UE 7 : Hormonologie - Reproduction Pr Sarda Mercredi 30 novembre 2011 08h30 – 10h30 Ronéotypeuse : Aurore Valentin Ronéolectrice : Marion Whiston HORMONOLOGIE - REPRODUCTION COURS n° 20 : Exploration fonctionnelle et imagerie thyroïdienne Les diapos ne sont pas disponibles sur Didel (pour l’instant en tout cas...), mais à l’adresse suivante : julioone.free.fr/explorationdelathyroide.pdf (diapos 55 à 60 non traitées) Introduction I – Bases physio pathologiques A - Hormonosynthèse B - Conversion périphérique et catabolisme C - Transport plasmatique des hormones thyroïdiennes D- Mécanismes d’action des hormones thyroïdiennes E - Régulation de l’hormonosynthèse F - Pathologies thyroïdiennes G - Les cancers thyroïdiens II - Méthodes d’étude de la thyroïde A - Explorations thyroïdiennes B - Signes fonctionnels C - Le bilan hormonal D - Scintigraphie thyroïdienne 1) Présentation 2) Radiopharmaceutiques 3) Biodistribution de l’iode après injection 4) Scintigraphie E - Test au perchlorate Scintigraphies : exemples F- Echographie thyroïdienne III – Présentations cliniques A - Nodule thyroïdien : conduite à tenir Nodules : exemples Conduite à tenir B - Hyperthyroïdie Maladie de Basedow : exemples C – Hypothyroïdie Conclusion -2- Introduction La thyroïde est une glande bilobée située à la face antérieure du cou en avant de la trachée. Ses deux lobes sont reliés par un isthme. Chez l’adulte, elle pèse 20 à 30 grammes et est à peine palpable lors de la déglutition. Elle est mobile à la déglutition car attachée au cartilage et à la trachée, ce qui permet de la différencier des ganglions hypertrophiés. Elle est composée de deux types cellulaires : - Les cellules C sont à l’origine de la sécrétion de la calcitonine qui est l’hormone diminuant le taux de calcium dans le sang. Il n’y en a que quelques unes. - Les cellules thyroïdiennes sont beaucoup plus nombreuses et regroupées sous forme de vésicules. Elles synthétisent les hormones thyroïdiennes. La « pyramide de Lalouette » est une petite lame de tissu thyroïdien très fine (donc non palpable). -3- Histologiquement, la thyroïde est composée de vésicules (petits sacs tapissés de cellules thyroïdiennes et de quelques cellules C). La thyroïde synthétise essentiellement les hormones thyroïdiennes : - La triiodothyronine ou T3 - La tétraiodothyronine ou thyroxine ou T4 Ces hormones sont iodées : - par l’iode qui se trouve dans les aliments, en particulier le sel - par l’iode qui se trouve dans les cellules elles-mêmes et qui est recyclé (iodures I- endogène) I – Bases physio pathologiques A - Hormonosynthèse Ces ions I- sont activement captés par la thyroïde par des pompes à iodures. Ces pompes sont également capables de capter le technétium 99 radioactif (Tc-99m), le perchlorate... Ces pompes sont présentes dans la thyroïde, dans l’estomac et dans les glandes salivaires. Si on donne du Tc-99m à quelqu’un, on le retrouvera donc à ces trois endroits. -4- Synthèse intracellulaire : Lorsque les cellules ont pompé l’iode, différentes opérations vont conduire à la formation des hormones thyroïdiennes dans le cytoplasme de ces cellules : - Les iodures I- sont oxydés en iode organique Io par les TPO (thyropéroxydases, présentes dans le cytoplasme des cellules thyroïdiennes) - La Tg est synthétisée (thyroglobuline, grosse protéine) - L’Io est fixé sur la Tg pour former la MIT (mono-iodo- tyrosines) si 1 Io est fixé ; et la DIT (di-iodo- tyrosines) si 2 Io sont fixés. - Pour finir, on a un couplage oxydatif des Io entre eux o en couplant 1 MIT avec 1 DIT, on a 3 iodes : c’est l’hormone T3 o en couplant 2 DIT, on a 4 iodes : c’est l’hormone T4 La Tg iodée (hormone thyroïdienne + Tg) est stockée à l’intérieur de la vésicule. La colloïde qui se trouve à l’intérieur est constituée du stockage de ce complexe. Sang Sécrétion de T3 et T4 : - En fonction des besoin, il