modèle cognitif cherche à
connaître les mécanismes sous-jacents à cette acquisition du langage. (Mac Namara1972 ;Clarck-1974 ;Slobin-1973,1985).
2.1.3. Le modèle psycholinguistique interactionniste
La psycholinguistique au départ privilégiait les aspects formels des messages produits
par l’enfant (modèle linguistique), elle s’est ensuite orientée en prenant en considération
le modèle cognitif vers un modèle qui prend en compte l’organisation des mots dans leur
fonction cognitive, et les modèles pragmatiques qui prennent en compte les effets du
milieu extérieur ( contexte porteur des intentions de communication, désir d’échange).
(M.T.Le Normand).
2.2.
EXPLORATION DU LANGAGE ORAL
D’après C.Chevrie Muller. La pratique du bilan suppose la référence à un modèle
psycholinguistique et au fonctionnement neurolinguistique. La référence est ici le modèle
neuropsycholinguistique. Cf. schéma en annexe.
C.Chevrie Muller a retenue en préalable 5 critères pour le modèle parmi les 7 proposés
par Aram et Nation (1982) dont entre-autre que le modèle :
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1. Permette la description de la parole et du langage.
2. Prenne en hypothèse l’existence d’un « centre du langage » .
3. Aide à la compréhension de la pathologie.
En pratique, le clinicien doit s’attacher à respecter la disposition verticale du modèle. En
effet les déficits au niveau primaire conditionnent le fonctionnement des niveaux
supérieurs.
Pour explorer ce modèle il faut des outils qui permettent une exploration de chacun des
modules du modèle.
Les premiers : BEPLT.B(batterie d’évaluation psycholinguistique) de C.Chevrie Muller et
coll.(1988.1997) et celui de M.T Le Normand sont des méthodes d’observation et
d’analyse du langage en situation de communication. Ces deux tests sont étalonnés
dans des populations de références.
Les seconds
sont nombreux et explorent en situation de tests divers aspects du
langage : la compréhension, l’expression, la mémoire auditivo-verbale, la phonologie
etc…
2.3.
EVALUATION NEUROPSYCHOLOGIQUE
L’examen neuro-psychologique est l’étude des relation entre processus cognitifs et
fonctionnement cérébral. L’important est d’évaluer le processus neurocognitif, c’est à dire
la démarche du sujet lors de la réalisation des tâches (évaluation des erreurs et des
stratégies qu’il adopte pour les corriger ).
Cet examen est la première étape indispensable dans le cadre d’un bilan complet.
2.3.1. Evaluation des aptitudes cognitives fondamentales. (mesure du
niveau intellectuel)
Les tests suivants sont les plus universellement utilisés. Ils sont adaptés de batteries
originales en langue anglaise. Ils reflètent assez bien l’ensemble des aptitudes cognitives
et l’étude de leur hétérogénéité. Il s’agit du WPPSI-R ( Wechsler) et du WISC-R
(Wechsler), respectivement reétalonnés en français en 1995 et 1996.
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Il faut aussi mentionner le K-ABC (Kaufman), 1993 qui est dépourvu de contenu culturel,
et le MSCA (Mc Carthy) ludique et attrayant, bon instrument surtout pour les enfants de 2
à 6 ans. Il permet une évaluation plus précoce que le WISC-R dont l’étalonnage n’est
réalisé qu’à partir de 3 ans.
2.3.2. Examen de l’attention.
La neuro-psychologie cognitive dans ses développement récents a mis en évidence
l’existence d’ un « système superviseur » qui est sous la dépendance fonctionnelle des
lobes frontaux. Ce système a pour mission d’orchestrer et de moduler les fonctions
cognitives et comportementales (attention et adaptations nécessaires à la réalisation
d’une tâche). La capacité attentionnelle peut être diminuée dans un grand nombres
d’états psychopathologiques(déficience mentale, anxiété), de troubles neurologiques, de
drogues(anti-épileptiques, psychotropes).
Instruments disponibles pour évaluer ce système « superviseur ».
v MFFT(Kagan,1965)
v TDP(Thurstone et Thurstone,1941).
Ces deux tests portent sur la discrimination visuelle. On considère que ces tests sont de
bons instruments de mesure de l’attention. Il existe un barème qui différencie au sein de
l’épreuve, les performances des 3 premières minutes (attention sélective) sur les 6-8
minutes que dure le test (attention soutenue). La comparaison des deux performances
permet d’apprécier la fatigabilité.
v Les labyrinthes de Porteus(19967).
v Le sub -test labyrinthe du WISC-III.
Ces tests mesurent l’attention prospective, la planification du comportement, le contrôle
inhibiteur de l’impulsivité.
v CTP( Test de Performance Continue).Informatisé par Klee et Garfinkel (1983).
En cas de déficit attentionnel, cet instrument est d’une grande utilité, tant pour le
diagnostic et la distinction entre inattention et l’impulsivité que pour mesurer les effet d’un
traitement.
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v L2MA (Chevrie-Muller et coll.,1997).
Dans cette batterie il existe une épreuve d’attention inspirée du test de « performance
continue ».
v Dans le WISC-R et le K-ABC il figure des sub-tests permettant d’évaluer un déficit
attentionnel.
v TED ( Test d’Ecoute Dichotique) (Ramos et Coll. 1994)
2.3.3. examen de la mémoire.
C’est la capacité d’élaborer, de stocker, de récupérer et d’utiliser l’information.
On distingue plusieurs niveaux :
La mémoire sensorielle (visuelle, auditive) d’une durée inférieure à une seconde, la
mémoire à court terme (mémoire immédiate) de quelques minutes, elle inclut la mémoire
de travail qui est nécessaire par exemple pour comprendre une page de texte .
Dernier niveau la mémoire à long terme.
