BIOCHIMIE DES COMMUNICATIONS CELLULAIRES : ASPECTS MOLECULAIRES DE LA TRANSDUCTION DU SIGNAL ET PRINCIPALES VOIES DE SIGNALISATION CELLULAIRE I. Principes généraux de la transmission A. Généralités Les cellules vont répondre à des signaux entraînant leur survie (métabolisme), leur division, leur différenciation ou leur mort (apoptose). Les signaux sont des molécules informationnelles. Ce sont des corps chimiques produits par une cellule vivante pour transmettre un signal à une autre cellule qui reçoit ce signal par un récepteur spécifique (hormone, facteur de croissance…) Les récepteurs sont des protéines cellulaires ayant pour ligand une molécule informationnelle provenant du milieu extracellulaire. Il existe aussi des récepteurs nucléaires ou des récepteurs cytoplasmiques qui vont transloquer dans le noyau. Une cellule cible est une cellule pourvue d'un récepteur capable de traduire le signal d'une molécule informationnelle. La spécificité du signal dépend de la cellule cible et de la molécule informationnelle. Néanmoins, un signal sur une cellule donnée n'aura pas le même effet sur une autre cellule. Kevin CHEVALIER 1 B. Mode de transmission 1. Transmission endocrine Une cellule endocrine va sécréter une hormone qui va agir à distance sur une cellule cible. Exemples : insuline, glucagon, adrénaline, FSH. 2. Transmission paracrine Ce sont des transmissions dans des tissus mais de façon locale. Exemples : Neuromédiateurs, cytokines pro-inflammatoires 3. Transmission autocrine Une cellule va s'auto-activer en sécrétant des substances qui vont agir sur elle-même. Une cellule cancéreuse a cette transmission. Une cellule cancéreuse se suffit à elle-même, elle s’auto-active afin d’augmenter sa propre prolifération en sécrétant des facteurs de croissance. Kevin CHEVALIER 2 4. Transmission neuronale Les neurotransmetteurs, au niveau de la terminaison de l'axone, se vident dans la fente synaptique et sont reçus par la cellule cible. 5. Transmission dépendante du contact a. Protéines transmembranaires Le rapprochement d'une cellule émettrice porteuse d'une molécule transmembranaire va pouvoir agir par contact sur une cellule cible qui porte aussi une protéine transmembranaire. Exemple : Les lymphocytes b. Gap junction On a aussi les gap-junction qui sont des "tunnels" qui relient deux cytoplasmes de cellules entre eux permettant l'échange de petites molécules et de signaux électriques. L'intérêt de ces gap junctions est que la stimulation d'une des deux cellules va être transmise automatiquement à l'autre cellule. Kevin CHEVALIER 3 C. Cascade de signalisation La signalisation cellulaire transforme un élément extracellulaire en un signal intracellulaire. On a un récepteur sur lequel se lie une molécule signal. Cette liaison entraîne un changement de conformation du récepteur qui va entraîner la transduction du signal. Ceci va créer un signal intracellulaire. Ce signal intracellulaire va entraîner tout une chaîne de réactions enzymatiques, c'est-à-dire des relais sous forme de cascades de phosphorylations. Toutes ces phosphorylations ont pour but d'amplifier le signal. Ces signaux vont diverger vers les différentes cibles. On peut avoir des réponses : Rapides : Régulation des voies métaboliques et modifications du cytosquelette. (de 30min à 5H) Lentes : Régulation de l'expression génique. (48h à 72h) D. Transduction du signal Cette transduction va être mise en place grâce à un second messager. Un second messager est un corps chimique produit dans une cellule cible lors de la fixation d'une hormone sur son récepteur et qui conduit le signal à travers les compartiments de cette cellule. La transduction du signal est donc la conversion d'un signal extracellulaire en un signal intracellulaire à l'aide d'un second messager. Kevin CHEVALIER 4 D. Différents types de récepteurs 1. Récepteurs membranaires ou récepteurs cellulaires de surface La particularité de ces récepteurs est qu'ils réagissent avec des molécules hydrophiles. Ces récepteurs membranaires sont des protéines ancrées dans la membrane avec une partie intracellulaire et une partie extracellulaire. Les seconds messagers vont agir à l'intérieur de la cellule Exemples : Molécule signal Adrénaline Lieu de synthèse Médullosurrénale Prostaglandines (PGE2) Glucagon Toutes les cellules Effets biologiques Augmentation du pouls et de la tension Contraction muscles lisses Glycogénolyse (production du glucose à partir de glycogène) Contraction des muscles lisses Cellule α pancréas Hyperglycémie 2. Récepteurs nucléaires Ils interagissent avec des molécules signales hydrophobes. Ces molécules signales