y aura un passage dans l’autre sens ( = depuis la colloïde vers la cellule = chemin inverse) de la Tg iodée - Dans la cellule, la Tg va être hydrolysée/lysée (séparée) en T3, T4, MIT et DIT - T3 et T4 sont sécrétés dans le sang en fonction des besoin (T4>>T3) - Les MIT et DIT qui sont recaptées dans la cellule et qui ne passent pas dans le sang seront redégradées (désiodation) pour redonner des iodures I-. La cellule récupère ces iodures et refait la synthèse dans l’autre sens. va et vient permanent entre la colloïde et le sang, dans les 2 sens 1 – Les iodures sont captés, transformés en Io, rattachés aux MIT et DIT euxmêmes fixés sur la Tg. Ce gros complexe passe dans la colloïde et y est stocké. 2 – En fonction des besoins, il retourne dans la cellule par endocytose. Cellule 3 – Il est lysé en T3, T4, MIT et DIT. La T3 et la T4 vont passer dans le sang, aller dans les cellules périphériques. Les MIT et DIT vont être recyclés pour reformer le complexe avec I-. -5- B - Conversion périphérique et catabolisme Les T3 et T4 passent dans le sang et arrivent au niveau des organes : foie, rein, thyroïde, SNC, tissu adipeux et hypophyse. Dans ces organes, la T4 est transformée en T3. La T3 est la seule hormone active. Elle va agir sur ses cellules cibles puis être dégradée (catabolisme). C - Transport plasmatique des hormones thyroïdiennes Les formes actives ( = qui ont une action sur les cellules cibles des organes périphériques) sont les formes libres : LT3 (T3 libre) et LT4 (T4 libre) Ces hormones circulent aussi dans le sang sous formes liées à : - La TBG (thyroxine binding globulin) - La TBPA (thyroxine binding prealabumine) - L’albumine et autres lipoprotéines Elles doivent se détacher de ces protéines pour devenir actives. Pour savoir si le taux d’hormones est normal chez un patient, il faut doser les hormones libres. D- Mécanismes d’action des hormones thyroïdiennes Les hormones libres (surtout la LT3) se fixent sur des récepteurs cellulaires spécifiques de T3, sur un très grand nombre de cellules (muscle, os, SNC…). La fixation de T3 sur son récepteur active le métabolisme des cellules : le métabolisme des lipides, des hydrates de carbone (sucres) et des protéines. -> augmente la consommation d’énergie des cellules. -6- E - Régulation de l’hormonosynthèse Pour que ces hormones soient actives, leur taux doit être constant (s’il y en a trop : hypermétabolisme cellulaire -> signes cliniques, lésions des tissus ; si pas assez : hypométaoblisme -> maladies). Le contrôle du taux sanguins de ces hormones est régulé par différents mécanismes : - 1ère boucle de rétrocontrôle : contrôle par l’hypophyse via la TSH. Elle a des récepteurs sur la thyroïde. En fonction de son taux, elle exerce un rôle positif ou négatif sur la synthèse des hormones thyroïdienne par la thyroïde : o boucle de rétrocontrôle négative sur l’hypophyse quand le taux d’hormones thyroïdiennes dans le sang est trop élevé -> le taux de TSH diminue -> la thyroïde est freinée. o boucle de rétrocontrôle positive sur l’hypophyse quand le taux d’hormones thyroïdiennes dans le sang est abaissé -> le taux de TSH augmente -> la thyroïde est stimulée. e - 2 boucle de rétrocontrôle : régulation de la sécrétion hypophysaire de TSH par l’hypothalamus via la TRH. Axe hypothalamo-hypophysaire TRH : Thyrotropin Releasing Hormon TSH : Thyroid Stimulating Hormon ou thyrotropine ou thyréostimuline Hormon. Elle stimule toutes les étapes de l'hormonosynthèse des hormones thyroïdiennes (augmente la synthèse des hormones thyroïdiennes par les cellules thyroïdiennes, et augmente le nombre de ces cellules), de la captation des ions iodures à la sécrétion. Action hyperplasique tissulaire, hypertrophique cellulaire. Autres mécanismes : s’il y a trop d’iodures dans le sang (effet Wolff Chaikoff) : - Blocage de la captation des iodures et la