Le développement des capacités mnésiques dans l’enfance est parallèle à celui du
développement cognitif général.
La mémoire intervient, comme l’attention dans toutes les activités cognitives.
Lorsque pour évaluer le langage d’un enfant nous lui proposons un récit qu’il doit
rappeler pour évaluer sa compréhension, l’attention et la mémoire à court terme
interviennent au même titre que les variables psycholinguistiques que l’épreuve cherche
à mesurer.
L’élaboration d’instruments évaluant spécifiquement la mémoire est difficile. Les
instruments qui sont le plus souvent utilisés ne permettent d’évaluer que la mémoire à
court terme.
Epreuves standardisées actuelles :
B.E.M – 144- Signoret ,1991 (Batterie d’efficience mnésique) pour les enfants de 6 ans à
14 ans ; évalue les mémoires visuelle, verbale, globale.
B.E.P.L.A Chevrie Muller & Coll ,1997
Incluent des sub-tests qui mesurent la
L.2.M.A Chevrie Muller & Coll ,1997
mémoire à court terme
WISC III
L.P.R : liste de mots de REY ,1958
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Figure complexe de REY (REY ,1959 ; MONTHEIL ,1993) explore la mémoire visuelle
2.3.4. Gnosie, praxie « psychomotricité »
La gnosie est la capacité de reconnaissance de l’espace interne (le corps), de l’espace
externe et des objets par leur qualité sensorielle. Cette reconnaissance permet le geste
en tant qu’acte intentionnel (praxie).
La psychomotricité distingue ces deux capacités : gnosie et praxie. Différents tests
permettent d’explorer la capacité de chaque enfant dans ces domaines.
v pour les gnosies auditives :
Reconnaissances des bruits familiers ( BEPL-Chevrie-Muller ), pour les petits.
Tests de gnosie auditivo-verbale pour l’exploration du langage oral.
v pour les gnosies visuelles :
Test de développement de la perception visuelle (Frotig,1973).
Reversal Test (Edfeldt), étalonnage français en 1970, pour la reconnaissance des figures
inversées(p-q-d-b).
v pour les gnosies visuo-spatiales :
Figure complexe de Rey (1959).
v pour les praxies(exécution de gestes)
L’interrogatoire des parents et de l’enseignant ainsi que l’observation pendant la
consultation donnent des informations ( habillage….). Sinon il existe le test d’imitation de
gestes (Borges et Lézine,1978 et Vaivre-Douret,1997).
2.3.5. La latéralité
Les méthodes standardisées sont celles qui évaluent la préférence manuelle (Epreuve
de latéralité manuelle d’Auzias,1984) mais il faut aussi évaluer l’efficience des deux
mains pour laquelle il n’existe pas de test standardisé.
Remarque : la latéralité croisée (non concordance) de la main et de l’ œ il n’a aucune
relation (scientifiquement établie) avec les troubles du langage ou des apprentissages
(Chevrie-Muller).
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2.4.
EVALUATION DES APPRENTISSAGES SCOLAIRES
Les troubles d’acquisition de la lecture constituent la principale cause d’échec scolaire.
Evaluer ces troubles et envisager leur prise en charge est complexe car la lecture est un
processus mental global et divers troubles ou dysfonctionnement peuvent perturber ce
processus.
Cette évaluation se fait avec trois objectifs :
1-Faire le diagnostic de la difficulté d’apprentissage, de son type et de son
degré de sévérité.
2-Mettre en évidence les capacités déficitaires mais aussi celles qui sont
préservées.
3-Etablir les bases d’un programme de rééducation.
Il sera envisager dans un premier temps l’évaluation de la lecture elle-même puis
l’évaluation des fonctions cognitives en relation avec l’acte de lecture. En effet, un trouble
cognitif peut être la cause ou la conséquence du mauvais apprentissage, ou il peut
simplement coexister avec lui.
Il est nécessaire d’analyser les stratégies adoptées par l’enfant et sa façon de réagir
devant un texte.
2.4.1. Evaluation de la lecture
Dans les évaluations de la lecture, on inclu en général les différents niveaux
d’énoncés(des graphies simples ou complexes, des lettres jusqu’aux textes de longueur
variable).On peut étudier la lecture silencieuse et celle à voix haute.
Certaines procédures d’investigation ont été reprises dans des tests standardisés. Tout
d’abord on rappelle les principales investigations des différents « niveaux » de l’acte de
lecture.
1-Exploration du processus visuel.
Il s’agit d’explorer
v la discrimination visuelle
v la stratégie visuelle
v l’empan de copie
v l’étude de la relation entre l’espace graphique et le langage.
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C’est la capacité à extraire une information de cartes géographiques par
exemple ou la capacité d’apprentissage d’un code pictographique. Ceci
permet de mettre en évidence chez certains enfants la capacité de traitement
de signes graphiques jusque là méconnue car ces enfants sont incapables de
le faire dans le système de codage grapho-phonèmique.
2-Exploration du processus phonologique.
Un système alphabétique correspond au transcodage d’un système
phonologique oral. La conscience phonologique est la capacité de
segmentation des mots en syllabes et en phonèmes. Ce serait une condition
d’accès à la lecture. Cette conscience phonologique est évaluée grâce à des
« jeux phonologiques » de comparaison, substitution, association….de
phonèmes et graphèmes. Ceci permet de dépister certains troubles
linguistiques antérieurs à l’apprentissage de la lecture dont certains troubles
dyslexiques.
3-Analyse des erreurs de lecture
Il s’agit de dénombrer le nombre d’erreurs réalisées à la lecture d’un test
standard (ex. « l’Alouette » Lefavrais. 1967) avec comme paramètre associé
la vitesse de lecture. Est analysé également le type des erreurs commises
afin de mettre en évidence le mécanisme qui les sous-tendent et obtenir une
classification des troubles de lecture.
