touchées. Quant à la mémoire procédurale, les compétences acquises sont conservées
mais les apprentissages nouveaux parfois moins aisés.»
Outre la mémoire épisodique et celle de travail, le vieillissement touche aussi les
capacités de raisonnement, les fonctions exécutives qui contrôlent l'ensemble des
processus cognitifs, et celles permettant de traiter des situations nouvelles. Ce
vieillissement de la mémoire débute vers 50 ans, et s'accélère après 75 ans. Avec
l'âge apparaît aussi une atrophie du cortex frontal, siège des fonctions exécutives.
Mais les petits soucis de mémoire à l'âge mûr sont rarement annonciateurs de
mauvaise nouvelle. «Les troubles de mémoire liés au vieillissement sont très différents
de ceux de la maladie d'Alzheimer, même si dans les deux, la mémoire épisodique est
touchée», explique le Pr Francis Eustache, neuropsychologue. «Dans la maladie
d'Alzheimer, l'information est mal encodée dès l'origine, donc mal stockée, et son
rappel sera impossible même en le facilitant. Dans le vieillissement normal, où ce sont
les fonctions exécutives aidant la mémoire qui sont moins performantes, des indices
suffiront souvent à rappeler les souvenirs.»
Pour être mémorisée, une information doit être organisée, avoir du sens. L'attention,
l'intérêt qu'on lui porte sont donc importants. «C'est ce qui fonctionne moins bien chez
les sujets âgés. En les aidant à se concentrer, leurs performances deviennent
similaires à celles de sujets plus jeunes.» Si nous ne sommes pas tous égaux devant
ce vieillissement, les bases de cette inégalité commencent juste à être connues. La
génétique joue un rôle, au-delà du surrisque connu associé à l'Apo4E (un variant du
gène d'un transporteur du cholestérol aussi associé à la maladie d'Alzheimer et au
diabète). Mais de plus en plus, la notion de réserve cognitive s'impose.
«C'est une réserve que l'individu se constitue tout au long de la vie grâce à des
activités intellectuelles, exigeantes et par la richesse de ses interactions sociales»,
précise le Pr Eustache. «Cette réserve a pour effet de retarder les effets du
vieillissement de la mémoire, mais freine aussi l'expression de pathologies séniles du
cerveau qui se manifesteront plus tardivement.» D'ailleurs, explique-t-il, «les réseaux
neuronaux impliqués dans le rappel des souvenirs, dans l'anticipation du futur et dans
nos relations aux autres sont en partie communs». Rester ouvert sur le monde et les
autres, c'est un des secrets… Le Figaro
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Les neurones peuvent se régénérer
Des chercheurs suédois viennent de publier les résultats d'une étude qui établit que
la production de nouveaux neurones dans l'hippocampe chez l'homme est loin
d'être négligeable, puisqu'elle représente chaque année presque 2% de neurones
nouveaux dans cet organe siège du stockage des souvenirs. «Ces nouveaux
neurones pourraient fournir un potentiel pour le codage ultérieur de nouvelles
informations», estime Claire Rampon, qui travaille sur les liens entre mémoire,
plasticité et vieillissement. «Ce qui est aussi nouveau, c'est que selon cette étude,
cette production se maintiendrait de façon stable jusqu'à un très grand âge.»
Résultats à confirmer, bien sûr.
Car des marqueurs fluorescents intégrés dans les neurones d'hippocampe de