hydrophobes sont transportées dans le sang par une protéine porteuse (souvent l'albumine). Quand elle arrive au niveau de la membrane plasmique, au vu de son caractère hydrophobe, elle passe directement la membrane. Kevin CHEVALIER 5 Le récepteur protéique intracellulaire reconnait la molécule signal, formant un complexe. Ce complexe traverse l'enveloppe nucléaire (translocation nucléaire). Ce complexe récepteur-signal va agir directement sur l'ADN en se fixant sur des séquences particulières de celui-ci : les promoteurs du gène. Ces séquences sont situées en début de gène. Elles permettent d'exprimer ou non la transcription du gène et donc la production de la protéine qui est en accord avec le gène. Exemples : Hormones stéroïdiennes ou thyroïdiennes Ces complexes récepteurs et molécules signales peuvent aussi être définies dans ce cas là comme des facteurs de transcription car ils activent la transcription des gènes. NB : Il existe des récepteurs nucléaires sur l'ADN et qui attendent leurs molécules signal. (Cas des hormones thyroïdiennes). F. Ligands / Agonistes / Antagonistes Un ligand peut être : Agoniste : C'est une substance qui se lie à un récepteur spécifique en induisant son activation Antagoniste (compétitif ou non compétitif) : C'est une substance qui se lie à un récepteur sans provoquer son activation mais qui peut bloquer l'action d'un médiateur agoniste. L'agoniste inverse est un antagoniste mais pour lequel on n'a pas trouvé le ligand naturel. II. Récepteurs fixés à la surface cellulaire et transduction du signal (hydrophile) A. Différents types de récepteurs membranaires : 3 grandes classes 1. Récepteurs liés à une protéine G On a un récepteur protéique avec une forme passive de la protéine G et des enzymes. C'est l'ensemble de ces 3 molécules qui permettra la création du signal secondaire. Kevin CHEVALIER 6 2. Récepteurs à activité enzymatique propre ou couplés à une enzyme Quand ce récepteur va avoir un ligand, son compartiment intracellulaire va être phosphorylé, induisant des cascades de phosphorylation. Exemples : Récepteur doué d'activité tyrosine kinase Récepteurs à activité sérine/thréonine kinase (facteurs de croissance TGF β) Récepteur à activité guanylate cyclase (NO) 3. Récepteur canaux ou couplé à des canaux ioniques Un ligand va se lier à un récepteur transmembranaire permettant l'ouverture du canal et donc le passage d'ions à travers la membrane. Ce sont des récepteurs très utiles lors de réponses nerveuses : L'acétylcholine associée au récepteur va permettre le passage d'ion Na+ entraînant une dépolarisation membranaire qui va induire un effet cellulaire (Exemple : contraction musculaire). On a aussi des récepteurs qui vont lier une molécule signal entraînant l'ouverture d'un canal auquel il est associé. Exemple : Récepteur métabotropique au glutamate (Passage de Ca2+) Kevin CHEVALIER 7 B. Les récepteurs couplés à une protéine G (RCPG) 1. Structure des RCPG La particularité de ce récepteur est qu'on a une protéine monomérique à 7 passages transmembranaires. On a des domaines transmembranaires avec des boucles qui sont en contact avec une protéine G qui est ancrée dans la membrane par une liaison covalente. Cette protéine G est composée de 3 sous-unités. Celle-ci sera liée avec une protéine ou un effecteur ce qui donnera un second messager. 2. Les protéines G voie de l'AMPc Il existe deux types de protéines G : Les protéines Gs qui sont stimulatrice et activent l'AMPc Les protéines Gi qui sont inhibitrice et inhibent l'AMPc La protéine G est liée via sa sous-unité α à du GDP. Elle est liée à une enzyme effectrice: l'adénylate cyclase. a. Protéines stimulatrices Le ligand se lie au récepteur. Kevin CHEVALIER 8 Celui-ci change de conformation. Il a une affinité plus grande pour la protéine G, s'associant à celle-ci via les domaines β et γ. Ce rapprochement influence la sous-unité α. Le GDP va être remplacé par du GTP. Cette fixation va rapprocher la sous unité α de la protéine G de l'adélynate cyclase, l'activant. L'adénylate cyclase va synthétiser à partir de l'ATP de l'AMPc et du pyrophosphate (PPi). Quand le ligand est dégradé, on a un une hydrolyse du GTP en GDP, permettant de retourner à l'état inactif. Il y a toujours une étape d’inactivation sinon la signalisation devient pathologique. b. Protéines inhibitrices Quand le ligand se lie au récepteur, on aura la même voie d'action sauf qu'on va inhiber au lieu d'activer l'enzyme effectrice. c. Synthèse et dégradation de l'AMPc L'AMPc une fois synthétisée sera, elle aussi, dégradée par l'AMPc phosphodiestérase. d. Effets cellulaires de l'AMPc L'AMPc