Cette classification peut être faite par la lecture de mots isolés (mots réguliers,
mots irréguliers, non-mots, mots avec graphie complexe…) qui permet
d’explorer les deux voies d’accès de la lecture.
4-Compréhension de la lecture.
Il est indispensable pour chaque test de connaître les différentes capacités
qu’ils mettent en jeu. Il peut s’agir de test où après la lecture d’un texte, il faut
répondre par « vrai-faux » à des questions ou à des « Q-C-M ». Dans d’autres
tests il faut compléter une figure, un dessin. Remarque : La motivation liée à
l’intérêt pour le texte et l’impulsivité peuvent modifier les résultats.
La lecture doit donc être évaluée à la fois en tant que production (capacité de
décodage visuel, phonologique, compréhension) et en tant que processus (
stratégies utilisées, déficits spécifiques de certaines voies d’accès). Il faut des
instruments qui puissent répondre à ces nécessités et il est préférable
d’utiliser des batteries de tests qui regroupent ces instruments et qui soient
étalonnées dans une même population.
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2.4.2. Evaluation des fonctions cognitives en relation avec l’acte de lecture
Cette évaluation a plusieurs objectifs :
Mettre évidence une déficience intellectuelle globale qui serait cause de l’échec scolaire.
Mettre en évidence un décalage entre le niveau intellectuel, l’âge et le niveau des
acquisitions scolaires.
Décrire le fonctionnement cognitif de l’enfant.
Pour l’analyse des profils intellectuels, le WISC-R est le plus utilisé.
Des investigations neuro-psychologiques spécifiques sont pratiquées pour évaluer les
gnosies auditive, visuelle, visuo-motrice (une discrimination visuelle déficiente peut être
associée à une dyslexie). La psycho-motricité est également évaluée.
Les relations de l’apprentissage de la lecture avec certaines aptitudes linguistiques et
cognitives sont particulièrement importantes ( Cl. Chevrie-Muller). L’intégrité de deux
aspects du processus linguistique sont essentiels pour la lecture. Il s’agit de la
conscience phonologique et de la fonction nominale. La fonction nominale inclut une
étape phonologique (conversion graphème-phonème ) et une étape d’accès au lexique
mental. Elle inclut également une étape de codage articulatoire pour la lecture à voie
haute.
On ne doit pas oublier que le défaut d’expérience de la lecture peut à lui seul expliquer le
développement restreint de certaines stratégies linguistiques sophistiquées.
2.4.3. Evaluation des capacités utiles pour l’apprentissage de la lecture.
Notion de pré-requis
De nombreux auteurs (Inizan,1988-Ravard et Ravard, 1990) se sont intéressés aux
capacirés nécessaires à l’acquisition de la lecture à l’âge pré-scolaire. Dans ces batteries
de tests sont évalués :
v les aptitudes linguistiques
v le repérage auditivo-phonèmique (conscience phonologique)
v les aptitudes visuo-motrice et spatiale
v les aptitudes du décodage des phonèmes
v la mémoire
Ces aptitudes sont appelées des pré-requis.
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Un grand nombre d’études a été consacré à la conscience phonologique et à son
évaluation (M.Jacquier-Roux et M.Zorman,1998). Des tests d’évaluation de la conscience
phonologique sont étalonnés et des méthodes d’entraînement en maternelle ont été
mises au point.
Les batteries de tests permettant une évaluation de la lecture correctement étalonnés
sont nombreux. Selon les tests utilisés on évalue plus spécifiquement soit le résultat
(scolaire) soit la stratégie avec mise en évidence des mécanismes déficients.
Nous citerons :
v Khomsi.(1998) Epreuve d’évaluation de la compréhension en lecture.
v Inizan et Bartout(1998)Analyse de la compétence en lecture.
v Chevrie Muller et coll(1997)Batterie langage oral et écrit- Mémoire- Attention.(L2MA).
2.5.
TROUBLES
SPECIFIQUES
D’APPRENTISSAGE
DE
LA
LECTURE
–
LES
DYSLEXIES
Avec les progrès de la psychologie cognitive, des sciences du langage et de la
neuropsychologie, on a pu différencier et spécifier des troubles du langage oral ou écrit,
du graphisme, du calcul et formuler des interprétations fonctionnelles fondées sur la
connaissance de la maturation et de l’organisation cérébrale des systèmes de traitement
de l’information.
Les troubles spécifiques des apprentissages sont définis sur un mode négatif : ils se
produisent chez des enfants d’intelligence normale, ne souffrant d’aucune défaillance
neurologique, sensorielle, psychiatrique ou socio-culturelle avérée.
Ces troubles dits spécifiques peuvent être associés à des difficultés touchant les
domaines de la motricité, des aptitudes visuo-spatiales, de l’attention sélective, de la
mémoire.
L’identification des mots dans les systèmes d’écriture alphabétique, s’appuie sur deux
stratégies : la procédure d’adressage où le mot est identifié globalement et la procédure
d’assemblage où il y a décodage phonologique des lettres ou des groupes de lettres.
Dans le décodage phonologique la stratégie visuelle identifie les graphèmes qui vont être
mis en relation avec les éléments phonologiques correspondants selon des règles de
correspondance graphèmes – phonèmes ; le code phonologique permet alors d’identifier
le mot écrit.
Dans l’activité de lecture courante les deux modalités sont en interaction.
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Ces dernières années, un courant de recherche a défini la dyslexie comme une difficulté
à lire les mots par la non automatisation des procédures de décodage et a développé
l’hypothèse du déficit phonologique (Morris et Coll. 1998)
L’importance de la conscience phonologique pour l’acquisition de la lecture s’est
dégagée de ces recherches, même si son caractère prédictif demeure en question. C’est
un pré-requis (Wagner et Torgeson, 1987 ; Gosnami, 1991) .