synthèse des hormones thyroïdiennes au niveau de la thyroïde. - Blocage de la conversion de T4 en T3 en périphérie : blocage de l’action des hormones. hypothyroïdie - Il existe des dysrégulations entrainant une hyper ou hypothyroïdie à l’iode -7- F - Pathologies thyroïdiennes Dysfonctionnements thyroïdiens : (hyperthyroïdie si la thyroïde fonctionne trop, hypo si pas assez). Elles sont dues à : - Maladies inflammatoires de la thyroïde pour la plupart. Cela entraîne des hypo ou des hyperthyroïdies. Ces maladies sont souvent chroniques et autoimmunes. - Un excès d’iode (effet Wolff Chaikoff ; hyperthyroïdie) lié à l’absorption de certaines substances, par exemple certains médicaments : Cordarone (antiarythmique cardiaque), Lithium (traitement de la psychose maniacodépressive), produits de contraste iodé utilisés en radiologie (scanners avec injection, angiographies…), Bétadine (antiseptique cutané utilisé avant les interventions chirurgicales). - La prise d’hormones thyroïdiennes (hyperthyroïdie) : produits homéopathiques contenant des hormones thyroïdiennes, pour la perte de poids. Pour chaque cause, les traitements seront différents. Goitres = augmentation du volume de la glande. Ils peuvent être mis en évidence à la palpation : on sent la thyroïde et on la voit. Les goitres sont - Oncogènes : la glande est globalement hypertrophiée. Sans nodule. (endémique, héréditaire) - Avec nodules (petites boules palpables mobiles à la déglutition) On peut aussi avoir des nodules seuls (sans goitre) : la taille de la thyroïde est normale. Dans 97% des cas, ces nodules sont bénins : ce sont des adénomes (amas de cellules tumorales bénignes). Les autres sont malins (cancers thyroïdiens). Remarque : on peut avoir un goitre sans nodule, un goitre qui dysfonctionne, des nodules qui dysfonctionnent, des nodules sans dysfonction, des nodules avec goitre, des nodules sans goitre… G - Les cancers thyroïdiens Ils représentent 6 à 8 % des nodules froids (cf. plus loin). Anatomie pathologique : - Les cancers développés à partir des cellules thyroïdiennes sont les plus fréquents : o Bien différenciés : cancers papillaires, cancers vésiculaires o Moyennement différenciés : cancers trabéculo-vésiculaires pas à savoir o Indifférenciés : cancers anaplasiques - Les cancers développés à partir des cellules C : o Médullaires : il existe des formes familiales -8- II - Méthodes d’étude de la thyroïde A - Explorations thyroïdiennes Bilan fonctionnel : - Clinique : signes cliniques d’hypo ou hyperthyroïdie. - Bilan biologique (fait dans la plupart des cas) : dosage des hormones thyroïdiennes et de la TSH. - Scintigraphie thyroïdienne (dans certains cas) = imagerie fonctionnelle. Etude morphologique et tissulaire (par exemple pour voir s’il y a un goitre, des nodules…) : - Clinique : palpation. Les petits nodules et ceux situés à la paroi postérieure de la thyroïde ne sont pas palpables - Echographie et Doppler. Ils permettent une étude morphologique plus précise : permettent de détecter tous les nodules > 5mm, de les mesurer et d’étudier leurs caractéristiques. Etude cytologique en cas de suspicion de cancer : - Cytoponction des nodules : prélèvement de liquide des nodules avec une aiguille, étalement sur lame, observation. Si le nodule est bien palpable, la cytoponction est faite en direct (en tenant le nodule entre deux doigts). Sinon, elle est faite sous échographie. B - Signes fonctionnels Ils sont surtout retrouvés à l’interrogatoire, et à l’examen clinique. Hyperthyroïdie - Perte de poids (rapide, même s’ils mangent beaucoup) - Palpitations - Nervosité - Tremblements (visible par l’observation des mains) - Insomnies - Diarrhée (hyperfonctionnement de l’intestin) - Faiblesse musculaire (fonte musculaire) : ont du mal à se lever au début (signe du tabouret) ; ne peuvent plus bouger de leur lit si non traités = tout