c) Le deuxième objectif : la rupture épistémologique
Au-delà de la nécessité d’un objet propre à la sociologie, pour Durkheim,
il s’agit de rompre avec ses propres connaissances. Le sociologue doit saisir
l’objet de son étude au-delà de ses préjugés ;
Il doit « faire fi de ses prénotions » comme il le disait lui-même ;
Ainsi, de la même manière que le touriste peut être choqué par les
habitudes locales (par ex : manger du chien ou de la viande de baleine, ou
même des cuisses de grenouilles…), le sociologue doit l’être dans la société
qu’il analyse, car il met à jour des structures qui ne sont pas immédiatement
visibles par le néophyte (Berger);
C’est ce pourquoi on parle de « rupture » (Durkheim), de « neutralité
axiologique » (Weber), ou de « choc culturel » (Berger), qui ne peuvent être
possibles qu’en se dessaisissant de nos connaissances néophytes ;
De là, le sociologue doit s’attendre à être choqué par les résultats qu’il
obtient, de la même façon qu’un touriste qui part à l’autre bout du monde
(ou même dans une autre ville voisine) ;
Au-delà de la démarche intellectuelle, la rupture est fondamentale dans la
méthode de l’analyse sociologique : elle lui évite les jugements de valeur, et
donne à voir ce qui n’est pas perceptible de façon immédiate ;
Gaston Bachelard : « l'empirisme commence par l'enregistrement des faits
évidents, la science dénonce ces évidences pour découvrir les lois cachées. Il
n'y a de science que de ce qui est caché » (1970)