L’apprenti lecteur doit mettre en correspondance le langage oral et le langage écrit en
décomposant chaque mot en phonèmes et en associant chaque lettre ou groupe de
lettres avec ces phonèmes.
Les travaux réalisés dans le cadre de la psychologie cognitive indiquent de manière très
nette que les défaillances des mauvais lecteurs se situent primitivement au niveau des
mécanismes de reconnaissance des mots écrits (Lecocq, 1991). Il n’y a pas de déficit au
niveau du lexique, de l’organisation de la mémoire sémantique, de la reconnaissance de
l’information contextuelle, de l’analyse syntaxique, de compréhension.
Les déficits phonologiques semblent présents chez la plupart des enfants dyslexiques
(Plaza.M- Le Normand M.T). Des outils d’évaluation à viser diagnostique ont été mis au
point explorant les deux procédures mise en jeu dans la lecture. Le dépistage précoce
des troubles d’apprentissage a nécessité de définir les pré-requis. On se situe alors en
amont de l’apprentissage de la lecture pour étudier les troubles précoces qui seront
prédictifs des défaillances ultérieures en sachant que l’on ne peut prétendre des dépister
tous. Une batterie qui permet le relevé d’indices prédictifs doit évaluer : la phonologie, la
mémoire à court terme, la mémoire de travail, la perception visuelle, et la perception
visuo-spatiale.
3. BILAN DES DIFFICULTES QUE PRESENTENT LES ELEVES DE LA CLASSE DE
PERFECTIONNEMENT. LES PRISES EN CHARGE PASSEES ET ACTUELLES
L’effectif de la classe est de 13 élèves. Tous ces élèves sont en difficulté dans les
apprentissages ce qui a motivé leur orientation dans cette classe mais pour beaucoup
d’entre eux ils ne progressent plus. Il faut recueillir les informations permettant de
recenser les difficultés de chaque enfant dans différents domaines : scolaire,
psychologique , familial.
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3.1.
METHODOLOGIE
Pour chacun des élèves il faut préciser :
v le cursus scolaire
v le milieu socio-culturel
v quelques éléments de son histoire personnelle
v les suivis mis en place
v la situation actuelle
Outils :
v visite médicale - dossier médical : préciseront les antécédents médicaux, donneront
quelques éléments sur l’historique des difficultés scolaires surtout si l’enfant a changé
d’école.
v rencontre des parents - lors de la visite médicale, mais aussi en d’autres
circonstances : à l’occasion de rendez-vous pour discuter d’une question précise ; en
présence de l’enseignant quand cela à sembler nécessaire. Ces rencontres
permettront d’appréhender la façon dont la famille investit la scolarité de l’enfant,
comment elle réagit face aux difficultés annoncées par l’école et aux conseils donnés.
v entretiens avec l’enseignant : apporteront les données sur la scolarité et le
comportement de l’élève en classe.
v Entretiens avec la psychologue scolaire : donneront des renseignements sur
l’ancienneté, le type , l’importance des difficultés de l’élève. Sur les prises en charge
instaurées à l’école, les résultats du bilan psychologique pratiqué ainsi que des
renseignements sur le contexte familial.
v Rencontre avec l’équipe du CMP : une réunion regroupant l’équipe du CMP et les
médecins de l’EN a lieu systématiquement en début d’année scolaire . L’équipe du
CMP précise alors ce qui a été modifié dans leur fonctionnement. Cette réunion est
également l’occasion d ‘échanges à propos des élèves qui préoccupent le plus
l’école. Le médecin psychiatre et le médecin de l’EN se concertent également lors
des CCPE où tous les dossiers des élèves de la classe ont été traités. Ainsi sont
recueillies les informations sur le type, la fréquence, la durée des prises en charge, la
gravité de certaines situations.
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3.2.
PRESENTATION DES RESULTATS.
Caractéristiques générales
v 7 élèves sont nés en 1990, 3 en 1989 et vont donc encore rester respectivement 2
ans et 1 an en classe de perfectionnement. Les 3 élèves nés en 1988 seront orientés
en fin d’année scolaire.
v 11 familles sont d’origine étrangère à la France. 1 famille est originaire des DOM
TOM
v catégorie professionnelle : 11 pères sont ouvriers, 1 père au chômage, une mère
parent isolé sans profession.
v 3 élèves ont une AEMO judiciaire en cours.
v 5enfants ont une histoire personnelle et /ou familiale très difficile.
v 7 élèves n’ont pas de prise en charge extérieure à l’école.
v Prises en charge particulières proposées et refusées par les familles : un travail mèreenfant en thérapie pour l’élève C et une consultation en ethno-psychiatrie pour l’élève
E.
v Parmi les 5 élèves bénéficiant d’une prise en charge, seuls 2 ont fait des progrès sur
le plan des apprentissages scolaires.
v 2 familles ayant pris contact avec le CMP n’ont pas insisté parce que les listes
d’attente sont très longues.
v 7enfants présentaient un retard de langage important en maternelle.
v Toutes les familles sauf une étaient présentent lors de la visite médicale (pas toujours
le responsable légal), et également sauf une (pas la même) lors de l’entretien de miannée scolaire, sollicité par l’enseignant pour faire le point de la scolarité.
v Il n’y a pas de problèmes médicaux majeurs.
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Elève A
Cursus : maintien G.S, 3 CLIS, 2 PERF.
Histoire : Signalé au RASED dès la petite section pour trouble important du
comportement, instabilité, agressivité
et retard de langage. Considéré comme « un
enfant roi » dans sa famille dont il est l’aîné. A la fin de l’année de maintien, il est orienté
en CLIS. Son QI le situait de manière homogène dans la déficience moyenne.