ce qui est lié à un hypermétabolisme cellulaire. Hypothyroïdie - Prise de poids - Asthénie chronique - Dépression (si hypothyroïdie depuis plusieurs mois) - Perte de cheveux - Infiltration cutanéo-muqueuse (teint cireux) - Faiblesse musculaire (muscle infiltré afonctionnel) -9- Rechercher des signes oculaires : ophtalmies uni ou bilatérale (« yeux qui sortent de la tête » : grands yeux brillants car les paupières remontent). Ces signes sont recherchés car ils sont pathognomoniques (typiques) de la maladie de Basedow : maladie inflammatoire de la thyroïde ; cause la plus fréquente d’hyperthyroïdie ; touchant surtout les femmes jeunes (20-40 ans). C - Le bilan hormonal Il est réalisé en cas de dysthyroïdie. Dosages sanguins (valeurs variables selon les techniques de dosage) : - TSH (toujours fait) - LT4 (toujours fait) - LT3 - Test au TRH (rare++ ; permet de savoir si l’hypo ou hyperthyroïdie est d’origine centrale ou périphérique) : o Dosage basal de la TSH o Injection intraveineuse de TRH o Dosage à +30min de la TSH Hyperthyroïdie (hyperfonctionnement de la thyroïde elle-même) : - Périphérique : TSH diminuée, LT4 et LT3 normales puis augmentées - Centrale (très rare ; liée à une pathologie de l’hypophyse : souvent un adénome à TSH (petite tumeur des cellules fabriquant la TSH qui se développe trop -> excès de TSH dans le sang) : TSH, LT4 et LT3 augmentées - Test au TRH (hyperthyroïdie périphérique limite) : non réponse (pas à savoir) Hypothyroïdie : - Périphérique : TSH augmentée, LT4 et LT3 normales ou diminuées - Centrale (rare) : TSH, LT4 et LT3 diminuées - Test au TRH (hyperthyroïdie périphérique frustre) : réponse explosive savoir) (pas à Autres dosages : - La plupart du temps, les maladies inflammatoires de la thyroïde sont liées à des maladies thyroïdiennes auto-immunes : stimulation de la synthèse des hormones par des auto-anticorps (Basedow et thyroïdite lymphocytaire chronique). En cas de diagnostic d’hyperthyroïdie, on dose donc ces anticorps dans le sang. S’ils sont élevés, cela signe une maladie auto-immune. o Anticorps anti-TPO o Anticorps anti-Tg o Anticorps anti-récepteur de la TSH - Si ces anticorps ne sont pas élevés et en fonction des autres signes cliniques, il y a une autre cause d’hyperthyroïdie : le rhume de la thyroïde = thyroïdite aigüe : inflammation de la glande au cours d’une maladie virale (augmentation de la vitesse de sédimentation) - 10 - - Autre cause d’hyperthyroïdie : celle induite par l’iode : mesure de la saturation iodée : iode totale (PBI) (dosée dans le sang) ou iodurie/24h (dosée dans les urines) - En cas de diagnostic de cancer thyroïdien : doser le Tg (marqueur des cancers thyroïdiens) + anticorps anti-Tg Rappel : anticorps anti-X = anticorps dirigés contre X = anticorps se liant à X D - Scintigraphie thyroïdienne 1) Présentation Contre-indication: grossesse. Si la patiente n’est pas sous contraception, on fait la scinti dans les 10 jours qui suivent le 1er jour des règles. Avant l’examen, rechercher toutes les causes qui peuvent interférer avec l’examen : les causes de saturation iodée (environ 200 médicaments contiennent de l’iode) : - La Cordarone - Le Lithium - Des produits de contraste iodés (scanner, angiographie…) : le patient ne doit pas avoir eu d’examen biologique avec produit de contraste iodé pendant les 4 à 6 semaines précédant la scinti. - L’Amiodarone : saturation plusieurs mois. - La Bétadine (solution iodée absorbée par la peau) : demander s’il a été opéré. - L’Erythrosine (excipient iodé contenu dans certains médicaments) Si des produits de contraste iodés ont été utilisés, ou s’il a été opéré, attendre 3 semaines avant de faire la scinti. Demander au patient s’il est sous hormonothérapie T3 et T4 (car interfère avec le résultat de l’examen) : - Si le patient est sous LT4 (Lévothyrox), il faut arrêter le traitement 3 