L`acétylcholine est-il le seul médiateur impliqué dans la maladie d

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L’acétylcholine est-il le seul médiateur impliqué dans la
maladie d’Alzheimer ?
Au cours de la maladie d’Alzheimer, une des causes de
l’installation progressive de la démence et des perturbations
comportementales qui l’accompagnent est l’extension de la
dégénérescence qui touche les neurones du cortex et des
noyaux sous-corticaux. Les principaux noyaux affectés sont
le noyau basal de Meynert (NB), le locus coeruleus (LC), la
substance noire (SN) et le noyau dorsal du raphé (NDR). Les
médiateurs utilisés sont respectivement : l’acétylcholine, la
noradrénaline, la dopamine et la sérotonine. Les neurones de
ces noyaux possèdent des champs dendritiques très
développés qui se recouvrent largement. Cette organisation
permet à un relativement petit nombre de neurones d’intégrer
des informations originaires de plusieurs sources et, par la
vaste distribution de leurs efférences, de moduler l’activité de
plusieurs cibles dispersées, en l’occurrence les régions du
cortex cérébral et les ganglions de la base du cerveau. Ainsi,
ces noyaux interviennent dans des processus physiologiques
et des comportements de base, comme la veille et le sommeil,
la régulation de la pression sanguine, la mémoire et
l’apprentissage, la sensibilité et la douleur, la force et la
rapidité motrices.
Depuis les années 70, de nombreuses études ont montré
dans la maladie d’Alzheimer des déficiences significatives
dans tous les systèmes de médiation utilisés par ces noyaux
et, sur cette base, différents traitements pharmacologiques ont
été appliqués pour pallier les déficits fonctionnels.
Parallèlement, une estimation de la perte neuronale a été faite
pour évaluer l’intervention respective de chaque noyau dans
la dérive fonctionnelle. Ces études concernent généralement
un seul noyau et donc les conclusions sont limitées du fait de
l’absence d’une évaluation pratiquée conjointement sur la
population des quatre noyaux. La présente étude est une
méta-analyse, qui s’appuie sur les données de soixante-sept
études antérieures et qui les normalise selon un paramètre,
l’effet taille, ce qui permet une comparaison valable des
résultats entre études.
Noyaux
d (effet taille)
N
noyau basal de
Meynert
2.48
585
locus coeruleus
2.28
545
substance noire
1.79
234
noyau dorsal du
raphé
0.61
440
Différences (d) dans les populations neuronales entre les
patients atteints de maladie d’Alzheimer et les sujets
contrôles (N : nombre de sujets)
La méta-analyse montre une perte neuronale plus
importante chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer
que chez les sujets contrôles d’âge proche (2 à 3 ans plus
jeunes). La perte neuronale est la plus faible dans la SN. En
utilisant ce niveau de perte comme référence de base, la perte
neuronale est comparativement trois fois plus importante dans
le NDR, et approximativement quatre fois plus importante
dans le NB et le LC. Ceci démontre que le déficit
cholinergique (du NB) n’est pas le seul système déficient
sous-jacent à la maladie d’Alzheimer et que la déficience
noradrénergique (du LC) se situe au même niveau. Axer
l’essentiel de la perspective thérapeutique sur la médiation
cholinergique représente donc une simplification et d’autres
voies doivent être envisagées, particulièrement adrénergiques.
Ph. van den Bosch de Aguilar
Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve
Lyness S.A., Zarow C. & Chui H.C. Neuron loss in key cholinergic and aminergic nuclei in Alzheimer disease: a metaanalysis. Neurobiol. Aging 2003; 24: 1-23.
©2003 Successful Aging SA
Af 108- 2003
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