Parallèlement, un signalement est fait pour carences éducatives et une AEMO est mise
en place. Elle permet une scolarité plus régulière et le début d’un suivi avec prise en
charge du transport. Il y a début des apprentissages lors de la 3è année en CLIS et
réorientation en classe de perfectionnement.
Suivi : Instauré dès la maternelle (1993), d’abord au sein d’un groupe thérapeutique et
d’un groupe de langage, il est difficilement assuré par la famille et après une amélioration
il y a une nette régression motivant l’orientation en CLIS. L’AEMO stabilise le suivi et
l’orthophonie est ajoutée en 1997. En 98-99 : uniquement orthophonie, en 99-00 :
uniquement groupe thérapeutique.
Actuellement : l’élève a intégré les règles de vie de l’école et fait des progrès en lecture
et en mathématiques (niveau CE1).Il a de grosses difficultés en graphisme.
Evaluation du QI :en verbal limite inférieure de la déficience légère, en performance
déficience moyenne.
Elève B
Cursus : 2 CE2, 1 PERF
Histoire : Lourde histoire familiale. Séparation des parents quand il avait 2 ans. D’abord
confié au père, puis à la mère, avec des négligences, des carences éducatives et de la
maltraitance chez chacun des parents. Un signalement judiciaire a été fait en 1997.
L’enfant est dépressif. C’est un frère aîné qui a les contacts avec l’école.
Suivi : Demandé par l’équipe éducative depuis 1995, la mère n’a jamais fait de
démarche.
Actuellement : AEMO en cours.
Pas de progression dans les apprentissages. Niveau lecture et
mathématiques : début CE1.
Evaluation du QI : en verbal déficience légère, en performance déficience moyenne.
Importants problèmes d’attention.
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Elève C
Cursus : 2 CP, CE1, PERF.
Histoire : Signalé au RASED, qui le prend en charge, en grande section ; élève en
grande difficulté psychologique. A noté la prise d’anti- épileptique en 98 pendant un an
pour des convulsions dont l’étiologie n’a pas été trouvée. La famille a toujours coopérée,
mais malgré les aides mises en place, il n’y a pas eu de progrès ni dans les
apprentissages ni dans l’état psychologique.
Suivi : De 1996 à 1998 : orthophonie ; de 1998 à 2000 suivi en thérapie.
Actuellement : Enfant qui n’a pas d’envie, replié sur lui-même. Pas de participation en
classe. La lecture et les mathématiques sont du niveau CP.
La psychologue trouve qu’il y a eu aggravation des résultats entre les deux bilans de1997
et 1999. Celui de 97 montrait en verbal une déficience légère et en performance un
niveau normal-faible, celui de 99 montre une déficience homogène légère limite
inférieure.
Elève D
Cursus : 2 CP, 2 PERF.
Histoire : Relation fusionnelle avec la mère. Violences physiques et dévalorisation de la
part du père avec problème d’alcoolisme. Signalé depuis la maternelle, mais la famille n’a
jamais instauré le suivi psychologique demandé.
Suivi : aucun.
Actuellement : Enfant immature et influençable. Pas de motivation en classe. En lecture
le niveau est de début de CE1, en mathématiques celui d’un fin de CE1.
Le bilan psychologique de 1998 montre un QI non déficitaire, faible en verbal, un peut
meilleur en performance.
Elève E
Cursus : 2 ans de maternelle, 2 CP, 2 PERF.
Histoire : Surprotection maternelle, séparation des parents en 1997 , ne voit plus son
père. Enfant très inhibé avec un important retard de langage signalé dès l’entrée en
maternelle. Problème de communication.
Suivi : Aucun. Demandé depuis 1994.
Actuellement : Est tout juste entré dans la lecture. Niveau mi-CE1 en mathématiques.
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Le bilan psychologique de 1998 montre un échec massif pour le QI verbal , le QI
performance est un peu meilleur, avec des difficultés importantes dans le domaine de la
mémoire et psycho-moteur.
Elève F
Cursus : 2 CP, 2 PERF.
Histoire : Problème de comportement (agressivité) en maternelle. Orientation en
perfectionnement décidée car n’entrait pas du tout dans les apprentissages. Devant les
résultats du bilan psychologique, la CLIS était même envisagée.
Remarque : Acuité visuelle faible, dépistée depuis la maternelle. La famille n’a jamais
consulté malgré de nombreuses relances et rencontres des parents et signalement aux
services sociaux.
Suivi : Aucun.
Actuellement : Le comportement s’améliore depuis son entrée en classe de
perfectionnement. Il commence à entrer dans la lecture en mathématiques le niveau est
celui d’un mi-CE1.
Le bilan psychologique de 1999 montre un QI verbal dans la limite de la déficience légère
et un QI performance entre la déficience moyenne et légère.
Elève G
Cursus : 2 CP, 2 PERF.
Histoire : Arrivé sur le secteur en 1996 (1er CP).Il avait été suivi en GS par une infirmière
en psychiatrie pendant 6 mois
dans le cadre d’une intégration scolaire mais le
déménagement à interrompu le suivi. Pendant le premier CP la mère est repartie 6 mois
à l’étranger et l’enfant à rechanger d’école pendant ce temps. La mère repart souvent à
l’étranger. Il présente un important retard de langage et une inhibition.
Suivi : Aucun. Le père a pris contact avec le CMP en 98 et 99 , mais il n’y avait pas de
place et la famille n’a pas insisté.
Actuellement : Il ne connaît pas ses lettres, ne reconnaît que quelques mots globaux, en
mathématiques le niveau est celui d’un début de CE1.
Le bilan psychologique montre toujours une grande inhibition, un QI verbal dans la
déficience moyenne et un QI performance dans la normale.
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Elève H
Cursus : 2 CE1, 1 PERF.
