Partie I. Psychiatrie légale
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sur la prise en charge sanitaire des personnes pla-
cées sous main de justice publié en octobre 20127.
Les schémas régionaux d'organisation des soins et
le projet régional de santé (SROS-PRS) doivent
intégrer l'offre de soins en milieu pénitentiaire et
en définir les objectifs et les moyens. L'organisation
des soins en milieu pénitentiaire est une compo-
sante du projet d'établissement de chaque établis-
sement de santé. Lorsque les soins psychiatriques
et les soins somatiques sont sous la responsabilité
de deux établissements de santé distincts,
l'établissement de santé en charge des soins soma-
tiques est l'interlocuteur privilégié de la direction
de l'établissement pénitentiaire. Un protocole
détermine les conditions de fonctionnement et
rappelle les obligations respectives du ou des éta-
blissements de santé et de l'établissement péniten-
tiaire. Une convention précise les modalités de
fonctionnement de ces deux dispositifs de soins.
Contexte
En 2003, la DREES a procédé à un recueil d'infor-
mations sur les facteurs de risque auxquels sont
exposés les entrants, les pathologies constatées et
les traitements en cours. Si huit entrants sur dix
ont été jugés en bon état de santé général, un sur
dix se voit prescrire une consultation spécialisée
en psychiatrie
8
. La souffrance psychique en milieu
pénitentiaire est attestée par les observations quo-
tidiennes des personnels soignants exerçant en
milieu carcéral
9
.
La population détenue est caractérisée par une
surreprésentation des catégories sociales en
grande précarité, sans travail, sans domicile, sans
soutien de l'entourage, au niveau éducatif peu
élevé, avec un faible recours au système sanitaire
avant l'incarcération. Les personnes détenues
handicapées ainsi que vieillissantes ou âgées, les
femmes détenues ont des besoins de santé plus
spécifiques.
On observe une augmentation récente des actes
autoagressifs dans les établissements péniten-
tiaires. Le taux de suicides sous écrou en France
(17 pour 10 000 en 2011) reste un des plus élevé
de l'Union européenne, à l'instar du taux de
mortalité toutes causes confondues (40,5 pour
10 000).
10
Le risque suicidaire est quatre fois plus
élevé pour les prévenus que pour les condamnés.
Environ 15 % des suicides ont lieu dans les dix
premiers jours d'écrou, 2/3 des suicides étant
perpétrés au-delà des trois premiers mois. Les
personnes détenues se suicident six fois plus que
les hommes libres âgés de 15 à 59 ans.
11
À noter
l'absence de travaux en France sur le suicide en
détention et ses rapports avec les troubles
mentaux.
De longue date, on observe la fréquence élevée des
pathologies psychiatriques en milieu péniten-
tiaire. En 2002, Fazel et Danesh retrouvent chez
les hommes incarcérés 3,7 % de psychoses chro-
niques, 10 % de troubles dépressifs caractérisés et
65 % de troubles de la personnalité incluant 47 %
de personnalités antisociales. Chez les femmes, ils
font état de 4 % de psychoses chroniques, 12 % de
troubles dépressifs et 42 % de troubles de la per-
sonnalité.
12
La prévalence des troubles schizo-
phréniques dans les prisons françaises selon
l'étude publiée en 2006 par Rouillon et Falissard
est entre 3,8 et 8 %, celle des psychoses chroniques
entre 1,6 et 8 %, les troubles dépressifs concernant
35 à 40 % des personnes détenues.
13
On ne retrouve
d'études ni sur le lien entre maladies mentales et
violences agies en détention ni sur les violences
7
Circulaire interministérielle n
o
DGOS/DSR/DGS/
DGCS/DSS/DAP/DPJJ/2012/373 du 30 octobre 2012
relative à la publication du guide méthodologique sur
la prise en charge sanitaire des personnes placées sous
main de justice.
8
Mouquet MC. « La santé des personnes entrées en pri-
son en 2003 », DREES, Études et résultats, N
o
386,
mars 2005.
9
« L'évaluation de la souffrance psychique liée à la
détention », Rapport final, GRESP-ADNSMPL, juin
2008.
10
Tournier P-Y. « Les décès sous écrou, réponses
pénales, la criminalité en France », rapport 2012,
INHESJ/ONDRP.
11
Duthé G, Hazard A, Kensey A, Pan Ké Shon J-L.
Suicide en prison : la France comparée à ses voisins
européens. Population 1 Sociétés, N
o
462, Décembre
2009.
12
Fazel S, Danesh J. Serious mental disorder in 23 000
prisoners : a systematic review of 62 surveys. Lancet
2002 ; 16 ; 359(9306) : 545–50.
13
Falissard B, Rouillon F. Prevalence of mental disorders
in French prisons for men. BMC Psychiatry 2006.
http://www.biomedcentral.com/1471-244X/6/33.
0002017403.INDD 28 9/12/2013 12:09:58 AM