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INTRODUCTION
Les parlers du groupe myènè ont bénéficié d’un certain intérêt dans les études
linguistiques bantu. Toutefois, les acquis sont fragmentaires et portent sur des points
précis de la langue. Aussi avons-nous choisi de réaliser une étude globale de la langue,
du moins de sa variante orungu qui, jusqu’ici, n’a quasiment pas été décrite.
L’orungu, classé en B11b par Guthrie, est l’un des parlers utilisés par un groupe
socio-culturel qui se désigne sous le nom de Ngwè-myènè
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ou sous celui de Myènè,
dénomination administrative qui est de plus en plus employé. Cet ensemble regroupe les
Mpongwè de l’estuaire du Gabon, les Nkomi, les Galwa, les Adyumba et les Enénga du
Bas-Ogooué. On a souvent, à tort, intégré le benga dans ce groupe, alors qu’il n’y a pas
d’intercompréhension entre cette langue et les parlers omyènè. Les membres de cette
communauté essentiellement linguistique parlent l’
omy
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n
(le myènè) dont les
variantes dialectales sont dans l’ordre :
/eowan/
,
/euwan/
,
/ealwan/
,
/eomyan/
,
/edyumbyan/
et
/eneyan/
. "Ce groupe couvre une forte unité
sociologique, tant et si bien qu’on a confondu le nom de la langue (mye ne : je dis) avec
le nom de l’ancêtre, assimilant a priori langue et race ou langue et ethnie"
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.
La présente étude concerne donc l’omyènè-orungu, c'est-à-dire la variante en
usage dans la région de Port-Gentil, chef lieu de la province de l’Ogooué-Maritime, et
dans quelques villages au bord de l’Ogooué, principalement dans le village Abélogo1
d’où nous sommes native. On ne saurait faire l’étude d’une langue, sans faire référence
au peuple qui la parle. Ainsi, dans les lignes qui suivent, nous présenterons brièvement
le peuple
wmy
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n.
Localisation et démographie
Les Ngwè-myènè, peuple côtier et lacustre occupent une large partie de la côte
ouest du Gabon allant de Libreville jusqu’au Vernan-Vaz, qui regroupe les provinces de
l’Estuaire, de l’Ogooué-Maritime et du Moyen-Ogooué. Installés à Libreville et à la
Pointe Denis, sur les rives droite et gauche de l’Estuaire, les Mpongwè constituent la
partie septentrionale du groupe. En longeant la côte vers le sud, on trouve
successivement les Orungu du Cap Lopez et les Nkomi du Fernan-Vaz. Au niveau du
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« Mère des Myènè ».
2
AMBOUROUE-AVARO J., 1981, Un peuple gabonais à l’aube de la colonisation : le Bas-Ogowe au
XIXe siècle, Paris, Karthala, pp. 50-51.