Histoire : Retard de langage majeur et difficulté de communication en maternelle. Enfant
anxieux.
Suivi : Aucun. Suivis psychologique et orthophonique conseillés de nombreuses fois. La
famille n’a jamais insisté au-delà du premier rendez-vous.
Actuellement : Quelques progrès en classe. La lecture est au niveau mi-CE1, les
mathématiques fin CE1. La compréhension est difficile.
Le bilan psychologique montre une lenteur d’expression et d’idéation. Le QI est surtout
faible dans le verbal.
Elève I
Cursus : 1CP, 4 PERF.
Histoire : En maternelle le langage était très pauvre ; sa mère l’a porté dans ses bras
jusqu’en 1994 à la naissance de sa s œ ur. Le bilan orthophonique demandé en1993 en
moyenne section à été pratiqué en 1994 avec prise en charge ce qui a déclenché une
envie d’apprendre et décidé du passage au CP.
Suivi : Orthophonie de 1994 à 1996 et reprise en 1998.
Thérapie débutée en 1998.
Actuellement : En classe il est travailleur mais ne fait pas de progrès malgré les prises
en charge. Le niveau en lecture et en mathématiques est celui du CP.
Le bilan psychologique est homogène en verbal et en performance dans la déficience
légère.
Elève J
Cursus : 2 ans maternelle, 2 CP aux Antilles, CE1 sur autre secteur, CE2 aux Antilles,
CM1 et 1 PERF sur le secteur actuel.
Histoire : A toujours eu une bonne adaptation scolaire malgré les nombreux
changements d’école. Le père vit aux Antilles, la mère s’y rend souvent sans les enfants.
Le retard de langage et les difficultés d’apprentissage sont repérés dès la maternelle.
Suivi : L’orthophonie débutée en septembre 1999 fut rapidement arrêtée.
Actuellement : En lecture le niveau est celui d’un CE1, en calcul celui d’un CE2.
Le bilan psychologique montre un enfant stable et attentif qui a de bons repères. Les QI
verbal et performance ne sont pas déficitaires mais le verbal n’est pas homogène.
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Elève K
Cursus : 2 CP, CE1, PERF.
Histoire : Retard global dépisté en maternelle. Il a eu un bilan neuro-psychologique en
1996 qui a montré une déficience intellectuelle légère et homogène.
Suivi : Thérapie, orthophonie et psycho-motricité depuis 1996.
Actuellement : La lecture est acquise, mais sans compréhension. Le niveau en calcul
est celui d’un CP.
Le bilan psychologique trouve un QI verbal de déficience légère et un QI performance
de déficience moyenne. L’élève progresse tout doucement.
Elève L
Cursus : 4 ans maternelle, CP, 2 CLIS , PERF.
Histoire : Carence éducative majeure avec de nombreuses hospitalisations jusqu’à l’âge
de 2 ans dont une fois pour le bilan d’un retard staturo-pondéral sans étiologie retrouvée.
En maternelle étaient notés un absentéisme majeur, un comportement violent, un retard
psycho-moteur. La collaboration avec les parents est difficile et le suivi au CMP est très
irrégulier. En CLIS le comportement est extrèmement violent et il ne fait aucun
apprentissage. Une AEMO se met en place et la prise en charge thérapeutique débute
en janvier 1999. En juin 1999 le passage en classe de perfectionnement est décidé pour
redonner une dynamique d’apprentissage.
Suivi : thérapie depuis janvier 1999
Actuellement : Il se met dans la dynamique de la classe. La violence se minore mais il
n’entre pas dans les apprentissages : en lecture il ne connaît que quelques mots
globaux, en mathématiques il n’y a aucune acquisition.
Le bilan psychologique de 1999 montre une régression de la déficience légère à la
déficience moyenne par rapport au bilan pratiqué en 1997.
Elève M
Cursus : 3 CE1( France-Etranger-France), 2 PERF.
Histoire : Problèmatique familiale compliquée. Le père vient et repart. L’enfant n’est
jamais entré dans les apprentissages.
Suivi : Orthophonie : 1 an en 98-99.
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Refus itératifs de la mère d’une aide en thérapie pour l’enfant.
Actuellement : L’attitude face au travail est positive, mais il bloque dans l’apprentissage
de la lecture. En mathématiques le niveau est celui d’un CE1. En Avril 00, pour la
première fois le père vient rencontrer l’enseignant à l’école.
Pour la psychologue, c’est un enfant intelligent , le QI verbal est un peu faible mais le QI
performance est normal.
4. DISCUSSION – PROPOSITIONS
Des résultats de l’étude se dégagent trois grandes constatations :
1-la majorité des famille est migrante.
2-toutes les familles appartiennent à des catégories socio-professionnelles défavorisées.
3-tous les enfants étaient déjà en échec scolaire en maternelle.