semaines avant. - S’il est sous LT3 (Cynomel), il faut l’arrêter 1 semaine avant Le but est de savoir si l’hyperthyroïdie est due au médicament uniquement, ou si elle est aussi due à une pathologie de la thyroïde. - 11 - 2) Radiopharmaceutiques Pour faire cette examen, on utilise le plus souvent l’iode 123 (ou sinon le Tc-99m) I131 : iodure de sodium : I123 : iodure de sodium : T½ = 8j T½ = 13,2h Emetteur γ de 364 émetteur β– de 250 keV Peu coûteux pertechnétate (ion keV, Emetteur γ pure de 159 keV Emetteur γ pure de 140 keV (bonne qualité des images) (bonne qualité des images) Cher (produit de cyclotron) -> utilisation à petites doses Non utilisé pour la scintigraphie Très peu irradiant (trop irradiant) Seulement utilisé pour le traitement des cancers Traceur de choix pour radiothérapie interne Tc-99m : TcO4-) T½ = 6h la Traceur de choix scintigraphie Très peu cher Peu irradiant pour la Captation par cellule thyroïdienne mais sans organification (pompes à iodure) = pas intégré dans les hormones thyroïdiennes : ne participe pas à la synthèse des hormones car ressort vite 3) Biodistribution de l’iode après injection Pour I123 et I 131, le comportement de l’iode radioactif = iode froid Après injection intraveineuse : I131 et I123 Captation thyroïdienne, glandes estomac Tc99m salivaires, Captation thyroïdienne, glandes salivaires, estomac (pareil que I131 et I123 car utilise le même transporteur que les ions iodures) L’iode passe dans le lait (possibilité de fixation mammaire) : ne pas allaiter pendant les 2 jours qui suivent l’injection du traceur Organification intra-thyroïdienne/dans les Pas d’organification intra-thyroïdienne cellules thyroïdiennes (suit le métabolisme hormonal) : participation à la synthèse des hormones Elimination urinaire et digestive Elimination urinaire et digestive - 12 - Fixation thyroïdienne normale : 10 à 20% de la quantité injectée à 2h Fixation normale et maximale : 30 à 45 % de la Fixation maximale obtenue à 20min : 2 à 6 % quantité injectée à 24h (reflet imparfait : permet de savoir quelles cellules fonctionnent au sein de la thyroïde mais ne permet pas de quantifier) 4) Scintigraphie I123 Activité injectée : 7,4Mbq (200μCi) en intraveineuse L’imagerie est faite à 2h : scintigraphie à l’aide d’une γ-caméra équipée d’un collimateur sténopé (forme d’entonnoir) Mesure de la quantité l’iode radioactif fixé par la thyroïde par rapport à la quantité injectée : Tc99m Activité injectée : 74Mbq (2mCi) en intraveineuse Réalisation de l’examen 20min après injection intraveineuse Scintigraphie sans mesure de la fixation T% (x)t = [(A(t) x Fd) - BF] / A0 Avec : T% le taux de fixation en % A(t) l’activité thyroïdienne mesurée au temps t (2h) Fd le facteur de décroissance radioactive pendant le temps x (2h) BF le bruit de fond A0 l’activité injectée E - Test au perchlorate n’est plus utilisé -> pas à savoir Utilisé pour les troubles de l’hormonosynthèse Début de l’examen comme pour une scintigraphie à l’I123 A +2h : 400mg de perchlorate Si trouble de l’hormonosynthèse, la captation du perchlorate induit la sortie des iodures stockés et la chute de la fixation > 15% dans les 15 à 20 min. - 13 - Scintigraphies : exemples Thyroïde normale : Fixation homogène sur les 2 lobes Fixation de 15% à 2h Même scinti, mais au TC-99m : Donne la même chose F- Echographie thyroïdienne Réalisée après la palpation. L’échographie permet une analyse descriptive de la morphologie et de la structure de la thyroïde. Elle permet d’apprécier : - Les dimensions de chaque lobe : hauteur, épaisseur, largeur. - Les contours de la thyroïde. - La présence d’éventuels nodules et d’étudier leurs caractéristiques : taille, hyper (noir) ou hypo-échogène (plus brillant que le tissu voisin) (échostructure, échogénicité). - Les aires ganglionnaires : taille, aspect, situations d’éventuelles adénopathies. - 