pour éviter que les élèves ou leurs collègues découvrent leur surdité. Ils craignent aussi que leur
hiérarchie mette en cause leur avenir professionnel et leur propose une reconversion ou une retraite
anticipée. La plupart du temps tout cela pourrait être évité si, au contraire, ils acceptaient leur
handicap pour reconsidérer leur attitude vis à vis de leurs interlocuteurs en réapprenant à écouter
avec de bonnes prothèses adaptées à leur type de surdité, ou bien par la pratique de la lecture
labiale.
Mais les prothèses ne sont pas suffisantes pour retrouver de bonnes conditions d’écoute. Elles
discriminent mal le langage parlé en milieu bruyant car il est alors masqué par l’amplification
simultanée de sons déjà intenses. Elles ne permettent qu’une faible récupération dans les aigus et
pour diverses consonnes comme les S ou celles qui se confondent comme les B et les P ou les D et
les T. L’écoute stéréophonique reste perturbée, entrainant des difficultés dans la localisation des
sons ou des bruits ce qui peut être source d’accident quand on traverse une rue.
Voici maintenant le témoignage d’Irène qui est une de vos collègues de la Creuse: «J’essaie, nous
écrit elle, d’enseigner en SVT, face à des classes de 6e et 5e de 23 à 28 élèves, sans aucun
aménagement acoustique des salles. Je suis à bout de nerfs et j’ai de plus en plus de mal à tenir. J’ai
été opérée d’une otospongiose bilatérale en 1995 et en 2003 puis appareillée. Je porte mes appareils
en permanence et ils me conviennent parfaitement pour ma vie familiale. Mais pour la vie
professionnelle, j’ai l’impression qu’ils ne me sont pas d’un grand secours: dans l’ambiance d’une
classe, je ne localise pas la provenance des bruits et les paroles ne sont pas plus amplifiées que le
reste, sauf les miennes ! J’en viens à adopter un enseignement magistral très frontal, où je ne suis
pas à l’aise et pas efficace, et je n’arrive plus à gérer les classes. Et les journées les plus chargées se
soldent par le retour des acouphènes (ce sont des bourdonnements ou des sifflements qui
accompagnent souvent les baisses auditives).
Un ensemble plutôt déprimant donc, qui me conduira peut-être à envisager de partir en retraite
plutôt que prévu. Quoiqu’il en soit, j’ai obtenu ma mutation pour l’Académie de Poitiers pour me
rapprocher de mon conjoint travaillant à Angoulême et je demande un poste dans ce secteur au
mouvement intra. Je viens de découvrir le nom de M. Caillon en feuilletant le bulletin de l’APBG
récemment reçu et j’ai pu ainsi trouver l’adresse mail de votre association sur le site internet de la
MGEN. Je souhaiterai savoir quelles sont les conditions d’adhésion et s’il y a des personnes que je
puisse contacter sur Angoulême».
Cette dernière demande a été exaucée puisque nous l’avons immédiatement mise en rapport avec
Catherine X qui est devenue très malentendante alors qu’elle était encore directrice d’Ecole à La
Rochelle. Elle a appris la lecture labiale et obtenu un emploi réservé de secrétaire d’Inspecteur
d’Académie. Puis elle a passé avec succès le concours de Chef d’Etablissement et est actuellement
Principal d’un important collège près d’Angoulême. On peut dire qu’elle a positivé son handicap.
C’est aussi le cas de David qui est le Président de notre association. David était professeur
d’Anglais en Collège à 20 km au sud de Poitiers. Son itinéraire professionnel de malentendant
mérite de vous être présenté. En raison de la spécificité audio-orale de sa discipline il ne pouvait
plus l’enseigner en situation de classe avec des élèves ordinaires. Il a tout d’abord obtenu une année
de congé formation pour préparer le concours interne de documentation. Il a été admissible mais il
n’a pas réussi à franchir le cap des épreuves orales ce qui n’a rien de déshonorant en raison du très
faible nombre de postes ouverts à ce concours. Parallèlement il avait déposé auprès de la MDPH
(Maison Départementale des Personnes Handicapées) un dossier de reconversion avec certificat
médical de l’ORL, audiogramme et projet de vie comportant souhaits et besoins fondés sur une
analyse de situations de vie quotidienne, notamment celles qui étaient au cœur de sa vie
professionnelle tout en mettant en exergue son stage de formation en gestion documentaire. Au bout
de 6 mois d’instruction il lui a été délivré la RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur
Handicapé). Son cas a alors été examiné au Rectorat par le Groupe de Travail Académique ce qui
lui a permis d’être affecté, comme documentaliste, dans un EREA (Etablissement Régional
d’Enseignement Adapté) situé à deux pas d’ici. Grâce au décret ministériel du 27 avril 2007 il a