A propos de l’origine migrante des familles, on se rend compte que beaucoup de ces
parents n’investissent pas le pays d’accueil, n’autorisent pas leurs enfants à s’intégrer
socialement et scolairement. Une des formes à travers lesquelles cela s’exprime est la
langue. Certaines mères s’obligent à parler, par exemple dans un mélange françaisarabe. Et si on leur conseille de ne parler à leur enfant qu’en arabe, elles répondent
qu’elles parlent en français pour que l’enfant l’apprenne. Les parents parlent aussi
ouvertement des difficultés qu’impose le pays d’accueil et sèment chez l’enfant l’idée que
leur avenir y est fermé, d’autant plus que de supposés projets de retour au pays d’origine
sont évoqués. D’où la difficulté de ces enfants d’investir l’école sans heurter le désir des
parents. L’image que la famille se fait de l’école est primordiale, mais aussi celle que se
fait l’école de la famille. Il faut entendre ce que les parents disent de l’école et ce que
l’école pense de la famille. Le CMP pourrait aider à la remédiation école-famille avec
l’aide d’ethno-psychiatres et de médiateur ethnoclinicien formés, de même origine
culturelle que les parents désemparés. Ce type de remédiation existe, organisé par
l’équipe du centre universitaire d’aide psychologique aux familles migrantes de
l’université Paris 8 ( Centre G. Devereux ). Au sein de la ZEP où se trouve la classe de
perfectionnement sujet de l’étude, la nécessité de travailler avec les parents migrants
pour que l’école prenne sens est bien perçue par le médecin psychiatre responsable du
CMP, mais il existe plusieurs obstacles. Le principal actuellement est le manque de
capacité d’accueil et de prises en charge au CMP. La liste d’attente est à ce jour de 86
Sophie DESSOLIERS. Etude professionnelle. Ecole Nationale de Santé Publique –2000 -
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enfants au CMP de l’intersecteur psychiatrique. Les possibilités de double prises en
charge sont minimes. Il est difficile pour les parents de faire la démarche. S’ils n’ont pas
consulté plus tôt, alors qu’évidemment il aurait fallu, c’est que les enfants finissent par
faire des choses quand même, mais très tard, alors ils espéraient puisqu’ils confiaient
leur enfant à l’école pour cela. Ils espéraient que les choses allaient pouvoir s’arranger
sans que des vérités non dites de tout ce qui pose problème n’aient à se dire. On sait
aussi que si, à la demande de l’école, certains parents contactent le CMP et que le
rendez-vous ne peut être fixé faute de place, la famille abandonne la démarche. La
demande de l’école n’a pas assez de sens pour eux, encore moins le rôle que pourrait
jouer le CMP dans la scolarité de leur enfant, tant que le premier entretien avec le
médecin psychiatre n’a pas eu lieu. Si il existe bien une collaboration entre l’école et le
CMP au travers des contacts que peuvent avoir surtout téléphoniquement l’enseignant, la
psychologue scolaire, le médecin de l’EN avec les différents intervenants du CMP, les
lieux restent bien séparés ; les parents et l’enfant ne rencontrent jamais les membres des
deux structures en même temps. La seule circonstance où cela se réalise est lors des
CCPE lorsque l’on signifie aux parents une décision. Il faudrait que des entretiens
puissent avoir lieu dans le cadre scolaire regroupant les parents, l’enfant, des
intervenants du CMP et des membres de l’équipe éducative. Ceci permettrait aux parents
de comprendre la spécificité de l’école et les attitudes de leur enfant dans le cadre des
apprentissages.
Pour certains enfants, le milieu familial ne les a pas préparés à anticiper le
fonctionnement de l’école, à se repérer dans les usages scolaires. L’enfant ne se sent
pas capable de satisfaire aux exigences scolaires ou pas autorisé. Il n’a pas conscience
de la nature et de la fonction des activités scolaires. L’action rééducative des RASED
permet de rétablir l’investissement scolaire ; mais s’il s’agit de difficultés à apprendre ou à
comprendre, c’est une action pédagogique que le RASED peut mettre en place. Il
faudrait que les batteries d’investigation puissent préciser l’existence et la nature des
difficultés qui produisent des échecs scolaires et évaluer les phénomènes de
compensation. Toutes ces démarches doivent se faire sous la forme d’un suivi et non
d’un examen ponctuel.
On voit ici que la situation d’échec commence dès la maternelle où les enfants n’avaient
pas les compétences langagières exigées par la pratique scolaire et ils renoncent ou
perdent leurs capacités d’apprentissage. Certaines mères ne parlent pas correctement la
langue du pays d’origine et les enfants ne maîtrisent aucune langue. Nous savons que
les troubles du langage écrit peuvent être secondaires à des facteurs culturels, des
Sophie DESSOLIERS. Etude professionnelle. Ecole Nationale de Santé Publique –2000 -
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troubles de la communication, à l’absence de conditions nécessaires au travail, à des
troubles de la vision ou de l’audition, ils peuvent aussi être spécifiques.
Les enfants de milieu défavorisés accumulent les facteurs d’inadaptation parfois cause
d’illettrisme. Devant des difficultés scolaires ou des troubles du comportement,
l’enseignant contacte le RASED et le médecin de l’EN pour une évaluation et qu’une aide
soit mise en place à l’école ou à l’extérieur. Le dépistage précoce d’éventuels
dysfonctionnement neuro-psychologiques est essentiel. L’examen médical permet
d’évaluer les étapes du développement de l’enfant et ses antécédents, l’existence de
troubles de la vue ou de l’audition, l’état neurologique. Cet examen peut être complété
par d’autres bilans ( psychologique, psycho-moteur, neuro-psychologique ) et par une
évaluation des contextes familiaux, affectifs, sociaux.
La recherche d’un trouble spécifique du langage écrit devrait être systématique chez tout
élève en difficulté d’apprentissage au moyen de batteries de tests qui permettent de
relever des indices prédictifs. Si ce trouble est dépister il faut élaborer une prise en
charge qui associe la rééducation orthophonique en cohérence avec l’enseignement
dispensé à l’école. Il faut développer la coordination entre les différents partenaires :
médecin traitant, médecin de l’EN, orthophoniste, enseignant, RASED. L’intégration au
sein de l’éducation nationale de professionnels comme les orthophoniste serait
nécessaire.
Pour les élèves de la classe étudiée, les troubles du langage écrit sembles secondaires.