14 - - Les éventuelles compressions et déformations des organes de voisinage (en particulier la trachée) par les nodules. D’étudier la vascularisation des nodules et du parenchyme thyroïdien par Doppler. De guider la cytoponction d’un nodule thyroïdien non ou mal palpable en cas de suspicion de cancer. Cet examen est fait avec une sonde de haute fréquence (7,5MHz ou plus) indispensable pour obtenir une haute résolution spatiale des tissus superficiels. Cette sonde est le plus souvent linéaire de grande taille, ou sectorielle, permettant l’étude des goitres plongeants et la mesure de la hauteur des lobes d’un goitre. L’appareil permet d’obtenir : - Une imagerie vasculaire en Doppler couleur (pour voir si c’est vascularisé plus ou moins que la normale) - La mesure des vélocités vasculaires en Doppler pulsé (rare ++) La qualité de l’échographie est dépendante de l’opérateur (grande variabilité d’interprétation). L’échographiste doit disposer d’une bonne expérience de l’appareillage et de la pathologie étudiée. III – Présentations cliniques Consultation pour 2 présentations cliniques : - Consultation pour nodule thyroïdien - Consultation pour dysthyroïdie (hyper ou hypo) A - Nodule thyroïdien : conduite à tenir Le médecin envoie le patient car il a palpé (ou cru palpé) un nodule. A l’arrivée du patient, l’endocrinologue repalpe pour vérifier l’existence, la position et la taille d’un nodule (peuvent être définies par la seule palpation). Puis il regarde si ce nodule fonctionne correctement ou pas : recherche des signes d’hypo ou hyperthyroïdie : dosages de LT4 et TSH. Cela est fait même en l’absence de signes cliniques car : - TSH basse et T3 et T4 normales = hyper sans signes cliniques = hyper frustre - TSH élevée et T3 et T4 normales = hypo sans signes cliniques = hypo frustre L’échographie permet la description d’un nodule suspecté à la palpation : nombre, situation au sein de la glande, mesure, caractère solide (noir ou brillant), liquide (kyste : - 15 - noir à l’écho) ou mixte, échogénicité ( = quelle couleur à l’écho), caractère isolé ou associé à d’autres nodules. En cas de nodule, on fait une scintigraphie, de préférence à l’iode 123. Elle permet de caractériser les nodules de plus d’1cm : - hyperfixant (= capte plus l’iode que le reste de la glande) ; toujours bénin, jamais de cancer ; surveillance biologique ; tendance à créer des hyper car fabrique trop d’hormones mais pas toujours. - hypofixant ( = capte moins l’iode que le reste) ou normofixant (si petit nodule ; souvent, pas de dysthyroïdie) : ce nodule est soit un adénome (bénin) soit un cancer (8% des cas) ; surveillance échographique à 6 mois puis tous les ans ± cytoponction si nodule assez grand, sous écho ou en direct. Il est inutile de la répéter lorsqu’elle a montré un nodule hypofixant. La cytoponction est l’examen qui a la meilleure valeur diagnostique en faveur du cancer à condition que les critères de qualité soient respectés ( = s’il y a assez de cellules). Nodules : exemples Nodule froid typique Lobe thyroïdien droit avec fixation homogène. Manque la moitié du lobe gauche : nodule froid lobaire supérieur. Si non fixant++ et en haut : suspect de cancer médullaire. Lobe gauche normal Encoche à droite -> faire une ponction - 16 - Très gros nodule, probablement unique. TSH et T4 normales. Noir à l’écho : kyste -> ponction du liquide pour le faire rétrécir. Tissulaire : ce n’est pas un kyste. Hyperéchogène -> ponction dès que possible. Scinti quasi-normale : nodule à peine visible Nodule visible à l’écho. - 17 - Nodule froid – iode 123 Cas habituel : pas d’encoche stricte mais zone plus hypofixante que le reste Nodule froid – iode 123 Homogène à gauche Présence d’une zone plus hypofixante Goitre multi-nodulaire – multiples nodules froids – iode 123 Le lobe droit remonte plus haut que le gauche : goitre développé