va activer une protéine kinase qui est AMPc-dépendante : la Protéine kinase A (PKA). Cette PKA va aller phosphoryler les protéines. La PKA est un tétramère avec 2 sous-unités régulatrices qui fixent l'AMPc. 2 sous-unités catalytiques qui phosphorylent. Lors de la fixation d'AMPc, les sous-unités catalytiques sont libérées pour phosphoryler les protéines entraînant une réaction biologique lente et rapide Kevin CHEVALIER 9 3. Protéines G et voie de la phospholipase C La protéine G peut aussi être couplée à une autre enzyme : la phospholipase C. Néanmoins, le mécanisme est le même mis à part que cette enzyme va produire de l'inositoltriphosphate (IP3) et du diacylglycérol (DAG). a. Action de la phospholipase C Les phosphatidylinositols (phospholipides de la membrane) seront phosphorylés par des kinases donnant des phosphatidylinositol 4,5 diphosphate. La phospholipase C va couper ces molécules pour donner du diacylglycérol (DAG) et l'inositol triphospate (IP3). b. Conséquences cellulaires de la production d'IP3 et de DAG Le DAG reste dans la membrane par contre l'IP3 va dans le cytoplasme. Le DAG va aller à la rencontre de la protéine kinase C. En parallèle l'IP3 va aller sur des canaux calciums au niveau du réticulum endoplasmique, les ouvrants. Le calcium se retrouve donc dans le cytoplasme et va aller à la rencontre de la protéine kinase C pour l'activer complètement. On aura donc la phosphorylation de protéines permettant une cascade de phosphorylation. Kevin CHEVALIER 10 Le calcium se fixe aussi à la calmoduline formant le complexe Ca-calmoduline qui permet l'activation de plusieurs protéines kinases changeant leur conformation et entraînant donc une cascade de signalisations. Exemples : Activation de la phosphodiestérase qui dégrade l'AMPc en AMP Activation de la glycogène phosphorylase kinase qui stimule la dégradation du glycogène. Le Ca2+ a un effet direct sur la régulation de la prolifération, de la différenciation de l'apoptose mais aussi sur les modification du cytosquelette. III. Pathologies A. Pathologies due aux protéines G 1. Le choléra La protéine du choléra inhibe l'activité GTPasique d'une unité de la protéine G ce qui provoque une augmentation de l'AMPc. Ceci provoque des diarrhées par inversion des transports d'eau et de chlore. 2. La coqueluche La protéine G inhibitrice ne se fixe pas au récepteur et provoque une augmentation de l'AMPc dont la conséquence est une sécrétion massive de liquide responsable de toux. 3. Tumeurs diverses Des mutations au niveau de la protéine G, entraînent des tumeurs comme celles de l'hypophyse, de l'ovaire ou des corticosurrénales. B. Pathologies dues aux récepteurs On peut avoir des mutations qui vont activer des récepteurs mais aussi des mutations qui peuvent entraîner une perte d'activité des récepteurs. Kevin CHEVALIER 11 C. Transduction et traitement médical L'adrénaline au niveau des cellules cardiaques se fixe sur les récepteurs β1-adrénergique entraînant une augmentation du rythme cardiaque. Les β-bloquants sont des antagonistes qui vont ralentir le rythme cardiaque (traitement des arythmies). D. Hyperthyroïdie non auto-immune familiale : FNAH 1. Généralités C'est une maladie autosomique dominante qui est retrouvée chez l'enfant et l'adulte. Les mutations surviennent de préférence dans la partie transmembranaire. On a une mutation du récepteur de la TSH (thyréostimuline hormone), sécrétée par la glande pituitaire, entraînant une hyperthyroïdie avec un goitre diffus sans preuve d'une origine autoimmune. Le traitement est une ablation chirurgicale. 2. Le récepteur de la TSH C'est un récepteur couplé aux protéines G, localisé sur la face basale des thyrocytes. La TSH a un rôle central dans l'homéostasie thyroïdienne. 3. Rôle physiologique de la TSH Le RCPG au niveau de sa voie AMPc permet la croissance cellulaire et la sécrétion d'hormones. La voie de synthèse de ces hormones est permise par le RCPG associé à la voie IP3 et DAG. Kevin CHEVALIER 12 4. Mutation activatrice du TSHR On a une activité constitutive en l'absence de ligand. On a donc une activation de la voie AMPc entraînant une hyperplasie de la thyroïde : un goitre. L'activation de la voie des IP3 entraîne une augmentation de la synthèse des hormones thyroïdiennes. 5. Mutations responsables de la FNAH Ce sont des mutations ponctuelles qui consistent en la substitution d'un nucléotide qui modifie la séquence peptidique à cause du remplacement d'un acide aminé. Tous les domaines de la protéine peuvent être atteints. 6. Autres pathologies liées au TSHR Ce sont des maladies endocriniennes auto-immunes. Kevin CHEVALIER 13