Mais les troubles spécifiques peuvent provoquer ou être associés à des troubles
psychologiques et du comportement. La première étape du projet à mettre en place
serait donc le dépistage d’un éventuel trouble spécifique du langage écrit. Si une
défaillance significative de la conscience phonologique est mise en évidence, il faut
proposer une remédiation phonologique. Ces enfants pourraient bénéficier d’un
entraînement spécifique en classe pour augmenter leur habileté dans le domaine
phonologique. Si les déficiences linguistiques concernent des mécanismes graphophonèmiques, il faudra instaurer une rééducation orthophonique sans omettre l’aide
psychologique. La deuxième étape du projet serait de travailler sur la remédiation familleécole-CMP avec dans un premier temps la constitution d’un groupe de réflexion
comprenant l’IEN, le médecin de l’EN, le médecin psychiatre responsable du CMP, la
psychologue scolaire du RASED. Dans une troisième étape, il pourrait y avoir une
réflexion pour chaque enfant qui viserait à l’aider à renforcer sa confiance en lui en
s’appuyant sur ses points forts ou ce qu’il aime. Il pourrait s’agir d’activités de loisir qui
contribuerait à renforcer la stabilité psychique et émotionnelle et donner l’envie de réussir.
Sophie DESSOLIERS. Etude professionnelle. Ecole Nationale de Santé Publique –2000 -
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5. CONCLUSION
Les troubles du langage sont souvent associés à des troubles du comportement rendant
les prises en charge complexes. La situation est particulièrement délicate pour les
enfants dont les parents font partie des classes les plus défavorisées à la fois sur le plan
socio-économique et culturel et pour ceux qui dès leur toute petite enfance ne vivent pas
dans un bain de langage.
De nombreux obstacles existent au suivi et à la prise en charge de ces élèves.
v problème d’accessibilité aux soins
v problème d’offre de soins - découragement car liste d’attente trop longue – trajet.
v problème d’organisation pratique pour les mères.
v les parents ont d’autres problèmes qu’ils jugent plus grave.
v réticence au recours aux soins.
Tous les élèves de la classe concernée cumulent deux handicaps : environnement
éducatif inadapté et une pathologie du langage écrit et / ou oral, ils sont donc dans un
échec des apprentissages et l’illettrisme est un vecteur fondamental de la précarité. Au
sein de l’éducation nationale, le dépistage de trouble du langage a fait l’objet de la mise
en place en octobre 1999 d’un groupe de travail national dont Ch. Ringard inspecteur
d’académie en Loire Atlantique, est le responsable. Le groupe proposerait la
systématisation du dépistage précoce pour les élèves à risque. Ce dépistage est déjà
instauré sur plusieurs secteurs en Seine-Saint-Denis par des équipes de médecins et
d’infirmières de l’EN qui ont suivi les formations de M. Zorman médecin conseiller du
recteur de l’académie de Grenoble. Les troubles spécifiques du langage touchent 4 à 5
% des enfants et il faut mettre l’accent sur la formation à ces questions des enseignants
et du personnel de santé de l’éducation nationale.
Sophie DESSOLIERS. Etude professionnelle. Ecole Nationale de Santé Publique –2000 -
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6. BIBLIOGRAPHIE
_ actualité et dossier en santé publique (ADSP) – les troubles d’apprentissage chez
l’enfant – 26 mars 1999.
_ Les cahiers de Beaumont – réseaux d’aides spécialisées – N° spécial septembre 1992.
_ C. Chevrie- Muller , J. Narbona – Le langage de l’enfant, aspects normaux et
pathologiques – Masson – Paris 1999.
_B. De Boysson – Bardies – Comment la parole vient aux enfants – O. Jacob – Paris
1996.
_ M. Delahaie , C. Billard, C.Calvet, P.Gillet, J.Trichet – Un exemple de mesure du
lien entre dyslexie développementale et illétrisme – Revue de Santé Publique – N° 4
1998.
_ B.Douet – Prise en charge cognitive et aspects thérapeutiques : La remédiation –
pages 89 à 105 – l’intelligence en question – A.R.E.N – 89.
_ P.Lecoq – Apprentissage de la lecture et dyslexie – Mardaga 1991.
_Cl.Mesmin – (Centre G.Devereux) – Les enfants de migrants à l’école : culture de
l’école, culture de la famille – Conférence du 16 octobre 1996 – Etiolles.
_M.Zorman – Précarisation et apprentissages scolaires – Laboratoire de Cogni-sciences
–
Apprentissages
–
IUFM-
Académie
Sophie DESSOLIERS. Etude professionnelle. Ecole Nationale de Santé Publique –2000 -
de
Grenoble.
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1. ANNEXE : MODELE NEUROPSYCHOLINGUISTIQUE – (MNPL) C. CHEVRIE MULLER
RECEPTION
Pragmatique
REALISATION
N
Pragmatique
4a
3d
Sémantique
Sémantique
4b
3c
Identification
lexicale
Compréhension
Formulation
Compréhension
« littérale »
Formulation
« littérale »
lexicale
Syntaxe
3b
Niveau
Décodage
phonologique
Morphologie
Encodage
phonologique
Répétition
Niveau
tertiaire
(cortex
cérébral
spécialisé
4d
7
Niveau
2
secondaire
Reconnaiss
ance des
bruits
gnosies
Gnosies
Gnosies LPB (schéma
corporel LPB)
Phonétiqu
(zones
Niveau
4c
Syntaxe
Morphologie
Niveau
tertiaire 3a
(cortex
cérébral
spécialisé
Sélection
Praxies
Phonétiqu
secondaire
Gestes
complexes
Praxies (zones
5
d’association)
)
6
primaire (de
Sons
l’oreille interne
1
au cortex
purs
Bruits
significatifs
Réception
Récepteurs
propriocept.et tact.
LPB
du signal
Production
du signal
de parole
Gestes non
verbaux
« clicks »
Gestes
élémentaires
LPB
de parole
Niveau
primaire
(du
auditif ):
cortex
audition
SIGNAL ACOUSTIQUE
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SIGNAL ACOUSTIQUE
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