
16 •  L’essentiel de l’anesthésie-réanimation #07 • Septembre 2016 L’essentiel de l’anesthésie-réanimation #07 • Septembre 2016  •  17
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Quelles indications  
pour l’analgésie par voie orale ?
Le 3 juin 2016, à l’occasion du congrès MAPAR, le Dr Valeria 
Martinez du service d’anesthésie de L’hôpital Raymond Poincaré 
à Garches, animait la conférence  «Analgésie par voie orale post-
opératoire, incluant les morphiniques », au sein du Centre des 
Congrès de la Villette.
L
a morphine est une référence 
antalgique en post-opératoire. 
Son administration par voie 
intraveineuse, autocontrôlée 
par le patient, est la méthode de 
référence la plus adaptée pour une 
analgésie optimale. Bien que sa 
prescription ait explosé, la voie 
d’administration la plus fréquente 
reste la voie sous-cutanée, la mor-
phine orale n’étant prescrite que 
dans 5,6 % des cas en France.
L’essor de la chirurgie ambulatoire 
laisse présager de modifications de 
pratiques pour la prise en charge 
de patients qui auront subi des 
chirurgies douloureuses. L’utilisation 
d’analgésie puissante par voie orale 
pourrait donc être indiquée.
Morphine à libération 
immédiate ou prolongée ?
Pour des patients opérés de pro-
thèse de hanche, l’utilisation de la 
morphine orale versus injectable a 
montré que l’efficacité de l’analgésie 
avec ces deux modes d’adminis-
tration était comparable pour la 
morphine à libération immédiate. 
D’autres études ont montré une effi-
cacité similaire de la morphine par 
voie orale et par voie veineuse mais 
suggèrent que la biodisponibilité de 
la morphine par voie orale est plus 
faible, avec une consommation cinq 
fois plus importante pour une même 
efficacité analgésique.
L’utilisation de la morphine à 
libération prolongée par voie 
orale montre, quant à elle, une 
efficacité comparable à celle des 
autres méthodes, mais avec une 
incidence non négligeable de séda-
tion et un risque de surdosage. 
« L’analyse d’études utilisant les 
formes à libération immédiate et à 
libération prolongée, montre une 
efficacité similaire entre ces deux 
formes d’administration. Mais les 
effets secondaires graves de type 
surdosage et détresse respiratoire 
ont été plus fréquemment observés 
«Avec l’essor de l’ambulatoire, l’utilisation d’analgésie 
puissante par voie orale pourrait être indiquée pour  
les patients ayant subi des chirurgies douloureuses. »
avec la forme à libération prolongée. 
En post-opératoire, c’est donc la 
forme à libération immédiate qui 
est la plus sécuritaire », précise 
Valeria Martinez.
Quels opioïdes utiliser, 
autres que la morphine ?
L’oxycodone : indiquée pour les dou-
leurs chroniques, intenses, ou non 
atténuées par des antalgiques plus 
faibles. Son efficacité et sa tolérance 
sont comparables à la morphine. 
Sur le plan pharmacocinétique, 
l’oxycodone par voie orale présente 
une meilleure biodisponibilité. Son 
utilisation pour traiter la douleur 
aiguë en post-opératoire est une 
possibilité.
Le  tramadol : deuxième opioïde 
utilisé en France en post-opératoire 
après la morphine. Il peut être utilisé 
pour l’analgésie des douleurs aiguës 
et chroniques.
La codéine : cinquième morphinique 
utilisé en post-opératoire en France, 
sa valeur analgésique est sûre, 
qu’elle soit administrée seule ou 
en association avec du paracétamol.
Le sufentanil sublingual : disponible 
depuis avril 2016, son efficacité est 
comparable voire supérieure à la 
pompe à morphine par voie intra-
veineuse. Il est facile d’utilisation et 
est utilisé en auto-administration. 
Son effet est très rapide et son 
administration sublinguale via un 
dispositif adapté apporte sécurité 
et autonomie au patient.
Analgésie multimodale
Avec l’essor de l’ambulatoire, la 
tendance serait à l’utilisation de 
morphiniques par voie orale en 
association avec des antalgiques non 
morphiniques. Toutefois, l’utilisation 
de la morphine va de pair avec 
certains  problèmes :  « son admi-
nistration ne suit pas toujours les 
prescriptions qui sont faites, ce qui 
fait qu’elle est souvent sous dosée, 
soit pour cause de doses plus basses 
que celles prescrites, soit pour cause 
d’intervalle d’administration trop 
long », indique Valeria Martinez. 
Aussi, sa biodisponibilité digestive 
est très faible (30 %) et elle a des 
effets secondaires gênants, qui 
sont les nausées/vomissements 
post-opératoires et la dépression 
respiratoire. L’analgésie multimo-
dale est une stratégie qui permet 
de réduire ces effets secondaires, 
via l’association de différentes 
molécules aux mécanismes d’ac-
tions distincts, dont le but sera 
de renforcer l’analgésie, tout en 
diminuant les effets secondaires de 
la morphine. « L’objectif étant d’op-
timiser l’épargne morphinique et de 
réduire les effets secondaires liés à la 
morphine », détaille l’anesthésiste.
Quel analgésique non 
morphinique associer à la 
morphine ?
La combinaison AINS/opioïdes est 
la plus efficace en cas de douleur 
importante. Il s’agit de l’antalgique 
non morphinique à utiliser priori-
tairement avec les opioïdes.
Le paracétamol a peu d’utilité en 
cas de douleur sévère, mais son 
association avec la codéine ou le 
tramadol reste efficace en cas de 
douleur modérée en post-opératoire.
L’association tramadol/morphine se 
révèle sans bénéfice selon une étude.
Finalement, l’essor de la chirurgie 
ambulatoire laissant présager une 
utilisation de plus en plus fréquente 
des opioïdes oraux, la morphine 
orale à libération immédiate doit 
être privilégiée. L’oxycodone qui 
présente une biodisponibilité plus 
élevée peut être une alternative 
thérapeutique. Le sufantanil sublin-
gual permet une analgésie opioïde 
compatible avec une mobilisation 
rapide en hospitalisation et le tra-
madol est recommandé seul ou en 
association avec des antalgiques 
non morphiniques en cas de douleur 
modérée. ■
 Yasmine Ziat
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L’analgésie multimodale est une stratégie qui permet de réduire les effets secondaires de la morphine,  
via l’association de différentes molécules aux mécanismes d’actions distincts.
L’analyse d’études utilisant de la morphine à libération immédiate et 
à libération prolongée, montre une efficacité similaire entre ces deux 
formes d’administration. Mais les effets secondaires graves sont plus 
fréquents avec la forme à libération prolongée.