au dépend du lobe gauche Fixation hétérogène : nombreux nodules (« grappe de raisin ») Pathologie fréquente, souvent familiale, atteignant surtout les femmes Risque de grossissement au cours du temps -> compression de la trachée et de l’œsophage -> opérer Surveiller régulièrement la taille à l’écho pour vérifier qu’un nodule de grossit pas plus (risque de cancer) Remarque : 60% de la population a des nodules thyroïdiens - 18 - Goitre multinodulaire toxique – iode 123 – fixation à 2h : 12% Gros lobe droit « Toxique » = plusieurs nodules qui fonctionnent trop et le reste de la glande est hypofixant : 2 zones hypofixantes 2 zones hyperfixantes Réactivation du tractus thyroïgloste : le tractus, normalement invisible, a développé un nodule toxique. Beaucoup d’hyperfixation, hyperthyroïdie biologique donc surement Fixation globale (totale) normale à 2h (particularité des goitres multinodulaires toxiques) mais concentrée dans les nodules hyperfixants toxiques, les autres nodules fixant moins. Nodule chaud : le reste de la glande est ± éteint (franc ici) Un seul nodule très fixant : il capte tout l’iode injecté -> le reste de la thyroïde est mis au repos, ne fonctionne plus, pour lutter contre l’hyperthyroïdie = nodule autonomisé Hyperthyroïdie sure -> bilan thyroïdien anormal On ne voit plus que le nodule. - 19 - Conduite à tenir Nodule froid - surveillance Nodule chaud - Si pas d’hyperthyroïdie : surveillance - Si hyperthyroïdie : o opération (retrait du nodule) o traitement à l’iode 131 : émetteur d’électrons β-. Les électrons déposent toute leur énergie dans la matière, ce qui est toxique pour les cellules -> tue les cellules thyroïdiennes du nodule toxique. traitement simple, ambulatoire et sans effets secondaires, contrairement à la chirurgie (risques si âgé et autres pathologies) B - Hyperthyroïdie Doser LT3 puis LT4 et TSH La 1ère cause d’hyperthyroïdie est l’atteinte inflammatoire auto-immune, donc on va ensuite doser les anticorps anti-thyroïdiens : anticorps augmentés. Pui faire une scintigraphie permet de connaître la cause de l’hyperthyroïdie et donc de guider le traitement : - Maladie de Basedow (inflammation diffuse liée à l’activation des TRAK = des anticorps anti-TSH, donc TRAK élevés ; gros goitre homogène, élastique, soufflant car hyper-vascularisé ; souvent chez la femme jeune) : fixation homogène et augmentée quantitativement. Traitement par anti-thyroïdiens de synthèse pendant 6 mois. - Nodule toxique : hyperfixation d’un ou plusieurs nodules. Les anti-thyroïdiens de synthèse sont inefficaces : marchent pendant le traitement, mais rechute dès leur arrêt. Opération ou traitement par l’iode 131. Si T3 et T4 sont trop élevés, ne pas opérer ni donner de l’iode 131 directement car risque de concentration d’hormones thyroïdiennes dans le sang trop élevé (risque d’arrêt cardiaque) : il faut préparer ces patients par des anti-thyroïdiens de synthèse. - Surcharge iodée = effet Wolff Chaikoff : pas de fixation du tout sur la thyroïde. L’iode que l’on donne en plus au patient ne va pas se fixer -> interrogatoire (prise de Lithium, Cordarone, opération, prise d’homéopathie, consultation d’un nutritionniste…). En cas de doute de surcharge iodée, doser l’iodurie et l’iodémie. - Thyroïdite subaigüe de De Quervain = rhume de la thyroïde : pas de fixation. Thyroïde inflammatoire, atteinte par un virus donc ne fonctionne plus. Grippe ? fièvre ? signes ORL inflammatoires ? Doser la vitesse de sédimentation (marqueur de l’inflammation). C’est la seule pathologie qui provoque une douleur si on touche. - 20 - Dans tous les cas, on fait un échographie, sauf éventuellement dans la maladie de Basedow car pathologie évidente par l’observation du patient (aspect typique). Pour les nodules toxiques l’échographie permet de déterminer la localisation, le nombre de nodules. Si on traite par l’iode, le nombre de nodules et leur taux de fixation permettent de déterminer la dose d’iode à administrer. Remarque : les 2 indications de la scinti sont les nodules et les hyperthyroïdies. Maladie de Basedow : exemples Maladie de Basedow Ressemble à une thyroïde normale à première vue mais taux de fixation à 58% au lieu de 15%. Ici, clinique typique de la maladie de Basedow. TSH freinée, T4 sup à la normale (N=20pmol/l), TRAK élevés pathognomonique de la Basedow). Goitre visible à l’écho. Thyroïde hypoéchogène (noire) car inflammatoire. Hypervascularisation diffuse au Doppler (signaux rouges et bleus ++) ATS = antithyroïdiens de synthèse. - 21 - TSH basse, T4 élevée, % de fixation trop élevé. T4 à 28 au lieu de 20, T3 à 13,7 au lieu de 10 : hyperthyroïdie plus frustre. Scinti au TC-99m. Maladie de Basedow + nodule froid lobaire gauche – fixation à 2h : 35% Fixation élevée = Basedow Plus les patients sont âgés, plus ils ont de pathologies associées. La scinti ne permet pas toujours de voir le nodule : faire une écho en cas de doute. Basedow + nodule : le traitement du Basedow (médicaments + iode 131) ne suffit pas : il faut aussi surveiller le nodule (opérer si trop gros). - 22 - Goitre énorme. Zones d’hypo d’hyperfixation. et Hormones thyroïdiennes élevées. Nodules multiples à la palpation. TSH basse, hormones thyroïdiennes élevées. Iodémie très élevée liée à l’Amiodarone. PTU = anti-thyroïdiens Ne fixe rien donc son hyperthyroïdie est uniquement due à l’Amiodarone. -> arrêter l’Amiodarone, mettre un traitement de substitution (corticoïdes ± PTU) car l’effet de l’Amiodarone dure longtemps (env. 1an) après son arrêt, donc le patient reste en hyperthyroïdie. C - Hypothyroïdie Doser LT3, LT4 et TSH Comme pour les hyper, les maladies inflammatoires auto-immunes sont les premières causes d’hypo : doser les anticorps anti-thyroïdiens. Faire une échographie pour rechercher des signes inflammatoires parenchymateux = hypoécogénicité. A la différence du Basedow, cette atteinte inflammatoire n’est pas hypervasculaire : Doppler normal. Afin d’étayer le diagnostic de thyroïdite chronique de Hashimoto. Pas d’intérêt de la scintigraphie car elle est toujours normale [sauf si c’est une hypo induite par l’iode (rare)] - 23 - (pas fait) Conclusion Le diagnostic des maladies de la thyroïde s’effectue sur l’association d’éléments cliniques, biologiques (bilan hormonal, anticorps) ± d’imagerie (scintigraphie ou échographie ou les deux en fonction des cas). Les examens d’imagerie ne peuvent être interprétés qu’en fonction du contexte clinique et biologique : interprétation d’un examen complémentaire en aveugle impossible (importance du contexte). Exemple : une scinti normale peut être un Basedow ou rien du tout ; une scinti blanche peut être une thyroïdite de De Quervain, une surcharge iodée ou provoquée par la prise d’hormones thyroïdiennes La prescription d’un examen complémentaire doit être rationnelle et ordonnée. DÉDICACES A Guillaume. ♥ A Mathilde, ma marmotte, mon rayon de soleil, depuis 17 ans déjà. ♥ A Marion, ma ronéolectrice, ma coupine d’amphi 1, toujours là quand il le faut. ♥ A Laurine et Julien, parce que ce sont des personnes fantastiques ! A Sarah, Maxime, Luc, Amandine, Alix et Manon, rencontrés en P1 ou en P2. Aux D1 : Marine et Arnaud. A Laetitia et Nico qui nous manquent. A Perrine, Camille, Thibauld, Victoire, Mélodie, Aurélie, Héloïse, Magali, Chouquo. A Ophélie, en P1 à Paris 6. A Amel et son ECG, J-B et ses poils, Mickael même s’il va creuver dans 10 ans... Au FCB. =) A Larib. A mes parents, mon frère et Julie, et ma grand-mère, parce que je les aime plus que tout. A celui ou celle que j’aurais oublié. A ceux qui, quand ils ouvrent leurs ronéos, commencent toujours par regarder le nombre de pages, puis lisent les dédicaces... et à ceux qui ne liront même pas le reste. - 24 -